lundi 4 juillet 2016

LARA PRICE I mean business (2016)


Lara est une miraculée, en effet elle naquit en 1975 au Vietnam en plein conflit et fit partie de "l'opération baby lift", une évacuation de centaines d'enfants orphelins ou abandonnés (la plupart métis de père soldat américain)vers les États Unis pour y être adoptés, opération très controversée qui commença très mal puisque qu'un des avions affrétés s'écrasa au décollage faisant des dizaines de victimes chez les bambins. Lara cru d'ailleurs longtemps qu'elle était une des rescapées de cet accident avant de faire son enquête et d'apprendre qu'elle était venue par un autre vol, une miraculée je vous dis! Son père adoptif était pilote de chasse et la famille voyagea beaucoup, notamment en Angleterre ou la jeune Lara reçoit à 6 ans ses premiers cours de piano, puis à 12 ans elle se découvre des talents pour le chant. C'est à San Francisco en 1997 qu'elle se lance dans la carrière, avec le Lara Price Band elle écume les clubs de la baie de San Francisco, suivront 5cd et des tournées au cours desquelles elles partage la scène avec des légendes telles Etta James, Buddy Guy ou James Brown. Parallèlement elle fait aussi partie d'autres projets comme le all-stars féminin " Girls got the blues", outre piano et chant, Lara pratique également saxo, guitare et batterie.

Pour ce nouvel album elle s'est entourée d'une fine équipe avec Jim Pugh aux claviers (25 ans avec Robert Cray), 4 guitaristes : Mike Schermer (Marcia Ball, Robert Cray), Laura Chavez (complice habituelle de feu Candye Kane), le norvégien Kid Andersen (Charlie Musselwhite, Elvin Bishop, Rick Estrin & the Nightcats) et Chris Cain (une douzaine d'albums au compteur), à la rythmique Derrick Martin (drums, percus) et Steve Evans (basse), plus une section de cuivres et des choristes; Andersen assurant la production et Lara co-signant la plupart des 12 titres.
 On commence l'écoute avec le fougueux "Get it where I want it" qui bouge vraiment bien, la voix est chaude, soutenue par les chœurs et les cuivres, et de beaux passages de guitares. Pure soul avec "Cryin over you", ou encore "Happy blue year", "Time" et "Love lost", Chicago blues avec "One tear at a time", rockin blues swinguant avec le morceau titre "I mean business" et "Crazy Lucy", blues rock funky sur "Pack it up", le band déroule et assure dans tous les genres. Mes morceaux favoris seront "Undone", soul/rythm& blues dansant avec ses cuivres et ses chœurs qui donnent un parfum soul revival et en prime un solo de wah wah décoiffant de Schermer et "Moon on the mirror", un hit en puissance de soul/pop orné d'une subtile guitare. La reprise de George Jackson "Slipped tripped fell in love" (reprise par Ann Peebles en 1971) balance bien aussi, avec une belle partie de claviers de Pugh.
Voilà un très bel album qui ravira les fans de Ann Peebles, Gladys Knight ou de
Sharon Jones où cuivres et guitares sont omniprésents et sur lequel on découvre (si on ne la connaissait pas avant) une chanteuse captivante que ce soit dans les complaintes soul ou les titres rythmés. "Je ne crois pas que je vivrai mon rêve de vivre de la musique si je vivais au Vietnam" avoue t'elle lucide, c'est vrai qu'elle revient de loin, et pour nous aussi c'est une chance de pouvoir écouter cette belle soulsinger.

ROCKIN-JL
article paru également dans le numéro 44 de "BCR la Revue"


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