Un live dantesque. Incomparable, c'est du Screamin' Cheetah Wheelies.
Hélas, la gloire, la renommé ne sont pas proportionnelles à la qualité intrinsèque de l'artiste, du groupe (ce ne sont peut-être pas des critères recevables pour l' « Industrie Musicale »). Un exemple ? En voilà, un des meilleurs : le cas Screamin' Cheetah Wheelies. Même si cinq de leurs simples furent tout de même classés dans les charts rock mainstream, leur petite notoriété n'a jamais pu prendre l'essor qu'elle aurait logiquement méritée. Comment un groupe conjuguant tant de talents peut il ainsi rester inconnu d'une écrasante majorité ? Il est vrai que ces gars là n'ont jamais cultivé une quelconque image, ni recherché une publicité auprès des tabloïds people ; et ce ne sont ni des poseurs, ni d'hypocrites faussaires rentrés dans la musique pour gagner du flouze, ou flatter leur égo.
Screamin' Cheetah Wheelies est un groupe d'exception pour une musique d'exception. Des musiciens hors pairs, à l'aise dans toutes les nuances qui édifient leur musique : Southern rock, blues-rock, Heavy-rock, Funk-rock, americana (avec un parfum sudiste, de la Louisiane au Texas), doté d'un groove assez marqué, prédominant. En fait, toute la musique à consonance rock implantée aux USA qui fait fi des modes (ils ont même carrément l'air de s'en contre-foutre royalement, des modes). On peut y retrouver un petit quelque chose de différents groupes, comme les Blues Travellers, Black Crowes, Aerosmith, Allman Bros., Gov't Mule (Warren Haynes a participé à leur deuxième opus, Magnolia), Black Oak, Medecine Hat, Widespread Panic, Savoy-Truffle, Red Hot, Cry of Love, voir même Pearl Jam. A l'écoute de tant de talent, cela n'est certainement pas fortuit et doit se justifier par des racines communes.
En tout cas, voilà un groupe qui serait bien difficile à classifier tant sa musique est riche, et personnelle. On ne peut qu'essayer de situer (classifier ?) ce groupe en citant divers groupe afin d'aiguiller les curieux. Une musique si riche que l'on y découvre (ou redécouvre) et apprécie quelque chose de nouveau à chaque écoute. Tout en faisant vibrer l'auditeur.
Un batteur, Terry Thomas, au jeu époustouflant et impressionnant, volubile, virevoltant, et toujours en adéquation ; un bassiste (hélas, pas toujours facile à discerner sur ce live car souvent enrobée d'une fuzz) qui aurait pu croiser sans complexe le fer avec Allen Woody (l'album lui est d'ailleurs dédié) ou Dave Brown. Une paire de guitaristes complémentaires, rarement à l'unisson : leur jeu consistant plus à élaborer une architecture sonore complexe (sans pour autant utiliser des plans ultra-techniques alambiqués), tout en gardant une attaque résolument rock, organique, énergique, qu'à se restreindre à épaissir le son ou à se limiter à des duels de guitares. Leurs soli ne sont pas en reste pour autant, pas spécialement techniques, mais sacrément chargés de feeling. Ce n'est nullement feint lorsque le chanteur émet des grognements extatiques avant (ou pendant) un solo, mais bien une montée d'adrénaline incontrôlable.
Et aussi Mike Farris, chanteur, harmoniciste, guitariste (troisième guitare occasionnelle), et compositeur (le plus prolifique du groupe), qui de son timbre particulier, graveleux au léger tremolo, sachant se faire fragile, agressif, ou mélancolique, croisement improbable entre Steven Tyler, John Popper, Jimmy Barnes et feu Peter French, vous fait vibrer les synapses. Le tout avec une cohésion sans faille, mais non calibrée, terriblement organique, chaleureuse et sincèrement viscérale.
Et aussi Mike Farris, chanteur, harmoniciste, guitariste (troisième guitare occasionnelle), et compositeur (le plus prolifique du groupe), qui de son timbre particulier, graveleux au léger tremolo, sachant se faire fragile, agressif, ou mélancolique, croisement improbable entre Steven Tyler, John Popper, Jimmy Barnes et feu Peter French, vous fait vibrer les synapses. Le tout avec une cohésion sans faille, mais non calibrée, terriblement organique, chaleureuse et sincèrement viscérale.
Ces gars là, touchés par la grâce, auraient dû être en toute logique les nouveaux dieux du Rock Américain.
Après trois albums sans faille - dont le splendide "Magnolia" -, et un double live décomplexé (qui délivrait pratiquement, à deux/trois titres près, l'intégralité des deux premiers opus dans un ordre identique aux versions studios, avec une aisance déconcertante), Screamin' Cheetah Wheelies sort cet album live dantesque. Du genre qui donne le frisson, qui vous transporte dans un monde parallèle où ne subsistent que la joie, la fête, l'entrain et la bonne humeur. Rock'n'Roll. Rien de particulièrement agressif, ou de sombre (mise à part « More than I can take ») dans le feeling des SCW, même si ici, tout est pêchu et foncièrement électrique. C'est juste terriblement enthousiasmant. Un concert enregistré chez eux, à la maison, à Nashville.
Un véritable moteur vivant irradiant une chaleur à faire fondre les glaciers de l’Antarctique, à flinguer les enceintes (car hypnotisé on relève progressivement le volume de la chaîne, jusqu'à saturation des esgourdes) , une source miraculeuse capable de guérir tous les adorateurs de Star Ac & Co (du moins ceux encore récupérables, qui n'ont pas encore trop forcés sur la chose).
Le répertoire interprété pioche principalement dans « Big Wheels » (le troisième disque) avec quatre pièces (dont la reprise survitaminée du « Right place, Wrong time »), contre deux de leur premier, et aucun de « Magnolia » ; (Un choix délibéré afin de privilégier les pièces les plus remuantes ? Magnolia donnant plus l'impression d'œuvrer dans une sorte de boogie-rock spirituel, de Southern-heavy-rock onirique, de progressif-power-pop-southern-rock ; un truc du genre... vous saisissez ? non ?)... Soit six titres sur onze. Le reste est composé d'une reprise de Joe Cocker, « High time we Went » (plus proche du « Joe Cocker Live » de 90 que de la version de 71), une du « Little Red Rooster » de Willie Dixon (un titre qui aurait pu être ennuyeux par faute d'innombrables reprises, mais qui prend ici une nouvelle dimension), le remuant « 25 Miles » d'Edwin Starr (vous savez, l'auteur de « War », Heavy-Soul !), et deux inédits, dont un que l'on retrouve sur le CD « Ten Miles High » (de 2005, quatre titres only).
Le douzième titre est un inédit studio ; assez décapant, il garde le goût des clubs enfumés, chargés d'odeurs âcres de sueurs mélangées aux divers parfums passés, se mariant donc naturellement en conséquence . Ce paquetage entre originaux, inédits et reprises biens senties, confère à ce live un intérêt au-delà de celui du « simple » enregistrement en public, recrachant avec plus ou moins d'entrain ou de conviction, de nuances, de bonheur, des chansons éculées.
Plus fin que Blackfoot, plus énergique que Allman Bros, plus éclectique que Lynyrd Skynyrd, moins Hard que Blackberry Smoke, plus explosif que les Black Crowes, plus Funky que la Mule, plus Heavy que Blues Traveller, moins country que les Beat Farmers... Incomparable, c'est du Screamin' Cheetah Wheelies. Et ça, c'est un enregistrement Live que l'on se doit d'avoir. Ne serait-ce qu'en cas de secours contre la morosité. A classer avec les meilleurs lives des 70's. VOUAILLE !! Juste cul, ça foudroie !! Et en plus, on en redemande !!
Du ROCK'n'ROLL !!! Dans le sens noble du terme. Yyyaaarggghhhh....
Du ROCK'n'ROLL !!! Dans le sens noble du terme. Yyyaaarggghhhh....
P.S. Tous les albums de Screamin' Cheetah Wheelies sont excellents. Un groupe rare, précieux.
- Boogie king 3:48 - (utilisé pour la B.O. du film d'auteur, "La fiancée de Chucky")
- Shakin' the Blues 3:13
- One big drop of water 5:24
- 25 miles 4:14 - (Edwin Starr)
- People 6:00 - (inédit)
- High time we went - (Joe Cocker)
- More than I can take 6:23
- Right place Wrong time 4:31 - (Mac Rebenack)
- Little Red Rooster 7:38 - (Willie Dixon)
- Love is the Color 4:38 - (inédit paraîtra deux plus tard sur "Ten Miles High")
- Leave your pride at the front door 13:18
- Ubbermaid fiancee 3:58 - (inédit studio)
version du présent live
A rajouter sur ma liste du Père Noël...
RépondreSupprimerBon, moi, c'est les références à Gov't Mule et aux Blues Travelers qui me gênent. Dire que Gov't Mule est funky me paraît un peu hasardeux. C'est tout sauf funky, ou alors le mot a plusieurs significations. En ce qui concerne Blues Travelers, ce groupe n'a de blues que le nom. Quant à la deuxième partie du nom, elle est plus juste: qu'ils se cassent, et vite. J'ai acheté le live sur les (mauvais) conseils du dénommé et mal nommé GéGé-Blues; c'est honteux, j'ai dû me faire violence pour ne pas le jeter à la poubelle. IL est au fond de l'armoire, là où je suis sûr de ne pas le voir. En revanche, plus fin que Blackfoot, c'est pas difficile. Medlockle, Haynes et Popper, dans un sac, avec une quinzaine de chats, et le tout à l'eau, comme au Moyen Age, époque où on savait s'amuser. J'ai dit.
RépondreSupprimerIl ne s'agit pas ici du "live de GG" (le sien c'est "Live vol. 1 & 2", celui consacré aux deux 1ers opus) que je trouve moins bon, que j'ai aussi peu écouté (trop long peut-être).
RépondreSupprimerLe côté Gov't Mule n'est nullement prégnant, et rien n'empêche d'apprécier l'un sans l'autre. Quant à Blues Travellers, effectivement, ce n'est pas à proprement parlé un groupe de blues ; c'est une inspiration forte, mais non exclusive, et le groupe a essayé de faire autre chose que du sempiternel chicago-blues ou blues-texan. (En tout cas, c'est nettement plus blues que les Moody Blues, non ? on s'en fout ? tant pis)
Plus funky que la Mule, effectivement, ce n'est pas bien dur.
Au moyen-âge, on massacrait, brûlait, détruisait, tout ce que l'on ne comprennait pas, non ? Le temps de l'obscurantisme.
Whaaaahhh... Ça déchire !!!! Vraiment !
RépondreSupprimerDommage que ce soit des américains.
Salut! j'ai découvert ce groupe grâce à un comm d'un certain "Brutor" sur Amazone et ai fait l'acquisition d'un de leurs opus, ta brillante prose m'a convaincu , je vais donc pousser un peu plus loin l'investigation et acquérir ce live.
RépondreSupprimerMais je suis très inquiet! N'est-il point dangereux d'aimer ce groupe et d'être également un inconditionnel de Gov'T Mule?
A en croire "Shuffle Master", c'est un peu contre nature, non?
Oui je sais notre homme fait preuve d'une petite , (mais alors toute petite) mauvaise foi dès qu'il s'agit de parler de Warren Haynes!
Cela dit cher SM tes comm sont souvent très drôles et de toutes façons je les prends au second, voire troisième degré! Ais-je tort ou raison, Amicalement.
PS: pour les Blues Traveller, d'accord avec SM, leur live est chiant, et pourtant John Popper est un brillant harmoniciste, en témoigne son apparition sur un live de l'Allman Brothers Band, dans une flamboyante version de "Southbound"
Ah, enfin quelqu'un de sensé sur ce blog. Effectivement, il y a beaucoup de mauvaise foi dans mon avis sur Gov't Mule, mais sérieusement je trouve ce groupe surestimé, et ses disques médiocres. IL n'y a chez eux ni swing, ni groove, ni énergie, et quelque chose d'ampoulé et de malsain qui me gêne.
RépondreSupprimerCela dit, je dois reconnaître que Brutor/Bruno a rarement tort (musicalement s'entend...parce que le Moyen Age obscurantiste ça se discute...), et le CD peut être intéressant.
A part ça, M. Bruno, tu connais le coffret Howlin Wolf chez Proper (1951-1958) ? Si oui, il vaut quoi? J'ai reçu le CD Chess Genuine article; très bien et bien rempli.
En fait, pas beaucoup de rapport entre la Mule et SCW, si ce n'est que ces 2 groupes sont souvent assimilés à la scène Heavy du Southern-Rock. Un raccourci rapide. Evidemment il y a certaines chansons qui pourraient se retrouver indifféremment chez l'un ou l'autre.
RépondreSupprimerMais déjà, l'assise de SCW repose sur 2 guitaristes (parfois 3), souvent en interaction, alors que Gov't Mule ne repose que sur celle de Warren Haynes. De plus, ce dernier a un jeu plus sombre
"le Moyen Age obscurantiste ça se discute...", tout à fait. Du moins, en Europe, il fallait être attentif à ne pas avoir de propos hérétiques, et les femmes n'avaient pas droit d'étudier. Mais c'est un sujet vaste, et effectivement, lorsque l'on si intéresse, on découvre des choses surprenantes, qui peuvent parfois, paradoxalement, nous faire passer pour des sauvages (que nous sommes ?).
RépondreSupprimerHa, comme j'aimerai pouvoir faire une compile des compiles à S.M des meilleurs de la Mule. Mais il est vrai que tout n'y est pas excellent, ni brillant. Je crois qu'en fait, la Mule a marqué les esprits car à l'époque de leur disque éponyme, en 95, ils apportaient un bol de "fraîcheur" estampillé 70's. Quelque chose que l'on avait du mal à retrouver à l'époque ; et dans une certaine mesure, il faut le lien entre les jam-bans et le Southern-rock. Mais effectivement, il y a souvent quelque chose de sombre qui transpire à travers Haynes, ce qui peut déplaire.
RépondreSupprimerDésolé, SM, je ne connais pas ce coffret. Essayes de dénicher "Ain't gonna be your dog" qui est le complément indispensable à "Genuine article". Double CD remasterisé de chez Chess, il présente ses 1ers enregistrement de 51 et 52. Du brut de décoffrage. Deux titres rappellent même les blues de Billie Holiday.
1er CD de 51 à 58, le 2sd de 63 à 68.
Vu. Merci. Mais le double CD dont tu parles n'est plus disponible. Sur le Moyen Age et les femmes, autre observation. Elles votent, soit, mais est-ce que ça a changé quelque chose (voir la situation actuelle)? Elles étudient (et souvent mieux que les hommes)ce qui leur permet d'accéder(pas trop, heureusement) à des postes de commandement où elles font chier tout le monde et surtout leurs subordonnés. Toute cette "évolution" n'a donc servi à rien. CQFD.
RépondreSupprimerJ'ai oublié de préciser pour Gov't Mule; j'ai eu je sais plus quoi..."before insanity" jeté après quelques écoutes, et au fond du placard dorment deux Deepest End et High and Mighty. Je suis d'une parfaite mauvaise foi,certes, mais sur pièces.
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