jeudi 23 mai 2013

HOMMAGE à RAY MANZAREK des DOORS (1939 - 2013) : VOX POPULI


Il va falloir s'y faire, tous nos héros des sixties et des seventies, enfin ceux qui restent, tirent leur révérence les uns après les autres, hier Alvin Lee (Ten Years After), et aujourd'hui c'est Ray Manzarek, clavier et co-fondateur des Doors, un des groupes emblématiques de la contre culture des années 70, qui vient de franchir la porte, à 74 ans.
Ray Manzarek nait en 1939 à Chicago, puis étudie à Los Angeles. Il y joue aussi dans un groupe avec ses frangins, Rick & the Ravens. Mais sa vie bascule en 1965 lorsqu'il rencontre un autre étudiant, un certain Jim Morrison. La suite on la connait, les discussions sur la plage de Venice, la fondation des Doors, groupe qui s'éteindra en 1973, 2 ans après le décès de Morisson à Paris, laissant 6 albums studios, un live, le dantesque "Absolutely Live" et surtout une légende, autour de la personnalité et des frasques de son leader.

Manzarek ne faisait pas des prouesses comme certains de ses confrères, Rick Wakeman, Jon Lord, Keith Emerson, et pourtant, il restera dans l'histoire de la pop comme un des claviéristes les plus célèbres. Parce qu'il avait trouvé un son, qui presque 50 ans plus tard reste attaché au nom d'un groupe : The Doors. Précisons tout de même que l'ambiance sonore de ce groupe tient aussi à John Densmore, la batteur, et à Robby Krieger, le guitariste. La caractéristique de ce groupe, on la connait. Pas de bassiste. Au moins sur scène, et sur les premiers enregistrements studios. Donc Ray Manzarek jouait de la main gauche les lignes de basse sur un petit claviers Rhodes (deux octaves et demi) et de la droite, jouait les solos ou les lignes rythmiques sur un clavier Vox Continental. Ce mardi matin sur France Inter, le journaliste lance un extrait de "Riders on the storm" pour illustrer ce propos. Mauvaise pioche ! Si Manzarek a illuminé ce morceau par son long chorus de claviers, terminé par la fameuse cascade de notes, comme une pluie fine, il jouait sur cet album du piano, ou de l'Hammond, ou du Rhodes, et avec un bassiste de session. Donc, non "Riders" n'est justement pas emblématique du son du groupe ! Il faut plutôt aller chercher parmi les premiers enregistrements (dont le "Light my fire" servi avec un autre grand solo) ou les prestations live. Et ça tombe bien, nous avions évoqué ici le "Absolutely Live" lien vers l'article : Jim Morrison est mort il y a 40 ans.

clavier basse "Rhodes"
Une ligne de basse très caractéristique, simple, dépouillée, qu'on retrouve sur une grande majorité des titres du groupe, tin tin tin (je monte) tin tin tin (je descends) tin tin tin... et des chorus qui empruntent autant au blues, au jazz, aux citations classiques, avec une grandiloquence assumée, et toujours ce côté cabaret, forain, théâtrale, lorsqu'il s'agissait d'illustrer musicalement les tirades ou les sketches de Jim Morrison (on pense à "Unknown soldier").

Moins charismatique, enflammé et destroy que son copain Jim Morrison, Ray Manzarek marque les images du groupe par sa tenue en scène. Le dos voûté sur son petit clavier, la tête pivotant frénétiquement de gauche à droite, le pied marquant les temps, la mèche blonde cachant le regard surmonté de lunettes finement cerclées. Une pose recroquevillée, presque autiste, intériorisant sa musique, aux antipodes du battage forain de son chanteur ! Mais le surveillant d'un oeil, pour réagir, répondre aux élucubrations et impros incontrôlables de Morrison ! Manzarek c'était l'aîné, presque le chef, plus que la tête d'affiche. Dans toutes les interviews qu'il a données, on ressent son admiration sans borne pour Jim Morrison, une quasi dévotion. Dès lors, après le décès de Morrison, la carrière musicale de Manzarek n'a pas été simple. Non pas qu'il n'eût pas le talent nécessaire. Mais comment se défaire de cette image tutélaire, et surtout, comment la faire oublier aux fans ?! Densmore Krieger et Manzarek sortiront bien 2 albums sous le nom des Doors, en 71 "Other voices" et l'année suivante "Full circle", avec Manzarek au chant, mais il manque quelque chose et le public ne suit pas.

Manzarek et Robby Kreiger ont donc rapidement compris que pour remplir les salles, exister comme musiciens, cela ne devait passer que par The Doors, et leurs succès passés, avec des tournées hommages. Le batteur John Densmore, lui, n'était pas de cet avis, et a préféré tourné la page une bonne fois pour toute. Tout ce petit monde finira devant les tribunaux, Densmore obtenant l'interdiction que les deux autres utilisent le nom des Doors. Ils se rebaptiseront donc "The Doors of 21st century" puis "Riders on the storm" (avec Ian Astbury (du groupe The Cult) au chant) ou tout simplement "Manzarek-Krieger". Il se dit que John Densmore avait consenti à rejoindre ses compagnons sur scène prochainement, mais une tumeur au cerveau en a décidé autrement.

Ray Manzarek a aussi enregistré sous son nom, en 1973, l'étonnant "Golden Scarab", album concept un peu allumé aux rythmes exotiques, où l'on croise Larry Carlton ou Joe Walsh, et en 1974 "The whole thing started with rock'n'roll now it's out of control". C'est là qu'on voit à quel point Manzarek incarnait le "son" Doors, sur ces enregistrements, sur quelques notes d'orgue on croit vraiment écouter des inédits des Doors, même si la musique proposée s'écarte de celle du groupe. Il y aura aussi deux albums avec le groupe Nite City en 1976-77. En 1983 il enregistre sa version de "Carmina Burana" de Carl Orff, en collaboration avec Philip Glass, dans laquelle il s'éclate à l'orgue.

Ray Manzarek aura également eu des activités de producteur, a joué avec le groupe anglais Echo and the Bunnymen qui en 1987 ont repris "People are strange". Toujours pour maintenir haute la flamme et la renommée de héros Morrison, il publie en 1998 la biographie du groupe : "Light in fire : my life with The Doors", titre français "la véritable histoire des Doors".


RIP RAY. THE MUSIC IS OVER.

Je sais, pas très original, mais on ne pouvait pas y couper... "Light my fire" en 1968, Los Angeles. Et euh, pardon, mais... c'est quand même un putain d'morceau !!
puis un extrait du "Golden scarab", un peu barré certes, mais quel son! 

 

1 commentaire:

  1. Juste pour rajouter un autre nom à la liste.....La mort de Bob Brozman, le 25/04 dernier, c'était un grand du blues et de la rootmusic, as de la national-steel et du dobro.

    RépondreSupprimer