dimanche 5 juillet 2015

Chris SQUIRE R.I.P. (4/03/1948 - 27/06/2015)

La fameuse Bob Wal Triple-Neck


      Chris Squire... Un des bassistes parmi les plus réputés des années 70 et du début des années 80. Un de ceux qui étaient capables de faire chanter leur quatre cordes comme une six (pratiquement).
     Chris Squire qui pendant de longues années demeura une des références majeures des bassistes ; professionnels confirmés et réputés y compris.
     Chris Squire dont le jeu de basse irréprochable et parfois singulier, avait permis d'attirer l'attention d'auditeurs qui jusqu'à là, n'auraient pas eu la curiosité de prêter une oreille à Yes.
     Chris Squire dont le talent et la personnalité lui donnaient le statut de membre vital et primordial du groupe au sein duquel il jouait. Un statut équivalent à celui de chanteur ou de guitariste (du moins ceux qui ont de la personnalité). Statut assez rare pour un bassiste (que l'on retrouve avec Billy Sheehan / Mr Big, Steve Harris / Iron Maiden, Jack Bruce / Cream-West, Bruce & Laing, John Entwhistle / Who, Felix Pappalardi / Mountain, Jaco Pastorius / Wheather Report, Lemmy / Motörhead, Tim Bogert / Vanilla Fudge-Cactus-BBA, John Paul Jones / Led Zeppelin, etc...).


     Pour cet enfant du Nord-ouest londonien (Kingsbury), né d'une mère au foyer et d'un chauffeur de taxi, tout a commencé avec son renvoi du collège (pour cheveux trop longs...), à 16 ans, qui lui offrit le temps libre nécessaire pour maîtriser son instrument de prédilection : la basse. Un choix conseillé par un camarade, avec qui il devait monter un premier groupe, en raison de sa grande taille (1 m 97), et de ses mains en relation.

     Sa carrière débute avec The Syn, un quintet local de Londres, auteur de deux singles, dont l'heure de gloire fut l'insigne honneur  d'ouvrir pour Jimi Hendrix.
     Un jour, dans un pub, il fait la connaissance d'un certain Jon Anderson avec qui le courant passe. Bien évidemment, comme nous le savons tous, c'est une rencontre définitive. Une de ces rencontres scellant un destin. Jon et Chris ont la même vision musicale : celle de bousculer les règles, de faire fi des frontières, de ne pas s'imposer de codes autres que ceux d'une musique mélodique.
C'est la création d'un groupe qui fera couler beaucoup d'encre, avec parfois de longues diatribes, des positives, des dithyrambiques et des négatives : YES. Une formation parmi les plus connues et emblématiques du Rock Progressif.

     Rapidement, à travers Yes, Chris Squire va faire progresser la basse vers d'autres horizons.
Influencé par la discipline mélodique de Paul McCartney, les acrobaties de Jon Entwistle, l'empreinte Jazz-blues de Jack Bruce et la rigueur de Bill Wyman, sans omettre le groove de la Motown (James Williamson ?), il va se construire une personnalité qui, à son tour, va influencer un grand nombre d'apprentis. Aujourd'hui encore, il est souvent cité comme influence ; et pas nécessairement parmi les jeunes apprenti sorcier du Progressif, son impact ayant touchée de nombreuses strates de la musique populaire.

     Totalement décomplexée, sa basse prenait la liberté de suivre son propre chemin. Au lieu de se calquer systématiquement sur le tempo, ou de créer le groove, elle pouvait accompagner le chant (telle un Hendrix de la quatre cordes en mode néo-classico-rock-progressif tendance médiéval, ou un guitariste de Jazz qui scat) ou de se fondre avec la (ou les) guitare(s). Venant même provoquer Steve Howe pour jouter.
Il est l'un des premiers bassistes à utiliser des pédales d'effets (au point de rapidement acquérir un pédalier - pedal board -). Il a utilisé et essayé un grand nombre de ces petites boîtes magiques, dont des Tremolo, Fuzz, Wah-wah, Delay, Reverb et Chorus. Question matos, rien à envier aux guitaristes.


     Parallèlement à ses talents d'instrumentistes, fort de la formation qu'il reçue dans la chorale de l'Eglise de son quartier, il avait les capacités nécessaires pour accompagner Anderson au chant (nettement plus que ses collègues). Permettant ainsi de consolider, ou même d'exacerber, les harmonies. On l'omet souvent, occulté par la voix particulière d'Anderson, mais son chant faisait également partie intégrante, en plus de la tonalité de sa basse, de la personnalité de Yes.
Il pouvait s'emparer aussi, à l'envie, d'un harmonica.

     Il demeurait l'unique membre de Yes a avoir participé à tous les albums (studio et live), et d'avoir été de toutes les tournées. C'était le socle de ce collectif emblématique du Rock Progressif.
Exceptionnellement, il ne devait pas participer à celle qui devrait débuter en août prochain, à cause du traitement qui suivait (en Arizona, à Phoenix). Une première...

Sans quitter Yes, il réalisa trois disques en solo : "Fish out of water" (1975) - titre en référence à son surnom : Fish -, qui eut un petit succès, "Run with the Fox" (1981) et "Chris Squire's Swiss choir" (2007).
En 1981, il est du projet éphémère XYZ, avec Alan White et Jimmy Page.
Avec Billy Sherwood (guitariste de Yes de 1997 à 2000), il fonde Conspiracy. Deux CD : "Conspiracy" (2000) et "The Unknown" (2003).
En 2004, c'est la reformation de The Syn qui réalise un CD en 2005 ("Syndestructible") avant de se dissoudre.
Avec Yes, c'est 21 albums étalés de 1969 jusqu'en 2014, plus 14 albums live.

     Comme une poignée de bassistes singuliers, l'image de Chris Squire restera attachée à cette basse mythique, versatile et riche, par toujours d'accès facile (suivant les gabarits et les affinités) : la Rickenbaker 4001 (millésime 64, pour sa première acquisition). Dont, d'après la légende, ce serait la quatrième, de ce modèle, a être importé en Angleterre. Amené chez un luthier pour une révision complète, et pour au passage retirer les autocollants qui la recouvrait, elle en ressort totalement décapée. ainsi allégée, son timbre en aurait été affectée.
Sa basse de prédilection dont il possédait bien une dizaine d'exemplaires (avec quelques Fender Jazz Bass, Gibson - Firebird -, et quelques modèles particuliers de luthiers)

Avec la Jim Mouradian Green Bass
     Indéniablement, Chris Squire était devenu une légende vivante. Même ceux qui n'apprécient guère la musique de Yes, reconnaissent bien volontiers qu'il était un pionnier de la basse, une figure incontournable.

     Il est décédé d'une leucémie, à 67 ans, le samedi 27 juin 2015.
Une forme rare de leucémie, (érythroïde aiguë), a eu raison de la santé de ce grand gaillard que l'on aurait cru inébranlable.


Les hommages rendus sur les divers médias sont nombreux. Certains sont proches d'un article approfondi (Brian May). En voici une poignée (en V.O.) :

Jon Anderson : "Chris was a very special part of my life; we were musical brothers. He was an amazingly unique bass player – very poetic – and had a wonderful knowledge of harmony. We met at a certain time when music was very open, and I feel blessed to have created some wonderful, adventurous, music with him. Chris had such a great sense of humor… he always said he was Darth Vader to my Obiwan. I always thought of him as Christopher Robin to my Winnie the Pooh. We travelled a road less travelled and I’m so thankful that he climbed the musical mountains with me. Throughout everything, he was still my brother, and I’m so glad we were able to reconnect recently. I saw him in my meditation last night, and he was radiant. My heart goes out to his family and loved ones. Love and light…."

Steve Howe : "It’s hard to imagine the future without Chris! I sense that he will be in our thoughts & minds for sometime. He was a one-off, larger than life human being, who brought a serious amount to everything he was part of. Long may his memory resonate through the lands."

Trevor Rabin : "I am about as sad as I could be. You all I’m sure know by now that Chris has passed.
I spoke to him about a week ago, and we were still laughing together.
Even though he had recently taken a turn for the worse, this was not totally unexpected, and the shock and sadness is extreme. I will miss him terribly.
An era is over. Music has lost a one of a kind, and I have lost a dear friend and brother. RIP
"

Roger Dean : "Very sorry to hear the news that Chris’s died on Saturday night from leukemia. It was a great shock even though we were told it was likely. Chris was a huge force in Prog, in Rock and in Music, a major heartbeat has stopped. Chris will be missed by his family, by the band, by his millions of fans and friends and I will miss him."

Steve Hackett : "I am devastated by the news of Chris Squire’s passing. A special pal and a man who defined the progressive genre. Open to all styles with a love of orchestras and choirs as well as thunderous rock, his passing leaves a huge hole in the heart of music. His ingenious sound was unique... 
I'm gutted to hear of Chris Squire's passing... A huge talent who defined a genre and a great friend. "

Michael Anthony : "I am saddened today to hear of the passing of Chris Squire of Yes. Besides being one hell of a bass player that I drew inspiration from, I also had the pleasure of meeting and hanging out with Chris when Van Halen was touring Europe years ago. He took the time to hang with someone who was relatively unheard of and that was very cool! Chris, you will be missed. Another great rock bassist taken from us way too soon."

Flea : "Chris Squire could rock the shit out of rickenbacker .R.I.P."

Keith Emerson : "It’s taken me some time to adjust to Chris’s passing. I probably won’t. He was a great friend and a great musician. God knows the grief that his family are going through – let alone Alan White and Geoff Downes and ALL of YES. My heart goes out to them. May God rest you in his musical heavens, Chris."

Geezer Butler : "Shocked to hear of the passing of Chris Squire, one of the great bass players. RIP"

Rick Wakeman : "Thanks for your life Chris. You may be gone but the music lives on for ever. You've personally left me with great memories and great music "

Billy Sheehan : "Sad day -- rest in peace Chris Squire. Wonderful guy, spectacular player. Certainly one of the founding fathers of modern bass and more."

Tom Morello : "RIP Chris Squire, super bassist of Yes. An extremely talented musician's musician who mastered his instrument and took it to new realms. "

Greg Lake : "I am very saddened to hear about the recent passing of my old and respected friend Chris Squire. Chris was a decent and loving person, not to mention a great musician, bass player and singer. What most people are not aware of is that Chris and I shared an apartment together in London during the early nineteen seventies and as a consequence became very close friends. I will definitely miss him."

Dave La Rue : "It’s a sad day for the bass community. Chris Squire of Yes has passed away at the age of 67. He was one of a kind, and he will be missed. My thoughts go out to his family and all who knew him. R.I.P."

Steve Lukather : "We lost one of the greatest musicians of all time.. an innovator-true legend.. a friend and hero. RIP Chris Squire. You will be so missed"

Stuart Hamm : "With Chris Squire, Billy Sheehan and Jason How of Rotosound.
Thank you Chris….you are the reason that I play bass. Fish Out Of Water will be on endless loop until further notice."


Rudy Sarzo : "I’m stunned by the sad news of Chris Squire’s passing. He was a game changer influential bassists and founding member of YES. Life’s too short, hug your heroes; Rest in peace bass master"

Mick Box : "A true Prog Rock Bass playing legend has left Mother Earth today, for that great overcrowded green room in the sky! Chris inspired so many bass players, and he has left a musical legacy that will continue to inspire musicians for years to come! RIP Chris !"

Mick Portnoy : "I’m absolutely FLOORED to hear the news of Chris Squire passing away…I had the honor of touring w Yes in 2004…Chris was a bass pioneer"


Joe Bonamassa : "Last night the world lost one its most gifted musicians. Rest In Peace Chris Squire. It was an honor to call you my friend."





Articles / YES :
The Story - 1968 - 1976
The Story - 1977 - 1987
The Story : 1988 - 1998
The Story : 1999 - 2013
"Magnification" 2001 + "Symphonic Live" 2001 DVD

4 commentaires:

  1. L’année 2015 n’est vraiment pas bénéfique pour les bassistes, après Tim Drummond qui a joué avec Neil Young, Bob Dylan et Ry Cooder, Scott Clendenin du groupe de death métal «Death», Rutger Gunnarsson qui était le bassiste d’ABBA et Mike Porcaro de Toto il y a un mois, c’est Chris Squire à 67 ans qui part bouffé par le crabe. Il était un des membres fondateur de Yes et surtout, le seul membre d’origine à ne l’avoir jamais quitté. Une discographie impressionnante. Les 38 albums de Yes (Studio et live confondus), ses apparitions avec Steve Hackett, Rick Wakeman avec le très bon «The six wives of Henry VIII», The Buggles, deux albums solos. Son premier groupe The Syn avait même joué avec le Jimi Hendrix Expérience au Marquee Club en 1967. Le monde du rock progressif perd un grand musicien. Les bassistes sont de nouveau en deuil, Paul McCartney en attendant ce porte comme un charme.


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  2. Progeny: Highlights From Seventy sorti le 25 mai 2015 en Remastered...

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  3. Quand j'ai appris la disparition soudaine de cet immense musicien la semaine dernière, c'est a peine si j'ai pu le croire. J'ai été envahi par une vraie tristesse. Yes a été l'un des groupes qui m'aura vraiment bousculé dans mes vertes années. "90125" demeure pour moi un disque exceptionnel dans la discographie du groupe. N'en déplaise au puristes.

    Merci pour l'hommage.

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    1. Yes a longtemps été l'un des groupes Rock "Gros Vendeurs" les plus critiqués. Ce que l'on peut comprendre lorsque l'on voit certaines de leurs prestations des années 70, où les musiciens semblaient parfois déconnectés du public.
      Mais par la suite, les critiques étaient acerbes et pas toujours fondées. Certains avaient focalisé sur une facette du groupe, souvent sans chercher à s'intéresser à leur univers (car, en principe, lorsque l'on critique, on devrait maîtriser son sujet).
      En ce sens, j'ai été assez surpris de voir le nombre d'hommages rendus, venant de musiciens de tous horizons (de la galaxie Rock et Jazz). Ainsi, j'ai été agréablement surpris de retrouver les noms d'Opeth, Foghat, Matt Sorum, Simply Reed, Nick Beggs (Kajagoogoo !!)
      Même le New-York Time, The Guardian et la chaîne télé VH1.
      Comme quoi, c'était bien un musicien qui ne laissait pas indifférent.

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