- Ben qu'est ce qui vous arrive Sonia, vous en faites une tête
- Ah M'sieur Luc, vous avez vu Monsieur Rockin ce matin ?
- Euh non pas encore, pourquoi ?
- Il a les cheveux verts ! et dressés sur la tête ! Et il passe son temps à chanter à tue tête "c'est un monde de fous ah ah ah ahah ...". Je voulais lui faire signer une facture, il l'a déchirée en criant "no future!" qu'est ce qui lui prend ?
- Ah ! je crois comprendre... c'est pas lui qui devait écouter le dernier Pat Kebra?......
Ça ne se voit pas forcément comme ça, à me voir en quadragénaire respectable, membre du comité de direction du Deblocnot, attaché case, Audi A6 de fonction et secrétaire (très) particulière, mais j'ai eu ma période punk, première moitié des années 80, sans l'iroquoise verte, mais avec quelques tee shirt des Clash, et ceux qui passaient par ma caisse pourrie avaient souvent droit à quelques K7 des Ramones, Damned, Clash, Pistols, et des groupes frenchies qui dépotaient aussi comme les Bérus (Beruriers Noirs), Parabellum, La Souris déglinguée, les Sheriff ou encore Oberkampf. Certes musicalement ça n'était pas toujours très élaboré et 30 ans plus tard cela peut faire sourire la "génération Star'ac", mais au moins ceux là contrairement à tous les neuneus qui squattent nos ondes avaient quelque chose à dire et une certaine conscience sociale, un besoin viscéral de démonter les vieux modèles et gueuler leur rage contre l'establishment de ce monde de merde, qui ne s'est pas arrangé depuis d'ailleurs. Si le mouvement s'est quelque peu essoufflé, il a marqué les esprits et son influence perdure dans la musique et dans d'autres domaines et il est loin d'être mort, voir le succés de groupes comme Green Day ou Offspring, encore que... Ces néo-punks qui remplissent les stades le sont-ils vraiment ? Mais c'est un autre débat...
le coeur sur la main... |
Voila les souvenirs qui me venaient en tête quand j'ai reçu ce CD de Pat Kebra, co-fondateur et ex guitariste d'Oberkampf justement, un des groupes phares du mouvement en France au début des 80's jusqu'à sa séparation en 1985, sortant au passage quelques disques dont le mythique PLC ("Plein Les Couilles"..)(83). Si Oberkampf s'est reformé dans les années 2000 autour de son chanteur Joe Hell, Kebra après une quinzaine d'années hors de la musique a repris la route, d'abord avec un groupe éphémère, "Futurs ex" puis en solo et sort en 2011 l'album "Le coeur sur la main" puis en 2013 ce tout frais "Décoffrage", dont la jaquette signée Thierry Guitard (illustrateur, pour Rock&Folk, Libé, Manœuvre, auteur de BD) mets dans l'ambiance, évoquant lavage de cerveau ou lobotomie des masses..
Cet album a été mis en boite en 5 jours dans les conditions du live, et brut de décoffrage, (d'où le titre) par Pat (guitare/chant) et les 2 accolytes qui l’accompagnent également sur scène, Rascal à la batterie et Loulou à la basse, autant dire que la machine est bien huilée.
Mais on cause on cause et il serait temps d'écouter ça! "One two free for" comme diraient les Ramones! Pied au plancher qu'on commence avec "Maximum" une reprise...d'Oberkampf, un hymne à changer le monde "Nous voulons le maximum, rien d'autre et rien que ça" (tiens ça m'évoque "we want the world et we want it now" de Jim Morisson (Doors, "When the music'over)), et nous voila déjà à pogotter et chanter le refrain à tue tête; musicalement tout est en place, une rythmique brutale, qui roule toute seule avec un batteur possédé qui maltraite ses fûts, une guitare nerveuse qui vrille à grands coups de distorsions et une voix puissante qui arrive à prendre le dessus et se faire entendre au dessus de la mêlée.
Voici ensuite de nouvelles compos, le sarcastique et désabusé "Le temps des promesses" mais gardons le moral avec "Envie de rire" (plage 3), titres qui dénotent au passage une vraie qualité d'écriture ("Seul dans la ville au milieu des ombres, une lumière dans la nuit qui tombe, et puis soudain naissent les envies, envie de vivre, envie de rire"). Aprés 2 titres bien rock "Le dernier orage" ou "Signe de terre" qui rappellent que dans "punk-rock" il y a "rock, on plonge dans "Un monde de fous", un hymne assez irrésistible que j'ai du mal à me sortir de la tête; c'est un titre du précédent album de Pat, tout comme "Face à face", qui ont été retravaillés après 2 ans de tournée. Nous aurons encore 3 nouvelles compos ("Si c'est ça le paradis!", "Nuit d'ivresse", "Tes rêves mecs!"), une reprise de l'hymne d'Oberkampf "Couleurs sur Paris" où l'influence des Clash saute aux oreilles et puisqu'on évoque Clash, Pat nous gratifie d'une cover explosive de "Janie Jones" (le premier titre du premier album des Clash, 1977) conclue par un "merci Joe Strummer".
Et moi je dis merci Monsieur Kebra pour cette bonne tranche de rock'n'roll sans fioritures qui prouve que le temps n'a pas affecté vos humeurs vindicatives et qui m'a procuré un bon bain de jouvence, et rester jeune dans sa tête, avoir toujours des révoltes, c'est rester en vie! Oi!
le site de Pat pour se procurer ces autoproductions, en beaux digipack svp: patkebra.com
on écoute "le temps des promesses" avant de se quitter (momentanément) :
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