vendredi 30 août 2013

OLD SOCKS... CLAPTON, STEWART, BURDON, par Luc B.


Ce mois de juillet fut particulièrement chaud, au thermomètre. Il m’a semblé prudent de faire un tour dans une maison de retraite proche, pour y tâter la santé de quelques vieux amis… Etant jeunes, ce n’était pas le genre à se laisser se déshydrater, mais l’âge avançant… Cette chronique aurait pu s’intituler « le coin des grabataires » si le copyright de cette expression n’avait déjà été déposé par notre excellent et talentueux confrère Lester  Il ne s’agit pas d’une analyse détaillée, mais d’un survol attentionné…

Rod Stewart, 68 ans aux prunes, et 29 albums au compteur, a déclaré à propos de son dernier opus TIME un truc du genre : j’arrête les compils, les songbooks et les chants de Noël, et je vous fais un album de compositions originales, gorgées de rock et de soul. Promis juré, I’m back ! 15 titres. Rouf… La digestion va être longue. D’autant que le résultat est assez pénible, après un départ plutôt gentil, un « She makes me happy » sautillant dont le refrain chatouille l’auditeur, Rod the Mods enchaine les titres lourdingues, surproduits, propres sur eux, chargés de violons et cornemuses pour sonner celtique, ou les ballades sirupeuses à grand renfort d’orchestres philharmoniques, quelle plaie. Pour le retour aux sources du Rhythm’n ’Blues, tu repasseras ! Mais le principal souci, c’est qu’on a l’impression qu’il peine au micro (la voix bien mixée devant). Même ses fameux « oh yeh » paraissent artificiels, pour la plupart overdubbés, et copiés-collés un peu partout. Ah, un p’tit blues qui traine, « Corinna Corinna »… en mode décaféiné, genre jus de chaussettes, ça ne relève pas le niveau. Sympathique si l’album durait 42 minutes, mais ce n’est pas le cas…

Eric Burdon, 72 ans aux noisettes, 25 albums en solo (il fut le chanteur de THE ANIMALS) autre grande voix blanche de Soul, avec le Rod précédemment cité. Alors lui, question coffre, il se pose là, la voix intacte, énorme, comme son pote Van Morrison, dont il partage le caractère bien trempé (attendez par-là : quand il boit, il devient méchant). Ça fait un moment qu’Eric Burdon sort des albums intéressants, dans l’indifférence totale des médias, celui-ci n’échappe pas la règle, il s’appelle TIL YOUR RIVER RUNS DRY. Burdon doit avoir moins de directeurs de la com’ dans son staff, il a les mains libres pour faire les albums qu’il veut. Une Soul bien burnée qui tire sur le Holwin’Gospel (un terme que je viens d’inventer…), des musicos impeccables, beau son, un titre hommage à Bo Diddley où les gimmicks de l’homme à la guitare carré sont joliment utilisés, le blues « Invitation at the White House » rigolo, clin d’œil au « I had a dream » d’Eddie Vinson, et une reprise de « Before you accuse me » pour finir. Du bon boulot.

C'est bien simple, on aime tellement que Rockin'JL y consacrera un article entier prochainement, pas plus tard que Mardi prochain!

Deep Purple, avec Ian Gillan, 67 ans à la grappe. Là encore, on a entendu des trucs du genre : ça faisait un moment qu’on s’ennuyait en studio, notre nouveau producteur Bob Ezrin nous a dit : les mecs, souvenez-vous des jams d’antan, pointez-vous tous les cinq, branchez les amplis et hop, jouez !! Album du retour aux sources (bis) s’appelle NOW WHAT ?!, plus spontané, enregistré live, et dans une veine annoncée "rock progressif". Pas trop hard pour un sou, tant mieux. Alors si "progressif" ça veut dire nappes de synthé imitant des violons ou les chœurs de l’Armée Rouge, oui, c’est progressif !!  La montée d'accords sur "Above and beyond" est du pur prog 70's, joli départ au Rhodes sur "Blood from a stone". Les compositions ne sont pas désagréables, mais rien de transcendant, d'osé, et un peu répétitif tout de même. Gillan chante très bien, à l'aise dans les graves (eh oui !) sur "All the time". Certains titres arrivent à 6 ou 7 minutes, les chorus sont nombreux, duels guitares/hammond B3, je devrais m’en réjouir, mais comme je ne m’habitue pas aux tics Hard FM 80’s du guitariste Steve Morse la pilule passe mal. Ritchie, Tommy, où êtes-vous ? (le premier dans son donjon, le second...). Très bonne prise de son, production minimale, une paire basse-batterie toujours en place, quand on sait qui joue, ça n’étonnera personne (le pattern de "Body line", arrghhh). Bon, on a vu mieux, mais entendu pire aussi… 

Eric Clapton, 68 ans aux litchis, 22 albums sous son nom (et presque autant avant !!). Lui non plus n’a plus grand-chose à prouver, alors il ronronne pépère en studio,jamme avec le trompettiste Wynton Marsalis sur des standards jazzy,  prête ses talents à la terre entière, se tape des sessions Robert Johnson. Bref, Clapton s’occupe entre deux tournées ou reformations (CREAM, BLIND FAITH). Pour son dernier disque, OLD SOCK ("vieille chaussette" !) il a enfilé ses pantoufles, pour être sûr de ne réveiller personne en sortant des sessions… Et faut dire qu’il y a du monde, et du beau, en mode séniors : le regretté JJ Cale, Steve Winwood, le fidèle Chris Stainton, Steve Gadd, McCartney, Taj Mahal, et la petite famille Clapton dans les chœurs… J’adore la pochette, elle dit tout : il fait beau, on est pénard, on s’envoie quelques bonnes reprises avant l’heure du Pastis. Des titres plutôt courts, donc pas de solo à rallonge (dommage) mais beaucoup d’intervenants. On citera le « Still got the blues » de Gary Moore, à la cool, le « Goodnight Irene », on flirte plus d’une fois avec le reggae, les rythmes caraïbes, du bluesy, de jazzy 20’s… Des vieilleries quoi… Bref, on se fait plaisir, et franchement, c’est rafraichissant, avec deux glaçons s’il vous plait… A noter aussi qu’Eric Clapton, avec le temps, chante de mieux en mieux, alors qu’il a de ce côté toujours trainé une sale réputation.

Neil Young, 67 ans aux arbouses, 33 albums au compteur dont 11 depuis le nouveau millénaire. Cette fois, il a rameuté ses CRAZY HORSES pour gober des pilules psychédéliques, ça s’appelle PSYCHEDELIC PILL, et c’est un double album. Faut dire que le contenu donne dans le lourd, avec deux titres de 16 minutes, et le premier « Driftin’ back » qui affiche 27’37 au compte-tours ! S’il n’y a pas de longs solos chez Clapton, le Loner lui, les aligne aux kilomètres, avec son compère Franck Sampedro (un jeune de 64 ans), dans des joutes guitaristes hallucinantes, inspirées de la méthode Coltrane. On pose le thème, on brode dessus, on triture les notes, et on voit où ça mène ! Et la rythmique, elle fait quoi pendant ce temps ? Elle assure le job, imperturbable. Qui a dit interminable ? Le morceau pourrait faire 14 ou 52 minutes, c'est sûr, ça ne changerait pas grand-chose… Ma préférence ira vers « Walk like a giant » et son petit motif sifflé (quand on a pas de sou pour une section de cuivres, on fait avec ce qu’on a !). Alors forcément, sortir un disque si hors norme, ça force un peu le respect. Comme on dit, y’a une démarche artistique là-dessous (je fais ce que je veux, faites pas chier), même si les effets de mixage sur la chanson titre sont franchement risibles. Tout de même, forever young, comme disait oncle Bob.

Bon, y parait que Ringo Star (72 ans aux baguettes) y va aussi de son nouveau disque… Mais j'ai décidé de me ressourcer chez les jeunes, comme Robin Thickle, le carton de l’été, avec son « Blurred Lines » (choisissez la version non censurée du clip…). J'ai écouté le 33 tours... euh, le CD. Bah, c’est quoi ce disque de disco, c’est IMAGINATION, CHIC ? C’est un vieux machin millésime 1975 aussi celui-là ? Non, c’est tout nouveau, inédit, comme le dernier DAFT PUNK… Finalement, les disques de vieux qui font de la musique de vieux, c’est cohérent !

Bon, on s'écoute quoi, du coup ? Allez, honneur au plus jeune, cousin Neil, avec "Walk like a giant"

6 commentaires:

  1. L'excellent et talentueux collègue te remercie de le citer.

    Néanmoins, il se demande si le non moins excellent et talentueux auteur de cette chronique n'a pas confondu un disque solo d'un ancien Beatles avec un groupe disco bas de gamme du début des années 80 ... ou bien est-ce mon Imagination qui me joue des (33)tours ?

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  2. Ce n'est pas "juste une illusion", mais bien une bonne grosse coquille ! Merci à toi, c'est corrigé !!

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  3. "Now What ?" - de Deep-Purple - m'a vraiment laissé sur ma faim. D'autant plus qu'avec Bob Ezrin à la production on avait droit à s'attendre à quelque chose d'un peu plus original, ou marquant.
    Pourtant Gillan chante bien
    Pourtant, Steve Morse a démontré qu'il pouvait réaliser de bons disques, comme "Bananas" (surtout) ou "Purpendicular". Alors que la période 80's du Pourpre Profond a bien mal vieillie.

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  4. Il y a des choses intéressantes, c'est plus instrumental, on sent qu'ils veulent explorer des trucs différents, il y a l'esprit prog, aventureux, effectivement, mais ça reste trop calibré. Et ça manque encore de spontanéité. De hargne. La volonté d'enregistrer en "live" n'a pas vraiment abouti, ça sent quand même bien l'ambiance studio. Mais rien de déshonorant. C'est déjà ça...

    La première bio en français du groupe vient de paraitre.
    Évidemment, je l'ai.
    Évidemment, je l'ai lue.
    Évidemment, à suivre dans le Déblocnot !


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    1. Heingue ? Que lis-je ? Vient de paraître ? Prévu pour le 22/08/13, si pas de retard de livraison chez les bons libraires, et déjà lu ?? Tu es toujours en Vacances ??? Depuis juin ????
      Il y a vraiment des accros du Pourpre-Profond !
      (commandé)

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  5. Il y a belle lurette que j'ai abandonné de laisser trainer mes esgourdes à DP, Mis à part Ian G. le reste c'est du balai de chiotte, Si vous avez envie d'être sur la béquille, allez voir mon dernier post sur un morceau de Santana, depuis... je m'astique le poireau en visionnant cette vidéo. Arf'

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