mercredi 27 octobre 2010

Black Country Communion (2010), par Bruno

Sentiments mitigés

Dernier super-groupe en date, avec annonce publicitaire et création de leur site bien avant la parution de l'objet, histoire de nouer les nerfs, de créer une impatience, de créer un buzz dans le milieu, afin d'inciter à se jeter dessus dès sa sortie (et même avant). Cela sent le marketing à plein nez. Mais qu'importe si le résultat est à la hauteur des espérances. Car, forcément, une réunion de ce genre, cela fait travailler l'imagination et on espère y retrouver un digne représentant, un successeur, des monstres sacrés du Heavy-Rock. Entre l'excellent Glenn Hughes (bassiste, chanteur, ayant officié - faut-il le rappeler ?- au sein de Trapeze pour son âge d'or, de Deep-Purple Mark III, de l'unique et splendide « Hughes & Thrall », de Black Sabbath pour l'énorme Seventh Star, du Phenomena de Mel Galley, sans omettre sa longue et riche carrière solo), Joe Bonamassa, (le guitariste-chanteur du Nü-Blues-Rock, le protégé de Kevin Shirley), Jason Bonham, (qui, au fil du temps a réussi, malgré l'énorme pression que représentait celui de son père, à se faire un (pré)nom, avec une carrière de 26 ans avec Airrace, Virginia Wolf, Jimmy Page, Paul Rodgers, Little Steven, UFO, Foreigner, « Supergroup », Joe Bonamassa, et Bonham), et Derek Sherinan, (l'ex-clavièriste de Dream Theater), on est en droit d'attendre quelque de fort, si ce n'est d'extraordinaire. Une formation alléchante et pleine de promesses.

Joe, Glenn, Jason, Derek

Et à l'écoute, les musiciens ne sont pas là pour rigoler, cela envoie sec. Glenn Hughes se montre dans une forme phénoménale, jouant de façon percutante de sa Precision Bass, et chantant de façon étonnante, surtout en regard de son âge (58 ans cet été), n'hésitant pas à se montrer agressif, vindicatif, et ce, sans jamais perdre en chaleur et en justesse. Il est est le maître des lieux, sa voix a encore et toujours une présence phénoménale. Jason a une frappe d'une précision, d'une assurance phénoménale, doublée d'une bonne puissance. Le pauvre Derek est produit très en retrait, une écoute au casque est souvent nécessaire pour l'entendre et l'apprécier. C'est assez regrettable, car il opère souvent dans une optique très 70's (Jon Lord, Ken Hensley), avec son de Hammond à l'appui. Un choix du groupe (ou plutôt des leaders) délibéré, ou le fait du producteur Kevin Shirley. Pour le coup, on a dans l'ensemble plus l'impression d'avoir affaire à un trio qui s'offre sporadiquement quelques enrichissement de claviers. Quant à Joe Bonamassa, il a mué de blues-rocker épanoui en guitar-hero 70's. Même si on peut lui porter des griefs, il convient de saluer le travail qui a opéré en essayant, avec plus ou moins de bonheur de sortir du cadre de ses précédentes réalisations (déjà que ces dernières, que l'on aime ou pas, faisaient déjà preuve d'un souci d'évolution).


Black Country Communion délivre un Heavy-rock puissant, bien dans l'esprit 70's (on à parfois l'impression que le groupe est allé faire ses emplettes chez Led-Zep, Trapeze, Who, Free, Bad Co, Black Sabbath, Uriah-Heep), en y incorporant du sang neuf, un nouveau souffle, qui peut évoquer Mr Big, Kotzen, Wolfmother. La colorisation du son à la marque de Kevin "Caveman" Shirley : Entre les 2 derniers Bonamassa , "By your Side" des Crowes, et "Bones & Skins" des Angels.


Seulement, voilà, s'il est indéniable qu'ils sont d'excellents musiciens, la sauce ne prend pas toujours, et parfois cela donne l'impression d'un gros bombardier (dirigeable ?) qui ne parvient pas à prendre son envol. Tantôt c'est Bonamassa qui n'est pas en adéquation avec une poignée de soli à l'emporte pièce (comme s'il suffisait de balancer un chorus avec un paquet de notes pour sonner Heavy), et quelques chorus et breaks tombant à plat. Tantôt c'est la composition elle-même qui a le goût amer de l'inachevé, du trop vite en besogne, emballé c'est pesé. A l'évidence, B.C.C aurait gagné à effectuer quelques concerts pour éprouver, aiguiser leurs chansons. Était-il bien nécessaire de bourrer jusqu'à la gueule un CD, pour l'amener à une durée de 72 minutes ?

A mon sens il y a bien un quart d'heure de trop si ce n'est plus. Comme si certaines compositions avaient été finalisé dans l'urgence, que l'on n'avait pas pris la peine, le temps, de prendre du recul sur du matériel neuf. Pressé par l'imposition d'un planning ? Comme par exemple « No Time » qui, alors qu'il comporte un excellent riff en béton, doublé par la basse, un chant très bien en place, est gâché par des ponts moyens, approximatifs et un break pseudo-oriental hors-sujet (pour faire genre-style comme...). Comme si l'on avait voulu étirer ce titre mais en ayant perdu l'inspiration pour son développement.
Pourtant les bons titres ne manquent pas :

Après l'entrée en matière "coup-de-poing" avec "Black Country" (pratiquement Heavy-Metal, penchant vers Iron-Maiden, voire d'autres combos typés NWOBHM), One Last Soul, du Police en filigrane, un chant au petit oignon, une frappe énergique, même le solo passable de Joe n'entame pas la bonne teneur générale de ce Heavy-Rock classieux et tempéré (qui aurait pu être interprété par les groupes de Hard FM de haute-tenue lorsqu'ils durcissaient leurs propos)

The Great Divide, (voir et écouter la séquence vidéo)

Beggarman, au chorus rappelant Gary Moore dans l'éphémère Scars.

Song for Yesterday, chanté par Joe, marche sur les plates bandes de Free avec ses arpèges sombres et mélancoliques et son riff moite, reptilien. Un peu longuet, quelques violons synthétisés relativement gâcheurs, mais qui ne parviennent pas heureusement à entacher la bonne tenue ; et un excellent break généré par une petite montée en intensité juste grâce au fredonnement de l'air par Sir Hughes [qui est indentique à celui de Rod Stewart sur sa version de (I Know) I'm Losing You], avant le coda.

Medusa (de Hughes époque Trapeze) dans une version plus Heavy, avec là, un grand solo de Joe.

Stand, entre du pur Hughes et quelque chose de plus lourd et monolithique comme Black Sab ou Budgie. Avec un 1er solo d'orgue rappelant irrémédiablement Hensley, le 2sd, Lord.

Sister Jane est une ode au Heavy-rock 70's (ou un hold-up ?) en piochant ouvertement deci delà dans ce patrimoine ; notamment celui des Who, break-solo foncièrement Creamien (trop évident pour que cela ne soit pas en hommage – ou alors ils nous prennent pour des imbéciles), et intro « AC/DCienne ». Jason y est époustouflant.

Rien qu'avec ces pièces, on cumule grosso modo un total de plus de 42 minutes.

Tiens, le dernier titre, Too late for the Sun, sonne comme du Gov't Mule. Bon mais en rien transcendant.

Au final, un sentiment incertain, mitigé, le bon côtoyant le passable (mais rien de médiocre). Ce qui confirme que l'œuvre aurait gagné à être dégrossie, d'évacuer quelques compositions faibles, pour en extraire le meilleur. D'autant plus que cet album, dans son ensemble, se place en deçà des dernières réalisations personnels de Hughes, et de Bonamassa (surtout par rapport à Sloe Gin).

Néanmoins, on sent de très grosses possibilités (le contraire aurait été étonnant), et il serait dommage que l'expérience ne soit pas renouvelée, car il serait étonnant (navrant ?) qu'en accumulant de l'expérience en jouer ensemble (et non chacun dans son coin, cela doit être un travail d'équipe), ces lascars ne pondent pas quelque chose de nettement plus consistant. Toutefois, les concerts promettent quelques chaudes heures.


  1. Black Country (3:14)
  2. One last Soul (3:52)
  3. The Great Divide (4:45)
  4. Down Again (5:46)
  5. Beggarman (4:51)
  6. Song of Yesterday (8:33)
  7. No Time (4:13)
  8. Medusa (6:57)
  9. The Revolution in me (4:59)
  10. Stand (at the burning tree) (7:02)
  11. Sister Jane (6:55)
  12. Too late for the Sun (11:10)

P.S. : il convient de préciser que l'on peut trouver à droite et à gauche des commentaires bien plus élogieux (dithyrambiques ?) que celui-ci.

P.S. bis : Le patronyme provient du lieu de naissance de Hughes et Bonhman, qui a longtemps été un haut lieu de l'industrie anglaise pour l'exploitation du charbon, mais aussi du fer. La genèse de cette exploitation remonte au XVIème siècle.






2 commentaires:

  1. Bon sang, quelle affiche ! Comment Joe s'est-il retrouvé là, les trois autres sont tout de même estampillés "hard" ? Décidemment, les "vieux" en ont encore sous la semelle... je pense à Glen Hughes, et à John Paul Jones qui a formé aussi un super-groupe, THEM CROOKED VULTURES.

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  2. Tout aurait débuté par un concert, à L.A. où Joe a invité Hughes à monter sur scène, pour interpréter un titre de Deep-Purple et un de Trapeze (soit Bonamassa a une culture musicale vraiment très étendue, soit c'était préparé d'avance - je penche plutôt pour la 2ème solution car comment pouvaient-ils savoir que le groupe pouvaient jouer ces 2 titres ? surtout pour Trapeze). Là-dessus, en toute logique, le public a répondu très favorablement. Par hasard (vraiment ?) Kevin Shirley, le producteur exclusif de Joe depuis plusieurs années (on peut même dire que, tel Bob Ezrin avec Alice Cooper, Kevin a énormément apporté à Joe, le faisant évoluer, et qui lui a ouvert une voie à une certaine notoriété) était présent dans la salle. Enthousiasmé, il a fortement insisté pour qu'ils forment un groupe ensemble. Sacré Shirley, au moins, il fait son possible pour que son poulain gagne les faveurs du plus grand nombre.

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