samedi 25 juin 2016

BACH – Messe en si mineur BWV 232 – Frans BRÜGGEN – par Claude TOON



- Une messe de Bach cette semaine M'sieur Claude ? Je me suis laissée dire que la messe en si mineur était l'un de ses plus grands chefs d'œuvre…
- Oui, Bach a composé cet ouvrage pour le rite catholique vers la fin de sa carrière en assurant la synthèse d'une vie de découvertes et de travail pour les liturgies luthériennes
- Nos lecteurs ne sont pas toujours très proches de la musique d'église à mon avis.
- Cela ne nous regarde pas… Et puis il faut avoir conscience que par son style oratorio comme les Passions, il s'agit plutôt d'un grand moment de musique, avec spiritualité en prime…
- Je vois, on peut être athée et être sensible à une musique qui porte à la sérénité et à la zénitude si je peux employer ce néologisme. Pourquoi Frans Brüggen ?
- Les grandes interprétations sont légions. Mais, il est admis que Frans Brüggen a su trouver un juste milieu entre les ayatollahs du baroque et les interprétations proche du romantisme grandiose des générations précédentes…

Frans Brüggen (1934-2014) (Lien)
J'ai attendu plus de cinq ans avant de commenter l'œuvre que je souhaiterai écouter sur mon lit de mort. Avant mon trépas et même juste après, si le long tunnel éblouissant existe, car je déteste ne pas terminer une écoute. Attention, je risque de vous faire croire que la messe en si mineur est une musique funèbre. Or il n'en est rien. À l'opposé d'un Requiem destiné aux funérailles, cette messe de Bach est un ouvrage de reconnaissance, une profession de foi confiante pour les croyants et, de toute façon, elle reste une magnifique et lumineuse partition pour les vilains mécréants
Inutile de préciser que pour l'interprétation à proposer à votre écoute, le choix est immense. Deux écoles se complètent sans s'affronter.
En premier, les descendants du style romantique hérité des travaux de Mendelssohn qui redécouvrit et immortalisa au début du XIXème siècle les œuvres du Cantor (qui sinon seraient tombées dans l'oubli). C'est le cas des grands chefs historiques des années 40 à 60 qui ont gravé ce monument avec des chanteurs d'opéras et des effectifs choraux et orchestraux importants. Le flot musical d'essence baroque n'est peut-être pas très délié, mais les plus inspirés de ces maestros historiques font preuve d'une ferveur religieuse qu'il ne faut pas rejeter par snobisme*.
En second, depuis les années 50 et les travaux de Nikolaus Harnoncourt disparu récemment (Clic), on bénéficie d'une clarté polyphonique plus détaillée grâce au retour aux sources des interprétations dites "à l'ancienne", à savoir sur instruments d'époque et avec des effectifs plus réduits et colorés. Chaque chef baroqueux a depuis gravé son interprétation… D'où une pléthore de disques (en centaines ?). Je proposerai en fin d'article mon choix personnel des interprétations qui me passionnent depuis près de cinquante ans (Pas toutes, car j'en ai beaucoup…).
* Lors des écoutes comparées, commentées à la radio ou dans la presse spécialisée, je ricane toujours face à ces critiques officiels qui vomissent ce qu'ils encensaient il y a quarante ans et inversement, méprisant les artistes historiques disparus pour s'attirer les bonnes grâces des baroqueux en exercice qui leur envoient leur dernières parutions… (J'ai entendu l'an passé Otto Klemperer comparé à un "mammouth" dans Bach, sympa !)
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Marc Chagall (illustration cantiques des cantiques)
C'est en 1990 que paraît chez Philips l'enregistrement de Frans Brüggen réalisé avec son orchestre du XVIIIéme siècle (dont il est le fondateur) et le chœur de chambre néerlandais. C'est un choc et un succès critique et public. L'album avait disparu du catalogue lorsque Philips avait décidé de limiter à la portion congrue sa production de CD classique. Decca a réédité cet enregistrement en double album, hélas sans aucun livret explicatif.
Quant au parcours exemplaire de Frans Brüggen qui réhabilita la flûte à bec et su réconcilier les baroqueux quasi intégristes et les nostalgiques des interprétations de la musique baroque dans un style classique, un hommage lui a été rendu en 2014 lors de sa disparition (lien sous la photo). Frans Brüggen effectua un recul par rapport aux effectifs trop maigrelets, il est connu que Bach lui-même déplorait de ne pas disposer à l'époque d'un nombre plus important de chanteurs et de musiciens pour ses grandes œuvres… Il est donc judicieux de tenter de lui offrir des ensembles qui correspondent à ce qu'il souhaitait… J'ai eu la chance de voir ce grand chef diriger cette messe à la cité de la musique en 2001. Il avait retenu ses options interprétatives avec un trentaine de musiciens et autant de choristes de l'Orchestre de Paris. À l'évidence grippé, livide et émacié, dirigeant assis, le chef avait obtenu une interprétation de bon aloi avec des artistes non familiers du style baroque. Pour les chœurs des passages les plus recueillis, seuls 12 chanteurs intervenaient, une excellente trouvaille…
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La Messe en si mineur de Bach déconcerte par : sa durée de composition (plus de vingt ans), ses dimensions exceptionnelles, le fait qu'elle ne soit pas le résultat d'une commande officielle et le recours à la parodie à outrance. Je rappelle que dans ce contexte, le mot parodie désigne la réutilisation de mélodies déjà écrites voire orchestrée dans d'autre partitions et sur lesquelles on plaque les paroles. Sauf que Bach adapte avec cohérence, ni plagiat ni réchauffé. La durée de la plupart des messes baroques ne dépasse guère les 20 minutes, la messe en si mineur : 1H50 à 2H10.
Le texte se limite bien entendu à l'ordinaire de la messe et ses cinq prières obligées alternant avec la liturgie propre à un dimanche ou un jour particulier : textes de l'ancien testament, Évangiles, épitres, eucharistie. Petit rappel pour les athées pratiquants. Donc, 5 grandes parties : Kyrie, Gloria, Credo (dans sa version longue dite de Nicée-Constantinople), Sanctus-Benedictus et Agnus Dei en conclusion. Texte en latin pour une messe que Bach semble avoir destinée tant pour le culte luthérien que catholique ! Un office qui devait durer 3 heures et plus !
En général, dans les messes écrites par les compositeurs, chaque prière mise en musique est jouée dans la continuité. Ce sera le cas pour Mozart, Haydn, Beethoven, Schubert, Bruckner pour citer les auteurs d'œuvres marquantes dans ce domaine.
Ici, Bach subdivise sa partition bien au-delà des habitudes en donnant une forme oratorio à sa messe, à savoir : chaque verset principal d'une prière donne lieu à l'écriture d'un chœur ou d'un air en solo ou en duo. Chaque morceau possédant ainsi sa propre thématique musicale. Soit 26 morceaux indépendants. Je propose ci-dessous un tableau de cette organisation sans préciser dans quelles œuvres antérieures Bach a puisé ses matériaux mélodiques. (Il y a des sites pour s'amuser à établir les rapprochements.)
Ce découpage offre à cette messe une diversité de pièces courtes qui ne la fait à aucun moment dériver vers un pensum sulpicien hypertrophié. J'irai jusqu'à dire que Bach voit sa messe comme une aventure spirituelle dont l'inventivité polyphonique et la rutilance de l'orchestration enchantent bien au-delà de sa vocation sacrée. Le testament ultime d'une vie guidée par une foi profonde, bien avant d'être une page utilitaire même brillantissime et destinée à satisfaire le clergé ou les princes de l'Église. Dans les deux cas, la réussite est totale.
Comme il va être d'usage pendant deux siècles : l'effectif vocal comprend quatre chanteurs solistes (soprano, alto ou contreténor, ténor et basse), un chœur mixte (sans doute de garçons à l'époque) et se complète d'un orchestre assez fourni avec cordes, cors, trompettes, flûtes, hautbois, hautbois d'amour, bassons, timbales et orgue, un continuo. De mystique, cette œuvre devient lyrique avec cette forme d'opéra religieux, ce qui est assez inattendu sur le plan liturgique. On trouvera cette écriture moins insolite en considérant que Bach est l'auteur des immenses et ambitieuses passions.

CD 1 : Kyrie
Credo : Symbolum Nicenum (1748/49)
Agnus Dei (1748/49)
Kyrie eleison (chœur)
[53:23] Credo in unum Deum (chœur)
[1:36:30] Agnus Dei (alto solo)
[8:55] Christe eleison (duo pour soprano & alto)
[55:23] Patrem omnipotentem (chœur)
[1:41:37] Dona nobis pacem (chœur)
[14:05] Kyrie eleison (chœur)
[57:06] Et in unum Dominum (duo pour soprano & alto)


[1:01:40] Et incarnatus est (chœur)

Gloria
[1:04:45] Crucifixus (chœur)

[18:00] Gloria in excelsis (chœur)
[1:07:46] Et resurrexit (chœur)

[19:43] Et in terra pax (chœur)
[1:11:31] Et in Spiritum Sanctum (basse solo)

[24:35] Laudamus te (aria pour alto solo)
[1:16:39] Confiteor (chœur)

[29:00] Gratias agimus tibi (chœur)
[1:19:42] Et expecto (chœur)

[32:03] Domine Deus (duo pour soprano & ténor)


[37:46] Qui tollis peccata mundi (chœur)
CD 2 : Sanctus (1725)

[40:45] Qui sedes ad dextram Patris (alto solo)
[1:23:25] Sanctus (chœur)

[45:17] Quoniam tu solus sanctus (basse solo)
[1:27:38] Osanna in excelsis (chœur)

[49:32]  Cum Sancto Spiritu (chœur)
[1:30:04] Benedictus (ténor solo)
27 plages car le Credo et
le Patrem sont séparés.

[1:34:03] Osanna repetatur (chœur)


Fra Angelico : Eucharistie (vers 1420-1450)
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Philosopher sur chaque partie de cette grande œuvre serait un non-sens. Attachons-nous à quelques passages typiques de l'art génial de Bach et aux talents des artistes à travers quelques exemples caractéristiques.  Passages indiqués en bleu dans le tableau.
Premières mesures du Kyrie (Seigneur ayez pitié de nous) : le chœur lance un cri à l'unisson (souligné par les cordes et les vents). Est-ce la plainte désespérée du pêcheur invétéré ? Absolument pas ! Au contraire, nous écoutons un hymne de confiance totale dans la miséricorde divine. Comme écrivait le disciple Saint-Paul, la faute est humaine et sans doute regrettable, certes, mais l'important est d'aimer et de garder confiance dans le Christ. Dans son long Kyrie de 20 minutes, Bach a retenu la leçon de cette citation de la lettre aux Galates. Pour le premier verset, les voix des choristes sont lumineuses, les tessitures limpides et bien audibles, la profondeur émotionnelle convaincante. Cette exhortation est suivie d'une introduction orchestrale quasi pastorale, l'un des arias polyphoniques et concertants dont le cantor avait le secret. Frans Brüggen adopte un tempo vif pour faire chanter bois et cordes qui se répondent allègrement, une mélodie tonique et colorée. La rythmique est allègre mais aucunement appuyée. L'entrée du chœur se révèle franche et radieuse. Une interprétation qui respire un rituel de fête et non une sempiternelle déploration d'expiation des innombrables fautes mortelles ou vénielles pour utiliser la rhétorique en usage dans les sacristies du XIXème siècle. Flamboyant !
Le Christe (Ô Christ ayez pitié de nous) prolonge ce climat de réconciliation par un duo entre la soprano (Jennifer Smith) et l'alto (Michael Chance). L'accompagnement se limite aux violons et au contiuno. Les deux chanteurs, parmi les meilleurs du chant baroque de cette fin du siècle dernier, se "renvoient la balle" avec une élocution vivante bien servie par leurs voix pures dépourvues des ornementations héritées de l'opéra italien. La ligne de chant rayonnante évite ainsi les hors sujets mélodramatiques de certains chanteurs des scènes lyriques entendus dans les enregistrements précédant la révolution de l'interprétation authentique. On entendait de-ci de-là des prouesses vocales de premier ordre, voire cultes évidement. Mais y avait-il la simplicité spontanée dans la dévotion écoutée ici ? Pas toujours hélas…
Les airs sont moins nombreux que les chœurs, mais d'une exceptionnelle richesse mélodique et instrumentale. C'est le cas du Domine Deus (Seigneur Dieu, Roi des cieux…, hymne à la grandeur de Dieu et du Christ). Bach imagine un duo ardent entre la soprano et le ténor (Nico van des Meel) auquel se joignent une flûte traversière soliste et un léger continuo dont des cordes en sourdine. Dans ce passage à la gloire du Très-haut, Bach adopte un legato-staccato enlevé et empreint de bonhomie. Frans Brüggen fait briller de mille feux ce trio voix-flûte, réfutant toute froideur à ces versets admiratifs en rejetant toute pompe par une subtile fluidité du récit musical… Religieux, oui, bien sûr, mais quelle humanité dans cette osmose entre Bach et ses interprètes ! La voix aérienne de Nico van des Meel est le choix idéal pour ce duo allègre. Imaginez cet air chanté par un ténor héroïque wagnérien s'époumonant, même vocalement excellent… Je n'ose même pas y penser.

Andreï Roublev (Trinité - 1410)
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Deux chœurs me bouleversent particulièrement par leur beauté extatique et leur humilité. Le Qui tollis (…Vous qui effacez les péchés du monde, Ayez pitié de nous / Recevez notre prière). Bach fait preuve d'une grande simplicité dans cette douce litanie. Les voix s'entremêlent, baignées par une mélodie séraphique des deux flûtes et d'un violoncelle solos. Doit-on imaginer ces flûtes comme les voix des anges ou la présence de l'Esprit-Saint dans cette lamentation marquée par l'innocence la plus intime ? À noter le magnifique étalement des plans de la prise de son. Les flûtes en bois de l'époque baroque, moins altières que leurs arrières petites filles en argent, se font parfois trop discrètes dans ce chœur, noyées par les voix et les cordes. Dans cette belle capture de son, elles sont bien là et l'air circule comme une légère brise entre les pupitres.
Le crucifixius (Qui a été crucifié pour nous, a souffert sous Ponce Pilate ; et a été mis au tombeau). Situé au sein du Credo, ce chœur se révèle le plus dramatique de la messe, logique. Bach adopte pourtant le ton du récit sans effet tragique outré, conscient que ce drame prévu par les Écritures apparaît comme le sacrifice voulu par le Messie. Le phrasé hésitant et essoufflé illustre la crucifixion, la résignation du Christ épuisé par les sévices. Un staccato glaçant scande la marche au supplice vers le Golgotha. Frans Brüggen transcende la vision musicale de Bach de ce calvaire sans aucun pathos théâtral. Au contraire, ses interprètes diffusent une lumière crépusculaire qui, dans un douloureux decrescendo, accompagne Jésus à la mort et au tombeau. Troublant, terrible, mais sublime d'émoi…
La basse (Harry van des Kamp), comme le ténor, n'intervient que dans deux airs. Notamment le Quoniam (Car vous êtes le seul Saint ; le seul Seigneur ; le seul Très-Haut, Jésus-Christ). Encore un air de louange, une expression de foi enjouée envers le Christ. Bach choisit une voix mâle de prophète pour cet air radieux. L'air est très enlevé et le chanteur n'hésite pas à ornementer avec des appoggiatures sa ligne de chant. Harry van des Kamp, familier de Monteverdi, possède une voix chaude, pas une tessiture de basse sépulcrale. Petite variante orchestrale, le soliste est accompagné par un cor solo naturel vif-argent soutenu par deux bassons qui jouent quasiment à l'unisson, plus le continuo.
Dans le Benedictus (Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur), un air souvent intériorisé, Bach limite l'accompagnement du ténor (Nico van des Meel) à une simple flûte (éventuellement un violon) et au continuo. Il règne une nébulosité diaphane dans cet air qui évoque la rencontre entre le Divin et l'humain. Le ténor retrouve ce timbre angélique qui souligne la déférence du verset. C'est le propre de tous les artistes de cette interprétation de respecter à la lettre les intentions et les notations de Bach, attitude garante d'une réussite servant fidèlement le compositeur.
Deux mots sur le Dona Nobis Pacem (Donnez-nous la paix) qui conclut la messe avec timbales et trompettes naturelles (sans pistons). Frans Brüggen n'appuie aucun effet glorieux ou pompier en retenant ses cuivres qui participent ainsi en toute luminosité à ce final. Une perfection !
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Les excellentes versions sont légions. Difficile d'écouter les "anciens" après la transparence et les couleurs de vitrail voulues par Brüggen. Dans les versions précédant le retour aux instruments anciens et aux chanteurs aux tessitures baroques, ma faveur va à celle de Hermann Scherchen, chef d'orchestre illustre déjà présenté dans un article sur l'art de la fugue, ouvrage étrange et magique auquel il consacra de nombreuses recherches. Les tempos sont très lents, Scherchen joue la carte de la prière métaphysique. Une conception digne de l'architecture gothique et gravée en 1959 à Vienne avec entre autres deux chanteurs d'exception : la contralto Nan Merrinam et le ténor canadien Léopold Simoneau. (Westminster ou Thara 5/6).
Dans la mouvance "large effectif romantique", on peut citer Otto Klemperer, Eugen Jochum (de préférence en 1959) et plus tardivement le chef Roumain Sergiu Celibidache, lui aussi avec des tempos trèès (trop ?) allongés. Aucun de ces grands chefs n'arrive vraiment à s'affranchir d'une certaine emphase passée de mode, mais on pourra apprécier les airs de chanteurs d'exception et des directions au cordeau. (Divers labels plus ou moins disponibles, prises de son datées parfois empesées – 4/6). Quant à Herbert von Karajan, il confond le Christe avec un duo du Chevalier à la rose de Richard Strauss. (Pour les inconditionnels du chef et des contrebasses par 8 ou plus dans Bach, Dgg - 2/6).
Entre ces réalisations de style grandiose et celles des baroqueux, divers chefs comme Michel Corboz, et surtout Karl Richter, le spécialiste de l’après-guerre de Bach, ont laissé un grand nombre d'enregistrements (plusieurs pour certains) qui tirent encore leur épingle du jeu avec un allégement du discours pertinent. Les progrès techniques offraient de belles prises de son, notamment celle des disques de Richter pour Archiv qui est l'une des rares où l'orgue positif illumine l'espace sonore. (Harmonia Mundi / Archiv – 5/6)
Philippe Herreweghe a marqué de son empreinte la discographie avec plusieurs disques réconciliant tradition et modernité en conservant certains acquis sonores du style baroque pur et dur tout en donnant la priorité à la méditation. Il recourt à un plateau de chanteurs exceptionnels pour la gravure de 1998 : Véronique Gens, Andréas Scholl, Christophe Prégardien et Peter Kooy (Harmonia Mundi – 5/6).
Un album original nous est venu d'Allemagne en 1997 avec le Freiburger Barockorchester dirigé par Thomas Hengelbrock. Les solistes sont issus du chœur. Jouant sur un legato-staccato élégant, aucune note ou articulation ne se perd. Une interprétation qui semble surgir d'une petite chapelle conventuelle. Dans ma discothèque, c'est l'interprétation qui rivalise avec celle avec Frans Brüggen. Il y a dans cette conception une approche cosmique et méditative peu commune. (DHM – 6/6).
Inutile de préciser que d'autres disques méritent à l'évidence le détour, je ne connais pas tout… Nikolaus Harnoncourt, René Jacobs 

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9 commentaires:

  1. Des querelles de chapelles pour l'interprétation d'une messe, rien que de très normal. "Le pensum sulpicien hypertrophié", pas mal...
    Hier, en voiture, j'ai écouté du Hadn sur France Culture. Dire quoi exactement dépasse mes compétences, mais ça m'a presque rendu zen, moi aussi, c'est dire. Chapeau pour l'érudition. Pour info, ta discothèque compte combien de pièces? En gros.

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  2. Lire Haydn, évidemment....

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    1. Merci Shuffle d'avoir lu mon article à propos d'une œuvre qui n'est peut-être pas ton choix premier. Haydn est un compositeur épicurien et très populaire…
      Questions statistiques complexes ! Si on compte les CD : 2165 dont 1876 "classique" et 400 vinyles. Pour le nombre d'œuvres c'est compliqué car on peut trouver plusieurs œuvres sur un même CD du même compositeur ou, au contraire, une anthologie thématique par un artiste interprétant divers auteurs… Inversement un opéra de Wagner peut occuper jusqu'à 4 CD… Et puis il y a les versions multiples avec chacune leur intérêt propre…. 6 "Messe en si" et 12 "chant de la terre de Mahler".
      À la louche ? 3000 œuvres environ, ça fait 60 ans de chroniques… ;o)
      Côté Rock-Blues, avant mon entrée au blog le patrimoine devait être de 3-4 CD, il est de 50 titres, merci aux potes !

      Pour m'y retrouver dans le rangement dans 13 colonnes Ikea de 12 case : un méga classeur Excel auquel j'ai ajouté un petit logiciel en VBA. Tu cliques sur un titre, un Popup avec l'image des colonnes s'affiche avec, comme à la bataille navale : Colonne D, rang 6….

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    2. Ça doit être kif-kif chez moi. Mais je n'ai pas résolu le problème du rangement, ni celui du classement. Je compte sur ma mémoire visuelle...et de temps à autre, j'achète un truc que j'ai déjà...Ça me fait penser qu'il va falloir que je choisisse le CD à écouter sur mon lit de mort.

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    3. + de 2500 skeud, vous partez en vacances des fois ? moi c'est 3 fois moins. Pour le classique, avant que je ne tombe sur les chroniques de Claude Toon, j'en possédais 3-4 maintenant c'est une trentaine donc merci à lui.
      @ Shuffle : qui tiendrait la corde (au cou) Wet Willie, ARS, Mighty Jeremiahs...? Bon rien ne presse n'est-ce pas ?

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  3. Un nouveau fan de Wet Willie et d'ARS? Champagne!
    Mighty Jeremiahs, c'est très bien, mais c'est plus une rencontre qu'un groupe. Passe après, à mon avis.
    Wet Willie: 1. The wetter the better + Left coast live 2. Keep on smiling + Dixie rock; les deux réédités chez BGO
    ARS: 1. Dog days + Red tape 2. Third annual pipe dream = A rock and roll alternative, chez BGO aussi.

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    1. Merci pour ces compléments.
      Je n'avais pas cité Minkowski car je n'aime pas tirer sur les ambulances. Un comble, ce chef pourtant souvent bon, arrive à rendre l'œuvre soporifique dès le kyrie : ton plaintif et larmoyant, pas d'inflexion dans un phrasé confus du chœur, un chœur du cum sancto maniéré qui fait penser à un air de Rossini, la totale… Attendre une autre version…

      Helmuth Rilling, le mal aimé des critiques comme tous ceux qui, étrangers aux écoles officielles, privilégie le fond sur la forme. J'aime beaucoup ses Bach, notamment les passions (Sony introuvable sauf en MP3, sinon Hänsler en effet).

      Je suis un fan de Celibidache notamment dans ses Bruckner. Il règne un élan mystique hors du commun dans sa messe en si, auquel il consacra un soin inouï à la préparation (oui les tempos sont lents, mais l'éternité prend son temps…). Certes, Peter Schreier à 55 ans… et pourquoi six solistes ?

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