Avec Jim Allchin le cliché du pauvre bluesman édenté sorti
de ses champs de coton pour pondre un premier album à 70 balais en prend un
sérieux coup puisque notre homme n'est autre qu'un ancien dirigeant de Microsoft,
diplômé de Stanford, et bras droit de Bill Gates qui l'a
"piqué" à Texas Instrument . Depuis
sa retraite en 2007 (à taux plein ?) il se consacre à la musique et sort 2
albums, "Enigma" en 2009 et "Overlocked" qui sort en
Septembre 2011.
Pour autant n'allez pas croire que ce projet est pour lui
une "danseuse" ou un caprice de millionnaire, non la musique et Jim
c'est une longue histoire qui va nous ramener... non pas aux champs de coton, mais
dans une plantation d'oranges de Floride, où la famille Allchin travaille et
vit dans une bicoque crasseuse. Le petit
Jim dés son plus jeune âge conduit le tracteur , pauvre mais heureux,
"l'argent ne fait pas le bonheur" nous dit il, j'ajouterai qu'il y
contribue un peu quand même et qu'il vaut mieux être riche et en bonne santé
que pauvre et malade… A l'adolescence il commence à jouer de la musique,
d'abord de la trompette, puis de la guitare, il apprend à jouer en écoutant les
pionniers du blues mais aussi Santana ou les Allman Brothers, et il tourne avec
des groupes dans le Sud, avant de reprendre ses études.
Et de se révéler très doué pour les maths et l'informatique,
mais sa guitare n'est jamais bien loin et il anime les soirées étudiantes dès
qu'il le peut. La suite vous la connaissez…
Pour ce disque Allchin s'est entouré de 2 batteurs renommés
Chris Leighton (pas celui de Double trouble, lui c'est Chris Layton) qui a joué
avec quand même avec Chuck Berry, Bo Diddley, les Beach Boys, ou
Lightin'Hopkins, et Ben Smith (Taj mahal, Buddahead, Peter Frampton), à la
basse Garey Shelton, aux claviers Ty Bailie et David Gros plus tout plein de
cuivres de New York et de Seattle et des
choristes.
Mais venons en à la musique proprement dite, quelques
craquements de vinyles, quelques notes de surf music et un énorme blues rock
qui nous explose dans la tronche sans crier gare, quoique on aurait du se
méfier, "overlocked" est un terme informatique, qui signifie booster
un ordi pour qu'il aille plus vite, clin d'œil à son ancien métier sans doute.
Le second titre "Willow tree" ne relâche pas la tension, un
shuffle blues rock à la Stevie Ray
Vaughan, avec cuivres. Autre shuffle "Back in the swamp" mais qui
dit swamp dit Louisiane et de fait au milieu du titre après un break de piano
honky tonk on débarque à la Nouvelle Orléans sur les terres de ce bon vieux Dr
John, cuivres, piano, chœurs, tout les ingrédients y sont pour un excellent
"voodoo blues". "Don't tell me what to do" nous ramène vers
un blues rock plus classique où l'influence de Stevie Ray est manifeste.
source photos, jimallchin.com |
Après
ces 4 titres supersoniques, nous aurons des ballades "One for the money" et "Perfect game" chantées par une
chanteuse nommée Keely Whitney ; 2 instrumentaux, le planant "Fall" où le jeu de Allchin m'évoque
Satriani, cool, mais pas vraiment indispensable et "Opening my eyes to
love", à la guitare latino, un jump
blues aux cuivres festifs ("Dr J") , du blues rock'n'roll ("Just
playin with me") et "Flirt" qui… flirte avec le hard rock,
tendance FM à la Journey, avec belle mélodie et grosse guitare. La guitare qui est of course la vedette,
Allchin fait rugir sa Stratocaster dans tous les coins et affiche une grande
virtuosité, et ce dans tous les styles, blues, rock, hard, soul jazzy…
Nostalgiques de Stevie Ray, vous ne devriez pas être déçus
de cet enregistrement à placer sur le dessus du panier de ce qui s'est fait en
blues rock ces dernières années.
un tout petit extrait:
(article paru dans le numéro de Décembre 2012 de le revue BCR)
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