mardi 14 avril 2015

DEVON ALLMAN "Ragged & dirty" (2014)

 Et si on arrêtait de parler tout le temps de Devon Allman comme le neveu de Duane et le fiston de Gregg, j'ai lu que cela lui pesait qu'on le ramène constamment à son illustre famille et qu'il voulait être considéré pour son art et non sa légendaire ascendance, dont acte, d'autant qu'avec la fin de l'Allman Brothers Band après 45 de bons et loyaux services rocknrollesques on parlera peut être bientôt de Greg Allman comme étant le papa de Devon... Faut dire qu'il ne chôme pas le Devon entre le Royal Southern Brotherhood dont il partageait le leadership avec Mike Zito et Cyril Neville et sa carrière solo. Pour mieux se consacrer à celle ci il vient d'ailleurs, -tout comme Zito- de lâcher le "supergroupe".  Son premier effort solitaire, Turquoise (la chroniquem'avait laissé partagé par son coté inégal alternant formidables plages blues rock et d'autres plus dispensables flirtant avec le FM. Pour celui ci, direction Chicago : "J'ai fait tous mes enregistrements dans le Sud, il était temps de me rendre à la Mecque du blues électrique, me remplir de ces vibrations, m'entourer des mecs qui vivent et respirent ici" nous dit il. Ce nouvel opus a été enregistré par Tom Hambridge (Buddy Guy, James Cotton, Johnny Winter, Georges Thorogood) qui prend places derrière les fûts et signe 4 titres, contre 5 à Devon, 3 reprises complétant la set list. Les autres musiciens sont des habitués des studios de la Windy City, Felton Crews à la basse (Charlie Musselwhite), Gilles Cory à la seconde guitare (Billy Branch), et Marty Shannon orgue et piano (Buddy Guy).
Çà démarre sur les chapeaux de roue avec Half the truth, blues rock décapant, avec super solo de guitare, le chant est assuré, à ce sujet Allman confie que son expérience avec RSB lui a beaucoup apporté, dans l'écriture et aussi le chant: " je me laisse plus porter par le groove et force moins les choses vocalement". Les 2 titres suivants Can't loose 'em all et Leavin' ont en plus la petite touche sudiste, à l'Allman Brothers Band, puissants et mélodiques à la fois. Première reprise avec I'll be around de Thomas Randolph Bell (un succès des Spinners en 1972 et pour la petite histoire massacré par Claude François "Soudain il ne reste qu'une chanson" (1975)), une cover aux parfums West Coast. Parlons justement des 2 autres reprises: Ten million slaves d'Otis Taylor et Ragged & dirty de Luther Allison qui donne son titre à l'album, un sacré Chicago blues au groove funky. Pour le reste Devon va décliner le blues sous toutes ses formes, du blues rock (Traveling, Blackjack heartattack) au slow blues (Back to you) en passant par le country blues dépouillé (Leave the city, duo entre Devon à la résonator guitar et Hambridge aux percus) et une superbe ballade riche en claviers et guitare qui fleure bon le Sud et Lynyrd Skynyrd (Times have changed). J'allais oublier Midnight Lake Michigan, un  instru de prés de 9mn,  intéressant dans sa construction, poétique puis montée en tension, où se croisent guitare, orgue et percus.
Avec cet album, Devon Allman confirme  son  fort potentiel , toutefois il souffre un peu des mêmes défauts que "Turquoise", quelques compos sont un peu passe partout et la prod un peu trop policée. Conclusion : bien mais peut encore mieux faire...

ROCKIN-JL

Chronique parue également dans la meilleure revue blues de France et de Navarre (BCR , dois je le préciser)


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