jeudi 25 février 2016

WASP - The Headless Children (CD 1989) – par Vincent le Chaméléon



Back in Black(ie)

Du passé faisons table rase. C'est sans nul doute ce que le chanteur de WASP, Blackie Lawless a dû se dire au moment de publier ce quatrième album des américains.

Exit donc le Hard Rock Glam provocateur et "Grand guignol" à grand renfort d’hémoglobine. Le grand Electric Circus des albums précédents a définitivement plié ses bagages et le groupe va clôturer ce qu’il reste des années 80 en livrant là son disque le plus rageur et le plus abouti (la suite ne sera que redite ou simple déclinaison).
Ce qui est certain c'est qu'en ouvrant pour le géant Iron Maiden en 1986, Blackie Lawless a sans doute eu une révélation. Comme s'il s'était soudain aperçu que, même en combinant puissance et structures alambiquées, on ne perdait en rien de son pouvoir de séduction sur un public avide de décibels.
Dès l'introductif "The Heretic", on mesure à quel point le groupe de Steve Harris aura eu une influence positive sur l'écriture du chanteur.
Délaissant la basse, Lawless s'empare cette fois de la guitare rythmique. Epaulant et soutenant dorénavant son guitariste soliste, la musique du groupe s'en retrouve enrichie et bien plus acérée qu'auparavant. Il faut dire que l'incorporation du marteleur Frankie Banalie (ex Quiet Riot) et du Bassiste Johnny Rod sur ce disque renforcerait à coup sûr la cohésion du groupe.

Chris Holmes, Blackie et Johnny Rod
Au sortir de l'album en 1989, le verdict était sans appel : WASP venait de publier son disque le plus solide, et j’oserais même presque dire : le plus intelligeant. La rage et la force qui s'en dégageaient nous laisserait à penser qu'après l'écoute d’un tel opus, l’oxygène se ferait forcément un peu plus suffoquant ici-bas.
Des riffs acérés de Chris Holmes en double grosse caisse en rafale, des vocaux possédés de Blackie, éructant comme jamais des paroles non dénuées de sens, The Headless Children apporte tout le crédit qui manquait alors à ce type de formation.  
Invité à venir y déposer quelques nappes de claviers, Ken Hensley du groupe Uriah Heep apportait avec la justesse et le métier qu'on lui connait le petit plus qui fait parfois toute la différence. Et différent, The Headless Children l'est en tout point par rapport à ses prédécesseurs. Certes on pourra toujours dire que sur un ou deux titres un peu plus "passe-partout", l'album perd parfois un peu de son intensité et que la production est ici assez rêche. Quel sacré bon disque quand même...

Et puis il y a cette illustration de l'album en question. Ce crâne immonde semblant recracher inlassablement tout ce que notre civilisation moderne aura déjà compté de fous fanatiques et de meurtriers en tous genres : De Hitler a l'ayatollah Khomeini en passant par Lee Harvey Oswald ou Charles Manson.
Cette illustration qui nous ramène instantanément a notre si préoccupante actualité de ces derniers temps. À ce sujet, le texte d'un morceau comme "The Heretic" ou les dernières paroles de "Thunderhead" (dialogue halluciné entre un adorateur et son gourou) sont d'une telle évocation, que un quart de siècle plus tard, elles n'en sont que plus terrifiantes encore dans leurs vérités et leur triste réalité.

Une chose est sûre: Il y aura eu chez ce groupe un avant et un après The Headless Children.



9 commentaires:

  1. C'est amusant, mais, j'ai beau fouiller dans la multitude des sort du crâne, je ne vois aucun président américain ou même un de leurs proches influents... Ils sont bons ces nord-américains.

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  2. Tu cherchais Donald Trump ? Il eût été visionnaire qu'il y fût déjà !!

    (remercions une nouvelle fois Ritchie Blackmore et Ronnie James Dio pour leur aimable contribution à ce genre...)

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  3. Je ne suis pas sûr d'avoir bien interprété ta parenthèse Luc. Tu penses que le Hard de WASP est inspiré par celle de ces deux sommités ?

    PS: Pas de présidents américain certes Bruno, mais des têtes américaines (même cagoulées) il y en a son lot sur cette illustration.

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    1. Je me souviens de WASP, ce type de musique ne m'attirait pas plus que ça, mais j'en ai écouté. Et à réentendre les extraits, je trouve qu'on ressent l'influence de Rainbow (plus que de Deep Purple), ce côté prog, la durée des titres... C'était pas une vacherie, hein ! mais un réflexe. Et oui, je crois que (bien plus que Led Zep) c'est Deep Purple seconde mouture (rien que le le titre "Burn" contient presque tout ce qui viendra dans les 10 ans à venir), et Rainbow qui ont largement influencé cette nouvelle scène hard de ces années-là.

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  4. Ton observation m'interpelle assez pour le coup Luc. Car si Blackie c'est toujours revendiqué des WHO par exemple, je me souviens que sur l'un de ses albums (Babylon) il avait repris (lui aussi !)le fameux "Burn" de DP. Et puis c'est vrai que l'utilisation de l'orgue Hammond ici ne peut qu'évoquer celui de Jon Lord.

    Je m'étonne de ne jamais avoir mesuré a quel point, en effet, les deux formations du Richie (Rainbow et Deep Purple) auront été a ce point référentielle pour les Hardos et Métalleux a venir.
    Dans ces 2 chapelles, on site bien plus volontiers le dirigeable comme influence majeur par contre. Trop souvent même.

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    1. Ouaip... C'est comme pour sa reprise du fameux "I don't Need No Doctor" (la meilleure chanson de WASP ?... qui fut d'ailleurs un hit et qui permis au combo de se faire connaître via MTV et diverses radios - et ça passait même chez nous -). Le Lawless clamait haut et fort que c'était une reprise de "Ashford & Simpson" (célèbre couple de compositeurs) ; en oubliant Jo Amstead...
      Mais surtout, ce qui était amusant, c'est que ça version est totalement pompée sur celle d'Humble Pie. Même jeu de batterie, de basse (sans la p'tite envolée groovy), riff identique et chant... du pur Marriott. Chœurs du pur Clempson-Ridley. Seul le solo, bien dans l'air du temps, est totalement différent. WASP n'a fait que rajouter de la grosse disto et Lawless n'est pas Marriott. Alors pourquoi ne pas le reconnaître ? Mentionner ouvertement l'origine de cette version musclée ?
      Peut-être pour brouiller les pistes, car je pense également que WASP, du moins celui des 80's, doit beaucoup à Humble Pie (sans parvenir à l'approcher).
      Un malin ce Blackie.

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  5. Un gros malin oui !

    Mais dis-moi Bruno, sur Inside the Elecric Circus, figure également un autre morceau intitulé "Easy Living". Je sais que c'est une reprise. Mais de qui est-ce déjà ?

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    1. "Easy Living" ?? Ha ? J'avais oublié. Pourtant ce n'est pas faute de l'avoir écouté celui-là à l'époque (en K7...). Cela doit être, très certainement, la reprise d'un des titres phares d'Uriah-Heep.
      Je cours vérifier... ta ga da, ta ga da (je cours...) .... Oui, c'est bien ça.
      L'original se trouve sur "Demons & Wizards" de 1972. C'est le 2ème disque du Heep à avoir du succès aux USA et ce titre fut un petit hit aux USA (et dans quelques autres pays). Une chanson signé Ken Hensley, que l'on retrouve donc, comme tu l'as justement mentionné, sur "Headless Children".
      Et je viens de voir qu'il y a une certaine Lita Ford qui officie aux chœurs. Sur la réédition du CD, il y a, parmi en titres bonus, "Locomotive Breath" de Jethro Tull.

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  6. Lita officia aux chœurs dis-tu ? Tu ne crois pas si bien dire Bruno. Elle fut même temporairement la compagne du guitariste de WASP, Chris Holmes.

    La réédition de The Headless Children en édition digipack propose en effet beaucoup de bonus assez intéressants. Y figure en effet la reprise de Jethro Tull "Locomotive Breath". Dommage qu'aucun travail de remixage n'est été fait pour l'occasion. La prod sonne donc toujours a l'identique, c'est a dire sèche. Dommage.

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