mardi 13 septembre 2016

RIP GENE WILDER (1933-2016)


Le souvenir que j’ai de Gene Wilder est celui d’un homme couché dans un lit avec un mouton. Ca papote, ça rit, c’est intime. Puis une femme entre à l’improviste. Wilder remonte le drap, et déclare : « Non, chérie, ce n’est pas du tout ce que tu crois ! ». Qui d’autre aurait été convaincant dans un truc pareil ?

C’est dans une scène de TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR… de Woody Allen, en 1972. Un sketche où Gene Wilder interprète un psychanalyse qui soigne un mouton dépressif, amené par un fermier. Le comédien est décédé la semaine dernière, à 83 ans, d'Alzheimer.

Gene Wilder étudie l’art dramatique, aux Etats Unis (à l’Actor Studio !) puis en Angleterre, et au début des années 60, il débute une carrière à Broadway, dont il gardera le goût pour la danse et la chanson. Il a pour partenaire dans l’une de ses pièces Anne Brancroft, la Madame Robinson dans LE LAUREAT. Qui se trouve être aussi la femme d'un certain Mel Brooks. Une rencontre qui ne restera pas vaine... En 1967 il apparait dans un petit rôle dans BONNIE AND CLYDE d’Arthur Penn. L’année suivante il tourne donc sous la direction de son mentor, Mel Brooks, LES PRODUCTEURS. Il y est question de monter une comédie musicale à Broadway avec Hitler et des nazis ! On se souviendra que Mel Brooks avait fait le remake de TO BE OR NOT TO BE de Lubitsch, en 1983.

Le succès arrive en 1971 avec CHARLIE ET LA CHOCOLATRIE de Mel Stuart (remaké par Tim Burton en 2005), le film devient un classique américain, et conservé à la bibliothèque du Congrès. Suit le Woody Allen, puis LE SHERIF EST EN PRISON (1974) de Mel Brooks, western parodique plein d’anachronismes, où on croise même Count Basie et son orchestre en plein désert ! En co scénariste, l’acteur Richard Pryor, partenaire de télé, de sketches.

Gene Wilder écrit aussi, et la même année il propose à Mel Brooks son scénario FRANKENSTEIN JUNIOR, qui reste le sommet de sa carrière. Film parodique, encore, qui reprend l’esthétique du genre, le noir et blanc, et même les décors sont ceux du FRANKENSTEIN de James Whale (1931). Ou plutôt Frankenstiiiiine, tel que le savant fou souhaite être appelé, ne souhaitant pas être assimilé à son illustre aïeul. Les gags se bousculent, les clins d’œil (KING KONG, encore les musicals de Broadway), on y croise l'épatant Marty Feldman et ses yeux globuleux dans le rôle d’Igor (qui prononce le nom de la domestique allemande Frau Blucher, juste pour faire hennir les chevaux de terreur !), Gene Hackman dans le rôle de l’aveugle. Le film est un immense succès, Wilder y fait merveille, tout en œillades hors champs, regards face caméra, sa tignasse et ses yeux cernés de noir.  

La même année encore il tourne dans une comédie musicale de Stanley Donen, LE PETIT PRINCE, d’après Saint-Exupéry. D’autres films parodiques seront produits, TRANSAMERICA EXPRESS (1975), gros carton, LA FOLIE AUX TROUSSES (1982), à noter un curieux mais pas inintéressant LE RABIN AU FARWEST (1979) avec Harrison Ford, signé tout de même Robert Aldrich, mais qui ne rivalise pas avec les grands auteurs de comédie. La grande époque semble être révolue, et Gene Wilder décide de passer derrière la caméra.

Il réalisera 4 films, son premier en 1975, LE FRERE LE PLUS FUTE DE SHERLOCK HOLMES avec Marty Feldman, et dix ans après, le remake d’Yves Robert UN ELEPHANT CA TROMPE, LA FILLE EN ROUGE (1984) dont on se souvient aujourd’hui surtout pour la chanson, « I just call to say I love you » de Stevie Wonder. En 1986 il réalise NUIT DE NOCE CHEZ LES FANTOMES, avec une partenaire féminine qu’il a souvent croisée, Gilda Radner, qui était aussi sa femme. Au décès de celle-ci, en 1989, Gene Wilder, très affecté, s’éloignera des plateaux de tournages, et se consacrera à sa deuxième passion, la peinture, l’aquarelle.

Il écrit et joue tout de même dans PAS NOUS, PAS NOUS, avec son pote Richard Pryor, un couple de témoins d’un meurtre, l’un aveugle (qui a tout entendu) l’autre sourd (qui a tout vu) ! Dix ans plus tard, il fait partie d’une très belle distribution, pour ALICE AUX PAYS DES MERVEILLES, un téléfilm.

On peut avancer que Gene Wilder est le père spirituel de toute une génération d’acteurs-auteurs, Ben Stiller, Mike Myers, Will Ferrel, le grand frère des Dan Aykroyd, Bill Murray. On peut aussi voir une parenté avec Jerry Lewis (dans un registre comique différent), le début en duo, les shows télé, les succès comme acteur avant de s’émanciper comme auteur et réalisateur, et l’engagement pour les causes médicales. On peut penser aussi à Peter Sellers dans certains aspects du jeu. Son nom reste indissociable de celui de Mel Brooks, avec qui il a tourné ses plus grands succès, et il est pour beaucoup le seul Willy Wonka acceptable. Gene Wilder avait été très populaire au USA, notamment auprès des enfants grâce à CHARLIE ET LA CHOCOLATRIE, ALICE, LE PETIT PRINCE, et auprès des adultes pour les détournements et films parodiques.


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