Voilà des années que Tinsley Ellis écume les scènes d'Amérique-du-Nord, sortant ponctuellement d'honnête disque de Blues-rock (premier opus en 1988 sur Alligator Records), sans jamais vraiment percer. Pourtant, indéniablement, c'est un grand guitariste, pouvant aisément aborder tous les styles de Blues, en passant par la Soul, le Rythm'n'Blues et le Funk, s'acoquinant parfois avec le Heavy-Rock 70's (sachant que ce dernier est délaissé depuis quelques années). Et il n'a jamais réalisé de mauvais disques.
Alors ? Sa voix un peu sourde, au registre un peu limité, souffrant de trop de retenue, y est peut-être pour quelque chose. C'est surtout que sa voix ne suit pas la comparaison avec la flamboyance et le riche vocabulaire de sa guitare. Toutefois, cela ne l'a pas empêché de récolter les faveurs de la presse outre-Atlantique ; probablement encouragé par une sincérité sans faille, une carrière menée sans concession.
Aujourd'hui sous son propre label – du nom de son premier groupe Heartfixer, inauguré par son bon album instrumental « Get it ! » en 2013 - (chroniqué ici), Tinsley Ellis semble avoir pris un nouvel élan, gagnant encore en maturité et en talent. Ce que prouve ce « Tough Love » qui pourrait très bien être tout simplement son meilleur opus à ce jour. Le plus équilibré dans son ensemble, celui que l'on écoute d'une traite, et que l'on réécoute avec plaisir. Avec « Tough Love », Ellis semble avoir trouvé l'équilibre entre son timbre sourd et sa guitare.
Plus
Blues que jamais, Ellis aime néanmoins toujours naviguer entre
différentes humeurs. Sa versatilité ne lui permet pas de se
cantonner à un style trop définitif et figé. A titre d'exemple, « Midnight
Ride » marche sur les plates-bandes de John Mayall, tout comme " Give it Away", mais cette fois-ci en mode ballade (bluesy évidemment, et plus précisément en mode Clapton), tandis que « Hard
Work » est un boogie-blues évoquant une rencontre entre Snowy White et Status Quo.
« Should I have lied » retrouve l'esprit des premiers slow-blues du grand Freddie King (hormis la voix, on s'y croirait).
Excursion dans le Blues à tendance rurale avec « Everything » qui rend hommage à Jimmy Reed – avec piano à la Otis Spann et harmonica (joué par Tinsley), en opposition avec « All the name of Love », qui lui, plonge dans un Blues un rien FM et policé, entre Eric Clapton et Chris Réa.
« Should I have lied » retrouve l'esprit des premiers slow-blues du grand Freddie King (hormis la voix, on s'y croirait).
Excursion dans le Blues à tendance rurale avec « Everything » qui rend hommage à Jimmy Reed – avec piano à la Otis Spann et harmonica (joué par Tinsley), en opposition avec « All the name of Love », qui lui, plonge dans un Blues un rien FM et policé, entre Eric Clapton et Chris Réa.
« Leave Me » Blues up-tempo, respirant l'allégresse, évoquant l'esprit de B.B. King, et, en parlant de King, un "Blues-velvet -bulldozer" avec "The King Must Die" qui détourne le riff et le rythme du célèbre "Born under a Bad Side" d'Albert King.
Et en final, last but not least, « In from the Cold », slow-blues ombrageux où résonne un orgue au parfum estampillé John Paul
Jones, et sur lequel vient se greffer un gros solo découpé dans la roche du feeling le plus pur qui soit.
Dans son ensemble, un disque de Blues velouté, détendu et pondéré, délassant même, qui amène plutôt le prélassement dans un fauteuil moelleux (voire pour taper l'carton) que la danse, encore moins l'excitation fébrile.
,75
Extrait du "Don Odells Legend", choisi surtout pour l'exposition de la Gibson Moderne. Objet rare.
Certainement le modèle "reissue" de 1982. Une gratte qui abordait déjà fièrement au recto de son premier essai, "Georgia Blue", en 1988.
Article paru initialement dans la revue BCR
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