Pete Way est un des fondateurs du groupe U.F.O. Ce groupe anglais fleuron d'un Heavy-rock mélodique qui permet au jeune Michael Schenker (après l'avoir débauché d'un Scorpions qui peinait alors à décoller) de s'affirmer en qualité de guitar-hero. Ce groupe va influencer tout une génération d'apprentis rockers. Compositeur, arrangeur, doué d'une présence scénique incontournable, et d'un don pour allier riff en béton et trame lyrique, Pete est une pierre angulaire de l'édifice.
Malheureusement, il plonge dans les excès propres à la vie de musicien perpétuellement sur la route.
Suite aux dissensions croissantes, souvent musclées, avec le chanteur Phil Mogg, Way claque la porte d'UFO en 1982. C'est alors qu'une rencontre avec Fast Eddie Clarke, également en rupture de son groupe (Motörhead), se concrétise autour d'un projet commun : FASTWAY. Seulement Way, les neurones fatigués par l'alcool et/ou par cupidité, s'éclipse sans prévenir pour rejoindre Ozzy Osbourne en tournée, en intérimaire.
A la fin de son C.D.D., il repart à zéro et reforme un groupe autour d'un chanteur écossais, Ian Muir, surnommé Fin. Véritable révélation, bien loin des hurleurs ou des sirènes en vogue à cette époque, Fin est de l'école des Peter French (Atomic Rooster, Cactus, LeafHound, Randy Pie), Dan MacCafferty (Nazareth), Rod Stewart, Jim Dandy (Black Oak Arkansas), Jimmy Barnes & Noddy Holder (Slade), dans le style « je m'explose les cordes vocales sans économies , au point de les rendre abrasives. Je m'engage à fond, mais toujours avec justesse et sensibilité». Notez que dans les chanteurs mentionnés, il y a trois écossais, comme Fin justement. Serait-ce le whisky du pays qui façonnerait ainsi des cordes vocales aussi éraillées ? Steve Harris, Joe Elliott et Ozzy n'ont pas tari d'éloges à son encontre.
Formation / Vices |
Ce combo est complété avec le batteur Frank Noon (Def Leppard, Lionheart, Bernie Tormé, Di Anno), et d'une jeune recrue au poste de guitariste lead, Ron. E. Kayfield, ainsi que de l'expérimenté Paul Raymond (Chicken Shack, Savoy-Brown, UFO, MSG) aux claviers et guitares. Grâce à la signature sur une major, le premier album, « Vices » sort en profitant d'une belle promotion (à l'époque, tout ce qui tournait autour du Hard-Rock avait le vent en poupe). La reprise de Jefferson Airplane, « Somebody to Love », et surtout « Love Loaded » (bénéficiant d'un clip vidéo largement diffusé) font une très belle percé et par la même occasion de l'ombre à l'UFO déserté. Pourtant l'album cumule plusieurs défauts. La production est pauvre, entre une démo et un (bon) bootleg avec une batterie placée trop en avant. Kayfield balance des plans de tapping merdeux et massacre ses notes au vibrato en guise de solo. Et les compositions auraient mérité d'être un peu plus travaillées, certaines manquant cruellement de consistance. Seul Love Loaded a réellement de beaux atouts, et indéniablement les ventes fort honorables de l'album ont bénéficié de la fréquence des passages télévisés du clip de ce titre. Pourtant on sent que le groupe a largement les capacités de bien mieux faire.
D'un succès trop rapide et des démons persistants de Way (ceux qui se cachent dans les fonds de bouteille) naissent rapidement des dissensions. Le groupe éclate et Chrysalis, lassé par les problèmes internes du groupe le met à la porte. A la rue, WAYSTED éclate.
Pas désespérés, Pete et Fin recollent les morceaux, et recrutent encore un dissident d'U.F.O., Paul « Tonka » Chapman (qui remplaça Gary Moore après son départ de Skid Row, et sauva du crash UFO après la défection de Schenker) récupéré du vaisseau en perdition de Phil Moog. La formation est désormais réduite à un quartet, Raymond n'étant ni rappelé ni remplacé.
L'engagement de Paul Chapman est une aubaine. Voilà un guitariste qui n'est pas aveuglé par son ego. Son jeu est avant tout au service de la chanson (ce qui n'est malheureusement pas toujours une règle dans ce milieu obnubilé par le star-system), sachant allier puissance et mélodie avec une retenue naturelle, presque nonchalante. Il n'a pas besoin de mettre les potards de l'ampli sur onze, ou de brancher en parallèle une disto, une overdrive et une Metal-Zone pour sonner Hard ou Loud. Nul besoin non plus de descentes masturbatoires du manche, d'acharnement névrosé sur le vibrato ou d'appogiatures maladroites, (trop courant à cette époque), pour jouer un solo de guitare.
WAYSTED signe sur un jeune label indépendant, Music For Nations. Une maison anglaise spécialisée dans le gros Hard qui tâche et le Metal. Comme d'autres labels indépendants tels que Neat et Zebra, elle donna la possibilité à de nombreux groupes d'être enregistrés et distribués. Ainsi, Metallica, Tank, Legs Diamond, Loudness, Manowar, Anthrax, Battle Axe, Q5, Savatage, The Rods, Rogue Male, WASP, Tyketto, Exodus, Megadeth, Paradise Lost, etc..., firent parti de cette écurie.
Un Ep éponyme sort rapidement avant que les braises de « Vices » ne soient totalement refroidies. Une sorte de hors-d'oeuvre présentant la nouvelle direction. Pas un virage à 360°, mais plutôt la confirmation d'un choix ; celui de suivre la voix ouverte par Love Loaded. Soit celle d'un Heavy-rock carré et pêchu, prolétaire, incitant à la fête et la bière. Désormais, WAYSTED met de côté le mascara et les paillettes. Cet Ep, produit par Leo Lyons (qui avait déjà produit UFO) est loin de faire l'unanimité parmi les critiques, pourtant, avec le recul, il paraît plus sincère que « Vices ».
En 1985, « The Good, The Bad & The Waysted » met tout le monde d'accord.
Le titre évidemment, est un clin d'œil à « The Good, The Bad and the Ugly » de Sergio Leone. Ici, en l'occurrence, les rôles se répartissent respectivement entre Chapman, Fin et Way. Une prise de conscience pour ce dernier qui, à 34 ans, doit se demander si effectivement, alors qu'il a frôlé les étoiles, il n'a pas maintes fois tout gâché avec son irrésistiblement penchant pour les soirées - et plus - arrosées.
N'ayant pas de batteur attitré au moment de l'enregistrement, Way se retrouve obligé d'appeler à la rescousse l'ex d'Humble Pie, Jerry Shirley. Ce dernier, toujours avec Fastway, ne garde apparemment pas rancune au bassiste. Il les accompagnera même en tournée, bien qu'il ne fasse pas partie officiellement du groupe. Auparavant, il y avait Andy Parker (oui le batteur d'UFO - Pete aime bien débaucher chez son précédent groupe), mais fatigué, il préfère prendre quelques années sabbathiques pour se reposer.
Le ramponeau du riff et les coups de boutoir de Shirley annonce d'entrée le nouveau WAYSTED qui fonde sa musique principalement sur la puissance de frappe d'un Hard Blues rugueux et la vivacité d'un Heavy-Rock'n'roll fier et sûr de lui. Une entrée en matière qui laisse présager un Heavy-Rock classique, non dénué d'intérêts mais un peu pataud. Avec le second plat on franchit un palier avec une trame mélodique dépouillée et limpide (telles que déjà développée dans U.F.O).
Le côté mélodique est prégnant sur le troisième ; cette bande de flibustiers sait aussi faire preuve de sensibilité avec « Heaven Tonight". Une des plus belles chansons de Heavy-rock mélodique jamais composées. Elle est d'ailleurs réenregistrée sur l'album suivant, et, grâce à son clip vidéo, devient rapidement un hit.
Sur la seconde face, retour en force d'un Heavy-rock radical avec le fanfaron "Dead on Your Legs", l'entêtant "Rolling out the Dice" et le menaçant et sombre "Crazy 'bout the Stuff". « Rock is a passion, Heavy decibels are playing on my guitar. We got vibrations coming up from the floor».
Final sur une reprise endiablée de "Around And Around" de Chuck Berry ; histoire de rappeler et de rendre hommage aux racines.
Avec Chapman et surtout Way, on retrouve inévitablement une empreinte d'UFO. Cependant la voix rocailleuse de Fin, la gratte râpeuse de Chapman (BC Rich Bich ou Gibson LesPaul) ont érodé le lustre de l'Objet Volant pour mieux laisser transparaître le caractère purement Rock. A l'instar de Fastway, WAYSTED se démarque complètement de la NWOBHM en renouant avec un passé glorieux tout en préfigurant d'une certaine façon un Heavy-rock US musclé et mélodique et ce que l'on nommera le Sleaze-rock.
de G à D : Chapman, Fin et Way |
Grâce au support de quelques aficionados - dont Steve Harris d'Iron Maiden - Pete Way, une fois de plus, reforme le groupe. Cette fois-ci, seul Paul Chapman est rappelé. Deux américains sont embauchés : John Dittedoro (Britny Fox, Doro, Mariah) à la batterie et Danny Vaughn au chant (Tyketto et Vaughn).
Le groupe signe avec EMI (merci Harris) et sort « Save Your Prayer »en 1986. Cet important label permet une belle promotion dans la presse et surtout la réalisation d'un clip qui tourne en boucle sur MTV. Un investissement payant car le disque octroie un petit succès outre-atlantique, notamment donc grâce au hit « Heaven Tonight ».
Toutefois, si cet album a d'indéniable qualité, WAYSTED a désormais gommé son côté canaille, mauvais garçon au profit d'un Heavy-rock policé proche d'un Rock US FM. WAYSTED a troqué sa tenue de mauvais garçon romantique pour se fondre dans un Heavy-rock FM sans grande personnalité.
Il faudra attendre la reformation de 2003, avec le retour de Fin Muir, pour retrouver ce qui avait fait le charme de cet Heavy-Rock racé aux allures de margoulin.
- Hang 'Em High - 5:23
- Hi Ho My Baby - 3:33
- Heaven Tonight - 4:33
- Manuel - 5:18
- Dead On Your Legs - 4:42
- Rolling Out the Dice - 3:39
- Land That's Lost the Love - 4:40
- Crazy 'bout the Stuff - 5:27
- Around and Around - 3:13
Excellent Post ! Pas plus de commentaires ! tout est dit...
RépondreSupprimerMille mercis
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