Après avoir fait connaissance avec le batteur Gerry Hemingway, pour les retardataires veuillez cliquer ici Freddie nous parle de son dernier album.
Voici donc le tout dernier opus en leadeur d’un des meilleurs batteurs de jazz issu de la scène underground. A bientôt 60 ans, Gerry Hemingway est l’un des musiciens les plus remarquables, en tout cas l’un des plus passionnants sur son instrument, aux côtés de Chad Taylor, Frank Rosaly ou encore Hamid Drake. Combinant une technique empreinte de swing et de finesse (l’on songe beaucoup à l’héritage de Tony Williams), son jeu est surtout marqué par une flexibilité inouïe. Un imaginaire à nul autre pareil. Bref, un maître à lui tout seul. Son nouveau quintette composé de Ellery Eskelin (saxophoniste ténor que l’on ne présente plus, tant le succès de son trio avec Andréa Parkins et Jim Black a marqué les esprits), de Oscar Noriega au saxophone alto, clarinette, basse clarinette, de Terrence McManus aux guitares, de Kermit Driscoll à la contrebasse et basse électrique (un jeu très proche de Mark Hélias) et enfin, le leadeur, lui même que l’on retrouvera à la fois derrière les fûts, et chose assez étonnante à l’harmonica (notamment sur Gitar).
Le quintette conserve ce penchant pour l’approche improvisation libre, en intégrant ce cnncept si cher au trompettiste Wadada Leo Smith ou encore au guitariste Nels Cline (creative music), à savoir composer en improvisant et improviser en composant. Bref, organiser le chaos tout en sauvegardant la mélodie. D’ailleurs, l’ajout d’une guitare à l’ensemble n’est pas sans rappeler quelques expérimentations de Cline ou de Fred Frith. Si cette notion n’est pas portée ici à son paroxysme (dans la mesure où le cadre sonore et rythmique reste très bon enfant), l’ensemble offre un cadre serein à qui ne connaîtrait pas ce batteur légendaire.
L’ensemble est très homogène, le vocabulaire d'interprétation et d'improvisation reste très détaillé (la pièce d’ouverture, Sumna), structuré et riche en contenu ("At Anytime") et le caractère de la musique possède de multiples facettes, toutes fort intéressantes : couleurs subtiles, humour et sens de la danse ("Riptide"), harmonies d’une tendresse toute enfantine (un son parfois proche d’ECM, comment ne pas songer à quelques productions de Louis Sclavis et même de Henri Texier, notamment sur "Sumna"), mais encore une fois, l’ensemble ne tombe jamais dans l’esquisse (le remarquable "Riptide"). Parfois le sillon est profond et carrément surprenant ("Gitar"), d'autres fois le jeu rythmique est élaborée et espiègle ("Backabacka"). Oscar Noriega (photo) se révèle un excellent musicien (son jeu à la clarinette basse sur "Asamine" est à ce point prodigieux). Quant au climat rock ("Meddle Music") ou encore rock progressif ("Holler Up"), et ces clins d’yeux aux Caraïbes ("Backabacka"), ils révèlent une capacité énorme de la part du batteur à pouvoir mélanger les genres, à brouiller les pistes, tout en prenant l’auditeur par la main. Fans de Manu Codjia et de Louis Sclavis, foncez.
Enfin, l’on trouvera dans ce disque digipack des notes de pochette intelligentes et perspicaces rédigées par l'écrivain Brian Morton.
Pas d'extrait vidéo de disponible... Mais ce disque en écoute sur Deezer : "Riptide" par Gerry Hemingway Quintet
1. Sumna 8:47
2. Riptide 6:57
3. Gitar 12:50
4. At Anytime 9:30
5. Asamine 4:53
6. Holler Up 7:29
7. Meddle Music 4:38
8. Backabacka 8:20
9. Chicken Blood 4:32
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire