mardi 5 février 2013

JIM ALLCHIN "Overlocked" (2012) par ROCKIN-JL



Avec Jim Allchin le cliché du pauvre bluesman édenté sorti de ses champs de coton pour pondre un premier album à 70 balais en prend un sérieux coup puisque notre homme n'est autre qu'un ancien dirigeant de Microsoft, diplômé de Stanford,  et  bras droit de Bill Gates qui l'a "piqué"  à Texas Instrument . Depuis sa retraite en 2007 (à taux plein ?) il se consacre à la musique et sort 2 albums, "Enigma" en 2009 et "Overlocked" qui sort en Septembre 2011.
Pour autant n'allez pas croire que ce projet est pour lui une "danseuse" ou un caprice de millionnaire, non la musique et Jim c'est une longue histoire qui va nous ramener... non pas aux champs de coton, mais dans une plantation d'oranges de Floride, où la famille Allchin travaille et vit dans une bicoque crasseuse. Le petit Jim dés son plus jeune âge conduit le tracteur , pauvre mais heureux, "l'argent ne fait pas le bonheur" nous dit il, j'ajouterai qu'il y contribue un peu quand même et qu'il vaut mieux être riche et en bonne santé que pauvre et malade… A l'adolescence il commence à jouer de la musique, d'abord de la trompette, puis de la guitare, il apprend à jouer en écoutant les pionniers du blues mais aussi Santana ou les Allman Brothers, et il tourne avec des groupes dans le Sud, avant de reprendre ses études.
Et de se révéler très doué pour les maths et l'informatique, mais sa guitare n'est jamais bien loin et il anime les soirées étudiantes dès qu'il le peut. La suite vous la connaissez…

Pour ce disque Allchin s'est entouré de 2 batteurs renommés Chris Leighton (pas celui de Double trouble, lui c'est Chris Layton) qui a joué avec quand même avec Chuck Berry, Bo Diddley, les Beach Boys, ou Lightin'Hopkins, et Ben Smith (Taj mahal, Buddahead, Peter Frampton), à la basse Garey Shelton, aux claviers Ty Bailie et David Gros plus tout plein de cuivres de New York et de Seattle  et des choristes.
Mais venons en à la musique proprement dite, quelques craquements de vinyles, quelques notes de surf music et un énorme blues rock qui nous explose dans la tronche sans crier gare, quoique on aurait du se méfier, "overlocked" est un terme informatique, qui signifie booster un ordi pour qu'il aille plus vite, clin d'œil à son ancien métier sans doute. Le second titre "Willow tree" ne relâche pas la tension, un shuffle blues rock  à la Stevie Ray Vaughan, avec cuivres. Autre shuffle "Back in the swamp" mais qui dit swamp dit Louisiane et de fait au milieu du titre après un break de piano honky tonk on débarque à la Nouvelle Orléans sur les terres de ce bon vieux Dr John, cuivres, piano, chœurs, tout les ingrédients y sont pour un excellent "voodoo blues". "Don't tell me what to do" nous ramène vers un blues rock plus classique où l'influence de Stevie Ray est manifeste.
source photos, jimallchin.com

Après ces 4 titres supersoniques, nous aurons des  ballades "One for the money"  et "Perfect game" chantées par une chanteuse nommée Keely Whitney ; 2 instrumentaux, le planant  "Fall" où le jeu de Allchin m'évoque Satriani, cool, mais pas vraiment indispensable et "Opening my eyes to love", à la  guitare latino, un jump blues aux cuivres festifs ("Dr J") , du blues rock'n'roll ("Just playin with me") et "Flirt" qui… flirte avec le hard rock, tendance FM à la Journey, avec belle mélodie et grosse guitare. La guitare qui est of course la vedette, Allchin fait rugir sa Stratocaster dans tous les coins et affiche une grande virtuosité, et ce dans tous les styles, blues, rock, hard, soul jazzy…
Nostalgiques de Stevie Ray, vous ne devriez pas être déçus de cet enregistrement à placer sur le dessus du panier de ce qui s'est fait en blues rock ces dernières années.



un tout petit extrait:


(article paru dans le numéro de Décembre 2012 de le revue BCR)

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