dimanche 28 novembre 2010

CHICAGO BLUES A LIVING HISTORY , live à QUEVEN (56) ,le 26/11/10 par Rockin-jl

Trois semaine après le mémorable concert de Moriarty , me voici de nouveau dans cette sympathique salle des Arcs à Quéven (56), cette fois pour " Chicago Blues a Living History ", la revue qui fait suite au double cd à succès dont je vous ai déjà parlé dans ces colonnes. Fait frisquet en Bretagne en Novembre mais comme d’hab la salle est chaleureuse, environ 800 personnes , un public plutôt connaisseur ( mon voisin a fait 120 kms pour venir) majoritairement dans la tranche d’age 35-50ans (même remarque que pour Moriarty : mais y sont où les 20-30ans ? en boite ? dans les bars ? devant la télé ? devant l’ordi ? sur Facebook ? En tout cas pas aux concerts où je vais…).



Mais les lumières s’éteignent et voici Matthew Skoller (çi-contre), le maître d’œuvre du projet qui arrive et nous présente dans un français parfait l’esprit et le déroulement de la soirée, hommage aux géants du Chicago blues, mais aussi au présent de cette musique . En tout ce sont 9 musiciens qui défilerons sur la scène et les 2 premier seront Johnny Iguana et Kenny Smith sur "Chicago Breakdown" du pianiste Big Macéo (1905-1953), un instrumental dans l’esprit de "Jukes " , la pièce qui ouvrait les concerts de Little Walter. Je vais m’attarder un peu sur ces 2 musiciens qui ne sont pas les têtes d’affiche du concert mais en sont pourtant des rouages essentiels.
Rigolard, casquette vissé sur la tête , Kenny " Beedy Eyes " Smith est un vrai "fils du blues " puisqu’il n’est autre que le fils du légendaire Willy " Big Eyes " Smith, 74 ans, batteur du Muddy Waters Band durant des décennies, mais aussi pour Holwin’ Wolf ou Buddy Guy, et un des maîtres des fûts Chicagoens , peut être le plus grand avec Fred Below. Kenny est à son tour devenu un des batteurs les plus demandés du blues et a déjà joué avec la crème de la scène actuelle . Il ne ménage pas son énergie, par moments j’ai même cru qu’un octopuss avait prit place derrière les caisses…

Quand à Johnny Iguana, c’est un drôle de zèbre, costard jaune et coiffé avec un pétard , barbe de 3 jours, un petit coté Gustave de Kervern pour ceux qui regardent Groland.., mais surtout un sacré pianiste qui a joué pour Junior Wells, Eddie Shaw, Otis Rush, Koko Taylor, Carey Bell entre autres.


Après cette entrée en matière , les choses sérieuses commencent avec la première vedette de la soirée : Billy Boy Arnold , 75 ans et visiblement en pleine forme. J’avoue un moment d’émotion de voir de si prés ce vétéran de Chicago, qui a apprit l’harmonica avec John Lee " Sonny Boy" Williamson (autrement dit Sonny Boy Williamson 1) et débuté à 15 ans dans les rues de Chicago avec un certain Bo Diddley.
Il va nous jouer un titre de Tampa Red, un de Big Bill Broonzy puis son fameux "I Wish You Would" , et son rythme caractéristique , morceau que j’entendis pour la première fois sur un disque des Yardbirds .
Un petit mot aussi sur le bassiste ,Felton Crews , la discrétion même , relégué dans son coin, entre le batteur et la sortie de secours (quel métier à la con bassiste …je leur tire mon chapeau ), une pointure pourtant qui a joué avec Miles Davis, Otis Rush, Junior Wells ou Charlie Musselwhite ; et je n’oublie pas le second guitariste présent tout au long du show et lui aussi loin des sunlights Billy Flynn , lui aussi sideman réputé (Kim Wilson, Luther Allison, Jimmy Dawkins...)




Seconde tête d'affiche de la soirée voici le guitariste chanteur John Primer , 64 ans, né dans le Mississippi, monté à Chicago et compagnon de route de Muddy Waters, Willie Dixon ou Magic Slim. Comme sur le CD pour ceux qui le possèdent , on continue chronologiquement avec des titres de Jimmy Reed puis Muddy Waters , sur la reprise de ce dernier Primer nous gratifie d’un long passage au bottleneck où il fait littéralement pleurer sa guitare, le premier temps fort du concert. Matthew Skoller l’a rejoint a l’harmonica et n’usurpe pas son surnom d’ "Harmonica Wizard" , je vous recommande d'ailleurs les CD du Matthew Skoller Band. Quand il ne joue pas Skoller se charge de tout, des boissons, de rebrancher les fils, etc, sans doute fait il le ménage et la vaisselle après..






Mais c’est l’invité suivant Billy Branch qui fait décoller la salle. A 59 ans, Billy est un des derniers géants de l’harmonica encore en vie (avec James Cotton et Charlie Musselwhite) et le digne successeur des Junior Wells, Carey Bell, Walter Horton, Little Walter , Sonny Boy I et II ou Georges Smith . Showman accompli , Branch descend dans la salle, s’amuse avec le public mais surtout c’est un chanteur puissant et un vrai virtuose de l’harmo , dont il explore les sons qu’il peut en sortir au cours de plusieurs solos ; lors de reprises de ses maîtres, amis et professeurs James Cotton et Junior Wells , notamment un énorme " Hoodoo Man Blues " de ce dernier.





La dernière star de la revue est Lurrie Bell, le cadet de la bande (52 ans) , lui aussi un " fils de " , en l’occurrence de l’harmoniciste Carey Bell (1936-2007) qui va me laisser une impression mitigée. On n’est pas à Ici-Pourri ou Voila et je n’évoquerai pas la vie privée de Lurrie, sachez simplement qu’il revient de l’enfer (drogues, maladie, pertes de proches...), et semble un peu "ailleurs ". Aucun contact avec le public dont une partie sembla un peu déçue de sa prestation. Pour ma part je suis heureux qu’il puisse s’exprimer sur une scène et lui souhaite de retrouver vite moral et santé. Son set comprends 3 titres , un d’ Elmore James (I Believe) , un blues lent de Willie Dixon " My Love Will Never Die" , et "Damn Right I’Ve Got The Blues " de Buddy Guy. Lurrie est un monstre de la guitare, sans soute parmi les plus doués de sa génération, dans la veine West Side Sound (Otis Rush, Buddy Guy, Magic Sam) et balance quelques solos de derrière les fagots dont les notes allongées s’élevèrent longtemps dans le ciel Morbihannais.

C’est fini. Déjà ? J’ai l’impression que ça vient de commencer, pourtant cela fait 2 heures qu’on est là. La salle est debout et réclame un rappel , nous aurons droit à un bœuf final (Blues Has A Baby And They Called It Rock' n' Roll) avec les 9 musiciens, où chacun ira de son petit solo.

Ce qui est sympa dans ce genre de salles c’est la proximité avec les musicos. Pendant que sur scène Primer et le batteur distribuent baguettes et médiators , Billy Branch et Billy Boy viennent signer des autographes et discuter avec le public . J’en profite pour me faire dédicacer par Billy Branch mes CD des Sons of blues et "Harp Attack" avant de prendre le chemin du retour ,des notes plein les oreilles, et le plein de blues pour l'hiver.

Sur la route j'allume mon autoradio et tombe sur …Florent Pagny , autoradio que je balance aussitôt par la fenêtre sur un coup de tête.. ce que je regrette un peu car c’était un Pioneer presque neuf …amis bretons si vous le retrouvez au bord de la 4 voies entre Lorient et Quimper , merci de le ramener au Deblocnot’…..

à lire sur le cd "Chicago Blues a Living History":http://ledeblocnot.blogspot.com/2010/07/chicago-blues-living-history-2009-par.html



le final, de g. à d. :BB Arnold, M.Skoller,J.Primer,L.Bell, F.Crews (en blanc au 2d plan), B.Branch (en noir chapeau blanc), B.Flynn (hors champ J.Iguana et K.Smith) ; filmé à Antwerp. "Blues has a baby and they called it Rock'n'roll"

9 commentaires:

  1. soirée qu'il ne fallait pas rater....

    précision : Billy Flynn n'est pas seulement un sideman....

    regret : que les 4 "vedettes" ne jouent pas plus souvent ensemble

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  2. Oui Anonyme (pensez a signer); pour Billy Flynn, tout a fait ; mais faut avouer que dans ce spectacle il est mis en retrait , au propre comme au figuré, on doit lui laisser 2 solos en 2 heures...
    Sinon, ca m'a aussi surprit qu'il n'y ai pas plus de morceaux en commun ; hormis si je me rappelle, un duo Primer/ Branch ; et le final ;mais trés bon concert quand meme!

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  3. shuffle master29/11/10 10:02

    Nous,la semaine dernière, on a eu le championnat du monde de roucoulayres (cris de pigeon pour attirer les palombes vers une palombière). Faut dire qu'on a une municipalité (Modem, si, si... ) qui assure question événementiel. Ca donne quoi Lurrie Bell en CD?

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  4. un championnat de roucoulayres? mais vous avez une vie sociale passionnante..
    Lurrie Bell, à vrai dire je le connais plus comme accompagnateur ; de ses recents disques je n'ai que Cuttin Heads qui est trés bon avec notamment 2 longues reprises de B Guy et A King (a man and the blues et I'll play the blues for you); le dernier en date Let's talk about love a eu de trés bonnes critiques ; pas mieux ..Bruno peut etre?

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  5. Hélas non, Lurrie Bell est, pour ma part, une grosse lacune. Je le connais qu'à travers quelques bonnes participations.
    Il va falloir y remedier.

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  6. shuffle master30/11/10 10:53

    S'il n'y a pas rapidement une chronique de Cd de Lurrie Bell, "je me retire définitivement" de ce blog. Vous avez 48 heures.

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  7. Shuffle, on t'a trouvé un truc vraiment bien(voir la fin de l'article). Alors, tu restes ?

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  8. Shuffle master30/11/10 17:20

    Bon, je vais faire comme l'Autre. Y'a bien que la flagornerie qui marche.

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  9. SALUT Rockin, j'avais vu les places à SAINT BRIEUC, mais ce soir là impossible de me déplacer çà me refaisait faire 200 bornes x 2, sans compter les 200 que je venais de m'enfiler pour rentrer chez moi, trop crevé, et trop dangereux, quelle soirée vous avez du passer !!! phénoménal sur CD. merci de ton rapport de concert pasionnant. Amitiés RAMONE

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