Retour au coeur de la scène
Le cœur de Heart est centré sur les deux sœurs Wilson, Ann et Nancy. Originaires de Californie, elles se fixèrent à Seattle pour leurs études en commençant parallèlement une carrière musicale. Ann rejoignit un groupe local, White Heart. Rebaptisé Heart, la formation traversa rapidement la frontière (en théorie la raison aurait été la fuite d'un musicien pour éviter de partir pour le Viet Nam), pour s'établir à Vancouver. Plus tard, avec l'arrivée de Nancy en renfort, les Wilson prirent les rênes.
Bien que généralement classé dans le Hard-Rock, Heart n'est pas à proprement parlé une formation typique du genre. En effet, comme d'autres combos de l'époque, les musiciens de Heart composent au gré de leur inspiration et non en fonction d'une ligne de conduite, et font ainsi fi des carcans dans lesquels se sont trop souvent enfermés tant de formations. Ainsi, Heart parcourt, survole, indifféremment les territoires du Heavy, du folk, de la pop, ou du progressif, avec une coloration rock plus ou moins prononcée. Cet attrait pour le mélange des genres, de l'acoustique et de l'électricité, dans une veine Heavy, a souvent entraîné la comparaison avec Led Zeppelin ; d'autant plus que le combo reprenait parfois sur scène quelques uns de leurs standards (ce serait même une spécialité). De plus, certaines compositions, certains mouvements, évoquaient (et évoquent encore aujourd'hui) immanquablement le Dirigeable (particulièrement celui du III, du IV et de Physical Graffity).
En conséquence, Heart a été quelquefois affublé, non sans raison, du titre, de meilleur imitateur du Zeppelin, notamment grâce aux prouesses vocales d'Ann. Plus tard, dans les 80's, Heart amorça son déclin en dérivant vers un rock plus policé, gommant la facette folk et progressive, et s'enlisant graduellement dans un Hard-FM sur-produit, noyé par une batterie chargée d'effets et d'échos surdimensionnés et de claviers envahissants. Quelques bons, voire excellents, singles arrivèrent néanmoins à surnager. En 1995, Nancy marque une pause pour s'occuper de sa famille (elle est l'épouse de Cameron Crowe), tandis qu'Ann continuera seule d' assumer les tournées.
Résumé succint en images:
A noter la parenthèse The Lovemongers, un quatuor acoustique (?), qui réalisa un Ep live avec un « Papa was a Rolling Stone » qui donne des frissons et une parfaite interprétation de « Battle of Evermore » (http://www.youtube.com/watch?v=GWhf98pFeUs&feature=related ), et deux CD dont un consacré aux chants de Noël.
Ann Wilson est chanteuse, et joue accessoirement de la guitare acoustique, du violon et de la flûte, tandis que Nancy est guitariste, 2ème chant et choriste ; elle joue également de la mandoline, de l'harmonica et des claviers.
Howard Leese fit partie du groupe de 75 à 95, avant de rejoindre Paul Rodgers, et maintenant Bad Company, et Dennis Carmassi (Montrose, Sammy Hagar, Gamma, Coverdale-Page, Kim Carnes, Nugent, Whitesnake) de 82 à 92.
Les sœurs ne se réuniront à nouveau qu'en 2004 pour un nouveau disque de bonne facture, « Jupiters Darling » qui renoue, dans une certaine mesure, avec leur recette des 70's, en y rajoutant un peu plus de mordant, et en oubliant désormais le côté progressif. Un rock mainstream, mais aucunement FM. L'album ne manque pas de qualité, mais leur nouvelle maison de disque, en difficultés financières, doit déposer le bilan.
Six ans plus tard, l'album Red Velvet Car, garde la même ligne de conduite en accentuant les sonorités boisées, tout en côtoyant les électriques. Bien loin de leurs productions des 80's et des 90's, cet album fait preuve d'une relative sobriété. Il est exempt de tout arrangement superflu. Les titres sont relativement courts, faisant abstraction de toute longue envolée de guitare lead (l'absence de Leese ?) ; un format donc plus Beatles que Led Zep. Et ce bien que, encore une fois, « Queen City », « Wheels », « Safronia's Mark » et « Death Valley » possèdent des mouvements qui évoquent, peu ou prou, le fameux dirigeable.
Ainsi, l'album démarre par un titre acoustique appuyé (Heavy-folk ?), où l'on frappe sèchement les cordes de guitare, sans les brutaliser pour autant, tandis que le titre suivant, d'orientation nettement plus heavy, garde encore une guitare acoustique en soutien, assurant ainsi l'équilibre entre sonorités naturelles et amplifiées. La chanson éponyme, ballade langoureuse, nappée de violons aériens, où cette fois-ci, des volutes de guitares électriques viennent habiller le tout, confirme cette première impression.
Dans l'ensemble, "Red Velvet Car" offre un mélange subtil et élaboré de pop, de folk-rock et de classic-rock, à la fois rafraîchissant, très agréable à écouter, et qui passe avec bonheur la barre fatidique d' écoutes multiples. Seuls « Wheels », « WTF" et « Death Valley » sont assez chargés de courant pour être apparentés pleinement au format Heavy-rock (plutôt de branche Classic-Rock).
Bien que couronné d'un certain succès outre-Atlantique (dixième place dans les charts US !), "Red Velvet Car" a été totalement passé sous silence dans nos contrées. Absence totale d'articles, de promos, d'informations, nada, rien, que dalle... Pourtant, la voix d'Ann Wilson demeure, malgré ses 60 ans révolus, l'une des plus belles du Rock.
En tout cas, il semble évident que les sœurs Wilson ont réalisé ce disque pour leur seul plaisir. Rien de foncièrement commercial ici, du moins pas grand chose qui épouserait les critères actuels ; en d'autres mots, ni grosse guitare super-saturator, ni sample, ni bidouillage (en fait, oui, occasionnellement, mais de façon à peine perceptible), et surtout pas de chant maniéré, insipide et artificiel façon "arènebi", encore moins de « patterns » rap (pour une pseudo fusion quelconque).
Bien qu'il n'y ait pas de chansons pouvant faire oublier leurs plus grands succès, l'album, dans son ensemble, est indubitablement une de leurs meilleures réalisations.
- There you Go - 3:36
- WTF - 3:26
- Red Velvet Car - 2:58
- Queen City - 4:16
- Hey You - 4:13
- Wheels - 3:05
- Safronia's Mark - 3:53
- Death Valley - 3:52
- Sunflower - 3:42
- Sand - 4:06
J'avais fait connaissance avec Heart le temps d'un unique morceau. Une ballade magnifique qui s'appelait "Alone". Se devait être en 87 ou quelque chose comme ça.
RépondreSupprimerJ'ai souvenir que le frangines Wilson avaient été conviées à faire quelques choeurs (...) sur l'album "Famous last words" des Supertramp.
Pour le reste je sais seulement que leur Batteur, Denis Carmassi, a aussi officié au sein de l'éphémère et unique album de Page/Coverdale, ainsi que sur le "Into the Light" de ce même Coverdale.
Cet album me tente bien et j'avoue en plus que je trouve sa pochette superbe. Est-elle en édition digipack, ou bien ?
Enfin, quel album me conseillerais-tu ?
"Alone" date effectivement de 87, et est tiré de l'album "Bad Animals". Cette chanson est très bonne ; du Hard-FM de grande classe. Hélas, l'album n'est vraiment pas extraordinaire, excepté quatre ou cinq titres.
RépondreSupprimerJe ne connais pas tous leurs albums, et certains ne sont plus qu'un vague souvenir. Néanmoins, je dirai que le petit dernier est le plus homogène, et par là même peut-être le meilleur (les avis sont partagés). Un peu court, 38 mn, mais que du bon. Alors que le précédent, fort long avec presque 70 mn, aurait gagné à faire un peu de ménage. D'autant plus qu'il a deux titres bien Heavy qui ne devraient pas te déplaire.
"Little Queenie" vaut également le détour, mais il est probable que tu le trouves daté.