jeudi 7 février 2013

LE HARD FRANCAIS, ou "Rock Fort" par Pat Slade et Vincent


- brouhaha… Mais non Décon' pas… c'est Judas Priest… brouhaha… Ouais mais les gars de Nightmare ne sont pas morts que je sache… brouhaha…
………………….
- Dite Sonia, mon petit chat, c'est quoi ce tohubohu au bout du couloir de la rédaction ?
- Ah, Monsieur Claude, Je crois que c'est Monsieur Pat et Monsieur Vincent qui essayent d'écrire à deux une chronique sur le Hard Rock Français…
- Ma parole, à les entendre, on pense à la guerre des tranchées…
- Ô vous les connaissez, ils ont le tempérament bouillant, du métal en fusion hi hi hi… Mais il y a plus drôle Monsieur Claude…
- Quoi donc ?
- C'est vous qui devez faire la maquette de publication…
- Waouuuu, sympa les copains, alors technique de l'interview oblige, en mode "chacun son tour" …


À qui la Paternité du Genre ?



- Bon du calme les gars, allez Pat t'as eu l'idée du billet, alors tu démarres…
Black metal, Speed metal, Heavy metal, Hair metal, Death metal, Gothic metal, Trash metal, … etc… etc ! A croire que le rock s’est reconverti dans la métallurgie depuis la fermeture des hauts fourneaux. Dans les années 70, des groupes ont commencé à monter le son de leurs amplis, et à brancher leurs guitares sur des pédales de distorsion, le hard rock naissait. Les britanniques peuvent-ils se définir comme créateur de cette musique avec Deep Purple, Led Zeppelin, Black Sabbath et Judas Priest ? Les américains peuvent-ils aussi en revendiquer la paternité avec Grand Funk Railroad ? (En 1970, selon la légende, ils jouaient tellement fort que l’on parlait de saignement d’oreilles dans le public.)
Mais dans tout ça, et le hard rock français ? Existe-t-il ? Oui ! Le hard rock français existe bien ! Il est loin d’être au niveau de ses voisins anglo-saxons, mais il continue à faire son petit bonhomme de chemin. (Uniquement au niveau hexagonal évidement, ou plutôt malheureusement.) Question à cent balles : qui peut revendiquer le titre de premier groupe hard en France ? (J’attends des réponses des connaisseurs ne sachant pas trop exactement, même si le début du hard rock était le rock garage dans les années 60.) Je pense que certain lecteurs vont penser et dire Trust ! Eh bien non ! Je pense que le plus ancien, après recherche est Océan, groupe formé en 1974 par Georges Bodossian où évoluera Jean-Pierre Guichard l’ex-batteur de Ange et l'excellent chanteur Robert Belmonte disparu en 2004. Nous avons déjà évoqué ce groupe dans ces colonnes avec notamment une longue interview de Georges Bodossian (clic!). Bruno après fouilles archéologiques et 33 tours datés au Carbone 14 fait lui remonter la genèse du fench rock couillu aux Variations (fin des  sixties), ces derniers dans un genre toutefois plus heavy blues à la Led Zep/Cream que proprement "hard", mais il nous en parlera bientôt plus en détail je crois.

- Vincent ? Une remarque sur ce préambule ?
Tout à fait d'accord pour l'influence de Black Sabbath et Judas Priest. De suite, je tiens à rectifier la chose suivante. Aujourd'hui, le Metal pratiqué par certaines formations hexagonales rivalise aisément aux côtés d'autres formations de renom international (j'y reviendrai).
Il est tout aussi vrai, qu'en France, espérer vendre plus 20 000 copies de son petit dernier quand on joue ce style de musique, reste une utopie. Pourtant, aux vues de l'affluence et de la notoriété qui est désormais celle du plus grand festival français qui n'est jamais existé chez nous (le Hellfest de Clisson), on est légitimement en droit de se dire que les adeptes de ce style sont, eux, loin d'être une minorité. Des centaines de milliers à dire vrai.
- Intéressant, mais ce n'était pas tout à fait la question…
Non, mais c'est ma réponse…


L’Après Punk



Le hard rock made in France a commencé à sortir de son ghetto et à pousser sa gueulante après que les punks aient eu ce qu’ils demandaient au Gibus ou dans d’autres salles parisiennes où les samedis soir le pogo faisait fureur : "No Futur". Les crêtes retombaient  et les cheveux poussaient en cachant les yeux des musiciens. L’odyssée capillaire hard était née. Les premiers à sauter le pas seront Shakin street.
Né dans les années 70, ce groupe comptera dans ses rangs des noms comme Louis Bertignac et Corinne Marienneau (Téléphone), Norbert Krief (Trust) et Ross the Boss (Manowar). Fabienne Shine, la chanteuse du groupe, apprend la guitare avec Jimmy Page. Le groupe effectue des tournées avec AC/DC, Blue Oyster Cult et Black Sabbath.

Et puis arrive Trust, le groupe fera exploser les postes de télévisions avec un Bernie Bonvoisin (alias Bernie) gueulant "Antisocial". Bonvoisin, cracheur de décibels, admirateur et pote du regretté Bon Scott le beuglant d’AC/DC.

Trust, un groupe qui pour son deuxième album "Répression"  reprendra des mots de "L’instinct de mort" le livre de l’ennemi public n°1 de l’époque Jacques Mesrine dans un titre "Le Mitard".


Après plusieurs séparations et reformations, le duo Bernie et Norbert Krief (Nono) continue de répandre des cas d’acouphène sur les routes de France. Les derniers groupes à avoir fait du Hard en France seront (A mon avis !) Satan Jokers et Warning. Ce dernier qui, d’un premier album hard, se détournera dans le heavy sur le second. Trois ans de vie, trois albums, la comète de Halley du hard rock français. Satan Jokers durera plus longtemps, après une dissolution en 1985 le groupe ce reformera en 2009 autour de son chanteur de toujours  Renaud Hantson, ils ont depuis sorti 3 albums dont récemment le dernier "Psychiatric" .

- Vincent ? Un complément, une idée….
No ! it's good Mister Elkabbachtoon !!!


Du Hard-Rock au Heavy Métal, Il n’y a qu’un pas



- Pat, on t'écoute sur cette transition...
A croire que le Hard-Rock est un genre de musique morte et enterré ! Les groupes de rock fort vous servent sur un plateau du heavy à toutes les sauces. Je commencerai par Blasphème avec Marc Ferry et sa voix au aigües qui décrochent les toiles d’araignées… suivi de H-Bomb, les parigots du heavy, qui feront une petite mais belle carrière et puis mes préférés : Vulcain :

Le groupe des frères Puzio, Daniel guitare et chant et Vincent à la basse, groupe surnommé le «Motörhead français» après la sortie de son premier album en 1984 «Rock’n’roll Secours» et aussi à cause de la voix de Daniel Puzio qui rappelle beaucoup celle de Lemmy Kilmister le charismatique chanteur de Motörhead.

Le groupe Motörhead avec qui d’ailleurs ils tourneront en première partie en 2010. Pour l’anecdote, Vulcain à fait une reprise personnelle de «La digue du cul» dont à chaque fin de concert, ils font chanter la chanson originale à leur public.
+++++      (Éloignez les enfants du PC…)
Les trois groupes ci-dessus cités, étaient le 9 juin 1984 au 1er et unique festival de Hard-rock français de Brétigny sur Orge (j’en sais quelques choses, j’y étais et j’y habite !). Pour faire dans un autre genre, le speed métal avec ADX, un nom tiré de l’abréviation Acier DouX. Je ne suis pas un dingue de ce genre de musique, mais je dois avouer qu’ils savent bien mélanger une musique toute en puissance avec des mélodies appropriées.

- Oui Vincent, tu veux ajouter quelque chose sur la genèse du mouvement "heavy metal"…
Juste un mot : en matière de ramifications du terme généraliste Heavy Metal, Speed, Trash, Power, Death et Black me semble être les principaux.


Les Forçats du Hard



Je n’ai pas parlé de groupe comme Headline, les basques de Killers (Avec une discographie impressionnante), Nightmare… 

Et puis il y a aussi tous ceux qui resteront dans l’ombre n’ayant pas réussi à percer suffisamment pour avoir une place sur le devant de la scène malgré un album ou deux à la clé comme Karoline, Speed Queens avec la voix très rock’n’roll et sexy de Stewie  Présence ou encore Sortilège.


- Ah je vois Vincent qui fait la moue… Tu contestes…

Je pense que ce n'est pas parce qu'elle n'a pas la couverture médiatique d'autres mouvances musicales, que l'on doit dire que la scène Hard et Metal se meurt en France. La preuve, GOJIRA, des gars de Bayonne ont même tapés dans l'oreille de James Hetfield (Metallica), à tel point que le groupe des frères Duplantier s'est vu offrir l'opportunité d'ouvrir pour le monstre en plusieurs occasions (au stade de France notamment - rien que ça !).
N'oublions pas en effet comme le mentionne Pat les très productifs Grenoblois de NIGHTMARE. Et puis, avec leur dernier album sortie en 2012, les frères Amore (restons en famille), depuis leur reformation au début 2000, attestent plus que jamais de leur foi en cette musique.


- Oui Pat, un dernier mot…

Alors pour conclure, je réaffirme que en France le hard-rock existe bien même si il a dérapé un peu vers le métallique, mais bon !! Faut bien que les choses évoluent.
Pour finir, trois vidéos avec "22" de Vulcain, Warning "Rock city" et ont finira par Trust  et "Antisocial" bien sûr.


- Heuu oui Rockin' nous rejoint avant de rendre l'antenne….
- Oui merci les gars pour ce débat constructif et courtois, et voici un diagramme simple pour que nos lecteurs s'y retrouve. La caméra, un pti' zoom merci…c'est plus clair, non?

11 commentaires:

  1. Pour avoir fréquenté quelques studios de répétitions en région parisienne, je peux témoigner de la vivacité de la scène Métal ! C'est dingue ! Toi, t'es le seul gus à venir avec des partitions de Wes Mongomery ou Coltrane, et 99% des autres sont tous arnachés de cuirs cloutés, et défouraillent du heavy métal. On se sent un peu seul parfois... Mais ce qui est bien, c'est le respect et la curiosité envers la musique des autres.

    Concernant l'audience de cette musique, certains ne souviennent sans doute de "Fifi 59" qui sur un site "concurrent" était le plus lu, avec des chroniques 100% heavy...

    RépondreSupprimer
  2. pat slade7/2/13 16:17

    tout a fait d'accord avec toi Luc ! Quand j'ai commencé à gratouiller ma guitare,mon repertoire avec le groupe avec qui je jouais à l'époque était des reprises de Santana,des Shadows et autres groupes progressif. Je me souviens d'un groupe de hard de la région qui s'appelait "Cyclop" et jamais il n'y a eu d'animosité entre nous ! c'est ça la différence entre la musique et tout autre forme de language,le respect !

    RépondreSupprimer
  3. J'ose espérer qu'il y aura une "part" supplémentaire car il y a de sérieuses lacunes et des oublis regrettables.
    La scène Hard Rock "made in France" comme dirait un de nos ministre à un spectre beaucoup plus étalé et OCEAN n'est pas le précurseur dans le phénomène Hexagonale...
    Mais la mise en page est sympa, sisi...sympa.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En effet, il y avait Martin Circus... et Ringo, avec sa Dan Amstrong en pexiglas.

      Supprimer
    2. Merci Hard Round Tazieff pour "la mise en page sympa". Pas évident de passer de Beethoven, Mahler and Cie au Hard Rock (Que je ne connais que trèèèès superficiellement, malgré la lecture assidue des articles des potes).

      Mais ça a été en effet "sympa" de créer ce que j'appellerais un article "Pilote" sur je sujet Hard Rock Frenchy alors que les anglo-saxons ont envahi le territoire national, vive la revanche cocorico !!!! J'avais une bonne matière de départ…
      Toutes les remarques montrent qu'il y a un sujet à creuser, à l'évidence….. ;o)

      Bon, ce n'est pas tout ça, j'ai tous les morceaux à écouter attentivement… quand on publie, on n'a même pas le temps d'en profiter. C'est dingue la prise de tête HTML !

      Supprimer
  4. Dans la continuité de Luc et Pat, à une certaine époque (révolue ?) il y avait une forme de respect entre musiciens et apprentis musiciens. Peu importe le style, ce n'était pas encore totalement compartimenté (bien que cela avait commencé), l'important c'était que tu t'intéressais à la musique. Si tu en jouais (même occasionnellement), c'était mieux (Respect), et forcément si au niveau musical tu tombais sur la même longueur d'onde (ou approchant) tu devenais pote.
    Et puis il y avait le plaisir de faire découvrir, parfois presque religieusement, ses dernières trouvailles. Tout un cérémonial. Et on écoutait pratiquement de tout. (même du classique m'sieur Claude. Ouais, ouais, ouais. Comme j'vous l'dis).
    A titre d'exemple, on a même vu un pote qui étudiait la guitare classique (qui nous montrait des plans, des accords à se faire un claquage de phalanges) débarquer avec ses galettes des Stranglers et Slade.
    Oui, il y avait la curiosité et le respect.
    Par contre, malheureusement, dans certains concerts de Hard, ça fritait parfois pas mal.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tiens...Pour faire un jeu de pistes "back to the past in french connection of hard rock" GANAFOUL s'est formé en 1974 the same date que OCEAN, strange...Vous avez dis strange ?
      Allez un effort de chaque et on peut peut être découvrir le premier combo qui s'attaque au hard en France.
      Allez zou ! Voilà un bon jeu de pistes ! Une bonne chasse au trésor !

      Supprimer
    2. Mon Roudoudou de Bruno... OCEAN le premier groupe de hard rock Francais... Tu joues au poker menteur ?

      Supprimer
    3. HRT, j'ai suggéré à Bruno de garder des cartouches dans sa manche pour un autre article où il sera questions des Variations, de Ganafoul, Stocks ou d'autres combos moins connus comme Willcox, donc rendez vous bientôt sans doute pour de nouvelles aventures ..

      Supprimer
    4. Commentaire passionnant.
      ça fait plaisir que l'on parle de SHAKIN STREET. J'adorais le LP "Vampire Rock" puis le hit "Solid as a rock".
      J'aimais beaucoup GANAFOUL mais c'était plus un mélange de Boogie et de blues. Néanmoins il y avait des morceaux assez proche du hard rock notamment sur "Full Speed ahead" et ils avaient fait la première partie de AC/DC.
      Adanson Marco.

      Supprimer
  5. Stocks... "Eclats de Rock", album phare de ce groupe Lillois... Sacré guitariste qui jalonne encore les sillons de notre plat pays.

    RépondreSupprimer