jeudi 13 novembre 2014

LAURIE ANDERSON L'AVANT GARDISTE par Pat Slade




Laurie Anderson Big Science

Artiste d’avant-garde née en 1947, Laura Phillips Anderson s’est fait connaitre pour ses performances multimédia et les albums qu’elle a réalisés. Diplômée  en histoire de l’art et de sculpture, c’est en 1981 qu’elle se fera connaitre au grand publique en sortant du milieu underground américain en enregistrent un single  « O Superman (For Massenet) ». C’est un succès important puisque il sera intégré à l’album « Big Science ».


Clip de huit minutes à base d’ombres chinoises, de Vocoder Korg, de chant d’oiseaux et de bouche lumineuse et la beauté figée de Laurie Anderson ne laisse pas indifférent. Ce morceau entêtant et troublant à la fois ne peux laisser insensible.

Élevée dans un environnement musical, elle commence l’apprentissage du violon à cinq ans pour ensuite se mettre au piano. On commence à l’apercevoir vers la fin des années 60. Elle présente sa première œuvre en 1969, une symphonie pour klaxons automobiles. Elle exerce ensuite différents métiers comme professeur artistique, illustratrice pour livres d’enfants et critique d’art pour des magazines comme Artforum, un mensuel spécialisé dans l’art contemporain. Étudiante au Barnard Collège, un collège d’art réservé aux femmes à New York et à l’université de Columbia, elle en sort en 1972 avec un diplôme en histoire de l’art et de la sculpture.
"Duet Ice"
Spécialiste des performances hors normes, elle présente en 1973 une œuvre à l’académie de musique de Brooklin «The Life and Times of Josef Stalin» une performance de douze heures mêlant un spectacle audiovisuel et de longues pièces de musique électronique,  en 1975, elle compose «Duet Ice», sur scène, Laurie Anderson armée de son violon d’un synthétiseur et d’un enregistrement sur bande, porte des patins à glace avec les lames congelés dans un bloc de glace, la performance ne prenait fin que quand la glace avait fondu.
Artiste d’avant-garde, elle fréquente Andy Warhol, William S. Burroughs, Frank Zappa, John Cage et Allen Ginsberg.


De l’underground New-yorkais au succès international, la bascule va se faire avec un morceau parlé de 8 minutes 30 «O Superman». Une voix androgyne robotique, des sons électroniques et un ton ironique, une ambiance étrange et très moderne qui n’entrait pas dans les critères de la musique de l’époque. La chanson relate le sauvetage raté des otages américain en Iran (Opération Eagle Claw en 1980), pourquoi «For Massenet» ? Parce qu’elle a retravaillé son texte sur celui de l’opéra «Le Cid»  du compositeur français. Le titre se classe n°2 en Angleterre ; Après avoir signé chez Warner, le morceau sera intégré a son premier album «Big Science». Le disque fait partie, à la base, d’une performance de sept heures intitulée «United States» qui sera publié en 1984 dans un coffret de cinq albums vinyles. Avec son deuxième album «Mister Heartbreak», elle commence à travailler avec d’autre artiste comme Peter Gabriel sur le morceau «Excellent Birds». En 1986, elle réalisera un film musical «Home of the Brave», un concert qui reprendra des extraits de son dernier album et de «United States Live».

Entre ses albums, ses performances live, elle prend quand même le temps  pour travailler
avec d’autres artistes, elle apparait dans deux albums de Jean-Michel Jarre «Zoolook» en 1984 et «Métamorphose» en 2000, dans «So» de Peter Gabriel en 1986. En 2003, Laurie Anderson sera la première artiste en résidence sur le site de la NASA, elle produira un monologue de 90 minutes intitulé «The end of the Moon», elle monte ensuite une succession de spectacles à thème et compose une pièce pour l’expo 2005 au Japon, elle fera partie de l’équipe qui créera la cérémonie d’ouverture des jeux Olympique d’Athènes en 2004. La même année, elle collabore avec la chorégraphe Trisha Brown sur un projet multimédia créé à l’Opéra Garnier.

Sans  arrêter ses concerts et ses expositions, on la retrouve en 2010 avec la création d’une pièce de théâtre appelé «Delusion» pour les jeux Olympique de Vancouver. En 2010 sort «Homeland» son premier album depuis huit ans.




Laurie Anderson, Madame Lou Reed 



Entre concerts, expo, remise de récompense, composition et mise en scène de ses spectacles, on pourrait croire que ce petit bout de femme est toujours par monts et par vaux et que sa vie privée est entre parenthèse voire inexistante. Et pourtant, elle partageait sa vie depuis le milieu des années 90 avec Lou Reed le chanteur du Velvet Underground. Ils se marieront en secret en avril 2008. Depuis son décès en octobre 2013, elle a disparu de la circulation. A quand un retour en fanfare dans le paysage avant-gardiste ?   

Même si pour certains, l’univers de Laurie Anderson peut déranger, il ne laisse pas indifférent. On monte dans le train ou on reste sur le quai, je suis monté, je suis resté. 

       

3 commentaires:

  1. Quand j'écoute O Superman, et que je vois que tu cites John Cage et Allen Ginsberg, je ne peux m'empêcher à trouver des influences évidentes de Philip Glass (né en 1934), pionnier de la musique répétitive et minimaliste, et potes des deux autres. On pense notamment à l'opéra hyper expérimental "Einstein on the Beach".

    RépondreSupprimer
  2. j'aime beaucoup Philip Class que j'ai découvert avec son concerto pour violon n°1 et Metarmophosis, un compositeur contemporain plus accessible a l'oreille pour certain que John Cage ou Steve Reich par exemple. Il est vrai que les comparaisons entre Laurie Anderson et Glass sont évidentes, les ouvres de Laurie sont très longues tout comme 'Einstein on the beach" qui dure cinq heures ! Faut avoir du courage et de la constance pour arriver au bout . Mais en parlant de Philip Glass, toi l'esthète de la musique classique tu pourrais en parler ?

    RépondreSupprimer
  3. J'avais consacré une chronique au compositeur américain sur sa musique pour piano : Metarmophosis et les études.
    http://ledeblocnot.blogspot.fr/2013/06/philip-glass-etudes-et-metamorphosis_15.html
    Une de mes plus basse audience à ce jour ;o) Et pourtant c'est, comme tu le dis, un compositeur qui ne cherche pas midi à quatorze heures dans sa musique mais vise à toucher l'esprit et le cœur. Comprend qui pourra.

    Comme je ne désarme pas, j'ai en projet les symphonie N°2 et 3 et son opéra Aknaten (Akenaton) un de ces jours........
    Oui le concerto pour violon, surtout dans la version Gidon Kremer - Christoph von Dohnanyi....

    RépondreSupprimer