jeudi 29 octobre 2015

DENEZ PRIGENT - LE PRINCE DU GWERZ - par Pat Slade








Denez Prigent le chanteur a cappella





Une nouvelle page sur la musique Bretonne... Après Alan Stivell et le rock celtique, les sœurs Goadec et le Kan Ha Diskan, Try Yann et leur musique celto-traditionnel et François Tusque et son free-jazz bretonnant, je continue ma petite promenade sur les différentes musiques traditionnelles du pays de Théodore Botrel, de Jean-Yves Lafesse et de Cambronne (Qui pour l’anecdote n’aurait jamais dis le mot de cinq lettres commençant par un M et finissant par un E, mais «La garde meurt, mais ne se rend pas !». Grièvement blessé et fait prisonnier à Waterloo,  Il ironisera sur cette phrase «je n'ai pas pu dire "la Garde meurt, mais ne se rend pas !", puisque je ne suis pas mort et que je me suis rendu»). 

Connaissez vous la petite ville de Santec dans le Finistère nord pas loin de Saint Pol-de Léon où, de la plage, on peut apercevoir au loin l’île de Batz ? Et bien c’est ici qu’est né en 1966 Denez Prigent, une des plus belles voix bretonnantes actuelles. J’avais déjà parlé du Kan Ha Diskan (Le contre chant), je voulais ouvrir une parenthèse sur le (ou la, le mot est masculin ou féminin selon les auteurs) Gwerz. Gwerz, que l’on pourrait traduire par ballade ou complainte, est un style de  chant qui raconte des histoires souvent tragiques ou tristes. Pas d’instrument dans ce style de musique traditionnelle, la tradition orale a Cappella est de mise, mais avec l’époque, les Gwerziou plus récentes acceptent quelques instruments discrets.

Le premier Gwerz que j’entendrais sera «Maro ma mestrez» (La mort de ma bien-aimée) sur l’album D’Alan Stivell «Chemin de terre» en 1973 et l’année suivante sur «E Langonned » avec le titre «Deus ganin me d’am bro». 

Avec le retour aux sources de ce chant traditionnel, Denez Prigent va, en 1992, bousculer tous les clichés en se produisant devant un public plutôt rock au Transmusicales de Rennes et c’est le succès immédiat.


Mais avant la scène et le succès, Denez Prigent a eu une jeunesse. Sa grand-mère lui apprend la langue de ses ancêtres. Pendant que ses camarades de classe écoutent les musiques de leurs générations, lui préfère les Kan Ha Diskan et les Gwerziou. A 14 ans, il suit des cours de chant et déjà son talent ne passe pas inaperçu. Il remporte plusieurs concours de musique bretonne. A 22 ans, il est professeur de langue bretonne dans des collèges et lycées de Carhaix et anime, en parallèle, une émission de radio en breton sur Radio France Armorique tout en continuant de courir les festivals qui le mèneront jusqu'à à celui du festival Voices of Asia à Alma Ata au Kazakhstan. Il abandonne l'enseignement en 1991 pour se consacrer entièrement au chant. Arrive 1992 avec les Transmusicales et le succès qui lui ouvrira les grands festivals comme les Francofolies de La Rochelle, le Mittel Europa en Allemagne. Il accompagne Stephan Eicher au Zenith, au printemps de Bourges et au festival de jazz de Montreux.

Il enregistre son premier album en 1993 «Ar Gouriz Koar»  pour le faire connaître au public, mais le label ne le paiera jamais malgré les 50 000 exemplaires vendus !! Il obtiendra en justice que l'album soit retiré de la vente. Il le réenregistrera en 1996 chez Barclay.

Sa femme qui est aussi l'éditrice de ses œuvres, le pousse à aller à une rave party malgré son rejet de ce genre d'«événement». Il estime que la musique électronique est techniquement proche de la musique bretonne par son rythme. En 1995, il participe au projet Dao Dezi avec Eric Mouquet et Guilain Joncheray du duo Deep Forest qui lui donne l'occasion de mixer le chant traditionnel et la musique électronique.

LOUISE EBREL - DENEZ PRIGENT
En 1997, il sort son deuxième album «Me ’zalc’h ennon ur fulenn aour» avec presque la même formule que celle retenue lors de sa collaboration avec Dao Dezi. Avec une très bonne critique, il se produit dans des salles plus prestigieuses comme le Bataclan ou la Cigale et toujours dans les grands festivals européens. Son troisième album en 2000 revient plus au traditionnel avec des artistes invités de renom comme le flûtiste Irlandais Davy Spillane, l'Australienne Lisa Gerrard chanteuse du groupe Dead Can Dance avec laquelle il fera un duo «Gortoz a Ran» (Un duo intégré dans la bande original du film de Ridley Scott «La chute du faucon noir», une idée qui lui apportera une certaine renommée internationale) , et Bertrand Cantat que l’on ne présente plus. L’album sera nommé au victoire de la musique. En 2003, le retour à une musique plus acoustique avec «Sarac’h» et encore des guest de qualité comme la chanteuse écossaise Karen Matheson que l’on peut souvent entendre avec Dan Ar Braz et Louise Ebrel qui n’est autre que la fille d’Eugénie (Tanie) Goadec, une des sœurs du trio. Un disque qui recevra le grand prix du Télégramme.


Il s’absente des studios, mais pas de la scène et participe à beaucoup de projet. Il revient cette année pour le plaisir de beaucoup avec un nouvelle album «Ul liorzh vurzudhus : An enchanting garden».

Pour ceux qui ne connaitraient pas Denez Prigent, découvrez une voix qui ne laisse pas indifférent et une tradition d’un chant armoricain renouvelé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire