lundi 19 juillet 2010

WEST BRUCE & LAING - "Why Don't Cha" (1972) par Bruno

Du Hard-Blues bien lourd

     Leslie West peu de temps après la rupture de Mountain, allait réaliser un de ses vieux rêves. Jouer avec une de ses idoles. En l'occurrence, Jack Bruce, bassiste, chanteur, clavièriste et compositeur, ex-membre de Cream.

     En effet, le pachydermique et talentueux guitariste américain, allait créer un super groupe, (chose assez en vogue à cette époque), un power-trio, avec son éternel comparse Corky Laing.

 


   En 1972 paraît donc "Why Don't Cha". Véritable coup de poing : des guitares lourdes et incisives, (on l'oubli trop souvent, mais le jeu et surtout le son de West fit école et influenca quelques futurs célébrités, dont les frères Schenker, pour les plus évidents), une basse volubile, très présente, jouant souvent lead (aucune trace de Jazz, ici, tout dans l'efficacité, et le bourrin), et une batterie au jeu explosif et inventif (proche d'un Keith Moon).
Avec deux chanteurs au timbre bien différent mais complémentaire. Leslie, chant rocailleux et animal, et Jack, plus raffiné et nuancé. Même Corky s'y met pour un Heavy-rock'n'roll bastringue, crade, avec "Turn me over" soutenu par un harmonica furieux joué par Jack.

     Un trio d'excellents musiciens, au zénith de leur art, ligués pour vous présenter ce qui se faisait de mieux en Hard-Blues torride et lourd. Rien que le titre éponyme est un hymne au rock lourd, gras et corrosif (l'archétype du sleaze à venir ?). Et surtout, "The Doctor", un titre de bravoure pour tout bassiste, où Jack Bruce joue en lead du début à la fin, avec un son surpuissant et percutant. Leslie West transcendé par cette basse hors normes, assène des traits de guitares assassins.


   Même le Blues, « Third Degree », est pesant au possible, (il n'aurait pas dépareillé sur le premier effort de Cactus), où la guitare donne vaguement l'impression d'un être cyclopéen s'extirper du limon. Tout comme sur « Love Is Worth The Blues ».
Histoire de démontrer qu'ils ne sont pas qu'un trio de brutasses en goguette, ces messieurs interprètent fièrement deux titres « acoustiques » : une ballade éthérée, « Out In The Fields », porté par le piano et un chant mélancolique de Jack, avec chœurs féminins (presque encombrants), où la guitare n'intervient que pour un splendide solo lyrique (Flying V ?) ; et « While You Sleep » où Leslie modère ses (h)ardeurs au chant (le rapprochant ainsi d'un Bob Seger), tâtant du dobro, pour une ambiance country-folk-rock. West, Bruce & Laing est un peu le fils naturel de Cream et Mountain, qui aurait pris le côté le plus dur des deux. Le second opus toujours bon, mais moins fou, et souffrant de la réussite du premier et d'une pochette rebutante, sera hélas relativement boudé. Ce qui accélèrera considérablement, avec en plus quelques fâcheuses addictions, la rupture inévitable entre ces trois égos surdimensionnés.

10 titres - 39 mn 37 P.S. : Récemment, il y a eu une reformation de ce power-trio avec Malcom Bruce en remplacement de son père Jack.






(peut-être pas le meilleur titre de l'album, mais au moins il y a des photos, au lieu de la sempiternelle pochette du disque)

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