lundi 14 juillet 2014

DICK RIVERS - "RIVERS" (2014)

Prés de 3 ans ont passé depuis l'excellent "Mister D" (relire la chronique ici) et revoici le dernier des rockers de hexagone avec une galette sobrement intitulée "Rivers", sobre à l’image du beau portrait noir et blanc qui l'orne . Il a plus d'un demi siècle de carrière notre Dick mais n'allez pas croire que nous avons affaire à un  dinosaure à banane sorti du formol  et bon pour le musée Grévin. Au contraire on  peut dire que tel un grand vin le niçois se bonifie avec l'age;  dommage qu'il soit banni des médias, il est pourtant plus intéressant que les chanteurs  neuneus ou les bimbos qui y pullulent, sans parler des chroniqueurs ignares à deux balles ; tant pis Dick, nous on t'aime et qu'importe tous ces guignols.
On retrouve à la production Oli Le Baron qui signe aussi la moitié des titres et joue d'une multitude d'instruments, basse, drums et percussions, guitares, melotron, piano, orgue, un orchestre à lui tout seul ce gars là! Il sera épaulé au fil des titres par notamment  Manu Bertrand (guitares, dobro, lap steel, mandoline, banjo), Mickey Blow (hamoniciste, qui a joué avec Johnny Thunders ou Little Bob), Junior Rodriguez (drums), Mathias Luszpinski (sax), Fred Giuli (sax). On le voit , une belle richesse instrumentale au service d'une musique totalement imprégnée de ses racines américaines, de la country au rock en passant par le blues et le folk, bref, ce que l'on nomme " americana".

source dick-rivers.com
 "Si J'te r'prends" nous plonge d'entrée dans cette ambiance country folk, bien laid back, avec les traits d'harmo de Mickey Blow, les dobro, guitare et lap steel sortis, cette voix qui prend de l'épaisseur, se patine et se burine, ce final en fanfare New Orleans, tous cuivres dehors, tout simplement un titre superbe (signé du chanteur country Erik Sitbon, (lien vers son cd)). Même tonalité folk country blues pour "Sans devise" signé Oli, harmonica et dobro, qui transpire la moiteur des bayous ("Si seulement ma peau valait un peu plus/ que cette pauv' chemise collée à ma peau"). "Pas de vainqueur" invite aux grands espaces, ambiance western avec le violon de Greg Weiss, ça roule (sur la rivière) avec un petit coté Creedence, c'est le single choisi, adaptation d'un titre de  Hudson Taylor, duo folkeux irlandais.
Place au boogie avec l'épais "Maudit" aux guitares sifflantes comme des crotales  puis au rock fifties avec "Paris Vintimille" signé de son vieux pote Francis Cabrel, qui signe aussi une adaptation du "ride you for my love" de Bob Dylan, "L'amour m'attendait là", c'est l'instant crooner et une belle ballade. Retour au rock avec "Les herbes hautes" de Joseph d'Anvers et "Le rôle du rock", mon titre préféré, aussi signé Cabrel, un rock qui dépote, avec guitares énervées  et harmonica, et un texte délicieusement second degrés, où Dick tient le "rôle du rock" qui lui va comme un gant. Une surprise ensuite avec une délicate reprise  des "Rois serviles" de Georges Moustaki avec banjo et harmonica , puis "Jeanne et Henri" et sa grosse intro à la "My génération" des Who! On termine avec la ballade "Tu m'as changé" puis  "O Marie", reprise du compositeur et producteur canadien Daniel Lanois (Neil Young, Bob Dylan, Nick Cave, Peter Gabriel, Brian Eno..), entre  work song et musique acadienne où se côtoient  accordéon slide dobro et harmo. Voila qui clôt en beauté ce superbe album de notre "man in black" (Johnny Cash) made in France, assurément un des albums de l'année, qui mériterait mille victoires de la musique.

ROCKIN-JL



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