mardi 24 juillet 2012

CHARLES CALDWELL- "Remember me" (2004) par Rockin-jl


Charles Caldwell, c'est la personnalisation du blues le plus pur, profond et dénué de tous artifices, un blues qui respire les boues du Mississippi, les siècles d'esclavage, les champs de coton, l'âme et la souffrance d'un homme et celle d'un peuple, aussi un hymne à la vie et une longue plainte d'amour. C'est en 2002 que Matthew Johnson le patron du label Fat Possum en recherche de nouveaux talents se voit dirigé vers Charles à Coffeeville, Mississippi. Il est de suite envoûté par le présence et le charisme du bonhomme, par sa voix puissante chargée d'émotion, et par ses superbes compos personnelles. Un Caldwell qui fait pleurer sa vieille guitare, une Gibson 135 rafistolée qu'il traîne avec lui de bars en bars depuis prés de 50 ans, en tirant des sons lancinants, des riffs simples et imparables qui ne sont pas sans évoquer John Lee Hooker ou d'autres artistes du cru tels T-Model Ford, Junior Kimbrough, Robert Belfour, RL Burnside ou Boo Boo Davis. Depuis 30 ans Caldwell travaille pour Heathcraft Industries et joue dans les juke joints poisseux de la région avec pour tout paiement " autant de whisky qu'il peut en boire ".


Ecouter ce cd c'est faire un voyage initiatique aux sources du blues , c'est aussi le témoignage d'une époque révolue : Matthew Johnson " il y a encore 10 ans quand j'arrivais dans une petite ville je pouvais trouver 2 ou 3 gars capables de se débrouiller avec une guitare, maintenant il est rare que j'en trouve un ".
Merci à lui d'avoir trouvé Charles Caldwell et de lui avoir permis de graver son âme sur cet album, même s'il n'en aura pas vu la sortie puisque il décède d'un cancer en Septembre 2003 et que le disque sortira en Février 2004.

Il faut savoir que durant les sessions d’enregistrement du disque, Charles, malade, n’a pas les moyens de se soigner - hé oui, black ET pauvre, dans ce merveilleux pays, voila 2 bonnes raisons de crever comme un chien - pour apaiser ses souffrances il joue sur sa fidèle guitare avec l’énergie du désespoir de celui qui sait qu’il va mourir, qui sent les doigts crochus de la mort se refermer sur son cœur pour finalement l’arracher à sa femme Coralee et ses 4 filles chéries.
(p’tain c’est beau ce que je raconte, je f 'rai même pleurer un vieil alligator du Mississippi… Pour éloges funèbres, nécrologies, contactez moi, tarifs avantageux, carte de fidélité, prix de groupes,facilités de paiement...)

Une voix, une guitare, plus une batterie sur certains titres, c’est simple la musique finalement, pas besoin des 35 semi remorques de matos de show laser et du petit cul de "Lady Machinchose" pour créer l’émotion : c’est toute la différence entre les vrais artistes et les imposteurs...

Ce disque c’est son testament musical , remember Charles Caldwell ; RIP.
(11titres 40')




 

5 commentaires:

  1. oui c'est beau ce que tu dis Rockin, toute la profondeur du blues vient de là et grâce à toi, certains se souviendront de lui. merci pour la découverte.

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  2. pat slade24/7/12 15:24

    Bien fait de rappeler les vrais valeurs du blues. Je connaissais de nom uniquement. Une vieille Gibson (Comme Rory Gallagher et sa vieille Fender Strato 1961)et la musique vie ! thank's for the mémory !

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  3. Merci beaucoup pour cette belle découverte !!!!
    Je vais acheter son disque, je viens de le pré-écouté, une pépite ! J'espère que sa femme bénéficie des ventes.
    Merci encore.

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  4. merci Pierre (et Pat et Cat) ça me fait très plaisir de contribuer à ma modeste échelle à la mémoire de Caldwell. a bientot

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  5. Pierre 2 (pas le même qu'au dessus)25/9/12 10:38

    Wouai, et ben moi je dis cette chronique, elle est belle ! je la lisais en écoutant l'album, j'ai bien failli chialer. Non sans déconner, super album : hypnotique, lancinant, pure et efficace.
    Bravo à toi Rockin'.

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