jeudi 26 novembre 2015

TRACY CHAPMAN - par Pat Slade


Tracy Chapman la Black Flower







Samedi11 juin 1988, une autre époque





Le mur de Berlin était encore debout, nous étions à des années lumière de l’élection de Barack Obama et, en ce jour du 11 juin 1988 au stade de Wembley, le Nelson Mandela 70th birthday tribute va (Comme le Live Aid en 1985) donner au rock la possibilité de prendre la dimension d’un langage universel. 72 000 spectateurs et une retransmission par 17 chaînes de télévision qui rassembleront une audience évaluée à 600 millions de personnes. Un concert pour fêter les 70 ans de Nelson Mandela et ses 25 ans d’incarcération. Les fonds réunis serviront à la lutte anti-apartheid et à l’aide à l’enfance.

Et quelle belle affiche : Sting, Joe Cocker, Simple Minds, Dire Straits, Eric Clapton, Peter Gabriel, Fish et toute une flopée d’artistes musiciens ou acteurs de renom. Mais suite à l’absence de Stevie Wonder pour des soucis d’ordres techniques, on verra à sa place arriver une jeune femme noire habillée en gris avec sa guitare en bandoulière et à l’air intimidé. Un premier titre «Behind the Wall» à capela enchaîné avec «Talkin’ bout a Revolution». Elle repassera plus tard avec un troisième titre «Fast car». Ce passage au concert de Wembley sera un tremplin pour Tracy Chapman : cette jeune femme de 24 ans née dans un milieu pauvre et monoparental. Très tôt, elle écrit des poésies et a une attirance pour la musique. Sa mère, malgré ses maigres ressources arrivera à lui offrir une modeste guitare. Elle joue régulièrement au service de la chapelle, si bien que le révérend organisera une quête pour lui offrir un nouvel instrument.

A 18 ans, elle part dans le Massachusetts et obtient un diplôme d’anthropologie et d’études africaines. Mais la musique reste sont univers. Elle fait partie d’un groupe de percussions africaines et joue de la guitare dans les bars, dans la rue ou sur le campus.

Après avoir enregistré une démo à la radio du campus avec l’aide d’un étudiant, elle rencontre David Kershenbaum producteur de Joe Jackson, Supertramp et Cat Stevens. Il l’a fait signer chez Elektra Records et elle enregistre son premier album «Tracy Chapman» avec le single «Talkin’ bout a Revolution». Elle va aussi assurer la première partie du groupe 10.000 Maniacs avec leur chanteuse Nathalie Merchant.

Et après ce passage au concert de Wembley, sa prestation va émouvoir le public et les ventes de son album vont décoller en flèche. 12 000 exemplaires écoulés en deux jours vont la placer en tête des hit-parades anglo-saxons. Avec son esprit militant et engagé, elle apparait à tous les grands rassemblements comme le Human rights now ! au coté de Sting, Youssou N’Dour, Peter Gabriel et Bruce Springsteen et aussi au AIDS benedit concert. Elle est aussi lauréate de distinctions en touS genres comme un Grammy Awards de la meilleure interprétation vocale féminine, du meilleur album folk et celui de la meilleure nouvelle artiste.
Son deuxième album «Crossroad» sort l’année suivante et est certifié tout de suite disque de platine. Le titre «Freedom now», dédié à Nelson Mandela, sera chanté au concert de Wembley célébrant sa libération après 26 ans d’incarcération. Même si elle se considère elle-même plus comme une musicienne qu’une activiste, elle continue à faire des concerts hommage comme pour Martin Luther King ou Bob Dylan, sans parler de ceux organisés pour  diverses fondations. Il faudra attendre deux ans avant de la retrouver pour un nouvel enregistrement : «Maters of the hearts» avec le single «Bang Bang Bang» qui parle de l’hypocrisie face au port d’arme.  


En 1995 sort «New Beginning», un album plus optimiste et idéaliste. En 1997 elle remporte son quatrième Grammy Awards, celui de l’enregistrement de l’année, meilleure chanson («Give me one reason»), meilleur album, meilleure chanteuse et meilleure musicienne, ce que l’on pourrait appeler un carton plein. A partir de 1998, elle reprend son bâton de pèlerin et se centre à nouveau sur l’humanitaire, on pourra la voir au Paris Amnesty International avec toujours Peter Gabriel, Youssou N’Dour et le Boss, au Very Spécial Christmas From Washington avec Sheryl Crow et Eric Clapton, au Tibetan Freedom Concert à Chicago et au One Love Bob Marley All Star Tribute en Jamaïque. Ce ne sera que  5 ans plus tard qu’elle ressortira un album «Telling Stories». S’en suivra sa première compilation en 2001
Les trois albums qui suivront de 2002 à 2008 seront encore plus intimistes et mélancoliques avec l’apparition de nouveaux instruments comme l’accordéon, le banjo et la clarinette. Et puis depuis 2008, plus rien, On ne pourra se mettre sous la dent qu’une compilation en 2015.  


Tracy Chapman est désormais sur les routes du monde. Elle continue à jouer dans des concerts à but humanitaire. Même sans enregistrer, elle fait toujours parler d’elle. Et ses amours ? Tracy Chapman les auraient trouvés dans les bras de l’actrice et réalisatrice Guinevere Turner et le duo aurait convolé en juste noce selon certains médias américains. Mais cette information est à prendre avec précaution et de toute manière, le Déblocnot’ n’est pas une succursale de Closer ou de Gala.

Avec le temps, la neige est venue blanchir ses dreadlocks, ce qui ne l’empêche pas de continuer à nous enchanter de sa voix pure et limpide. Malgré ses 40 millions d’albums vendus à travers le monde, j’attends un retour discographique de Tracy Chapman.  


    



3 commentaires:

  1. Étonnant comme Tracy Chapman sera resté pour moi comme la chanteuse d'un tube unique. "Talking About Revolution".
    La vache ! la bougresse aura tout de même écoulé quelques 40 millions de disques ! Je suis donc forcément et complètement passé a côté de cette chanteuse durant toutes ces années... Pas si grave !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. je me faisais la même réflexion Vincent, rarement un chanteur ou une chanteuse n'a autant été associé à un titre ; en fait c'est comme si ce titre (imparable il est vrai) avait vampirisé le reste de sa carrière. Dans le même genre je pourrais citer Tanita Tikaram avec "twist in my sobriety" (1988 aussi) ou même REM qui pour le grand public n’évoque que le single "Losing my religion" (1991) alors qu'ils ont 30 ans de carrière; Suzanne Vega avec "Luka" (1987) ; et il y aurait bien d'autres exemples..

      Supprimer
  2. Comme toi Rockin, j'ai immédiatement fait le parallèle avec le "Luka" de Suzanne Vega. Incroyable comme un Hit peut s'avérer être a double tranchant pour un Artiste finalement. Cruel !

    RépondreSupprimer