jeudi 26 septembre 2013

CABU, LE GRAND DUDUCHE de la BD par Pat Slade







Le grand Duduche a 75 ans



Incroyable et pourtant malgré sa bouille d’adolescent, Jean Cabu est septuagénaire. Celui qui commencera à dessiner dans Hara-Kiri et dans l’excellent magasine Pilote dans les années 60 ne change pas physiquement. Les 27 mois passé sous les drapeaux en Algérie on fait de lui un antimilitariste convaincu, ce qui ce ressentira dans ses dessins avec des personnages récurant comme l’adjudant Kronenbourg que l’on peut apercevoir dans l’album : «A bas toutes les armées » Pamphlet sur les militaires et sur l’armée en général.

Mais le personnage qui collera au basket de Cabu restera le grand Duduche. Un adolescent, blond, grand, maigre portant les mêmes lunettes que son créateur, toujours habillé de la même manière, un jean, un pull jaune et une paire de converse au pied. L’action des aventures du grand Duduche se déroule principalement dans un internat pour garçon dans la France du général de Gaulle dans le milieu des années 60. Duduche c’est qui ? Wikipédia écrit : «Potache paresseux et irrévérencieux… ». Potache d’accord, mais paresseux et irrévérencieux, pas d’accord ! Le grand Duduche est un poète, un genre de pierrot lunaire, un libre penseur qui ne supporte pas l’autorité (Mais d’ailleurs qui la supporte ?) et qui n’aime pas les mouvements de mode. On peut déjà percevoir l’image du futur écolo-pacifiste qu’il deviendra dans les albums des années 80. Pour l’instant ce n’est qu’un doux rêveur qui aime en secret la fille du proviseur de son bahut. La fille du proviseur (Isabelle de son prénom), l’amour secret de ce garçon qui fera tous pendant des années pour la séduire et malgré son obstination et tous les râteaux qu’il ce prendra, il restera un éternel amoureux
transi. Il y a aussi les autres personnages qui gravitent autours de lui, Momo son pote aux cheveux frisés avec un peu d’embonpoint, le pion Belphégor qui rêve d’avoir les palmes académiques et qui écrit des romans à compte d’auteur sous le pseudo de Félix Potin (On y revient !), le proviseur de l’internat, les différent profs comme monsieur Borgnolle le prof de latin ou «Barbe rouge» le prof de gym. Collectionneur de dimanches de colle, le grand Duduche trouve souvent refuge sous l’escalier de l’école. Malheureusement pour les amoureux de cet adolescent sympathique et quelques peu lymphatique, ses albums sont tous épuisé à ce jours, mais un intégral est ressortie en 2008, un album de 640 pages.




Cabu, le monde des beaufs et de Catherine


Bien sur Cabu n’a pas fait que le grand Duduche, prenez le personnage de Catherine, jeune fille qui comme Duduche est en internat au pensionnat des oiseaux dans l’album «Le journal de Catherine» et que l’on retrouvera bien dévergondée quelques années plus tard dans «Catherine saute au paf» et qui obtiendra le prix des phallocrates. Autre personnage qui apparait un peu partout dans ses dessins et qu’il aime fustiger, c’est «Mon beauf». Le beauf de Cabu, il est bedonnant, «… la quarantaine couperosé, moustache qui se veut gauloise et qui n’est que flicarde, des valoches sous les yeux qui font de sa vie un perpétuel lendemain de réveillon…, c’est l’authentique ordure, le roi des cons méchants, le fléau universel, l’assassin du genre humain, le con chieur de planète fleurie : Monsieur tous le monde. » CAVANNA. Renaud dans la chanson du même titre reprendra les traits du personnage de la bande dessiné pour le représenter. Le beauf a été de toutes les opinions politique, gaulliste, chiraquien, mitterrandiste, sarkosiste, communiste et il a même jeté un œil du coté de Arlette Laguiller (Sous sa jupe !) et tant mieux pour le dessinateur qui
déclarait : «Plus les hommes politiques sont nuls et plus j’ai du talent» et il ne se gêne pas pour leur en mettre plein la tête quelques soient les partis. En 1972, il sort «Les aventures de madame Pompidou»  qui fera l’objet d’un procès en 1973. Et tout le monde a droit à son pamphlet que ce soit Mitterand avec «Adieu tonton », la gauche en général  «A gauche toute», la droite «Les aventures épatantes de Jacques Chirac», «Sarko circus», mais c’est surtout l’extrême droite qu’il fustigera «Le gros blond avec sa chemise noire».



Duduche n’est pas mort, il manifeste encore



 Cabu continue son parcours en dessin pour Charlie Hebdo depuis presque 40 années et dans le Canard enchaîné, le seul faux pas qu’il ait pu faire c’est d’avoir participé à une émission enfantine «Récré A2 » avec Dorothée. En plus de ses participations à de nombreuses revues comme «Rock & Folk», «La gueule ouverte» et tous les grands quotidiens et hebdos français, il fera des pochettes de disques comme celle du troisième album de Maxime le Forestier «Caricature», mais sa passion, c’est le jazz, il va illustrer une série de disques sur les grands jazzmen. Mais son préféré reste Cab Calloway. Il fera une BD sur  l’homme qui chanta «Minnie the Moocher» , accompagnée de deux CD. Mais tous n’a pas été  rose dans sa vie. En 2010 il perd son fils le chanteur Mano Solo.

Si Duduche existait physiquement, je trouve qu’il ressemblerait au chanteur Hollandais Dick Annegarn. Jacques Martin dans les années 70 avait surnommé La présentatrice Danièle Gilbert la grande Duduche (Nunuche ?), allez savoir pourquoi !?






AJOUT DU 8 Janvier 2015: RIP CABU lâchement assassiné par des fous de dieux ou plutôt des fous tout court le 7 Janvier 2015 lors de l'attentat à Charlie Hebdo (lire notre réaction ici)

Une rencontre avec Cabu :



et un court métrage de 1986...

1 commentaire:

  1. haaa... Cabu et le grand Duduche ; à l'époque cela paraissait nouveau tout en étant pertinent.
    Cabu a le don de créer des personnages, des caricatures, qui sont devenus des archétypes : le Beauf, le Bidasse, le CRS, en autres. Une vision souvent au vitriol et pourtant si proche d'une réalité brute.

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