mercredi 30 mai 2012

BEN GRANFELT BAND - "The Sum of Memories" - (2006) par Bruno



     Ben Granfelt est depuis bien longtemps reconnu comme un guitar-hero à plusieurs casquettes. Du moins chez lui, en Finlande, où il est né le 16 juin 1963, à Helsinki exactement.
     Piqué par le virus du Rock'n'Roll, il apprend la guitare dès ses onze ans en se nourrissant de Rock anglo-saxon (de Dr Feelgood à Status-Quo, de Deep-Purple à Gary Moore).

     Les choses commencent sérieusement avec Gringo Locos qui officie dans un Big-Rock US / Heavy-glam-rock FM (proche des Winger, Dokken, Bon Jovi, Warrant, Jeff Paris, Great-White) . Après trois albums (de 1987 à 1991) il incorpore les Leningrad Cow-Boys. Une bande de joyeux costumés, échappés des univers réunis de Frank Margerin et du duo Jano & Tramber, qui se fendent de reprises de grands classiques avec tuba, accordéon, guitares électriques, saxophone baryton, musique traditionnelle finlandaise et russe. Nonobstant un certain respect pour des oeuvres que l'on pourrait considérer comme intouchables, et un humour que certains gardiens du Temple considèreraient comme hérétique, leurs versions de « Back in the USSR », « Stairway to Heaven », « Sweet Home Alabama », « It's Only Rock'n'Roll », « Knokin' on Heaven Door », « Let's Work Together », « Dancin' in the Streets » sont remarquables. Le tout avec une bonne humeur communicative.

     Sans quitter ces troubadours électriques haut en couleurs, Ben fonde Guitar Slingers. Quintet à deux guitares hésitant entre Power-pop et Heavy-Rock. Un peu comme si Ah-ha ou Duran-Duran avaient émigré en Californie et avaient été irradiés par une forte dose de Rock, tendance glam-rock et big-rock US (tantôt AOR), avaient troqué leurs guitares aigrelettes et castrées contre d'autres plus viriles et pêchues. Un Live témoigne que ce groupe s'épanouissait complètement sur scène, complétant leur set par des reprises bien senties (Kansas, Otis Redding, Blackfoot, Boston), témoignant ainsi non seulement de leurs capacités, mais également d'une pluri-culture Rock .
(de G à D) Miettinen, Granfelt et Rantanen

Eternel insatisfait ou insatiable chronique, mais parallèlement à tout ça, à partir de 1994, Ben monte le Ben Granfelt Band. Avec cette dernière formation, Ben, libre de toutes entraves, s'immerge  dans le Heavy-Rock 70's, en incorporant une touche sonique plus 90's. En cela, il se rapproche parfois d'un Warren Haynes. On retrouve ainsi des influences bien évidentes comme celle de Robin Trower, Jeff Beck, Wishbone Ash (évidemment), Pink Floyd (en plus Heavy !), et Ritchie Blackmore.

De 1994 à 1998, Ben mènera de front trois carrières avec Leningrad Cow-Boys, Guitar-Slingers et le Ban Granfelt Band. Et sans compter les nombreux concerts où il accompagne ses compatriotes.

A partir de 2001, il intègre à plein temps Wishbone Ash et participe à l'excellent « Bonafide », une des meilleures réalisations de la bande d'Andy Powell. En 2003, lorsqu'il quitte le Ash, pour se consacrer totalement à sa carrière solo (sans dire adieu aux Leningrad Cow-boys), il est remplacé par un autre Finlandais, un ancien collègue, Muddy Manninen,  qui n'est autre que le second guitariste des défunts Gringo Locos.

Une carrière riche où pointent les multiples influences et facettes de Ben.
Après une vingtaine de disques (live compris) avec ses divers combos, dont sept avec son groupe, Ben Granfelt paye son tribut en rendant hommage à ses idoles.
En 2006 sort « The Sum of Memories », un disque dont les compositions sonnent ouvertement, mais jamais de façon prégnante, dans le style de celles de ses idoles.

La guitare gonflée à la distortion crémeuse et épaisse, ou à la Fuzz mordante, sur des amplis incandescents de saturation grasse et chaleureuse, rappelle donc sans complexe les jeux des maîtres de la six-cordes précités, auxquels il convient de rajouter Warren Haynes (très présent sur les premiers titres). Ben pousse même le vice en utilisant un simulateur de cabine Leslie (a) sur des licks, justement, à la Warren Haynes, ou l'Univibe (b) sur des titres typiques « Robin Trower » qui n'auraient pas dépareillé sur «Bridge of Sighs » (dont « Bridge of Dreams » doit être très certainement la contraction de deux classiques de Trower, « Bridge of Sighs » & « Days Dream » ). Ou, dans le style de Peter Frampton, assène des rythmiques puissantes mais mélodiques où des arpèges saturées côtoient des « power chords ». Une guitare qui n'hésite pas à changer de coloration pendant un solo à l'aide de Wah-Wah, de Tremolo cossus, de Chorus débridés, ou de Proctavia. Ce qui, du coup, donne une sensation de vitalité décuplée. Le timbre de voix de Ben se situe quelque part entre Peter Frampton, Martin Turner et Andy Powell de Wishbone Ash (encore et toujours) et David Gilmour.
Granfelt avec une de ses Tyler

Le niveau et le style de la basse, (instrument tenu par Harri Rantanen) s 'apparente d'ailleurs autant à un Allan Woody qu'à un Dave Schools, en passant par un James Dewar.

La batterie, quant à elle, tenue par un rescapé des Gringo Locos, Miri Miettinen, pourrait se rapprocher de la frappe et du groove de Butch Ducks des Allman Brothers. (Saisissant sur le 1er titre).

Un album faisant office de véritable ode au « Classic-rock », incluant des contrées propres au Hard-blues, au Heavy-rock puissant et lyrique, et au Rock-progressif. Certains mouvements évoquent même des groupes, parfois appelés « Jam-band », tels que Gov't Mule et Widespread Panic.

Contrairement à beaucoup, Granfelt a choisi de ne pas faire dans la facilité en se contentant d'un album de reprises diverses, comme on en voit fleurir de part et d'autre, à toutes les sauces, et pas nécessairement de bon goût. Non, il a préféré réaliser un vrai disque, personnel et original, qui affiche sans complexe, dans un hommage sincère, les influences qui l'ont marqué au fer rouge et qui ont forgé son propre style.
D'ailleurs, le néophyte ou l'amateur lambda n'y verront que du feu, car ici, point de collage de riffs piqués à droite ou à gauche, célèbres ou pas, ni même de bride de chorus empruntés pour l'occasion.
C'est joué dans l'esprit de ses mentors, mais Ben Granfelt ne conçoit pas le « copier-coller ».

Le titre, « la somme des mémoires », est on en peut plus approprié.

Confession de foi avec le bien-nommé « Confession Time » : « Let be drums, Let be bass, Play guitar, And let it groove ! Can you feel il ? Can you heel it ? ».

Actuellement, Granfelt a rejoint Los Bastardos Finlandeneses. Un groupe de graisseux chevelus et velus finlandais qui oeuvre dans le gros heavy-rock'n'roll qui tâche et le sleaze. Assez proche d'un Motörhead, Rose Tattoo, Zodiac Mindwarp, Peer Günt et Mother Superior. Changement de décor.


(a) La cabine Leslie est bien évidemment initialement indissociable de l'orgue Hammond. Toutefois, un simulateur d'effet « tournant » est utilisé par quelques guitaristes, comme par exemple Warren Haynes.
(b) L'Univibe, popularisé par Jimi Hendrix avec le boîtier d'effet conçu par Roger Mayer, fait également partie intégrante du son de Robin Trower.





 Faute de mieux, une petite "clinic" avec comme base le titre d'ouverture du disque : "Intro Jam".
 

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