mardi 30 décembre 2014

DR JOHN "Ske-dat-de-dat the spirit of Satch" (2014)


Pour ce 29ème album studio notre praticien favori, le Dr John, 73 ans, a choisi de rendre hommage à une autre figure de la Nouvelle Orléans, un géant de la musique populaire du 20ème siècle, Louis Armstrong, l'un de ses modèles. Le pianiste Voodoo et le légendaire trompettiste/chanteur sont d'ailleurs nés à quelques pâtés de maison près. Pour rester fidèle à sa légende, ce bon vieux Mac Renneback aurait selon lui été visité en rêve par l'esprit de Satchmo qui lui aurait donné l'idée de cet album, Malcolm tu devrais peut-être arrêter les herbes séchées du bayou... Quoiqu'il en soit, voila une bonne idée que de revisiter le répertoire de Louis, en quelque sorte de le dépoussiérer, ou plutôt le moderniser car il n'est en rien poussiéreux. Pour cela, il s'est entouré d'une pléiade d'invités : en plus d'un band pléthorique ou l'on remarque une section de cuivres riche de 3 sax, 2 trompettes et 1 trombone. On l'aura compris ça va swinguer dans les chaumières ! 
source: nitetripper.com
On commence avec le classique des classiques d'Armstrong "What a wonderful word" (single sorti en 1967), dans un version très rythmée, avec les chants des Blind Boys of Alabama et de superbes solos de trompettes de Nicholas Payton, un autre grand nom de Big easy (surnom de NO). On retrouvera d'ailleurs les Blind Boys plus loin, sur "Wrap your troubles in dreams". Second standard du jazz "Mack the Knife" au début assez classique, bien funky, puis arrive un passage en rap par le rappeur Mike Ladd, autre invité ici le trompettiste Terence Blanchard (Oui, celui des Jazz Messengers d'Art Blakey, une pointure !) qui nous gratifie lui aussi de magnifiques solos. Ce mélange rap/jazz est un peu hétérogène mais, passé l'effet de surprise, il passe plutôt bien. Évidement quand on a dans la tête la sublime interprétation d'Ella Fitzgerald ça fait bizarre et les gardiens du temple vont sans doute hurler. Perso je trouve qu'au contraire c'est intéressant de s'aventurer ainsi sur de nouveaux terrains et de ne pas offrir une nième copie conforme, et nous ne sommes pas au bout de nos surprises…
Ainsi "Tight like this" va prendre une coloration latino, chanté par la rappeuse Telmary, soutenu par la trompette d'encore une légende, le cubain Arturo Sandoval, par passage ça sonne presque comme du Manu Chao... Des invité(e)s il y en aura d'autres comme les chanteuses Ledisi, Bonnie Raitt et Shemekia Copeland, les trompettistes James Andrews, Anthony Hamilton ou Wendell Brunious, les McCrary Sisters dont les chœurs amènent une coloration gospel à 2 titres, et le Dirty Dozen Brass Band, la fanfare de New Orléans sur le dernier morceau.Selon la personnalité des invités on va naviguer entre funky, soul, blues, gospel, swing ou dixie; ajoutez des cuivres à gogo et des solistes monstrueux, le piano de ce bon Doctor, la guitare de Derwin Perkins, et tout ce mélange donne une ordonnance, pardon un disque plein de surprises et souvent jubilatoire, même si quelques plages sont un peu inférieures.
Chaudement recommandé pour bien passer l'hiver!

ROCKIN-JL
chronique parue dans BCR N°39

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