lundi 22 octobre 2012

AC/DC - "Highway To Hell" - (1979) par Philou



Bad Bon Boogie !!!

Retour au siècle dernier ...à la fin des seventies, au beau milieu de l'été 1979......
Dix années se sont écoulées pendant lesquelles les groupes de Hard Rock ont réussi, à coups de riffs lourds et puissants, à gagner leurs lettres de noblesse. Black Sabbath, Deep Purple, Led Zeppelin et Aerosmith après avoir été les locomotives du genre, vont, au fil de la décennie, commencer à s'essouffler sérieusement. En 1976, le mouvement Punk va leur balancer un sérieux coup dans les bollocks et ne va pas manquer, par la même occasion, de balayer tous les clichés dans lesquels le rock lourd commençait à s'enliser les pinceaux.
La New Wave of British Heavy Metal n'a pas encore vraiment décollé et les Saxon, Def Leppard, Iron Maiden et autres Tygers of Pan Tang n'en sont encore qu'à leurs premiers méfaits.
A partir de là, tous les regards se tournent vers un groupe des antipodes, un groupe australien qui après 4 albums studio, est devenu une formidable machine à jouer un hard boogie/blues survolté : AC/DC.
C'est vrai que le groupe des frères Young, Angus et Malcolm, avec Bon Scott, Cliff Williams et Phil Rudd n'a pas ménagé ses efforts depuis 1977, en publiant, trois brûlots ( "Let There Be Rock", "Powerage" et un live "If You Want Blood..." ) qui ne laissent aucun doute planer sur la redoutable efficacité du quintet de Sydney.

De G à D : Malcolm Young, Bon Scott, Angus Young, Cliff Williams & Phil Rudd


Au crépuscule des seventies, alors que la majorité des ados boutonneux se trémoussent aux rythmes des tubes disco abrutissants, les autres arborent fièrement leur badges et leurs patchs AC/DC en tissu rouge et jaune, cousus par maman, sur leurs vestes en jeans, leur treillis cradingues ou sur leurs sacs US.

En effet, le 27 juillet 1979, "HighWay To Hell", le nouvel album d'AC/DC vient d’atterrir dans les bacs et les teenagers retrouvent enfin le plaisir des guitares enflammées et hargneuses.
Angus Young, l'écolier diabolique en culotte courte, devient leur idole et injecte une énergie nouvelle à une musique qui devenait de plus en plus prétentieuse et ampoulée. Terminé les stars intouchables, les concepts-albums gonflants, les solos interminables de guitares et les démonstrations techniques de batterie, le gang des cinq, vient à la rencontre de ses fans avec une recette beaucoup plus basique : du boogie/rock joué de façon hard, avec une touche de blues, beaucoup d'énergie, les 2 doigts dans la prise électrique.
Les effets sont immédiats et vous font balancer la tête, taper du pied et vous collent des démangeaisons au bout des doigts. 
Si la formule jusqu'à maintenant pouvait paraitre un peu simpliste, avec l'album "Highway To Hell", elle va prendre une toute autre dimension grâce à la production de Robert John "Mutt" Lange, un véritable maniaque névrosé de la perfection sonore. Mutt Lange va enfin donner au son du groupe la puissance de feu dont les musiciens avaient besoin pour laisser exploser leur énorme potentiel. Avec l'aide de l'ingénieur du son Tony Platt, ils vont donner à l'album une précision et une ampleur jamais atteintes sur les disques précédents. Passées au filtre Mutt Lange, les compositions des frères Young et de Bon Scott deviennent encore plus percutantes et dévastent tout sur leur passage. C'est vrai que le producteur va mettre les musiciens à rude épreuve en les faisant bosser 15 heures par jour, pendant 3 mois, aux Roundhouse Studios de Londres. Pour des types qui étaient habitués à enregistrer beaucoup plus rapidement et de façon plus instinctive, le résultat va pourtant être phénoménal !!!


Angus ! Angus ! Angus ! Angus ! Angus !!!

Dès les premières notes de la chanson "Highway To Hell", le ton est donné et le groupe annonce haut et fort la couleur avec un riff inoubliable qui va marquer des générations de hardos. Phil Rudd donne le tempo avec un jeu de batterie minimaliste mais terriblement efficace. Bon Scott, le teigneux, avec son timbre très particulier est au sommet de son art. Génialement drivé par Mutt Lange qui lui a fait pratiquer des exercices de respiration pour amplifier sa voix, Bon chante comme jamais il n'a chanté auparavant. Malheureusement, cette chanson sera tristement prémonitoire pour le pauvre Bon Scott...

"Tous les morceaux que nous jouons parlent en fait uniquement de trois choses: la picole, le sexe et le rock’n'roll" (Bon Scott 1946-1980)

Pendant toute la durée de l'album, le style musical définit un peu plus plus haut, se répète à quelques variantes près, avec intensité et efficacité sur chacun des morceaux de l'album, à l'exception de "Night Prowler" un bon vieux blues à l'ambiance malsaine propulsé par la voix décapante et rapeuse de Bon Scott.
D'un titre à l'autre, on roule pied au plancher sur cette Autoroute De L'enfer, qui nous entraine à toute vitesse dans un tourbillon de riffs brulants qui vous lobotomise le cerveau d'un prix Nobel en moins de temps que le gars Bon Scott vous descend un verre de Jack Daniel's.
Les brulots s'enchainent, "Girls Got Rythm" ( l'autre passion de Bon), "Walk All Over You","Touch Too Much" et le déchaînement est total sur les titres encore plus rapides comme "Beating Around The Bush" et "Get It Hot". La fougue de Bon Scott est irrésistible sur "Shot Down In Flames", en fait, il est carrément impérial sur tous les titres. 
Le lutin Angus est intenable sur chaque morceau, bien épaulé par son grand frangin, tandis que la rythmique de Cliff Williams et Phil Rudd assure un max dans un style complètement dépouillé.
L'album est une réussite totale, rien à jeter, incontournable, le meilleur album du groupe toutes époques confondues. Il va séjourner à la tête des charts US, anglais et australiens pendant plusieurs semaines et se vendre à plus de 25 millions d'exemplaires à travers le monde.
 Malheureusement, le 19 février 1980, une semaine avant la disparition de John BonhamBon Scott va faire une sortie de route définitive, après une nuit de beuverie avec des potes à Londres. Trop bourré pour pouvoir rentrer chez lui tout seul, il aurait demandé à un inconnu de la ramener à son domicile. Ce mystérieux inconnu l'aurait fait monté dans sa voiture... une Renault 5 !!! La suite tout le monde la connait, on a retrouvé Bon Scott raide mort dans la voiture. Une mort, qui, d'après les médecins, serait due à une asphyxie causée par ses propres vomissements.
Cette fin tragique allait ajouter un coté encore un peu plus mythique à "Highway To Hell" et au groupe australien, qui n'avait assurément pas besoin de cela pour entrer de plein pieds dans la légende du Rock And Roll. 

Contre toute attente, le groupe des frères Young relève rapidement la tête va annoncer deux mois plus tard, l'arrivée d'un nouveau chanteur, Brian Johnson, en remplacement de Bon Scott.
Le 25 juillet 1980, "Back In Black" arrive dans les bacs et avec sa pochette entièrement noire, porte le deuil du chanteur décédé. Les cloches qui ont accueilli Bon Scott à son arrivée en enfer quelques mois auparavant retentissent une nouvelle fois pour lui rendre hommage. 
"Back In Black" deviendra le plus gros succès d'AC/DC avec à ce jour, près de 50 millions d'albums vendus dans le monde.






"Shot Down In Flames"




"Highway To Hell" live in Paris 1979

9 commentaires:

  1. C'est vrai que ce Highway to Hell quand même !!
    Et Powerage alors... ! Mon préféré je crois ;))

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  2. Rappelons par la même occasion que "Touch Too Much" avait également fait un carton en tant que 45 tours. Présent alors sur tous les "juke-box" de France (ça passait même en boîte, - et d'autres suivirent -), il participa à l'explosion (la seconde) du Harderauque au pays des "fromages-qui-puent". Nombre de personnes avaient été initié à cette musique de sauvage via cette chanson, leur seul titre, alors, que l'on pouvait qualifier de "commercial".

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  3. AC/DC !!! Depuis High Voltage je porte, comme tu dis, fièrement les patchs du groupe sur ma veste en jean et je met toujours des tee-shirt du groupe (j'ai 50 piges).Sur les 5 bonhommes du groupe uniquement Phil Rudd est né en Australie, les frères Young et Bon Scott en Ecosse et Cliff Williams à Londre. Le titre Highway to hell est à AC/DC ce que Smoke on the water est à Deep Purple. J'ai un faible pour "If you want blood (You've got it)" qui était aussi le titre de l'album live précédent.Mais toujours autant de plaisir à réecouter l'intégral de cette album.

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  4. En mon fort intérieur, je me disais, il y a encore peu de temps, qu'il me faudrait une bonne fois pour toute m'atteler à ce monumental album de Rock. Un des plus grands disques de tous les temps. Rien de moins.
    Tu m'ôtes en tout cas là une belle épine du pied Philou. Je n'aurai pas su le décrire aussi justement que tu viens de le faire.

    Il fallait également que se soit souligné: Robert "Mute" Lange est un pur magicien du son.
    Quant au jeu de Phil Rudd: Oui il est simple Philou ! Mais surtout pas simpliste comme quelques uns l'on prétendu. Un véritable cas d'école cette rythmique.

    Pour moi, ma préférence ira en direction des titres tel que... Oooh et pi j'en sais même rien tiens !!! Un Chef d'oeuvre est un Chef d'oeuvre. Point.

    Vince le Chaméléon.

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  5. Big Bad Pete23/10/12 12:56

    Et depuis plus de 30 ans, La Grenouille à Casquette reste "le nouveau chanteur d'AC/DC"...

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  6. eh, oui Vince un chef d’œuvre reste un chef d’œuvre..et pis c'est tout !!!!

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  7. Tiens ! J'ai appris quelque chose sur ce groupe que j'ai vu à de nombreuses reprises et qui m'a encore surpris lors d'un concert en Californie fin des années 80...
    Bon est mort dans une Renault 5 ??

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  8. Alors, il est vrai que malgré la qualité et la production du disque , l'ensemble (contrairement aux précédents albums comme "Let There Be Rock " ) est très calibré pour passer sur les radios FM.
    Vu le succès massif de l’album , ce fut évidemment largement le cas pour "Highway to Hell" et "Touch Too Much " . Cela étant les frangins Young assurent fort bien dans leur domaine et Bon Scott (dont ce sera le chant du cygne ) est , sur cette galette, au sommet de son art.

    à écouter sporadiquement mais avec un certain intérêt toutefois.

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    1. Moins sauvage que les albums précédents c'est sûr, mais incontournable dans la discographie d'AC/DC ....

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