mardi 14 juillet 2015

BREEZY RODIO "So close to it" (2015)



Sauf si vous êtes un pilier du Buddy Guy's Legend, du Rosa's Lounge ou autres clubs de blues de Chicago, il y a peu de chances que vous connaissiez Fabrizio "Breezy" Rodio. Ce guitariste chanteur italien, immigré tout jeune aux States commence la guitare à 12 ans et tombe sous le sort du blues, ses héros s’appellent Albert et BB King, Ray Charles, T-Bone Walker, Albert Collins, Lightin' Hopkins, Robert Johnson et l'homme au Steson, Stevie Ray Vaughan. Il fait ses premières armes à New York City dans des groupes locaux avant de se diriger vers la Mecque du blues, Chicago bien sur. Là il se fait notamment remarquer par Guy King et le vétéran Linsey Alexander dont il devient le bandleader depuis 2010, tout en lançant sa propre carrière en 2011 avec un premier album "Playing my game too". En 2013 il s'offre une parenthèse dreadlocks avec l'enregistrement d'un pur album de reggae, "Strange situation", qui sonne vraiment bien d'ailleurs, comme quoi on peut être amoureux du blues et ouvert à d'autres sons. Considéré comme un des talents émergents du blues, Breezy malgré son jeune age arbore un CV copieux, ayant joué outre Alexander avec des pointures comme Buddy Guy, Billy Branch, Eddie Shaw, Eddie C Campbell, John Primer, Liz Mandeville, il a aussi tourné de par le monde avec le Chicago Blues Festival, là aussi en tant que leader d'orchestre.
 Ici il s'est entouré de Suito Ariyoshi au piano, Light Palone à la basse, Lorenzo Francocci aux drums, Chris Foreman à l'orgue, Bill Overton au sax et 2 trompettistes (Art Davis et Doug Scharf) , plus quelques invités de marque.
source; breezyrodio.com

 On ouvre avec "When my heart beats like a hammer" de Sonny Boy Williamson (1er) , une pièce du répertoire de BB King. Ah, j'ai du me tromper de CD, je vérifie, ah ben non autant pour moi c'est pas un CD de BB King, pourtant avec cette voie de velours et ce son de guitare qui rappelle Lucille on pourrait s'y tromper! En tous cas c'est superbe, le bémol étant, vous l'aurez compris, qu'on a l'impression d'avoir affaire à un clone de Blues Boy King! On enchaîne avec une compo de Rodio, "So close to it", un formidable shuffle de Chicago blues avec piano, harmonica à la James Cotton (de Quique Gomez) et un sacré solo du Breezy.
15 morceaux au total qui se partagent entre originaux et reprises. Parmi celles ci 2 autres du BB King songbook : le slow blues "Sneakin aroud" de Jessie Mae Robinson et "Please accept my love" sur lequel notre italien se fait crooner; le jazzy "Just about to lose your clown" de Johnny McRae dont on connaît la version de Ray Charles; 2 morceaux empruntés au repertoire de T-Bone Walker ("Too lazy" et "Evil hearted woman" ) et -autre facette de Rodio- un rock old school, le fameux "one broken heart" de Otis Blackwell (le grandpa de la fameuse Liza Blackwell) , popularisé par un certain Elvis Presley. Mais notre homme est aussi un sacré bon faiseur de chansons, la preuve avec "Walkin with my babe", un Chicago blues mené par l’harmonica du légendaire Billy Branch, "Time to come back home", autre Chicago blues, "Mary"dont le style évoque un autre Roi, Albert King, "I can't get enough of you" qui lorge du coté du "Hoochie coochie man" de Muddy Waters, "I win some more", un mid tempo plein d'émotion avec au chant et à la guitare Lurrie Bell, ou encore le country blues "How much can a poor man take".

Voilà un excellent disque de Chicago blues qui prouve que le genre n'est pas en voie d'extinction, mixant différentes influences et alliant son moderne et tradition. Breezy y fait preuve d'une grande maîtrise et présente un blues racé et élégant, ayant bien assimilé les techniques de ses maîtres, BB et Albert King, T-Bone Walker ou Muddy Waters. Que ses compositions tiennent si bien la route au milieu des standards qu'il reprend est aussi un très bon point, comme le fait qu'il soit à l'aise dans différents styles car le danger serait d'être catalogué comme un clone de plus ou une réincarnation   du défunt  BB King, mais je pense plutôt que nous tenons là un des grands noms du blues pour les années à venir, affaire à suivre.

ROCKIN-JL

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