Album coup de cœur. Tout ce qui suit est totalement subjectif. J'assume. Mais qu'est ce que ce disque peut-être bon !
Oui, oui, on peut trouver à redire sur ce disque (mais attention, avancez vos arguments !)
Découvert, une fois de plus, grâce au label Dixiefrog, en 1994, et un petit article élogieux du regretté Guitar & Bass, ce disque, 18 ans après, me fait encore vibrer. Il est intemporel. Car sans chichi, sans concession aucune aux modes du moment.
La musique est à l'image de la pochette : un gars costaud, un peu grassouillet, qui, en dépit d'un air patibulaire et renfrogné, a quelque chose d'avenant, de sympathique. Assis sur les marches d'une maison à l'atmosphère foncièrement rurale, Stratocaster sur les genoux comme d'autres exhiberait un fusil pour intimider ceux qui ne seraient pas les bienvenus. L'image semble annoncer un Rock burné, bien ancré dans une certaine tradition, où la recherche de nouveaux horizons ne fait certainement pas partie du programme du gaillard. Assurément, Ken n'a pas besoin d'accoutrement pour que l'on devine le genre de musique qu'il joue.
La carrière de Ken McMahan remonte aux années 80. Il fonda un groupe en 1986, The Dusters. Un power-trio, qui ne jurait que par le Hard-blues, le Rock des 70's, le Southern-rock (tendance Point-Blank et Blackfoot) et même le Heavy-boogie-rock anglais (pièce à conviction à l'appui avec la reprise du « Hellbound Train » de Savoy Brown). Malgré deux bons albums, (« This Ain't No Jukebox... » en 1990 et « Unlisted Number » en 1992, édité en France par un récent et entreprenant label indépendant du cru, Dixiefrog – et distribué par New-Rose), leur carrière ne décolle pas ; leur nature musicale ne correspondant pas aux critères commerciaux de l'époque (et leur « look » n'arrangeait rien). Lassé par d'harassantes tournées en pleine ère Grunge, les membres de The Dusters finissent par raccrocher.
Seulement Ken, en vrai passionné et fondu de musique (avec une préférence pour la catégorie « bourrin »), ne peut s'empêcher de ressortir ses grattes du placard, de continuer à composer. Finalement, il accumule un matériel dont la bonne teneur ne peut dormir à jamais sur quelques cassettes perdues au fond d'un tiroir.
Avec l'aide d'un autre desperado d'un rock direct et franc, (Dan Baird qui gagna ses galons aves les Giorgia Satellites), il entre en studio pour y graver ses compostions amassées lors de son repos forcé. Ken et Dan jouaient déjà auparavant ensemble dans l'éphémère formation « Slumpy Boy » (formé à l'origine pour écumer les clubs des alentours). Jeffrey Perkins, le batteur des défunts Dusters, et Kelley Looney, le bassiste de Steve Earle, sont appelés à la rescousse.
Résultat ? Une musique appuyée et dure, un heavy-rock franc du collier. La production est assez près de l'os, faisant fi de tout saupoudrage et multipiste en tout genre. Une musique dont le terreau est le blues, avec pour additif le blues-rock et le Hard-blues des 70's, du style sincèrement offensif. Et afin de ne casser ni l'élan ni l'ambiance, les ballades ont été proscrites ! Pas trop le genre du gars de toute façon.
Les riffs sont un mélange d'accords plaqués, entre Keith Richards et Malcom Young, et de rythmes syncopés à la manière de Lynyrd Skynyrd comme on peut les retrouver sur "Gimme back your bullets" ou des deux premiers Point Blank (surtout) ; le tout avec un son plus proche des combos australiens (Kings of the Sun, Jimmy Barnes de « Bodyswerve » à « Freight Train Heart » auxquels on aurait retiré les claviers, Dubrovniks, voire du Rose Tattoo de « Scarred for Life ») qu'américains (production de Dan Baird) et des rythmes en mid-tempo. Outre ces références, on sent que le bonhomme a été nourri de Bob Seger, de Mitch Ryder, d'Aerosmith première période, de Creedence, d'Humble Pie, de Tom Petty & The Heartbreakers et de Southern Rock version musclé (sans le côté duel de guitares incessant). La voix est aussi un fidèle reflet du bonhomme. Un peu de morgue, parfois hargneuse mais jamais haineuse. Peu de coffre mais toujours juste et en adéquation avec la musique, assez proche de la tonalité de ses guitares en rythmique. Ken McMahan s'extériorise à 100%, et nous propose un rock personnel, d'où ses influences émergent avec bonheur, pour un savant mélange des groupes cités ci-dessus, mais aussi du blues-rock des 70's. Les riffs sonnent "Gibson Melody Maker", "SG" et "Fender Telecaster", voire parfois "Stratocaster" à laquelle on aurait supprimé le micro chevalet.
A noter, une excellente reprise de "Hellbound Train" de Savoy-Brown, (apparemment ce titre lui tient à cœur) jouée plus "LOUD!" encore qu'avec les Dusters, et bien meilleure que l'originale. Comme un train de marchandises lourdement chargé, ça avance d'un pas pesant pendant un moment, puis prend une accélération rapide (joute avec Dan), sans risquer le déraillement, mais sur sa lancée, il donne la sensation d'une locomotive qu'il est désormais impossible à arrêter.
Hard-Rock donc, mais plus dans le sens où on l'entend désormais. La structure est là : riffs, power-chords, solo prenant source dans la gamme pentatonique, batteur martelant ses fûts avec ferveur.
Plus simplement du rock épais, bourrin, qui ne soucie guère de sonner de telle ou telle façon, de faire partie de telle ou telle église. Seulement le plaisir d'interpréter une musique qu'il ressent et qui lui ressemble.
Ce premier opus pourrait être de la famille - un cousin plus ou moins proche - des « Rio Grand Mud » de ZZ-Top, du « Boogie Brothers » de Savoy Brown, de « Imagination Lady » de Chicken Shack, du « Full Frontal attack » de Kings of The Sun, du « Marauder » de Blackfoot et de Gorgia Satelittes. Du lourd, certes, mais pas du genre de celui devant impérativement s'orner d'une grosse saturation (parfois même, pour cacher, ne nous leurrons pas, des lacunes).
A la sortie du CD, les critiques avaient été, à juste titre, enthousiastes, et si Dixiefrog se décidait à ressortir une remasterisation (avec des bonus ?).
Deux autres albums sortiront, dans la même veine, un peu moins belliqueux, légèrement moins bons mais toujours fort recommandables, qui prouveront que Ken McMahan n'est pas qu'un pourfendeur de riffs mais bien un authentique song-writer.
- What's Wrong With You - 3:07
- Not Gonna Crawl - 3:49
- Wind It Up - 4:13
- Broken Glass - 4:29
- Fightin' Words - 3:30 (T. Anderson / D. Baird)
- Hellbound Train - 5:56 (Simmonds / Sylvester)
- Long Gone - 5:19
- Loneliness - 5:03
- Don't Want Your Love - 5:16
- Outside Lookin' : 4:54
Pour situer un peu mieux le personnage à l'époque, Ken raconte qu'à l'origine « Loneliness » était un Heavy-rock plutôt dans le style d'Aerosmith. Or, en le travaillant avec Dan Baird, ce dernier lui a préconisé de le ralentir. Résultat, pour lui, il en a ressorti un Blues. A l'écoute, évidemment, il n'en est rien.
Je passe commande, je ne connaissais pas ce P.... de groupe, j'aime le groove de ce morceau!
RépondreSupprimerTu peux y aller les yeux fermés (les esgourdes ouvertes).
SupprimerJe serai vraiment surpris que tu ne sois pas conquis.
Commande passée... Je te dis quoi ( comme on dit dinch' Nord !)
RépondreSupprimerFredo la godasse qui fume ( pour plus d'explications merci de déambuler sur mon blog )
EXCELLENT BIEN LOURD j'ai les deux premiers et celui là si ma mémoire is ok est produit par Dan Baird des Georgia Satellites RAMONE
RépondreSupprimerLe pote Ramone !! Quel bon vent t'amènes ?
RépondreSupprimerOn espère te lire plus souvent.
Tout à fait, c'est bien Dan Baird qui se colle à la prod. (je ne l'avais pas écrit ?).
Le dernier et troisième vaut également le détour, même si légèrement moins bien. Mais cela se discute. Le moins lourd des trois, plus "Tom Petty" peut-être.
J'ai 2 albums et ce depuis un paquet de temps. Y a des putains sons très organiques. Ken a la voix qui va avec. Vraiment dommage qu'il ne puisse y avoir de suite... Vraiment !
RépondreSupprimerEffectivement... il semblerait qu'un peu déçu de n'avoir jamais pu décoller, il se contente de jouer les mercenaires (notamment pour Dan Baird)
SupprimerSinon, il y a aussi les albums qu'il a fait avec les Dusters, et Ken a réalisé un troisième album en 1998.