mercredi 3 juillet 2013

ROCK CANDY FUNK PARTY "We Want Groove" (2013) - by Bruno



     Là, vraiment, je ne peux que m'incliner bien bas. Tout en respectant le musicien et le compositeur, j'avais fini par me désintéresser de Joe Bonamassa. A part l'exceptionnel « Can't Explain », en collaboration avec Beth Hart (et ils ont remis ça), les albums surproduits de Joe, malgré de bons moments, me lassaient rapidement.
Or voilà que Joe déboule avec deux skeuds (scuds ?), l'un à la suite de l'autre. Imparables.
Peu de temps après le très réussi « A Evening Acoustic at the Vienna Opera », Joe dévoile une autre facette de ses talents.

Tal Bergman

     En intégrant une formation de Funk-Rock jazzy, Joe va en surprendre plus d'un avec ses cocottes et ses plans jazzy. Pourtant, il ne faudrait pas oublier que pendant plus de trois ans, Danny Gatton (1) fut le mentor du jeune Bonamassa, en lui inculquant les rudiments, voire la maîtrise, de plusieurs genre musicaux (dont le Jazz et la Country), afin de l'armer au mieux pour affronter une carrière professionnelle. Et ce, jusqu'au décès de Gatton.

Pas de musiciens à la p'tite semaine au sein de ce Rock Candy Funk Party (RCFP pour les intimes), ça joue et groove sévère, toujours avec une fluidité et une musicalité exemplaires.

Mike Melt


     La section rythmique, avec Tal Bergman (qui joue déjà dans le groupe de Joe) et Mike Melt, est impressionnante (branchez le caisson de basse !). 
Et plus particulièrement Tal qui allie la frappe brutale d'un John Bonham, le swing d'un Gene Kupra et d'un Buddy Miles, la pulsation d'un Stewart Copeland, le groove d'un Michael Shrieve. Voire la virtuosité d'un Ginger Baker. Aucun style de musique ne l'intimide. Son CV est impressionnant. Il est également, occasionnellement producteur (en tant que tel il a participé au grand succès commercial "Great American Songbook" de Rod Stewart), et c'est donc en toute logique qu'il s'est occupé comme un maître de ce "We Want Groove".

     Rock Candy Funk Party, c'est la rencontre entre The Meters et de Jing ChiScott Henderson et Sly Stone, John Scofield et Boneshaker, Led Zeppelin et Prince, Jeff Beck et Herbie Hancock
La couleur et la calligraphie de la pochette s'inspirent du « We Want Miles », le live de Miles Davis où officie Mike Stern et Marcus Miller.  Un hommage, ou une revendication, d'une forme de fusion.

     Pas de Funk du genre sirupeux, enrobé de nappages nauséeux et d'arrangements divers ; nous sommes conviés ici à une jam party de haute voltige, intensément organique et totalement festive, jouée par des cadors de Los Angeles, reconnus par leurs pairs : Renato Reno (Prince), Ron DeJesus (Tito Puente, The Emotions, Plant Funk), Tal Bergam (Bonamassa, Terence Trent D'Arby, Eric Johnson, Loreena McKennitt, Chaka Khan, Joe Zawinul, Rod Stewart, Simple Minds, Billy Idol - et même MC Solaar et LL Cool J -), Mike Merritt (Johnny Copeland, Shemekia Copeland, Odetta, Levon Helm, Johnnie Johnson).
Tal et Ron ont déjà collaboré ensemble : En 2007, ils réalisent "Grooove vol.1", disque de Funk-rock jazzy quelque peu éthéré.

Ron DeJesus


     "We Want Goove" c'est un groove imparable habillé de chorus alambiqués, jamais verbeux, ponctué de riffs venimeux. Des compositions qui ne tournent pas en rond, semblant en perpétuelle évolution ou mutation.
C'est fluide et fort d'une belle cohésion. 
Non sans réelle surprise, car la formation existe déjà depuis quelques temps, et s'est rodé dans des clubs. Avec Alan Schierbaum aux claviers (que l'on retrouve sur le "An Ascoustic Evening at the Vienna Opera House". et le "Don't Explain" avec Beth Hart), à la place de Reno. Le jeu de Schierbaum ne donne guère l'impression d'être en-deçà de celui de Reno, et en plus il chante (bonne cover de "I'm a Man" de Traffic sur le net) ; alors pourquoi n'est-il pas présent ?

Faites chauffer votre ampli, montez le son et ouvrez les fenêtres : cela permettra d'atténuer la morosité ambiante.
Notons que le remuant "Spastazics" a bien des airs de Robin Trower. Si, si. Et on s'attendrait presque à entendre James Dawear venir pousser la chansonnette.
Et sur "Animal/Work", après le défoulement de Tal sur ses fûts (robuste la batterie) la rythmique prend des allures que Michael Jackson n'aurait pas renié ; mais attention, c'est du cossu.

Dans ce lot de Rock fusion Jazzy-Funky, deux titres, « Best Ten on Your Life » (qui débute comme un chorus de Santana ère 80's) et « New York Song », se prélassent dans une ambiance lounge ; de la cooltitude pour ambiance feutrée, voire romantique, lumière tamisée, un bon vin, seul ou bien accompagné...

Renato Reno


     Encore un album instrumental (décidément depuis quelques mois, il en sort de tous les côtés ; si cela continue, il y a des chanteurs qui vont se retrouver au chômage), toutefois celui-ci fait partie du cercle fermé où l'absence de chanteur ne se fait jamais sentir.

Un disque simple, frais et rafraîchissant  où il est évident qu'il n'y a eu aucun plan marketing, où transpire le plaisir de jouer dans un respect mutuel (sans conflit d'égo).

Le collectif a fait le choix de ne pas enregistrer une seule chanson. Une démarche plutôt anti-commerciale, alors qu'en concert il ne s'en prive pas. Toutefois, Joe Bonamassa s'empare du micro seulement sur des reprises, et non sur du matériel original. A noter que pour ses covers RCFP semble puiser principalement dans un répertoire Blues / Blues-Rock, dont les improvisations se parent de couleurs jazzy.

En bonus un DVD présentant le "Making Of" (bouah...), des extraits du travail en studio (épisode 1 & 2), et le clip. Rien de transcendant.



(1) Danny Gatton, né le 4 septembre 1945 à Washington DC, et décédé le 4 octobre 1994 à Newburg (Maryland) à 49 ans. D'un état dépressif depuis quelques années, il aurait mit fin à ses jours. Tout comme Roy Buchanan, il était considéré comme un maître de la guitare. Et également comme Roy, sa guitare de prédilection était la Telecaster. Il excellait en Country, Jazz et Rockabilly, et il abordait aussi le Blues avec maestria.
Aujourd'hui encore, il est cité parmi les meilleurs guitaristes. 




Joe Bonamassa squatte les pages du Déblocnot' (voir les articles suivants) :
Joe Bonamassa "An Acoustic Evening at the Vienna Opera House" (2013)
Joe Bonamassa & Beth Hart "See Saw" (2013)
Joe Bonamassa "Dust Bowl" (2011)
Joe Bonamassa & Beth Hart "Don't Explain (2011)
Black Country Communion (2010)

Article initialement paru dans la revue BCR

6 commentaires:

  1. gege_blues3/7/13 22:25

    Un album qui groove grave ! Joe Bonamassa s'aventure dans des contrées jazz funky comme l'a fait Robben Ford avec Jing Chi, deux guitaristes hors pair qui ose tout ! c'est génial quand même !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. gege_blues3/7/13 22:28

      Mince la grosse faute "qui osent tout ..."

      Supprimer
  2. Alors ça .. Ça me plait gravement !!

    RépondreSupprimer
  3. J'ai écouté une première fois vite fait le jour J0 sur Deezer, ça m'a plu moyen.
    J'ai réécouté le matin du jour J+1, j'ai adoré et commandé.....
    Toujours se méfier des premières impressions et des écoutes distraites

    RépondreSupprimer
  4. On va finir par réussir à le dévergonder le m'sieur Claude.

    RépondreSupprimer
  5. Il y a bien longtemps que je n'avais plus eu de nouvelle de ce super batteur. Et quand ça groove comme ça, je sais ce qu'il me reste à faire. Je prends !

    Vince

    RépondreSupprimer