lundi 29 février 2016

THE WALK de Robert Zemeckis (2015) par Luc B.


Nous avions déjà parlé de cette histoire à travers le documentaire de James March ( clic vers l'article ) et je vous annonçais la prochaine réalisation d’un film sur le sujet. C’est chose faite, donc. Bon, on ne va pas y aller par quatre chemins, ce film n’a d’intérêt que projeté en salle, sur grand écran, en 3D. Il reprend l’histoire de Philippe Petit, dont le personnage, non sans arrogance, nous présente les faits depuis la statue de la Liberté, en face de Manhattan et des deux tours du World Trade Center. Un départ assez ludique, usant que quelques jolis effets.

Flash-back sur les premiers pas (sic) sur un fil de Philippe Petit, comme saltimbanque de rue, à Paris. Un Paris numérique pas beau, avec des français à bérets et baguettes. Autant y aller à fond… La vision de la France par les producteurs américains n'a pas évolué depuis les années 50 ! Faut la Tour Eiffel, le Moulin Rouge, des 2CH, du pinard et des Gauloises ! Détail amusant, on entend deux chansons, de Johnny Hallyday « Noir c’est noir » et Petula Clark « Ces bottes sont faites pour marcher… » autrement dit, des adaptations de tubes américains ! On est en 73, vous imaginez une bande son composée de Sylvie Vartan ou Julien Clair, pour un public américain, c’était trop violent !

L’acteur c’est Joseph Gordon-Levitt. Un américain, qui joue un français. Mais qui parle anglais, marché international oblige… Et comment on justifie la chose ?  Parce que préparant son numéro aux Amériques, Philippe Petit s’entraine à parler américain. Et demande à son entourage de faire de même. Et hop, le tour est joué. Donc Gordon-Levitt joue en anglais avec un accent français… Belle performance ! Mais pourquoi n'avoir pas pris un acteur français (Denis Lavant, plus jeune, aurait été bien) pour jouer face à Charlotte Le Bon ? Dans le lot, y'en a qui savent jouer en anglais, non ?   

Les étapes de la préparation sont très fidèles à la réalité, on le sait par les films d’archives, puisque Philippe Petit rencontre très tôt son pote Jean Louis, photographe, qui le suit et le mitraille partout. Tout ça est très plan-plan, simpliste dans la description du couple, ou le vieux mentor Papa Rudy, joué par Ben Kingsley. Y’a quand même quelques belles idées de cinéma, grâce au numérique. L’équipe s’embarque pour New York, et le film devient tout de suite plus intéressant. Petit et ses acolytes devant les tours, perplexes « Ah bah quand même… c’est haut ! ». Oui, c’est haut.

Il faut trouver des complices sur place, et c’est une partie réussie, assez drôle, reprenant les codes du film de casse. On pense beaucoup à LE GANG ANDERSON de Sidney Lumet ( clic vers l'article ). Sauf qu’on n’a pas affaire à des gangsters, donc, ils choisissent les premiers venus, au culot, une bande de bras cassés fumeurs de joints, uniquement intéressés par le trip. La bande investit les tours le soir, aura la nuit pour tout préparer, Philippe Petit ayant prévu sa traversée à l’aube. Beaux moments de suspens, avec la ronde des gardiens, ce type sorti de nulle part, fumant une clope sur le toit, puis disparaissant…

Et maintenant, ce que vous attendez tous ! La traversée. Alors, on a beau savoir que c’est du cinoche, que le mec est perché un 1 mètre de haut devant un fond vert, dans un hangar… on ne peut pas s’empêcher d’avoir une boule au ventre, et de se crisper sur l’accoudoir. La 3D renforce évidement la profondeur de champ, et donc, l’impression de vide, de vertige. Voir le personnage courir au bord du toit, comme vous et moi le long d’un trottoir, c’est atroce !  Ce que fait Gordon-Levitt est très exactement ce qu’avait fait Philippe Petit, plusieurs traversées (43 mètres entre les tours), narguant les flics, s’allongeant sur le fil (pour rappel, à 415 mètres…), où lorsqu’il lui prend envie de regarder en bas… L’épisode de la mouette (réelle ?) est assez crispant aussi !

Zemeckis n’abuse pas de son jouet. Il respecte assez les points de vue, c’est à dire, vue des toits où les complices (puis les flics, des ouvriers) assistent au spectacle, et vue de la rue, où s’amassent bientôt les badauds, sous ce petit point noir qui avance sur un fil, tout là-haut, dans la brume matinale.

Le film a coûté 35 millions de dollars, en a rapporté 10. C’est un bide. Pratiquement introuvable en salle à Paris. Rien de déshonorant pourtant, ça se suit bien, mais les ficelles (re sic) sont un peu grosses, les personnages brossés à la truelle. Le film prend tout son sens dans les 40 dernières minutes, là on se régale, tout simplement parce que les images arrivent à donner l’impression d’y être, de capter ce moment inouï qui défie l’entendement. Rappelons que la caméra de Jean Louis n’avait pas fonctionné, il n’existe donc que des photographies. Sur place, pour les rares témoins, cela devait être proprement inimaginable ! Avec ce film, on peut presque imaginer…

couleur  -  2h00  -  scope 2:5  -  3D         




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