jeudi 16 juillet 2015

UB40 - LE REGGAE BLANC - par Pat Slade




J’ai toujours aimé le Reggae, pour preuve, le 3 juillet 1980, j’étais au Bourget avec 50.000 tarés comme moi pour écouter le roi Marley à son dernier concert en France. J’avais l’affiche du concert sur un mur de ma chambre, mais avoir l’affiche de Reggae (Raie gaie), est-ce avoir un poster rieur ?




UB40 le Reggae des chômeurs




Le lundi 13 décembre 1993, alors que Freddy Mercury mort depuis deux ans déjà tenait la tête des charts avec «Living on my own», je faisais le pied de grue avec une amie (Coucou Nathy !) pour pouvoir entrer dans le POPB voir UB40. Le prix des places pour un concert de qualité était cher pour nos petits revenus, à 160 francs (24 euros) la place plus le sandwich et la bière. Les soirées n’étaient pas économiques. Mais pour une certaine catégorie de personnes, comme moi à l’époque, aller à un concert était un plaisir sans cesse renouvelé à la différence d’une certaine jeunesse qui ne pensait qu’à boire et fumer des cigarettes qui font rirent (Je critique avec l’âge, mais j’avoue avoir bu et bien rigolé à une époque !).

Nous voici donc par un soir de décembre dans la salle du Palais Omnisport de Paris Bercy pour écouter UB40 et son reggae matiné ska. Ce groupe anglais a vu le jour en 1978 à Birmingham dans de drôles de circonstances. Les membres du groupe se connaissaient déjà de diverses écoles de la ville, mais c’est dans un jobs centres (Pôle emploi anglais) que Alistair Campbell, qui sortait juste de l’école et n’envisageait pas de vivre de la musique qui n’était pour le moment qu’un exutoire, va devoir pointer au chômage. Le document à remplir pour pouvoir toucher des prestations de chômage ce nomme le Unemployement Benefits formulaire 40

Ali Campbell et son frère Robin battent le rappel, 6 hommes répondent présents. James Brown le batteur (Non ! pas le SexMachine), Earl Falconer le bassiste, Les frères Campbell guitares et chant, Mickey Virtue au clavier et toute la section cuivre et percussion avec Norman Hassan  au trombone, Brian Travers au saxo et Terence Wilson dit «Astro» à la trompette.

Pour faire un groupe, il faut des instruments et c’est grâce à Ali Campbell, après une bagarre dans un bar et les dédommagements qui en découdront, qu’ils pourront se payer leurs premiers instruments, hormis le saxophoniste Brian Travers qui pourra payer le sien à la sueur de son front en travaillant comme apprenti électricien.

Pour faire un groupe, il faut trouver un son qui marquera, et dans les années 80 en Angleterre, le Ska avec Madness, The Spécials, The Selecters et The Beat tiennent le haut du pavé. Le Ska : une musique créée en Jamaïque dans les années 60 qui évoluera et deviendra le Rocksteady puis dans les années 70  le Reggae. Et c’est à travers un mélange de ces genres, tout en rajoutant une touche de musique écossaise, irlandaise, galloise et même africaine qu’ils vont répéter pendant un an et demi et trouver leur style.

Ils enregistrent une démo qui sera diffusée à la radio, le fameux Dj John Peel est tellement impressionné qu’il invite le groupe à faire une session à la BBC. Chrissie Hynde, chanteuse et leader des Prétenders, après avoir entendu le groupe dans un club, les invite à faire la première partie de sa tournée en 1980. La fin de l’année verra la sortie de leur premier album sur un label indépendant : «Signing Off». 
Le succès est immédiat en Grande-Bretagne, le disque se classe n°2 des charts, le titre «Food forThought» (Matière à Réflexion) est une chanson qui voulait faire connaitre et condamner la famine en Afrique du Nord et qui sera un hit mondial. Elle fera connaitre le groupe au quatre coins de la planète (D’ailleurs pourquoi dire «Les quatre coins de la planète» alors que cette dernière est ronde ?). La pochette qui représente le fameux document UB40 ne pouvait pas mieux illustrer ce premier album. Les titres d’UB40 sont clairement politisés, en ces années 80, en Angleterre  le taux de chômage est élevé et la suprématie du parti conservateur dirigé d’une main de fer par le premier ministre de l’époque Margaret Thatcher n’est pas dans l’optique du groupe. Leurs textes seront clairement antiracistes et ciblent surtout le Front National Party. La critique envers toutes les inégalités sera leur cheval de bataille.



UB40 et les reprises





Hormis les albums de leur cru (Au demeurant excellent), UB40 sera un groupe de reprises avec leur sauce Reggae-Blanc. Deux titres sortiront du lot : «Red Red Wine» en 1983, un titre dépoussiéré de la version acoustique de Neil Diamond en 1968 et qui fera un tabac. Une chanson dit que «Quelqu’un qui trouve potable le vin rouge est le seul moyen d’oublier ses malheurs» (A consommer avec modération). 

Un autre morceau, qu’ils vont ressortir des tiroirs du passé, sera un titre de 1965 de Sonny & Cher «I Got you Babe». En passant entre leurs mains, ce morceau connu de tous a subi un lifting considérable... tout comme la chanteuse Cher qui, elle, en fera plusieurs. La chanson sera enregistrée avec comme voix féminine leur «Marraine» Chrissie Hynde qui laissera le temps du titre son armure de rockeuse rebelle.


«Can not help falling in love», la lente et très belle ballade d’Elvis Presley (Et qui n’est rien de plus qu’une reprise de  «Plaisir d’amour ») que ce dernier chantait dans le film «Blue Hawaii» en 1961, deviendra un beau reggae en 1993 avec un tempo plus rapide à la sauce Jamaïcaine.

En 1987, UB40 sera le premier groupe occidental à faire une tournée en U.R.S.S. Le groupe qui tournera autour de la planète refusera toujours de jouer en Afrique du sud durant l’Apartheid malgré les millions de disques vendus dans ce pays. 


UB40 sortira des albums qui resteront dans l’histoire du reggae comme : «Labour of Love» en 1983, «Labour of Love II» en 1989 et «Promise en Lies»   en 1993 pour ne citer que cela.
28 albums, un peu plus de 50 millions d’exemplaires vendus et 30 ans plus tard, Le groupe est en proie à une tempête interne, Alistair Campbell et le clavier Michael Virtue quittent le groupe pour partir chacun dans des carrières solo. Sans leur tête de proue, le groupe continuera à tourner, mais les enregistrements se feront plus rares. Seulement trois albums entre 2009 et 2013.

Le soir du 13 décembre 1993 me voila donc à Bercy pour écouter et voir huit hommes sur scène qui vont jouer leurs dernier album «Promises and Lies» et je peux dire que j’ai passé (malgré le prix) une super soirée et sans cigarettes qui font rirent. 




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