samedi 4 juin 2016

MAHLER – Symphonie N° 1 "Titan" - Leonard BERNSTEIN (1986) – par Claude TOON



- Bien, faisons le point M'sieur Claude. Au compteur : des articles sur les symphonies n°6, 7 et 9, plus un florilège survolant les enregistrements cultes de Otto Klemperer…
- Parfait Sonia, et comme j'avais dû l'écrire, les 9 + 1 symphonies de Mahler méritent toutes une chronique fouillée. Chacune occupe une place de choix dans le patrimoine symphonique.
- Et donc aujourd'hui, retour aux sources avec sa première composition. "Titan", est-ce que ça sous-entend du Kolossal germanique ???
- Non, il y a une explication littéraire à ce sous-titre. Et même si la symphonie est richement orchestrée, nous sommes loin des démences de la 7ème
- Et puis après les maestros Barbirolli, Giulini et Tennstedt, place à Leonard Bernstein… Vous respectez votre principe d'inviter tous les grands chefs mahlériens un à un.
- Parfaitement, le chef américain a été l'un des 3 pionniers des gravures des intégrales du maître autrichien dans les années 60. Là nous le retrouvons plus tard, à Amsterdam…

Gustav Mahler vers 1895
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J'aborde toujours prudemment les articles consacrés aux symphonies du compositeur autrichien. La raison en est simple et tient en deux mots-clés : la durée (de 1H à 1H45), et la richesse infinie du discours musical et de l'orchestration. D'où ma crainte  d'écrire dans un élan passionné un pensum de 4000 mots ou plus. Mon but est de partager mon enthousiasme et les motifs de ce sentiment, et non de concurrencer les passionnants et érudits écrits d'un Henri-Louis de La Grange, auteur d'une biographie et d'une analyse des œuvres en trois volumes de 1500 pages chacun, le travail de toute une vie car ce grand monsieur continue ses recherches à 90 ans passés.
Inutile de dresser à nouveau le portrait tourmenté de Gustav Mahler, compositeur autrichien né juif en 1860. Oui, judaïté qui sera souvent un frein à sa carrière dans les antisémites Empire Austro-hongrois et l'Allemagne de Bismarck. Pour les néophytes, partez à la découverte du génie incompris de ses contemporains dans mes commentaires dédiés aux 6ème et 9ème symphonies : une vie perturbée par des drames familiaux comme la perte de sa fillette ou les conflits avec Alma, son épouse, des souffrances qui le conduiront sur le canapé de Freud. Et puis la maladie de cœur qui, ajoutée à l'épuisement d'un créateur et chef d'orchestre hyperactif, le conduira à la tombe bien tôt, en 1911 à 51 ans (Clic) & (Clic).
La genèse de la première symphonie est un véritable roman épique, typique des mésaventures du Mahler au tempérament introverti et exigeant. À seulement 24 ans, il se lance dans l'écriture d'une vaste fresque symphonique, sans doute influencé par les dimensions et la complexité hors norme de celles de l'un de ses plus brillants mentors : Anton Bruckner dont Gustav allait écouter les conférences à Vienne. Une épopée créatrice qui va durer près de dix ans pour atteindre son but, même si d'autres œuvres verront le jour entre temps.

Leonard Bernstein (1918-1990)
Ce qui devait devenir la première symphonie fut d'abord un projet de grand poème symphonique esquissé en 1884. Les concepts musicaux de Mahler sont déjà en place dans les cinq mouvements : l'amour des paysages et des bruits de la nature (Naturlaut), ceux des oiseaux, des fleurs et des réjouissances populaires, des flots sculptant le minéral (toute la thématique de la 3ème symphonie de 1895), mais aussi, dans une seconde partie, les angoisses métaphysiques : la peur de la mort illustrée par des marches funèbres (si présentes dans les symphonies 7 et 9). Un poème symphonique au programme bien défini :
Partie 1 : le temps de la jeunesse, des fruits et des épines.
1 - Printemps éternel, l'éveil de la nature à l'aube.
2 - fleurette (Blumine), un andante qui disparaîtra dans la version symphonique finale.
3 - À pleines voiles, (l'actuel scherzo fort animé)
Partie 2 : La comédie humaine.
4 - Échoué, (Une marche funèbre).
5 - De l'enfer au paradis.
Cette partition, enfin achevée entre 1887 et 1888, n'attire que du mépris des chefs auxquels le jeune compositeur tente de faire appel pour la création. Estimant que l'on n'est jamais si bien servi que par soi-même, Mahler, qui a déjà 28 ans et une expérience d'assistant auprès de Arthur Nikisch à l'opéra de Leipzig, claque la porte pour se faire embaucher comme directeur de l'opéra royal de Budapest. Seul maître après Dieu de ces lieux pourtant moins prestigieux, il programme fin 1889 la création de son œuvre qui est mal reçue, surtout la ténébreuse et farouche seconde partie au langage façonné par l'ange du bizarre. Ah, il ne faut jamais réveiller les habitudes d'un public ronronnant.
"Son poème symphonique est vulgaire et insensé" fustige la presse ! Insensé ? Oui ! Novateur ? Certainement ! Complètement hors norme en cette fin de siècle ? Absolument ! Vulgaire ? Surement pas ! Tout simplement : Mahler a trouvé son style d'emblée : la poésie biscornue, le sarcasme, l'absurdité du trépas, les hardiesses tonales, la démesure.
D'année en année, opiniâtre, Mahler va modifier, améliorer, peaufiner jusqu'en 1896 ce qui va devenir la première symphonie "Titan" telle que nous la connaissons désormais. Pourquoi "Titan". Les romantiques aimaient le symbolisme et la mythologie, sans doute un sous-titre inspiré par la puissante marche conclusive : des pas de géant… Le passage andante "Blumine" un peu maigre disparait. Le compositeur retouchera encore sa partition en 1903 puis 1906, donc pendant presque toute sa carrière puisqu'il ne lui reste que cinq ans à vivre en 1906.
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Parmi les 274 disques enregistrés depuis 1939, difficile de faire un choix ! Je me devais de respecter mon principe de l'alternance des chefs mahlériens, comme le rappelait Sonia, de proposer une vidéo de bonne qualité, tout en tenant compte de l'appartenance de l’interprétation retenue à un "podium" consensuel établi par les critiques officiels ou amateurs. Leonard Bernstein a gravé plusieurs fois cette symphonie, à New-York pour son intégrale des années 60, puis avec le Concertegbouw d'Amsterdam pour celle des années 70 et 80. La plupart des autres symphonies ont été enregistrées avec la philharmonie de Vienne pour ce second cycle. Toutes sont des captations en Live. Quant au chef américain, également compositeur et pédagogue, l'essentiel a été dit dans la chronique consacrée à la 9ème symphonie de Bruckner (Clic). Ce disque date de 1986.
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Moritz von Schwind
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J'avais lu avec surprise sur le net, il y a bien longtemps, que Mahler avait orchestré sa symphonie de manière similaire à celles de Brahms, soit l'orchestration de la 9ème de Beethoven avec un tuba en plus ?!?! À l'écoute ça ne collait pas et, renseignement pris directement sur la partition, Mahler fait en réalité appel à une formation d'une puissance de feu inconnue avant les années 1880, à part chez Wagner dans le Crépuscule des Dieux, et encore. Nous avons ici :
4 flûtes + 2 piccolos, 4 hautbois + cor anglais, 4 clarinettes dont clarinette basse, 3 bassons + contrebasson, 7 cors, 5 trompettes diverses, 4 trombones, tuba, timbales (2 timbaliers), triangle, tam-tam, cymbales, grosse caisse, harpe et cordes à profusion. Moralité : ne jamais croire certaines sottises sur le web et faire confiance à vos oreilles…
Nota : Mahler abandonne les notations de tempo en italien au bénéfice d'indications plus précises en allemand.

1 - Langsam. Schleppend. Wie ein Naturlaut — Im Anfang sehr gemächlich (Lentement. Traînant. Comme un bruit de la nature - très tranquillement au début) : Un thrène au cordes aiguës surgit ppp de la nuit, du néant. Une aube brumeuse et frisquette. Des interventions ponctuelles et douces des piccolos et clarinettes évoquent des chants d'oiseaux qui s'ébrouent ou partent dormir : hibou, coucou, rossignol. Au loin (en coulisse), un trait des trompettes indiquent qu'un coq sonne le réveil. Beethoven, dans la scène au bord du ruisseau de sa symphonie pastorale, invitait déjà nos amis à plumes. En quelques mesures, Mahler expose son univers : la nature et ses bruits, les légendes de la forêt, un monde enfantin et picturale. Jusqu'à sa 4ème symphonie (hormis la seconde), le compositeur va se passionner pour les  récits et imageries enfantines très en vogue à l'époque, notamment dans les contes du Knaben Wunderhorn (Cor merveilleux de l'enfant) qui seront aussi source d'inspiration pour de nombreux lieder avec orchestre.
Dès les premières mesures, Mahler devient peintre d'un monde imaginaire et bouscule à la fois l'harmonie et la forme sonate académique. L'introduction s'étire, les sons animent un à un ce réveil jusqu'à une sombre phrase aux cordes graves qui va nous apporter un premier thème martial. Il y a toujours des marches chez Mahler : les animaux cheminent, les villageois processionnent. Le compositeur ne ratait jamais un défilé militaire fanfaronnant. On retrouvera cette passion dans le 3ème mouvement. D'ailleurs cette marche initialement pastorale évolue progressivement et énergiquement pour terminer de manière abrupte l'exposition et assurer en douceur la reprise imposée par la forme sonate (ben oui, quand même). Leonard Bernstein nous fait savourer avec gourmandise et sans aucune véhémence ce climat poétique et ludique, aidé par son magnifique orchestre d'Amsterdam, une phalange forgée de longue date à cette musique (Mengelberg & Haitink ).
Marche funèbre des animaux...
Oui, nous entendons un phrasé "traînant" comme exigé sur la partition. Moi, j'opterais plutôt pour l'adjectif lascif, comme si la nature prenait son temps, voulait prolonger les visions oniriques de la nuit. La magie de l'art de Mahler réside dans le rôle novateur confié aux bois et aux cuivres à une époque où les cordes occupent trop souvent l'espace sonore, même émaillé de notes de l'harmonie. Le discours se révèle somptueux de fantaisie et de couleurs. Une atmosphère totalement paradisiaque et enchantée ? Pas tout à fait, la lugubre fanfare des trompettes, si discrète lors de son énoncé, va réapparaître et démontrer que l'angoisse fait et fera toujours partie intégrante de la vie. Dans ce mouvement d'une richesse mélodique et orchestrale assez inouïe chez un jeune compositeur (même si retouches ultérieures il y a eu), l'élan vitale ne va jamais cesser de nous surprendre jusqu'à une coda impétueuse. Leonard Bernstein disculpe à tout jamais Mahler, parfois taxé de pathos et de surcharge, et cela grâce à une direction d'une limpidité et d'une alacrité bluffantes. Surprenant de la part de ce chef ? Non, pas vraiment !

Kandinsky : Fête villageoise
2 - Kräftig bewegt, doch nicht zu schnell — Trio. Recht gemächlich (Vigoureusement, mais pas trop vite – Trio, bien tranquillement) [16:30] : Mahler place son scherzo en seconde position. Un mouvement symétrique, de forme a priori classique et aux antipodes des scherzos délirants et déchaînés des symphonies de la maturité, notamment celui vénéneux et sarcastique de la 9ème symphonie (Clic). Fidèle à ses sources d'inspiration, Mahler nous plonge en pleine fête campagnarde où les villageois dansent sur les rythmes d'un ländler, une danse très populaire en Autriche que l'on retrouvera fréquemment utilisée dans ses symphonies.
Un thème dansant et viril, scandé par les cordes graves, rejointes par les violons, introduit une mélodie festive des bois, puis des cuivres. Le bal voltige de pupitre en pupitre avec bonhomie. Dans le premier mouvement, Mahler songeait aux oiseaux de l'andante de la symphonie pastorale de Ludwig van, ici, place à une référence explicite aux festivités paysannes de l'allegro de la même œuvre de Beethoven. Mahler respecte, c'est assez rare, la forme usuelle du scherzo et ses reprises. La fin de l'exposition en scherzo s'accélère joyeusement jusqu'à un accord des cors qui introduit un voluptueux trio évoquant des pas de valses, avec un guilleret développement : une fantaisie animée par les cuivres. L'apparent effet répétitif de la mélodie est à tout moment égayé par une orchestration fantasque et colorée que Leonard Bernstein détaille avec facétie. Une direction sans précipitation, un phrasé allègre d'une élégance rare dans cette musique, facilement trop généreuse dans certaines interprétations qui gomment hélas l'aspect bucolique de cette page gentiment espiègle, climat malicieux annonçant l'ironie sans cesse présente dans la musique à venir de Mahler.

3 - Feierlich und gemessen, ohne zu schleppen (Solennel et mesuré, sans traîner) : Décidément pour sa première symphonie (si on exclut la cantate profane médiévale "Le chant du compagnon errant" de 1879), Mahler continue de nous surprendre ! Nous voici suivant une marche funèbre (mortifère ? pas tellement).
Brüder Matin/Jakob (Gravure)
[25:30] Mahler s'inspire de la chanson Brüder Martin ou Jakob suivant les sources, une comptine qui n'est autre que "frères Jacques" dans nos contrées. Un martèlement de la timbale introduit une mélopée lugubre à la contrebasse solo (qui sonne dans l'aigu comme un violoncelle en deuil - Mais où Mahler allait-il chercher ça ?) Ce thème est repris au basson, puis au violoncelle et à la clarinette, parcourt les pupitres de l'orchestre, inlassablement… Un crescendo angoissé et obsédant qui s'achève avec quelques arpèges de la harpe. De la comptine rythmée mais enfantine, Mahler décline une marche militaire quasi morbide que la gravure ci-dessus "Marche funèbre des animaux…" illustre à merveille. Morbide ! Dès sa jeunesse, Mahler met en scène la mort, la foule défilant devant les catafalques. Cette angoisse se retrouvera dans toutes ses œuvres, y compris la douce 4ème qui s'achèvera dans un paradis de conte de fées. [27:38] Changement complet de décor : une mélopée aux accents tzigane intervient chantée par les hautbois accompagnés de pizzicati et de la trompette ! Peut-on fêter la mort au son d'une marche militaire, semer le doute, ricaner au nez de la grande faucheuse ? Mort, ironie, procession, combien de fois Mahler reviendra à cette trilogie funèbre dans la plupart de ses œuvres à venir, la dérision étant omniprésente dans les symphonies 5, 7 et 9. [30:34] Un développement serein surgit en tant que 3ème idée : une chanson à l'orchestration lumineuse brouille encore les pistes de la psyché tourmentée du compositeur. La marche funèbre reprend avec, aux trompettes, une grinçante sonnerie aux morts. Le mouvement, malgré une stupéfiante diversité de climats, ne présente aucun défaut de construction. Comme l'écrit le musicologue Jean Matter, des étudiants en cours de composition pourraient passer des mois à conjecturer sur cette page géniale qui se termine da capo sur la pulsation ppp des timbales. Leonard Bernstein, de nature excentrique, est bien entendu à son affaire dans ces étranges funérailles ou des animaux de la forêt vont enterrer… mais qui au fait ? Et bien : un chasseur☺.
Oui, on pourrait épiloguer sans fin sur les trouvailles du musicien : détimbrer les instruments, manipuler l'essence traditionnelle des sons, exploiter les limites des tessitures au bord de la dissonance, rechercher tout ce qui résonne de manière vénéneuse et nous étouffe jusqu'à l'oppression. Mahler, découvrait la puissance évocatrice des timbres pour accentuer les intentions déjà troublantes visées par l'étrangeté de la mélodie et des sauts de tonalité…

4 - Stürmisch bewegt (Tumultueux, à tout rompre) : [36:02] Le final est enchaîné sans pause. Il explose fff sur des coups de cymbales et un rugissement de l'orchestre. Il portait le sous-titre "de l'enfer au paradis" dans le poème symphonique.
Caricature lors de la création
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Oui, tempête voire cyclone de cuivres, de cordes et de percussions, et de nouveau un rythme de marche titanesque, sans jeu de mots par rapport au sous-titre. La transition avec la poésie même empreinte de mélancolie est foudroyante. [39:34] Une seconde thématique aux cordes nous étreint par sa sérénité, ou plutôt son esprit de réconciliation. Sans analyser dans les détails ce long mouvement de 20 minutes, une certitude se fait jour : la quintessence de l'art de Mahler est totalement présente dans cette symphonie initiatique, dès les premiers mouvements en général et dans ce final apocalyptique et complexe en particulier. Dans ce mouvement de tous les contrastes, le refus de prolonger scolairement les préceptes de la musique romantique se rencontre à chacun des motifs qui se percutent. Une folie sonore ! Forcément, car comme le montrera son existence tourmentée : les incompréhensions face à sa musique, la vie affective douloureuse, la maladie, comment ne pas discerner dans ce torrent musical furieux un artiste déjà un peu fou ?
Mahler met en place son style qui ne fera que se moderniser jusqu'à l'auto-caricature au grand dam de ses pairs. Les appels lointains des trompettes et le leitmotiv entendus dans l'introduction de l'œuvre font leur retour. Procédé courant qui ici établit un pont entre la sérénité des pages écrites par un débutant, trop confiant et optimiste, et la fureur face aux échecs à répétition pour être joué. Enthousiasme contrarié d'un jeune génie mis à mal par le rejet de son poème symphonique originel par la communauté musicale frileuse de cette fin de siècle, rancœur qui porte en germe la violence intérieure animant le compositeur en train de retoucher sa partition sans relâche pour la faire accepter.
Mahler est un combattant, il ne révolutionne pas vraiment dès sa première symphonie la forme postromantique, mais redessine dans un torrent sonore exalté la nature de l'expression musicale et de la vocation d'un compositeur : partager ses angoisses, son entêtement, ses doutes, son dégoût de la comédie humaine. Le final : un torrent qui emporte tout dans la marche triomphale de la coda. L'avenir lui apprendra que la victoire sur les coups du sort tant souhaitée ne sera pas souvent au rendez-vous !
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H.L De La Grange a dénombré 274 versions discographiques de cette symphonie ! Comme pour Mendelssohn, l'œuvre des compositeurs juifs, donc Mahler, étant interdite d'exécution en Allemagne nazie, c'est des USA que nous parviendra la première gravure sous la baguette de Bruno Walter avec l'orchestre de la NBC, l'orchestre de Toscanini qui n'abordera d'ailleurs jamais Mahler. Walter, l'ami de Mahler réfugié outre Atlantique, gravera au moins six fois l'ouvrage si l'on compte les bandes de radio plus ou moins pirates… Cela dit, c'est à partir des années 70 que tous les chefs vont se mesurer aux symphonies de Mahler. Pas toujours avec bonheur, il faut bien le dire.
Mes suggestions discographiques seront plus complémentaires qu'alternatives. Pour des œuvres d'une telle densité, écouter diverses versions peut se comparer à la dégustation de différents Single Malt… Tu en penses quoi Philou ? Oui ? Pardon ? Pas forcément le même jour
Bruno Walter avait bien connu Mahler et créé la symphonie n°9 et le chant de la Terre après la mort de son mentor, et pourtant il ne jouait pas toutes les symphonies (notamment la 6ème qui ne l'inspirait guère). En 1961, à Hollywood, avec l'orchestre de la Columbia, il enregistre sans délai imposé une interprétation incisive qui met en lumière la fantasmagorie de l'œuvre. La subtilité du discours et la malice du trait n'ont pas pris une ride. Belle prise de son pour l'époque (CBS/Sony Classical).
L'article consacré à la 9ème symphonie s'appuyait sur le disque de Carlo Maria Giulini avec l'orchestre de Chicago, une production DGG. Avec ce même orchestre d'excellence, le chef italien avait déjà gravé en 1971 la première symphonie pour EMI. Giulini joue avec sa finesse habituelle la carte du mystère, des forêts brumeuses. Le direction est racée, associe la joie spontanée de l'enfance et la peur du croquemitaine. Prise de son époustouflante, certains détails des petites percussions ne s'entendent qu'avec ce disque (EMI).
Bernard Haitink faisait partie avec Bernstein et Kubelik du trio des pionniers des intégrales des années 60. Vingt ans plus tard, il entreprend avec la Philharmonie de Berlin une nouvelle intégrale qui aurait pu devenir la référence incontournable si Philips ne l'avait pas abandonnée en cours de route (manquent la 8 et la 9). Enchanteur, une leçon d'orfèvre de la mise en place orchestrale sans négliger la poésie et les élans de cette musique. (1987 - Réédité par DECCA, facilement disponible… au Japon).
Pour tous ces disques : 6/6 sans appel !
J'ajouterai enf [Error 4216 ! - Authorized size of text exceeded]
- Rockin, c'est bizarre, j'ai une erreur système au milieu d'une phrase, impossible de continuer…
- Ah oui, c'est Luc qui a foutu un cheval de Troie dans ton PC pour limiter la longueur de tes articles…
- Ben oui, mais il aurait pu me prévenir, pas cool… Je voulais dire aux lecteurs que j'ai ajouté une vidéo de Blumine, l'andante initial supprimé, dirigé par Daniel Harding en Live… M'enfin

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6 commentaires:

  1. Des que je peux, je place mes versions, celle de Seiji Ozawa (Evidemment !) chez DDG en 1977 avec l'orchestre symphonique de Boston et celle de Klaus Tennstedt chez EMI en 1978 et philharmonique de Londres. Mais comme tu le dis si bien vu le nombre de version qu'il existe pas facile de si retrouver. Mais je crois quand même que je préfère celle de Kubelik chez DDG. Sinon j'ai encore appris un tas de chose sur l'étymologie de cette symphonie !

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    1. Merci Pat, bien entendu des beaux disques :
      - Ozawa et Son orchestre de Boston, le geste précis, peut-être un peu trop sage (influence du mentor Karajan ?) et du coup : la goguenardise de Mahler s'émousse un chouia, cela donne un aspect trop "classique" à la chose… Mais les couleurs veloutées de Boston...
      - Tennstedt : c'est Boulez par le respect du texte mais avec un joli grain de folie en plus. Souvent décrié ce chef. Pourtant à mon sens : un des bons points dans une des meilleures intégrales jamais réalisées… Voir article sur la 7ème
      - Kubelik : la légèreté et la poésie où dans les 60' l'on reconnaissait enfin le père Mahler comme un génie…
      -………….

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  3. Ah ça pour un ONI, c'est un OVNI…
    C'est vrai que c'était un drôle de franc-tireur le Carlos. Sa mort est totalement passée sous silence sinon j'aurais quand même rédigé un RIP…

    Chuis pas certain que les deux extraits de sa symphonie n°1 de Mahler entendus sur Youtube me donnent l'espoir de voir guérir ou même de soigner ton allergie à Gustav avec juste ce disque… Je ne suis pas un ayatollah du respect absolu des partitions, mais là faut pas déconner !

    La marche du Feierlich me fait penser à la marche de radetzky de johann strauss, quant au final, c'est sans doute en entendant cela que les critiques acerbes de l'époque ont parlé de cacophonie :o)
    Cela dit si t'aime ce disque… Continue... moi aussi j'ai des vinyles vieux de 50 ans que j'aime encore en me "foutant pas mal du regard oblique des critiques" comme aurait pu chanter Brassens !!!

    Si tu es abonné à Deezer avec un casque ou une bonne installation, tente un début de désensibilisation (comme disent les allergologues) avec ça : http://www.deezer.com/album/8164998

    cordialement et Bonne soirée…

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