jeudi 18 août 2011

LE PIANISTE de Roman Polanski (2001) par Vincent The Chameleon



Au nom de quoi ?

Qui mieux que Roman Polanski pouvait réaliser un tel film ?
Le réalisateur juif polonais nous offre sans doute son œuvre la plus personnelle sur l'une des pires périodes de toute l'histoire de l'humanité. D'ailleurs, face à l'insoutenable barbarie nazie, face à de telles images, je serais plus clairement tenté de parler d'inhumanité. Comment de telles atrocités ont-elles pu être commises par des hommes ? 

Adrien Brody dirigé par Roman Polanski.

J'ai lu ici et là quelques autres commentaires (très peu fort heureusement) faisant état d'un film ou, selon les dires de leurs auteurs, "il ne se  passait  rien" .........................Pardon !!!?

Un peuple tout entier privé de ces droits les plus élémentaires, des corps d'enfants achevés en pleine rue jonchant les trottoirs d'un GHETTO tout frais construit. Des hommes réduits à la condition de rats, contraint de se voler et de manger à même le sol une simple ration de soupe. Des exécutions sommaires, des violences, des humiliations et des réprimandes constantes de la part des soldats de la Wehrmacht. Un vieillard en fauteuil roulant jeté du troisième étage sous les yeux de sa famille. Cette femme craintive qui demande avec réserves ou on va les emmener, et qui pour seule réponse se voit loger une balle en pleine tête. Et ce pianiste, sauvé in-extremis des convois de la mort, errant seul dans une ville qui n'en n'est même plus une. Mais bordel de merde !! Osez dire qu'il ne se passe rien dans ce film est presque aussi irresponsable que de nier la Shoah.

Bien sûr Le pianiste n'est pas le premier film réalisé sur le sujet, mais il parvient aisément à se différencier de tous ceux qui auront été réalisés jusque là, puisque ne s'agissant nullement d'une fiction. Si le réalisateur adapte le livre autobiographique de ce brillant pianiste, il faut également souligner que dans sa prime jeunesse, 
Roman, enfant, a lui aussi été le témoin direct de ce qui nous est relaté ici. Quant à Wladyslaw Szpilman, pianiste à la radio polonaise, il vécu jusqu'à l'âge de 88 ans et est décédé en 2006. 

Adrien Brody incarnant Wladyslaw Szpilman.
Avec Le pianiste, Roman Polanski appuie forcément là ou ça fait le plus mal, nous laissant, une fois encore (car comment s'habituer de ce genre d'images ?),  avec ces sentiments mélangés d'aberration, de totale incompréhension, de désarroi, de colère et de dégoût de nous même, face à cette indicible horreur.
De toute évidence, devant la force de sa réalisation, ce film bouleversant, cette œuvre à part entière (récompensée par plusieurs prix), se doit d'être vue par le plus grand nombre pour ne pas oublier, au nom d'une idéologie, d'un fanatisme primaire et de mensonges politiciens, ce que de soit-disants hommes auront été capables de faire subir à d'autres Hommes.

Assurément un très grand film, que l'on n'a pas nécessairement l'envie de revoir aussi souvent qu'on le souhaiterait, au vu de la dureté de nombreuses de ces images. A contrario, la bande son, la musique, sont d'une grande beauté.


Extrait 1:  L'armée Allemande est en pleine déroute et la fin de la guerre est imminente. Avant d'être fait prisonnier à son tour, puis envoyé dans l'un des camps de l'armée Russe (d'ou il ne reviendra pas), un officier allemand découvre, par hasard, Wladyslaw Szpilman. Trahi par sa faim en tentant, en vain, d'ouvrir une boite de conserve, l'officier désabusé lui demande de se présenter à lui. Afin de vérifier ses dires, il l'installe devant un piano... miraculeusement épargné des bombardements. Voici ce qui l'en fut.  
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Extrait 2: Hommage: Wladyslaw Szpilman en personne, jouant le "Nocturne N°20 en do dièze mineur opus posthume de Frédéric Chopin" (j'en ai pour ma part la gorge encore serrée).




3 commentaires:

  1. cat foirien18/8/11 09:50

    très bon film, il ne se passe rien, bien sûr, ce n'est pas le genre de réalisation où l'on prend le spectateur par la main dès le début du film pour l'emmener jusqu'au générique de fin, dans un train d'enfer (si je puis me permettre l'expression, vu le sujet...). tout est montré, avec retenue, sans démonstration mais sans concessions, un film bouleversant dont les images restent à l'esprit, et c'est là qu'il se passe quelque chose, au fond de nous même.

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  2. Bel article, poignant. Quand je pense que j’ai ce DVD depuis un temps certain et que je ne l’ai toujours pas vu. Rappel à l’ordre utile...
    A noter qu’il existe un CD avec Le nocturne et un choix de pages de Szpilman et de divers compositeurs. Le pianiste a très peu enregistré officiellement, je pense qu’il s’agit de bandes de radio polonaise pour laquelle il donna beaucoup de concert en solo et sans public après l’enfer.
    You Tube affiche opus 20, tss tss, c’est le nocturne N°20 Opus posthume en fait… L’opus 20 est le scherzo N°1. De toute façon, un Chopin crépusculaire, très habité...

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  3. Cela ne pouvait t'échapper Claude. Merci de ta prévenance.

    Cat foirien: Excellente synthèse de votre part. En fait, il suffit simplement d'avoir un coeur pour que ce film vous touche. Merci de votre intérêt à tous.

    Le Chameleon.

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