dimanche 26 février 2012

JUDAS PRIEST - " British Steel (CD 1980) " - par Vincent The Steel Chameleon



Maîtres étalons




Judas Priest, je vous en ai déjà parlé dans le Déblocnot'. Aux travers d'un bouquin et d'un DVD. C'est alors qu'au moment de me lancer dans cette chronique de l'album British Steel,  je me suis soudainement dit que j'aurai peux être dû commencer par là pour mieux appréhender et cerner l'emblématique formation métallique. Forcément ! Ce disque, c'est LE disque de Judas Priest. Car même fort de ses 16 albums studio, British Steel représente presque à lui tout seul ce qu'est le Heavy Metal de JUDAS PRIEST. Sachant que JUDAS PRIEST "est" le Heavy Metal.
Je vais vous dire, ce type d'album, c'est tout à fait le genre de truc qu'un groupe ne crée qu'une seule fois au cours de sa carrière. L'archétype même du disque qui nous fait ensuite nous dire qu'il y aura eu un avant et un après. British Steel est donc désormais inscrit, et pour l'éternité, dans ce que l'on appelle un album de légende. Un "Maître étalon", un indispensable, un incontournable, appelez ça comme vous voulez. Malgré cela, ce n'est pourtant pas mon disque préféré du groupe. Mais ça, on s'en fout, puisque je ne suis pas là pour vous parler de moi mais bien de cette pierre angulaire qu'est British Steel.
Aujourd'hui encore, on observera qu'au même titre qu'un The Number of the Beast pour Iron Maiden, qu'un Machine Head pour Deep Purple, ou qu'un Back in Black (Highway to Hell ?) chez AC/DC, JUDAS PRIEST se fait toujours un devoir d'interpréter 4 ou 5 extraits de British Steel à chacun de ses concerts. Occulter "Breaking the Law", "Living after Midnight", ou plus encore "Metal Gods", n'y pensez même pas ! "Metal God" étant même devenu le surnom du chanteur Rob Halford depuis.
Oui ! M' sieurs Dames, une réputation, un statut, ça se construit aussi grâce à des albums comme celui-là. Encore faut-il en avoir les capacités. Et des capacités, les 5 anglais en avaient déjà à revendre en ce début des années 80. Et ce, même après 5 albums au compteur. Et si le succès du groupe sera allé croissant de disque en disque, c'est véritablement avec celui-ci que le Priest va s'imposer, et pour la première fois, à grande échelle.
Comme les Scorpions l'avaient fait avec leur Live Tokyo Tapes à la même période, JUDAS PRIEST avait clos son premier chapitre de la même manière que les allemands. Car après avoir publié son furieux Unleashed in the East (lui aussi enregistré au pays du soleil levant), le Priest allait lui aussi opter pour une musique beaucoup plus franche. En tout cas beaucoup plus directe que par le passé. Ici, les refrains sont par exemple d'avantage mis en avant. De même, ce choix revendiqué d'aller vers une rythmique encore plus simplifiée, aura eu pour effet d'accentuer la complémentarité des deux guitares. Enfin ! L'Amérique était-elle prête à succomber à cette musique de durs à cuire.


Du Métal en fusion


Pour réaliser le disque, le groupe choisit tout d'abord Tom Allom comme producteur. Les manettes de la console lui seront ainsi confiées sur les 6 albums suivant (Live compris), et dans ce que l'on considérera comme étant les années fastes du groupe.
British Steel est aussi le disque qui intronisera un nouveau batteur, l'ex Trapeze Dave Holland.
Enregistré dans l'ancienne et gigantesque villa blanche d'un certain John Lennon (là où on le voit jouer "Imagine"), au moment même où celui-ci serait assassiné par un fan déséquilibré, British Steel est presque à considérer comme un produit de fabrication artisanale. Pour ornementer cette musique faite de métaux lourds, le groupe et son producteur auront aussi expérimentés. Frappant sur des radiateurs à coup de clé (anglaise), secouant une batterie de couverts, brisant une bouteille (de lait !) sur le carrelage, ou flagellant le sol avec un fouet pour illustrer et renforcer encore d'avantage chacun de ces 10 titres. Rappelons qu'en ces temps reculés, les "samples" n'existaient pas.
 
Les cordes vocales à toutes épreuves de Rob Halford, portées par des textes comme autant d'hymnes à la gloire du Metal, dont  émanent quotidiennement ce vent de liberté ("Living after Midnight", "United", "Rapid Fire") autant que  celui d'une certaine rébellion ("The Rage", "Breaking the Law"), les riffs acérés des guitares de Glenn Typton et de KK Downing, la rythmique compacte emmenée par Ian Hill et Dave Holland. Tout ça aura joué en leur faveur pour créer au final ce disque ultra fédérateur. Qui plus est, il fait écho avec le lieu dont sont issus les membres de JUDAS PRIEST. Les laminoirs, les hauts fourneaux, ces cités ouvrières d'où l'on extrayait le minerai. Oui ! Tout cela, JUDAS PRIEST en est à jamais imprégné au plus profond de sa chair. Rien qu'en cela, British Steel est le plus bel hommage que le groupe pouvait rendre à son milieu d'origine.

La crise ? La sidérurgie des Midlands l'avait déjà vécue il y a 30 ans. Voyez que...

  
British style


Du métal à l'acier, il n'y a qu'un pas. Les usines noires dans lesquels certains des membres du combo avaient œuvré dans leur prime jeunesse, ces usines là le fabriquaient aussi...L'acier. Notamment pour la fabrication des lames de rasoirs. Nous y voilà !!!! 
L'article sera d'abord récupéré dans l'imagerie du Punk. Le Punk ? Une mode. JUDAS PRIEST n'a jamais été une mode, plus surement une institution. A grands coups de riffs, de solis et de rythmiques sculptées par autant de marteaux cognant sur autant d'enclumes, le groupe récupérerait, à sa façon, son dû. Tranchante comme la lame qui illustre la pochette, c'est Ian Hill, son bassiste, qui fût à l'origine du titre de l'album. Directe, violente, puissante, machiste à souhait, la musique qui se joue ici n'aura jamais collé à ce point à l'imagerie savamment développée par le groupe au fur et à mesure des années. Ce look (cuir, chaines et clous) poussé parfois jusqu'a son paroxysme, c'est JUDAS PRIEST qui l'a d'abord créé. Look copié pour être ensuite abandonné par nombre de ses contemporains, le Priest, fier de ses origines, ne se départira jamais de sa panoplie. Et ce qui apparaîtrait comme ridicule pour n'importe quel groupe vêtu de la sorte aujourd'hui, ne s'appliquera jamais à JUDAS PRIEST. Leur tenue faisant partie intégrante de l'univers du groupe. L'un n'allant pas sans l'autre.
Le groupe va ainsi poursuivre dans cette direction, tout en continuant d'entretenir son mythe (au moins jusqu'au début de 1990) à grand renfort de duels de guitares, de tempos de plus en plus soutenus, et de cette voix capable d'atteindre des sommets, JUDAS PRIEST aura ainsi ouvert la voie à des générations "Métalleux" (beurk !) pour les années à venir. Ainsi, de la scène Trash au Black Metal le plus extrême, tous lui doivent d'avoir été ce que le Priest aura toujours été : Un groupe d'avant-gardistes, toujours soucieux de nouvelles expériences.  

 Petits rappels:


Afin de prolonger votre plaisir tout en en apprenant encore d'avantage sur ce disque, sachez qu'il existe, dans la collection "Classic Albums", un DVD qui relate la genèse et la création de l'album. De plus, le groupe ayant réédité tout son catalogue en 2000, et dans des rééditions absolument superbes, chacune d'elles se voient ainsi augmenter de bonus sous forme de titres inédits. Tous ne se valant pas, reconnaissons que pour ce qui est de celui de British Steel, l'inédit "Red, White & Blue" fait une nouvelle fois office d'hymne. Toute à la gloire de leur "mère patrie" cette fois ci. "Gods saves the Queen !

Clips: "Breaking the Law"
 


"Steeler" (en 2010, Judas Priest fête les 30 ans de l'album en le jouant dans son intégralité. Une édition anniversaire deluxe existe. Outre l'album original et une pochette retravaillée (moins belle), elle contient aussi les images de ce concert) 







16 commentaires:

  1. Très bel article de la part d'un passionné! Bravo Vince! Suis pas vraiment un inconditionnel de J. Priest, mais certains duels de grattes sont vraiment fumants! Et puis c'est l'occase de te saluer et faut éviter de rater trop d'occases...

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  2. Bon Post ! Mais j'aurais aimé que l'on aborde les soit disant messages subliminaux qui poussaient les jeunes Ricains à se flinguer et également le départ du band de Halford de JP... On en a même fait un excellent film ! Mais je ne me souviens plus du titre...?

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  3. Je vais te répondre HRT, car il se trouve que je me suis intéressé à ce sujet. En effet Judas Priest a été au coeur des procés intentés par les lobbies anti rock. En 1985 2 jeunes se suicident et les parents attaquent le groupe et lui demandent 6.5 millions de dollars de dommages et intérêts, les avocats s'appuient sur les supposés messages inversés, notamment sur le titre "beyond the realms of death" où on entendrait à l'envers "je me suis suicidé" . la cour conclura à une combinaison fortuite de sons et le groupe fut acquitté; elle admettra que le suicide des 2 ados était dû au contexte glauque dans lequel ils vivaient (battus, pères alcolos et drogués etc) et pas à l'écoute de métal.
    Rebelotte toujours en 1985, avec un ado de 16 ans qui tue sa famille, reprocés car on a trouvé chez lui des disques de Judas Priest, illico accusé de satanisme et d'appel au meurtre. Le gamin fut condamné à mort et reconnu Schizophrène, il entendait des messages sataniques partout et pas que dans les disques de heavy metal. Là encore le groupe fut blanchi , mais ces épisodes les ont marqué; mais Vince qui a lu leur livre pourra peut être nous en dire plus.
    La conclusion de tout ça c'est que dans cette grande chasse aux sorcières des illuminés passaient leur vie à écouter toute la production rock à l'envers espérant y trouver des preuves de satanisme, mais que leurs trouvailles étaient tellement fumeuses qu'elles ne reposaient sur rien. D'autre part dés qu'un ado commet un crime aux Etats Unis il suffit de trouver un disque de heavy dans sa chambre pour que des tarés y voient la main de Satan, ces gens là sont à mon sens beaucoup plus dangereux que ce qu'ils combattent; et le rock est un bouc émissaire bien pratique pour cacher le malaise dans leur société qui poussent des gamins à de tels actes (les armes en vente libre par exemple)...

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  4. C'est clair. Il me semble que Black Sabbath et plus curieux... Franck Zappa ont fait partie de cette chasse aux sorcières, cela dit le film ? Cela vous dis rien ? putain ! Je me rappelle d'avoir vu un film sur ce...

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  5. je ne connais pas le film auquel tu fais allusion, je pense qu'il s'agit de "rock star" aussi intitulé "metal god" (http://www.amazon.fr/Rockstar-Mark-Wahlberg/dp/B000071X3B/ref=sr_1_1?s=dvd&ie=UTF8&qid=1330267037&sr=1-1 )

    tout a fait, outre les poids lourds du hard (Led Zep, Kiss, Alice Cooper, Black Sab, Maiden, ACDC, Motley Crue..) ont aussi fait l'objet d'accusations Eagles, Pink Floyd, Bowie, Queen, Prince, Michael Jackson, Madonna et bien d'autres; en France Trust, Noir Desir, Balavoine (!) ou encore Alizée(!!) ont fait l'objet des délires d'intégristes frustrés qui ont cru déceler des messages inversés dans certains titres..

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  6. HRT: Mon com t'auras visiblement laissé un peu sur ta faim. Sauf que voilà, si j'avais dû aborder le départ de Rob (en 1991) ou cette pénible histoire de ces deux fans pertubés au sein de ce même article, il y aurait eu mélanges et confusions. Cet article ne se rapporte qu'à "British Steel" et uniquement "British Steel". Je ne dirais donc rien de plus... Pour le moment. Voilà qui s'appel fidéliser son lectorat (gnark gnark !!).
    Soit toute fois rassuré, j'aborderai forcément ces deux points prochainements, dès lors que je me déciderais à publier un com relatif à cette période (pour le moins turbulante). Celle relative à l'album "Painkiller" (p**ain ! des oreilles vont saigner).
    Quant au film en question ("Rock star" je le confirme), il fait surtout écho à l'histoire de Tim "Ripper" Owens, chanteur américain qui aura eu la lourde tache de remplacer Rob Halford. Ou comment un fan se retrouve, du jour au lendemain, à chanter aux côté de ses héros.

    Merci de votre intérêt à tous et de vos témoignages (certains seront sujet à de toutes petites rectifications... Vraiment légères Rockin). Nous serons forcément appellés à aborder de nouveau "ce grand n'importe quoi" à propos de ces supposés cultes du satanisme, dérives et autres perversions dont a si souvent été l'objet le monde du Hard et du Heavy Metal.

    Peter: Je sais que tu n'est jamais bien loin. Merci aussi de ta visite. Je comprends que tu puisses être de ceux que la musique de Judas Priest n'atteind pas plu que ça. Comme le dit Rob lui même, on aime ou l'on déteste son groupe. Radical, comme sa musique.

    @ bientôt !

    Le chaméléon.

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  7. Ouaip... on a voulu flinguer certains groupes de Rock (via notamment le PMRC), mais tous ces films américains qui, à bien y regarder, sont sous un certain angle une apologie de la violence (c'est ce que veulent les gens, c'est vendeur, faut du flingue, etc...) n'ont aucun problème pour être diffuser. Le type qui résout tous ses problèmes à coup de flingue, qui balance une grossièreté pour les 4/5 mots, ça c'est normal, c'est un bon exemple pour les jeunes.
    Ben ouais, ils passaient pas les films à l'envers...

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  8. C'était mon 1er 33t de Judas. J'ai décroché avec "Defender".
    Ce clip m'a toujours fait marrer, c'est kitch au possible.

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  9. Dans leur première période, les clips de Judas Priest étaient, et je le dis haut et fort, nul à chi**. Drôle dis-tu ?
    "Defenders of the Faith" ? Voilà pour moi l'album définitif de Judas Priest. La quintessence du groupe, la définition même de ce qu'est pour moi... Le Heavy Metaaaaaal !!!!! tout y est sur cet album. "Ma référence" absolue en la matière.
    Toi Bruno, tu as décroché avec ou à cause de "Defenders" ?
    Pour me reprendre une pareille correction, il m'aura fallut attendre 28 ans, grâce à l'album "Hammer of the North" de Grand Magus. Metal is forever.

    Le Chaméléon

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    1. Disons à cause, mais j'avais déjà commencé avec "Screaming". Je trouvai qu'il manquait de chaleur, cela me semblait un peu raide, et puis j'avais parfois un peu de mal avec Halford. Pourtant j'avais beaucoup aimé ce British Steel (et je n'étais pas le seul...). Toutefois, à côté de ça, j'ai toujours trouvé qu'ils étaient de bons musiciens.

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  10. Mais oui ! Mais c'est bien sur ! ( et je tape mon poing dans l'autre main avec mon galuron bien vissé sur ma tête ) C'est Metal god ! j'adore le passage de l'audition pour le vocal.
    Personnellement ma gueule, himself ! j'ai abandonné Judas Priest lorsque cela tournait au Hard core...Bon je sais, j'exagère... Mais à un moment donné c'était du Brut de décoffrage sans originalité. En revanche, ayant vu ce groupe pléthore de fois, c'est un des rares groupes qui assure un maximum en live. Ha oui... évidement il faut investir dans les boules Quiés...

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  11. Tu n'es donc pas le "fils du Metal" que je m'étais imaginé jusque là. Ma déception est grande. Snif !
    Plus sérieusement, ton observation est juste Bruno, tant la musique du groupe va s'accentuer vers se côté froid (comme l'acier). Surtout à partir de "Screaming for Vengeance". Néanmoins, la production de "Defenders of the Faith" tenterait à contredire cela. Epaisse comme elle l'est, il fait décidemment très chaud lorsque l'on bat le métal de cette manière là.

    Le Chaméléon.

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  12. Big Bad Pete1/3/12 14:32

    Même les gentils Beatles ont soi-disant posté des messages subliminaux...
    Des hallucinations auditives du même genre que celles-ci :
    http://www.youtube.com/watch?v=CbGTTE0h5WQ
    On entend ce qu'on a envie d'entendre...
    Comme le nuage en forme de Grand Schtroumpf dans le ciel !

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  13. Big Bad Pete1/3/12 14:33

    Et pour ce qui est de Judas, Jetez une oreille sur "Dreamer deceiver"...
    :o)
    http://www.youtube.com/watch?v=GjMizl3qQGE

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  14. Ouais...pour moi, J P c'est ça!:
    http://www.youtube.com/watch?v=QqcOm9Ig8nM

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  15. OK les gars ! Je sais ce qu'il me reste à faire. Vous voulez du jus d'as, vous allez en avoir du JUDAS. Promis !

    Le Chaméléon.

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