samedi 9 février 2013

SHAKESPEARE In Music – être ou ne pas être - par Claude Toon



- Bonjour M'sieur Claude, cette tête me dit quelque chose, mais pas un compositeur… ou alors… un sosie ??
- En effet, bien vu Sonia, c'est un portrait de William Shakespeare…
- Ah ah, vous allez nous parler de Roméo et Juliette, West side Story qui en est inspiré, etc. ?
- Non, j'ai déjà écrit sur l'histoire des deux tourtereaux maudits, mais le dramaturge a été une source inépuisable pour les musiciens de tous les genres…
- Oui je vois, La Tempête ou Hamlet, le crâne, etc.  Il y a quelque chose de pourri au royaume du Deblocnot hi hi hi….
- Attention que Monsieur Luc n'entende pas cette vanne… Oui un petit parcours dans tout cela… allez, musique…

Hamlet, de Tchaïkovski à Johnny



Même pour ceux comme moi qui n'ont jamais vu ou lu la pièce, Hamlet est à Shakespeare ce que l'expression "il était une fois" est aux contes de fée, ou encore aux titres des films de Sergio Leone qui ont un coté Shakespearien… Tout le monde sait qu'il y a un crâne, quelque chose de pourri au royaume de Danemark, et non pas au Deblocnot (Tss Tss), et la question métaphysique "être ou ne pas être"… Est-ce que je sais moi ?

Il y a une trentaine de personnages dans ce drame, le plus développé de l'écrivain. C'est un pot-pourri de trahison, de jalousie, de vengeance et de mort brutale, évidement. On avait vu à quel point l'autre grand "tube" de Shakespeare, "Roméo et Juliette", avait été cloné dans tous les genres musicaux, avec même des titres en réserve pour plusieurs chroniques. C'est un peu la même chose pour Hamlet. Cette sombre affaire se devait d'inspirer en prime time les compositeurs romantiques. Tchaïkovski a écrit 3 "ouvertures-fantaisies", terme qui me fait marrer si on regarde la noirceur peu fantaisiste des tragédies mises en musique. On est face à de très beaux poèmes symphoniques de 25' environ, donc pas vraiment des ouvertures écrites à l'arrache. C'est du beau, du grand Tchaïkovski avec ses couleurs sombres, violentes, ses thèmes  élégiaques. Nous écouterons Leonard Bernstein diriger le Philharmonique de New-York.
On s'est récemment chamaillé gaiement dans le blog à propos de "Opera-Rock" comme AOC. C'était un style à la mode en ces années 70 et en 1976 Johnny Hallyday se lance dans un double album (son premier double sur 22 albums) d'une adaptation pas très fougueuse d'Hamlet. Ça ferra un bide. Notre Johnny, homme à femmes devant l'éternel, sanglote sur la pauvre Ophélie qui se noie si mes souvenirs sont bons. C'est autant du Rock que le concerto d'Aranjuez est du Heavy Metal, mais nostalgie quand tu nous tiens. Plus pompier et creux tu meurs ! Johnny chante qu'il a aimé Hamlet sans savoir pourquoi ! Nous non plus… J'aime bien le Jojo, mais là, sa philo est légère… légère. Le Prologue est irréel... Schopenhauer a du souci à se faire, enfin pas trop, mdr…
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La tempête et le Songe d'une nuit d'été



La Tempête est une tragi-comédie qui donne la part belle à la magie, au rite initiatique. La pièce s'ouvre sur une tempête qui jette sur une ile étrange un navire transportant le roi de Naples. Comme toujours chez Shakespeare, traîtrise et vengeance s'opposent. La magie apporte la féérie. La Tempête est encore une pièce qui a inspiré littérateurs et compositeurs. Pour rester dans le contexte musical, on pense d'emblée à la sonate N°17 "Tempête" de Beethoven, un petit opéra de Purcell et de nouveau à l'ami Tchaïkovski… Les premières mesures de La Tempête distillent un mystère glaçant hallucinant. C'est une page moins connue que les deux autres "Ouverture-Fantaisie", et pourtant, je me demande si ce n'est pas la plus riche, la plus bouleversante ? Question de goût évidemment. C'est Claudio Abbado qui dirige l'orchestre Symphonique de Chicago.

Le songe d'une nuit d'été est l'une des pièces les plus enchanteresses de Shakespeare. Musicalement, on pense immédiatement à Felix Mendelssohn et à sa musique de scène éponyme. C'est sans doute la "marche nuptiale" qui, faisant les choux gras des sorties de mariages peu imaginatives, a rendu aussi célèbres cette partition fantastique et virevoltante. A noter que Mendelssohn (1809-1847) n'a pas encore eu un article dans le blog. Je suis impardonnable, mais ai planifié le "concerto pour violon" et précisément "Le songe d'une nuit d'été" pour cette année… Dans la délicieuse comédie de Woody Allen "comédie érotique d'une nuit d'été" que je recommande aux cinéphiles qui ne l'auraient pas vue, c'est la musique de ce grand compositeur du début du romantisme qui illustre le film sous la baguette de Leonard Bernstein
À défaut de disposer d'extraits des versions de légende par Klemperer ou Kubelik, je vous propose une très honorable version par l'Orchestre de Nouvelle-Zélande conduit par James Judd (Naxos). On écoute l'ouverture et bien entendu la marche nuptiale… vive la mariée…

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Macbeth, Richard III et Cie




Vous savez quoi ? C'est dingue les concours de circonstances. Sur A2 à midi, ils ont annoncé que l'on avait retrouvé et authentifié le crâne du despotique Richard III (1452-1485). Et j'apprends cela pendant que je bosse sur le sujet ! C'est fou !
- Claude, ne le prend pas mal, mais on s'en fiche un peu de cette info…
- Heuu, oui Rockin', mais avoue que les crânes ont un sacré rôle dans cette chrânique
- Eh Luc, c'est Rockin', C'est quoi cette passion nouvelle de Claude pour les crânes…
- C'est l'âge, il se projette dans un avenir proche peut-être, ah ah…
Macbeth et Richard III ont été très bien servis au cinéma. Macbeth, encore une tragédie entre grands de ce monde, avec des éléments surnaturels pour épicer l'intrigue. Et bien entendu, nous avons des opéras, des films, des musiques inspirées du drame. Verdi a écrit un de ses opéras les plus connus, avec un des plus beaux rôles féminins du répertoire, celui de Lady Macbeth. Je vous propose d'ailleurs d'écouter Sherrill Milnes dans l'air célèbre du somnambulisme où ladite Lady revit en songe ses turpitudes. Le New Philharmonia est dirigé par Riccardo Mutti.

Pour le film historique Macbeth d'Orson Wells, c'est le compositeur français Jacques Ibert qui fut sollicité. (il faudra que je vous parle un jour de sa poétique musique de chambre). La B.O. originale n'est pas disponible, mais la suite qui en a été tirée a été enregistrée par l'orchestre de Bratislava grâce au petit label Marco Polo. Composée en 1948, cette musique se veut résolument moderne et il en émane un climat médiéval teinté d'étrangeté.

Et puis un compositeur anglais, William Walton, peu connu en France (c'est dommage) a écrit diverses musiques de films dont deux pour Macbeth et Richard III. Je ne sais pas pour quelle production de Macbeth, mais pour Richard III, c'est pour celle de et avec Laurence Olivier (un habitué) que la partition a vu le jour en 1955. Neville Marriner a enregistré quelques-unes de ces musiques avec son Orchestre de l'Academy of Saint Martin in the Fields. On écoute un extrait : la mort de Richard et le final. Le compositeur british a réussi une synthèse dans une page aux accents pathétiques et hollywoodiens mêlés…

Ah, puisque l'on parle cinéma, en 1998, John Madden a réalisé Shakespeare in Love, un biopic très romancé de la vie de Shakespeare à l'époque où il écrit "Roméo et Juliette". La musique de Stephen Warbeck n'échappe pas complètement au banal standard hollywoodien mais invite au rêve….

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Vidéos




J'aurais aimé pouvoir présenter quelques extraits d'opéras de Verdi qui a beaucoup composé autour des tragédies de Shakespeare, c'est plus vivant. Manque de chance, les quelques vidéos disponibles sont des productions, soit mal chantées, soit, c'est du dernier chic, sont tournées dans le noir avec des échafaudages de chantier ! Tous les amateurs gueulent sur ces mises en scène grotesques, et en première ligne, les revues musicales. Y'en a marre de Don Juan de Mozart façon Star Trek ou le Chevalier à la Rose de Richard Strauss dans les Docks crasseux de Baltimore ! Grrr !!  Même avec une lampe de poche sur l'écran on ne voit pas mieux. Fin du coup de gueule !
Bon, on se console avec deux airs superbes : Maria Callas dans l'air de Desdemona "Ave Maria" d'Othello ; puis en joker Kathleen Battle, l'extravagante diva Afro-américaine dont j'avais déjà parlé. Elle chante ici divinement un air de Béatrice et Bénédicte d'Hector Berlioz, "Je vais le voir…", un opéra inspiré de la comédie Beaucoup de bruit pour rien

3 commentaires:

  1. Pat Slade10/2/13 18:20

    Géniale chronique et… pas chiante parce que quand on parle de Shakespeare, tous de suite, on pense à un auteur très hermétique. Je regrette que tu n'es pas mis un extrait de l'ouverture "Roméo et Juliette" de Tchaïkovski, mais "Roméo et Juliette " a tellement été repris (Prokofiev, Berlioz), qu'il y faudrait une chronique entière.
    Mais je suis super content d'entendre du Jacques Ibert que j'aime beaucoup et dont malheureusement on ne parle pas assez (écoute "divertissement", j'en ai une vieille version par Jean Martinon avec l'orchestre de la Société des concerts du conservatoire, collection "Ace of Diamond" disque BIEM, donc d'avant 1968, puisque après ils étaient tous estampillé SACEM.

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  2. Merci Pat… mais un peu d'attention et de mémoire que diable ;o)
    Le 3 novembre a été publiée par les soins du Toon une chronique entièrement consacrée à "Roméo et Juliette" dont l'ouverture-fantaisie de Piotr-Illich… dirigée par Karajan himself…. Et Plein d'autres musiques dont Berlioz (3 extraits) et les must du ballet de Prokofiev… West Side Story… etc…

    Tss Tss, ça sent la vieillerie…
    RDV : http://ledeblocnot.blogspot.fr/2012/11/romeo-et-juliette-leur-histoire-en.html

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    1. pat slade11/2/13 08:19

      excuse moi!Je m'en suis rappelé après avoir envoyé mon commentaire !

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