lundi 25 février 2013

BEN HARPER with CHARLIE MUSSELWHITE - "Get Up ! "- (2013) par Philou





Back To The Blues...

Cela doit faire bientôt  une vingtaine d'années que Ben Harper explore différents styles musicaux en sortant des albums qui mélangent les sonorités du blues, du folk, du reggae, du gospel, de funk et du rock.
Benjamin Chase Harper est à Claremont (California), près de Los Angeles, le 28/10/1969. Grand spécialiste de la guitare slide, il a réussi à imposer en pleine période Rap, sa musique fortement ancrée dans le folk et le blues traditionnel.
A 4 ans, le jeune Ben traine dans le magasin d'instruments de musique de ses grands parents, le Folk Music Center, une véritable caverne d'Ali Baba pour musiciens de tous poils et commence à jouer sur toutes sortes de guitares. Très vite, il est attiré vers une guitare Weissenborn des années 20, une guitare d'origine hawaïenne avec laquelle on joue à plat, la caisse posée sur les cuisses. 
Ses origines diverses, afro-américaine, Cherokee et Lituaniene, le sensibilisent fortement aux questions raciales et font que sa musique ne s'est jamais figée au fils des années, bien au contraire...
Ben Harper ne joue pas à l'artiste reclus et incompris car en plus de jouer de la guitare à s'en faire saigner les doigts, il passe une bonne partie de son adolescence sur sa planche de skate avec ses potes, dans la rue.
A 16 ans, il joue dans les bars et exauce enfin son rêve : jouer en public !    
Après la parution du disque autoproduit "Pleasure And Pain" en 1992, il signe un contrat avec Virgin Record en 1993.
La même année, il quitte pour la 1ère fois les USA et au mois de décembre, il se retrouve en Bretagne, aux Transmusicales de Rennes.
A contre courant de toutes les modes, son 1er véritable album "Welcome To the Cruel World" sort en 1994 et reçoit des critiques très élogieuses. Les débuts sur les chapeaux de roues du jeune surdoué lui permettent de jouer avec des artistes prestigieux comme Ray Charles, Gil Scott-Heron et surtout John Lee Hooker.

Ben Harper est un artiste prolifique, car seul ou en compagnie de ses groupes comme The Innocent Criminals, The Blind Boys of Alabama, Relentless 7 ou Fistful of Mercy, il a déjà publié une bonne douzaine d'albums. 
Pour son nouvel album studio intitulé "Get Up !"  sortit il y a un mois, le 26 janvier dernier, il collabore avec Charlie Musselwhite, le célèbre harmoniciste, une authentique légende du blues qui a joué avec Muddy Waters, Howlin' Wolf, Big Joe Williams, Little Walter ou Sonny Boy Williamson, Bonnie Raitt, John Lee Hooker....

Charlie Musselwhite
 Charlie Musselwhite nait en 1947 dans le Mississippi, d'une mère indienne et d'un père blanc. Il connait l’itinéraire classique des bluesmen de l’époque : il survit de petits métiers et à 15 ans rencontre l'immense harmoniciste Walter Horton . Décidant de faire du blues son métier il monte à Chicago, où il sera l'un des premiers blancs à jouer, sur Maxwell Street, du bottleneck et de l'harmonica. Il se fait rapidement la réputation d'un des meilleurs harmonicistes de la place et Vanguard l'enregistre en 1966, comme rival de Paul Butterfield, dont le premier album a connu un gros succés.
Une trentaine d'albums et une pluie de récompenses suivront ... (à lire la chronique de "The Well" , 2010 clic! )

Ben Harper avait rencontré Charlie Musselwhite pendant les séances d'enregistrement de "Burning Hell" avec John Lee Hooker en 1997 et suite à cette expérience inoubliable, les 2 musiciens s'étaient juré d'enregistrer un album ensemble.



"Tout ça remonte à cette session d’enregistrement avec John Lee Hooker, John Lee lui-même nous avait dit: "Ouais, ouais, les gars…c’est bon ça. Ouais, ouais. Vous devriez continuer comme ça. Faites ça" se souvient Ben Harper
Le résultat de cette association, qui peut surprendre au premier abord, est finalement une évolution naturelle pour Ben Harper qui a toujours vénéré les bluesmen du delta du Mississippi et qui a toujours rêvé d'enregistrer un disque comme celui ci.
Un disque qui nous plonge dans le blues le plus profond, avec un son bien rugueux, enregistré sur le vif avec l'aide des musiciens du groupe Relentless 7, de fameux zicos qui l'accompagnent depuis 2008.
Parfaitement épaulés par le guitariste Jason Mozersky, le bassiste Jesse Ingalls et le batteur Jordan Richardson, Ben Harper et Charlie Musselwhite interprètent les 10 chansons de l'album avec une intensité incroyable, optant pour la simplicité plutôt que pour le tape à l’œil comme le précise justement le guitariste californien : "c’est toujours tentant d’aller dans la surenchère, mais on a préféré opter pour la simplicité. Le résultat est puissant ".

Ben & Charlie


Eh bien oui, le résultat est assez puissant... l'album est produit par Harper himself, dédié à la fois à Salomon Burke et à John Lee Hooker. Ben  Harper a pris de la bouteille et ça s'entend, sa voix a mûrie, elle est plus profonde, plus sombre et imprégnée d'une mélancolie qui convient parfaitement à ces nouvelles chansons. 
Tout au long de l'album on se régale de cette alchimie parfaite entre deux artistes de talent qui rendent un vibrant hommage au blues, le vrai, celui qui donne des frissons.
Charlie Musselwhite soutient ici parfaitement la profondeur du chant et le jeu de guitare fougueux de Ben Harper et nous prouve qu'à 69 printemps bien sonnés, il a encore du coffre et de l'énergie à revendre.
Le disque débute en douceur avec "Don't Look Twice", une balade toute en finesse, un équilibre parfait entre le souffle lancinant de l'harmonica et le son métallique des cordes de guitare. Une très bonne introduction en matière qui donne le ton à un album fortement ancré dans le blues.
 A propos du titre suivant, "Im In, I'm Out And I'm Gone", Ben Harper dit tout simplement que l'on trouve dans cette chanson entêtante l'un des plus grands solos d'harmonica de l'histoire, à la fois direct et insaisissable et si vous demandez à Charlie Musselwhite comment il fait pour sortir de telles notes de son harmonica, il répond : - "Je plonge aux tréfonds de l'âme. On ne peut pas faire du blues si on ne revient pas de loin. J'ai vu ma mère se faire tuer. J'ai eu faim, j'ai été SDF, alcoolique -"
 "We Can't End This Way" semble être une chanson enregistrée il y a 50 ans soutenue par des claquements de mains et des choeurs féminins. Véritable hommage aux pionniers du blues, elle résonne ici comme une merveilleuse rencontre entre le blues acoustique et le gospel.
 

Ben Harper est un fameux guitariste, car quand il ne s’évertue pas à plaquer les accords les plus basiques du blues, il adapte avec une aisance déconcertante, la musique du diable à son univers à grands coups de slide guitar, notamment dans "I Don't Believe A Word You Say".  Ce titre, avec un impressionnant duo guitare/harmonica est le morceau le plus pêchu de l'album et a été choisi comme 1er single par le label de rythm'n'blues Stax Records, la nouvelle maison de disques de Ben Harper.
Sur "You Found Another Lover (I Lost Another Friend)", on retrouve sa marque de fabrique, celle qui nous enchantait sur ses albums précédents, notamment sur l'excellent "Diamonds on The Inside"
Ben Harper est très sombre dans "I Ride At Dawn", une ballade qui me rappelle un peu l'ambiance du 1er album de Sixteen Horsepower
La frappe sèche de Jordan Richardson sur sa caisse claire annonce "Blood Side Out", un morceau agressif et nerveux, une sorte d’électrochoc qui vous secoue pendant 2 minutes et 47 secondes !!! Mention spéciale à Jesse Ingalls pour son fantastique jeu de basse sur la chanson titre "Get Up!", un jeu de basse funky, qui nous prouve une fois de plus que Ben Harper n'hésite pas à mélanger les genres et qu'il le fait à la perfection.
Après un "She Got Kick" qui sonne comme s' il a été enregistré dans un hangar à bois, l'album s'achève en douceur avec "All That matter Now", un blues lent et poignant qui est la parfaite illustration de la complicité ces deux artistes quand ils s'associent pour faire de la musique ensemble.

 Si on regarde toute la carrière de Ben Harper, on se rend bien compte qu'il ne rate jamais sa cible et pour ce retour aux sources du blues, c'est encore une très belle réussite.






Le Trailer de l'album "Get Up!".




"Im In, I'm Out And I'm Gone"



"I Don't Believe A Word You Say"

2 commentaires:

  1. Ben Harper m'avait complètement séduit en 1993 avec son premier disque et puis j'ai assez vite décroché, après "Burn to shine" parce que le trouvais un peu gonflant et son côté variétoche... Pour Musselwhite c'est différent, toujours apprécié ce type! Donc je vais écouter ce disque, des fois que ça me réconcilierait avec Harper! Amicalement

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  2. Moi aussi, j'ai décroché après 2 ou 3 disques, là, c'est autre chose.... c'est du haut niveau !!!

    @ +

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