samedi 20 août 2016

SCHUMANN – Ouvertures Manfred & Genoveva – Leonard BERNSTEIN – par Claude TOON



- Mais M'sieur Claude, c'est une pochette de Vinyle que je vois là, les ouvertures que nous écoutons n'ont pas été rééditées en numérique ?
- Si Sonia, Manfred en complément des symphonies 3 et 4 dans l'édition commémorative de 1993, Genoveva, je ne sais pas trop…
- Deux morceaux brefs pour l'été, avec une fois de plus Lenny, comme on le surnommait, au pupitre dans les années 60 à New York…
- Mais dites-moi mon petit, vous en connaissez un rayon. Leonard Bernstein a gravé en effet des symphonies de Schumann flamboyantes en ces années-là…
- Je ne savais pas que Robert Schumann avait écrit des opéras, on ne les donne jamais à voir les programmes de concerts que je feuillette de temps à autres…
- Genoveva a vu le jour, mais oui on ne peut pas dire qu'il ait su gagner une large audience. Quant à Manfred, il s'agit d'une musique de scène dont on ne joue que l'ouverture…

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Schumann ayant été l'invité du déblocnot pour certaines de ses quatre symphonies et des pièces de musique de chambre, nous ne revenons pas aujourd'hui sur la biographie du compositeur allemand mort fou dans des circonstances tragiques…
Le poème tragique Manfred de Lord Byron a inspiré nombres de compositeurs romantiques par son caractère épique, de Schumann à Tchaïkovski dans une longue symphonie à programmes commentée dans ces pages (Clic). Peu habile avec la musique d'opéra, Schumann a néanmoins composé une musique de scène d'une quarantaine de minutes inspirée par le personnage. Il s'agit d'un poème dramatique en trois parties pour récitant, soli, chœur et orchestre. Soyons objectifs, de la partition touffue même si charmante, seule l'ouverture est encore jouée fréquemment de nos jours. Les enregistrements complets son rares (Hermann Scherchen, Fabrizio Ventura, en 50 ans… ou on me cache des choses☺, très possible).
"Fréquemment" est vraiment le mot car d'une durée d'une douzaine de minutes en moyenne, le morceau est un complément idéal pour les CD aux durées un peu chiches. Manfred est une œuvre tardive de Schumann, écrite en 1846 mais créée seulement en 1852, soit quatre ans avant sa disparition.
Représentation de Manfred à Turin
Le violent premier arpège descendant affiche la couleur : un dramatisme échevelé. Un premier thème pathétique se développe, sombre et angoissé. Manfred est le modèle typique du héros tourmenté, cyclothymique et inconscient de tout danger. Schumann développe une seconde idée : une chevauchée frénétique. Tout cela semble inspiré ou tout au moins influencé par Beethoven, celui de la symphonie héroïque ou de l'ouverture de Coriolan entre autres (Clic). L'ouverture se termine dans une thématique plus élégiaque.
On s'en doute, pour ceux qui connaissent le tempérament extraverti du Leonard Bernstein de l'époque Newyorkaise, le chef américain ne lésine sur aucun moyen pour grossir le trait, mais pourtant sans emphase ni pathos, un phrasé dru sans concession à un romantisme liquoreux. Les cordes de la Philharmonie de New-York alternent fougue et sensualité exacerbée. Le maestro se lance dans une course folle pour accentuer le style ébouriffé de l'ouverture.

L'ouverture de l'opéra Genoveva me semble moins souvent enregistrée. Elle complétait de brillante manière l'intégrale Schumann gravée par Rafael Kubelik dans les années 60 pour ses débuts chez Dgg avec la Philharmonie de Berlin. Moins brutale et pathétique que celle de Manfred, Schumann alterne diverses idées plutôt variées puisées dans la partition de son opéra. On retrouve le style romantique du compositeur, un soupçon endiablée. À style de composition comparable, interprétation de Leonard Bernstein similaire. Le discours est virulent, le staccato marque les rugueuses ruptures de ton qui émaillent cette page au lyrisme affirmé. Une interprétation pour le moins farouche, là aussi…



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