lundi 19 mars 2012

DAVID BOWIE - "Scary Monsters"- (1980) par Philou


Le dernier grand disque de Bowie ???
 
David Robert Jones, a soufflé ses 65 bougies le 8 janvier dernier. Les nombreuses rééditions, les tribute albums et les diverses compils nous rappellent que l'artiste est toujours bien vivant, mais sa discrétion depuis plusieurs années inquiète sérieusement les médias. Entre espoir et rumeurs, ses fans attendent un nouvel album depuis 8 longues années...

Il a débuté sa carrière en 1964 avec la sortie de son premier disque "Liza Jane" sous le nom de Davie Jones. Après plusieurs 45 tours sortis sous divers noms, il se re-baptise DAVID BOWIE pour éviter la confusion avec Davy Jones, le chanteur du groupe The Monkees qui commence à être connu Angleterre. Le 14 janvier 1966, il sort son premier 45 tours "Can't Help Thinking About Me"  qui sera  le premier disque publié sous le nom de DAVID BOWIE. En 1969, il sort son 1er album qui connait un succès d'estime avec le single "Space Oddity". La suite sera beaucoup plus glorieuse avec des albums comme "Hunky Dory" et surtout "Ziggy Stardust" dans lequel il se crée un personnage sur mesure. Leader incontesté du mouvement "Glam", BOWIE devient vite une star internationale. Il connait une période Soul/Funk au milieu des seventies, ("Young Americans") et propulse le single "Fame" au sommet des charts. Le Thin White Duke clôt sa période "neigeuse" avec l'album "Station To Station" en 1976.

Pour fuir la tempête médiatique, BOWIE s'exile à Berlin et collabore avec Brian Eno avec lequel il crée la fameuse trilogie berlinoise ("Low", "Heroes" et "Lodger"). 


Les années quatre vingt commencent plutôt bien avec l'album "Scary Monsters" qui sort au mois de septembre et atteint la 1ère place des ventes en Europe, avec notamment l'imparable single "Ashes To Ashes"

DAVID BOWIE apparait sur ce nouvel album en clown blanc, un personnage triste et inquiétant qui porte le masque lunaire du Pierrot : un maquillage blanc qui tranche avec un sourcil noir tracé sur son front et un rouge à lèvre criard qui jure avec son visage recouvert d'une étrange poudre blanchâtre.... une poudre certainement toxique ???
Pour ce nouvel album, DAVID BOWIE retourne à New York pour enregistrer et s'entoure de son producteur fétiche Tony Visconti mais aussi du génial guitariste Robert Fripp (King Crimson, Brian Eno, Peter Gabriel...etc...).

Comme sur ses albums précédents, BOWIE veut miser autant sur l’image que sur le son. Il met le paquet sur la sublime ballade spatiale "Ashes to Ashes" qui nous renvoie une bonne dizaine d'années en arrière, à l'époque de Space Oddity et on retrouve le Major Tom devenu un junkie en plein délire. Dans le clip vidéo qui coutera la bagatelle de 250 000 dollars (un record à l'époque !) on aperçoit le clown blanc déambuler dans un décor carrément apocalyptique et le Major Tom enfermé dans une cellule capitonnée, prostré au fin fond d'un asile psychiatrique.
Juste après la sortie du single, DAVID BOWIE déclare au magazine New Musical Express : -"c'est vraiment une ode à l'enfance, si vous voulez, une comptine populaire. Ça parle d'astronautes qui deviennent des junkies (rires) -
Après un trip inquiétant dans ce monde imaginaire, on revient vite sur la terre ferme, sur le Dance Floor plus exactement, avec l"énorme tube funky/electro-pop "Fashion". 


Avec "Fashion", qui est réalité, une p'tite crotte de nez lancée au monde de la pub et de la mode, Bowie sort le deuxième single de l'album Scary Monsters. Son énorme ligne de basse s'inspire de son big hit de 1975 "Golden Years" tandis que le professeur Robert Fripp ne ménage pas ses efforts en nous balançant une série impressionnante de riffs mécaniques et des solos stridents.
Le troisième "gros" morceau, abonné des compils et autres "Best Of", est "Scary Monsters (& Super Creeps)"Robert Fripp fait encore des merveilles à la guitare. Sa six cordes hurle à la folie, les percussions robotiques vous laminent les neurones et la voix inquiétante de DAVID BOWIE vous fait décoller pour un voyage inquiétant aux limites de la paranoïa.
Après ces trois énormes hits, le reste de l'album peut certainement paraitre plus faible....mais BOWIE a voulu concevoir un album plus accessible, plus commercial que son prédécesseur "Lodger" et les autres titres valent également le détour.
A commencer par "It's No Game (Part 1)" qui débute le disque, un électrochoc où la Japanese Girl, Michi Hirota et DAVID BOWIE se livrent à un duo perturbant pendant lequel le Thin White Duke va s'arracher les cordes vocales...à la fin, excédé par les grincements stridents de guitare, il supplie Robert Fripp de stopper immédiatement son raffut en hurlant 2 fois un "SHUT UP" qui soulage enfin nos conduits auditifs.... Ouf !!!
 "Up The Hill Backwards" fait retomber la tension d'un cran, la voix de BOWIE est beaucoup plus calme, un petit moment de répit car la pression tout au long de cet album ne retombe que très rarement.

Dans "Teenage Wildlife", il s'attaque avec ironie aux groupes New Wave qui lui ont "emprunté" quelques trucs ici et là. BOWIE chante merveilleusement, la mélodie somptueuse me rappelle "Heroes" et les solos de Robert Fripp sont époustouflants.
Le ton se durcit avec "Scream Like A Baby", un morceau beaucoup plus rock, intense, avec une rythmique en béton.
"Kingdome Come" a été composé par Tom Verlaine (Television), mais n'arrive pas à me convaincre totalement, heureusement les choses s'arrangent avec Pete Townhend qui sort sa guitare sur "Because You're Young", une chanson pop et entrainante dédicacée à  Zowie, le jeune fils de David Robert Jones.
L'album s'achève avec "It's No Game (Part 2)", la suite désabusée de la 1ère partie que Bowie chante d’une voix déçue et résignée. La révolte a laissé sa place au renoncement, le groupe joue tranquillement, sobrement, comme s'il était bridé...





Bien qu'il ne possède pas la vision de ses autres disques légendaires (je pense qu'il n'a pas été conçu pour innover)  Scary Monsters apparait comme l'aboutissement et la fin des expérimentations des années 70.
Scary Monsters reste certainement le dernier véritable grand disque de David Bowie avant l'énorme succès médiatique qu'il rencontrera avec "Let"s Dance" et aussi le début de la grande dégringolade, mais cela va souvent ensemble, non ???






7 commentaires:

  1. Les points d'interrogation sont en trop, Scary monsters est le dernier grand disque de Bowie, une sorte de testament.
    Aussi une forme de pied-de-nez aux groupes punks et new wawe qui le citaient souvent, avec la présence de Fripp et Townsend, certainement les deux types (et leurs groupes)les plus critiqués par les punks ...
    Par contre, une petite rectification : quand tu dis "leader incontesté du mouvement glam" ... hum... fallait demander à son banquier de l'époque ce qu'il en pensait. Ziggy Stardust s'est pas énormément vendu, Alladin Sane un peu mieux. Bowie a "enterré" Ziggy Stardust à l'Hammersmith Odeon (3000 places), Bolan jouait à Wembley, et Slade vendait des millions de disques de boogie rustique à platform-shoes. C'était eux les super stars du glam ...

    RépondreSupprimer
  2. toutes mes excuses Lester...en voulant répondre à ton commentaire, je l'ai effacé par mégarde.
    Nous sommes d'accord : c'est le dernier "bon" album de Bowie, j'ai acheté les 2 suivants et ensuite j'ai arrêté les frais !!
    Bowie a certainement déposé les bases du Glam, les autres sont passés à la caisse.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les bases du Glam reviennent plutôt à Marc Bolan et Slade, non ?
      "Electric Warrior" (1971) et "Play it Loud" 1970.
      Certains avancent même que le premier à avoir abordé du glitter sur les paupières et joué sur l'androgynie est bien Marc Bolan.
      Ce qui n'enlève rien au Génie de Bowie.

      Supprimer
  3. "It's no game" (part 1) est excellente, l'intro en japonais et le chant de Bowie, entre saturation et peur panique... Je crois que "Ashes" reste le souvenir du premier clip que je voyais, en tout cas, que je voyais aussi souvent, car multidifusé, avec ces parties vidéo, plutôt avant-gardistes à l'époque, mais qui aujourd'hui devraient faire sourire. SCARY MONSTERS dernier grand album ? HEATHEN (2002) est vraiment formidable, mais il a fallu attendre 20 ans !

    RépondreSupprimer
  4. Beuh et Outside alors c'est pas un sacré album ça ?

    RépondreSupprimer
  5. Aaaaaaaaaaaargh !!!!!!!!! Ces fans de la première heure.
    Non, la carrière (intéressante) de Bowie ne se clos pas avec "Sary Monsters". Comme le dis Luc, "Heathen" est tout bonnement une perle. J'y ajouterai le très Electro/Techno Metal indus "Hearthling". Remarquable lui aussi dans sa catégorie. Bowie est multiforme. Qu'on se le dise. M****rde !!!

    Vincent.

    RépondreSupprimer
  6. Je n'ai jamais acheté un Lp de Bowie car c'est pas ma tasse de bière, mais je reconnais que ce bonhomme a passé au travers de bien de courants musicaux ( pas AC/DC quoique) sans encombres...

    RépondreSupprimer