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Photo : Rosa Frank |
Et je ne dis pas merci aux "merdias" qui, comme souvent, ont
passé sous silence la disparition de ce grand pionnier de la musique baroque et du siècle des lumières interprétée
sur instruments d'époque, un homme partageant la passion d'artistes toujours vivants
comme Paul McCreesh ou Nikolaus Harnoncourt ou d'autres dont nous
avons eu à rendre hommage à la fin de leur voyage : Gustav
Leonhardt (Clic) et plus récemment Franz
Brüggen (Clic). C'est en recevant la revue Diapason ce matin que j'ai appris que
le musicien avait été emporté le 24 septembre par une tumeur cérébrale comme Ravel ou Gershwin.
Né en 1941,
le jeune Christopher commence ses
études musicales et littéraires à Cambridge.
Il apprend la direction d'orchestre avec Raymond Leppard
(Clic),
l'un des premiers chefs qui ont compris que l'on ne pouvait par réellement
jouer Bach ou Haendel
avec un orchestre romantique de 80 musiciens mais avec un orchestre allégé même
si il est composé d'instruments modernes comme l'English
Chamber Orchestra. Il devient également claveciniste en suivant
les cours de Rafael Puyana et Gustav Leonhardt.
Influencé comme nombre de musiciens de sa génération
par les recherches de Harnoncourt
ou Gustav Leonhardt depuis les années 50, Christopher Hogwood fonde un premier
ensemble avec David Munrow : The Early Music Consort of London. Nous
sommes en 1965, Hogwood
a 24 ans et Munrow 23 ans. Ce dernier
expérimente de nouveaux instruments à vent et travaille à la redécouverte de la
flûte à bec à l'instar de Franz Brüggen.
L'aventure du Early Music Consort prendra
fin en 1976 avec le suicide de Munrow, à 34 ans. Christopher
Hogwood y jouait de la harpe médiévale, de l'orgue positif et de
la vielle à roue. De nombreux enregistrements pittoresques de musique du moyen-âge
ont vu le jour à cette époque et restent des références grâce à leurs couleurs
insolites.
En 1973 Christopher Hogwood avait fondé l'Academy
of Ancient Music, un orchestre plus polyvalent qui va s'illustrer dans tous les
répertoires de l'époque baroque jusqu'au romantisme. En dehors de parcourir le
monde avec cet ensemble de prestige, Hogwood grave des CDs remarquables, entre autres : le Messie de Haendel,
des œuvres de Mozart et une intégrale des symphonies de Beethoven. Cette dernière n'a pas pour but
de proposer une interprétation pour faire "style époque" mais de
retrouver la pensée de Beethoven
à travers les sonorités que pouvait entendre le compositeur : des cuivres moins
puissants, un nombre de cordes plus limité. Dans les enregistrements modernes,
le chant des bois, dont le nombre et la sonorité n'a guère évolué depuis les
années 1800 (2/2/2/2), est souvent noyé dans la masse sauf quand le chef
contrôle parfaitement ce déséquilibre…
Si la musique baroque était son univers de
prédilection, Christopher Hogwood s'aventurait
avec gourmandise vers la musique contemporaine comme Stravinsky.
L'art de Hogwood
sera présent par les CDs régulièrement réédités. Il fit les riches heures du
label L'oiseau Lyre, une filiale de Decca. Voici trois incontournables puis
deux extraits. La direction de Christopher Hogwood
reposait sur des traits francs, une grande fidélité au texte que lui apportaient
ses recherches musicologiques.
1 – de Mozart
: Exsultate Jubilate (avec la soprano Emma Kirkby), un trésor de ma discothèque
avec les vêpres solennelles du confesseur. Désolé, CD disparu du catalogue.
Quelle bonhomie et fraîcheur dans le début de ce motet !
2 – Le Nisi Dominus
de Vivaldi toujours disponible (avec le Stabat mater) avec en soliste James Bowman, un contreténor né en 1941 et
pionnier du retour à cette tessiture masculine. Le grand frère musical de Andreas Scholl…
Les deux extraits sont bien entendu issus des gravures de l'Academy of Ancient Music.
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