jeudi 5 août 2010

ROBIN TROWER - "Bridge of Sighs" (1974) , par Bruno


Chef d'œuvre incontournable

     Un chef d'œuvre, un monument, un manifeste, inégalable, intemporel ; il semblerait qu'aucun superlatif ne soit de trop pour cet incontournable des 70's de la guitare électrique.

     Robin Trower, étouffant dans Procol Harum, se lance en solo (juste après la sortie de l'album "Broken Barricades") avec son pote, l'excellent bassiste-chanteur James Dewar (décédé le 16 mai 2002, ex-Stone the Crows, présent de 73 à 79, et en 1983), et Reg Isidore (décédé le 22 mars 2009, présent sur les deux premiers albums de Trower, il jouera de nouveau avec lui pour « Truce », « Someday blues », et « Another day Blues ») à la batterie pour développer sa vision d'un Blues en fusion, parfois à la limite du Hard-Rock, ou d'un Rock-progressif fortement Bluesy.
 

   Le jeu de Robin est lyrique et flamboyant, enivrant, parfois "reptilien", tantôt "cosmique", majoritairement en gamme pentatonique, faisant preuve d'une grande maîtrise et débordant de feeling. Sa Stratocaster, enrichie d'effets Wah-Wah, d'Univibe débordante, de Phasing, de chaudes et baveuses Overdrive et Fuzz, a un son "chaud-bouillant" particulièrement organique et vivant. Le tout ressortant dans des gros Marshall (4x12), avec tête Plexi. En grand maître de ces effets, il est d'ailleurs parfois considéré comme un continuateur de Jimi Hendrix, mais jamais un imitateur. Pas vraiment un successeur dans le sens où, déjà, Robin ne chante pas et que son "jeu de scène" est pratiquement inexistant (surtout en comparaison du gaucher) ; - par contre, question grimaces, il est plutôt doué -. Jamais disciple n'aura été si proche, sans jamais ressortir un seul plan du maître. Car Robin a eu la sagesse de développer un jeu propre, au point où désormais il porte à jamais la marque du " nouvel apôtre" (et non plus donc de l'initiateur). Par contre, à l'instar de Jimi, il est indéniable qu'ici, la guitare est une continuité de l'âme du musicien. D'ailleurs, parfois, on ne sait plus si l'on écoute de la guitare, ou le chant mélodieux d'univers nouveaux, de mondes parallèles. Les titres « Bridge of Sighs », « In this Place » et « About To Begin » semblent ouvrir des fenêtres sur des mondes fantastiques. Cependant, il ne faut pas oublier que Robin est avant tout un grand fan de Blues. Ses premières influences sont B.B King, Hubert Sumlin', Muddy Waters, Albert King, Steve Cropper (dans une moindre mesure), mais également Curtis Mayfield, et cite même le "Live at the Appolo" de James Brown et le "Ray Charles in Person" parmi ses disques préférés. 

Son mariage avec la Fender Stratocaster ne vient pas de l'ascendance de Jimi Hendrix, mais d'un concours de circonstances. En effet, lors d'une tournée avec Jethro Tull, il prit la Strato de Martin Barre qu'il brancha sur son ampli. Le lendemain, il alla s'en offrir une. Un coup-de-foudre.
     Quant à James Dewar, il possède une voix au timbre légèrement voilé aux intonations au "2/3 Soul et 1/3 Blues" qui apporte encore plus de chaleur et de profondeur aux chansons - entre Otis Redding et Paul Rodgers -. De l'avis même de Robin, il reste le meilleur chanteur de sa carrière.

(de gauche à droite) James Dewar, Trower, Reg Isodore

     "Bridge of Sighs", deuxième album, est tout simplement un chef d'œuvre unanimement reconnu. Double disque d'Or en 1974, et élu disque de l'année par Guitar-Player. Les huit titres présents sont tous devenus des classiques (dont certains sont encore repris actuellement par Pat Travers, Tesla, Steve Stevens et Great-White). Les titres "In This Place" et "Too Rolling stone" sont, à mon humble avis, à mettre au panthéon de la musique.
« Too Rolling Stoned » est une fulgurance de guitare Wah-Wah, et comporte un des plus beaux solo de guitare, tous styles confondus, sur la seconde partie assise sur un mid-tempo blues appuyé, entre "Rock Me baby" (reprise que l'on retrouve sur le premier opus de Trower) et du Muddy Waters funky (alors que la 1ère est plus enlevée).
Le live qui suivit est aussi faramineux et est souvent cité comme un des meilleurs Live des 70's.
     Un guitariste majeur dont on retrouve la trace évidente dans le jeu de Richie Kotzen, Stevie Salas, Steve Stevens, Pat Travers, Dave Murray, Vince Converse, Aynsley Lister, et tant d'autres.


P.S. : Bien que majoritairement (et à raison) considéré comme son chef d'œuvre, certains préféreront « For Earth Below » ou « Long Misty Day » ; deux opus parfois également cités comme meilleur.





Robin Trower - Live au Bataclan le 29/06/1973 -


6 commentaires:

  1. "question grimaces il est plutot doué"...effectivement; mais bon sang quel guitariste , dire qu'il a été catalogué clone d'Hendrix et un peu sous coté par certains critiques pour cela .
    "too rolling stoned"? un des meilleurs titres des 70's ni plus ni moins!

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  2. On s'en fout des grimaces !!! du moment que ça joue !!!
    A ce compte, on dégage aussi Santana, Gary Moore, et pis aussi Glenn Gould et Keith Jarrett qui fredonnent quand ils jouent.

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  3. - Tout à fait Rockin' !
    - Effectivement que l'on s'en fout des grimaces (d'où ma remarque en grisé : à ne prendre qu'au 3ème degré). Il n'est aucunement question de dégager qui que se soit. Surtout Trower que j'adore depuis près de 30 ans. D'ailleurs, les grimaces, cela peut être un gage de sincérité ; il n'y a plus que les poseurs pour rester impassible (mais il y a aussi les faussaires.

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  4. N'empêche, Robin, à côté de Carlos et Gary (les 2 autres je ne les ais jamais vu - écouté si), "question grimaces", il les mange tous les deux ; et les deux doigts dans l'nez.

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  5. J'ai commencé à écouter il y a plus de 35 ans et je continue à trouver Robin Trower magique. J'ajoute que la période où il a été en compagnie de James Dewar est la meilleure car ce chanteur était magnifique.

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    1. Tout à fait.
      Ses dernières réalisations valent le détour.

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