Désolé de faire référence, une fois de plus, à nos réunions préparatoires, mais, lorsque j’ai demandé à la cantonade, l’autre jour, qui serait intéressé par chroniquer cet album de Robert Plant, une voix a répondu, avec un naturel désarmant : vas-y, cela me donnera l’occasion de savoir qui est ce monsieur Robert ***
On m’a raconté plus tard que les médecins avaient mis trois jours à me ranimer. Je ne garderai pas de séquelles, ont-ils dit, après ce choc psychologique, et la chute du 14ème étage qui a suivi. Cela m’apprendra à m’asseoir sur les bords de fenêtre. A l’attention, donc, de cette personne, qui ne sera pas nommée (moins par discrétion, que pour sauvegarder la légitimité de ce blog), et de ceux qui ne vécurent pas sur cette terre ces trente dernières années, petit rappel des faits. Les autres, peuvent sauter directement au troisième paragraphe.
Robert Plant, le blondinet au centre, et au premier plan le moustachu John Bonham. Et visez-moi ce peignoir satin à l'arrière !
Robert Anthony Plant est né à Birmingham en 1948. Bercé par la musique Blues qui envahit l’Angleterre dans les années 60, attiré par les chanteurs de rock’n’roll (E. Cochran, G.Vincent, E. Presley), il chante dans d’innombrables formations, écumant les clubs, et les sessions studios. Vers 1967, il se rapproche de Chris Brown, Vernon Pereira, pour chanter au sein du BAND OF JOY. Le batteur est un certain John Bonham. Plant et Bonham seront tous les deux recrutés par un guitariste déjà célèbre, Jimmy Page, qui souhaite corser la musique de son groupe, les Yardbirds. Rejoint par John Paul Jones à la basse (et aux claviers) le groupe se rebaptise LED ZEPPELIN. Et c’est parti pour 10 ans de folie, 10 ans de règne sans partage, Led Zep faisant vaciller le trône des Rolling Stones, portant haut la couronne de plus grand groupe de rock. Les albums sont des triomphes, les tournées remplissent les stades, les valises se remplissent de dollars, les narines se remplissent de poudre, et les chambres d’hôtel se délestent des postes de télévision. Attaqué de front par les punks, le Dirigeable tient le cap, dévaste tout, Jimmy Page peaufine avec une maniaquerie extrême des disques où se mêlent blues, folk, hard, musique indienne, africaine, de somptueux édifices dédiés à la guitare électrique, boostés par une batterie énôôôrme, et érotisés par la voix de l’ange blond, toutes bouclettes dehors, déhanchements libidineux, feulements de tigre en rut, spasmes orgasmiques. On n’a pas fini, encore aujourd’hui, de mesurer l’influence de Led Zep sur la musique rock. Les frasques du quatuor sont l’exact application du programme Sex, Drug & Rock’n’roll. En 1980, le batteur John Bonham meurt, coma éthylique. Le groupe se sépare. Jimmy Page sombre sérieusement dans la dope, il travaille parfois encore avec Robert Plant, et tout le monde rêve d’une reformation. Le groupe rejouera ensemble, le fils de Bonham à la batterie, pour un concert caritatif en 2007. Les ponts d’or offerts à Robert Plant n’y font rien. Il préfère désormais travailler de son côté, avec différentes formations, chanter dans de petites salles, se préparer dans de petites loges. Beau succès de MIGHTY REARRANGER en 2005, très gros succès de RAISING SAND en 2007, disque en collaboration avec le chanteuse country Allison Krauss, et Buddy Miller. Et cette année, sortie du disque BAND OF JOY.
BAND OF JOY était donc le nom du groupe dans lequel officiait Plant et Bonham en 1968. Défini comme tel par son chanteur : « un groupe psychédélique, aux racines bluezy, dans lequel tout le monde faisait des solos en même temps ». Pour ce nouvel opus, Robert Plant s’entoure une nouvelle fois du guitariste producteur Buddy Miller. L’idée de donner une suite à RAISING SAND tourne court, et Plant trouve la démarche trop facile. Il veut changer de registre. Mais les nouvelles sessions ne donnent pas grand-chose, il manque un élément. Ce sera la chanteuse Patty Griffin, invitée sur plusieurs titres, et qui redonne du pep à l’équipe. Dans ce disque, il n’y a que des reprises. Des classiques folk (« Cindy I’ll marry you some day » déjà interprétée par Elvis, Johnny Cash) ou du contemporain (« Harm’s swift way » de Townes van Zandt »). Ou encore « You can’t buy my love » de Barbara Lynn (écrite en réponse au « Can’t buy me love » des Beatles) la chanson la plus rythmée de l’album, avec une sonorité très sixties. Car il faut le dire, ce BAND OF JOY aurait gagné à bouger un peu plus. La production est impeccable, presque trop. Si le répertoire est ancien, le son est actuel. Autant Springsteen avec les PETE SEEGER’S SESSIONS avait joué la carte de l’authenticité (enregistré en direct, en trois jours) autant ici Buddy Miller et Robert Plant ont ciselé leur matériaux avec un soin infini. C’est très beau, rien à redire. Guitares, banjo, mandoline, mais rien de rustique pour autant. Et puis la voix. Là encore, impeccable, contrôlée, susurrée, loin des hurlements d’antan. Folk psychédélique, soit, mais à la sauce 2010. En studio, pas de jam interminable. « Silver Rider » est le titre le plus long (6’05) et laisse le temps d’installer une belle ambiance, lourde et planante. « Falling in love again » donne dans le country-slow pur et dur, avec chœurs et pedal steel. « The only sound of matters » est d’une rare limpidité, le départ me rappelant le Jagger de « Shine a light » ou de « Sweet Virginia », suivi d’un « Monkey » très sombre, basse vrombissante, et volutes de voix entre Plant et Patty Griffin. L’album se clôt sur un « Even this shall pass away » à la sonorité très trip-hop 90’s.
Un bel album, assurément, qui fait le pont entre deux époques, un répertoire ancien pour une réalisation résolument contemporaine. Robert Plant ne se morfond pas dans ses souvenirs, sa jeunesse, mais interprète de manière contemporaine une musique sans âge. Reste qu'à mon sens, le résultat peut paraître trop contrôlé, un peu froid, auquel il manque de la spontanéité. Le passage à la scène devrait y remédier.
BAND OF JOY était donc le nom du groupe dans lequel officiait Plant et Bonham en 1968. Défini comme tel par son chanteur : « un groupe psychédélique, aux racines bluezy, dans lequel tout le monde faisait des solos en même temps ». Pour ce nouvel opus, Robert Plant s’entoure une nouvelle fois du guitariste producteur Buddy Miller. L’idée de donner une suite à RAISING SAND tourne court, et Plant trouve la démarche trop facile. Il veut changer de registre. Mais les nouvelles sessions ne donnent pas grand-chose, il manque un élément. Ce sera la chanteuse Patty Griffin, invitée sur plusieurs titres, et qui redonne du pep à l’équipe. Dans ce disque, il n’y a que des reprises. Des classiques folk (« Cindy I’ll marry you some day » déjà interprétée par Elvis, Johnny Cash) ou du contemporain (« Harm’s swift way » de Townes van Zandt »). Ou encore « You can’t buy my love » de Barbara Lynn (écrite en réponse au « Can’t buy me love » des Beatles) la chanson la plus rythmée de l’album, avec une sonorité très sixties. Car il faut le dire, ce BAND OF JOY aurait gagné à bouger un peu plus. La production est impeccable, presque trop. Si le répertoire est ancien, le son est actuel. Autant Springsteen avec les PETE SEEGER’S SESSIONS avait joué la carte de l’authenticité (enregistré en direct, en trois jours) autant ici Buddy Miller et Robert Plant ont ciselé leur matériaux avec un soin infini. C’est très beau, rien à redire. Guitares, banjo, mandoline, mais rien de rustique pour autant. Et puis la voix. Là encore, impeccable, contrôlée, susurrée, loin des hurlements d’antan. Folk psychédélique, soit, mais à la sauce 2010. En studio, pas de jam interminable. « Silver Rider » est le titre le plus long (6’05) et laisse le temps d’installer une belle ambiance, lourde et planante. « Falling in love again » donne dans le country-slow pur et dur, avec chœurs et pedal steel. « The only sound of matters » est d’une rare limpidité, le départ me rappelant le Jagger de « Shine a light » ou de « Sweet Virginia », suivi d’un « Monkey » très sombre, basse vrombissante, et volutes de voix entre Plant et Patty Griffin. L’album se clôt sur un « Even this shall pass away » à la sonorité très trip-hop 90’s.
Un bel album, assurément, qui fait le pont entre deux époques, un répertoire ancien pour une réalisation résolument contemporaine. Robert Plant ne se morfond pas dans ses souvenirs, sa jeunesse, mais interprète de manière contemporaine une musique sans âge. Reste qu'à mon sens, le résultat peut paraître trop contrôlé, un peu froid, auquel il manque de la spontanéité. Le passage à la scène devrait y remédier.
Compte rendu du concert de Robert Plant au Palais des Sports de Paris le 24/10/2010, dans la rubrique "ACTU DERNIERE MINUTE"
BAND OF JOY (2010) 12 titres, 48 minutes
Oh ! Oh ! Oh ! J' Henri encore !! (à propos de tes premières lignes).
RépondreSupprimerJ'avais "Manic eden" de ce même Robert Plant. Plutôt pas mal.
Son précédent est parait il excellent. J'écouterai celui là avec attention. Sa pochette (très belle) me rappel celle du "Innuendo" de Queen.
Manic Nirvana Vince...Manic eden, tu l'as chroniqué, tu devrais le savoir...
RépondreSupprimerVu le Plant en 93 en 1ere partie de L Kravitz, un rêve se réalisait!
En solo, Mighty Rearranger est mon préféré, avec le titre Let the four winds blow qui est une pure merveille!!
Oups ! Grosse bourde de ma part. Je faisais référence à "Manic Nirvana" et non pas "Manic Eden" le groupe. Merci Peter !
RépondreSupprimer"Gallow's Pole" est issue de la chanson de Leadbelly enregistrée en 39, "The Gallis Pole". Il est étonnant d'ailleurs que son nom ne figure pas dans les crédits, car la version de Led Zep est bien proche de celle du vieux bluesman (même si la leur, ne serait-ce que par la structure de la formation est plus développée). Quelques paroles auraient été changées. Mais l'origine de cette terrible chanson serait bien antérieure. Initialement, le pendu était une femme ("The Maid freed from the gallow"), et serait devenu en homme aux USA. On retrouverait ses traces dans l'Europe de L'Est, en Finlande notamment.
RépondreSupprimerIl y a donc un collaborateur de cette revue virtuelle de réel talent qu'est le Déblocnot' qui ne sait pas QUI est Robert Plant ???
RépondreSupprimerJ'affute ma hâche... bougez pô...
Tant qu'à me faire subir un châtiment, je préférerai l'option "goudron et plumes"... Si c'est possible.
RépondreSupprimerPas la tête ! Non ! Pas la têêête !!!