vendredi 2 juillet 2010

BRUCE SPRINGSTEEN & THE E-STREET BAND - LONDON CALLING (2010), par Luc B.









Autant on pourra objecter que les derniers enregistrements studio de Bruce Springsteen ne possèdent pas la flamboyance de DARKNESS, THE RIVER, BORN IN THE USA, autant les prestations publiques du héros du New Jersey sont toujours à la hauteur de nos attentes. Ça fait 25 ans que Springsteen n’a pas classé de tube au hit parade, et ça le mine un peu. Sa fille écoute Britney Spears, une cruche qui place ses âneries au sommet des classements, et lui, le travailleur obstiné, les moins de 40 ans ne le reconnaissent plus dans la rue… Il s’accoquine donc en 2002 avec un « jeune » producteur, Brendan O’Brien (PEARL JAM, RAGE AGAINST THE MACHINE…) afin de lisser le son de son groupe, d’agrémenter une musique jusque là brut de décoffrage, afin de séduire les plus jeunes générations. Et l’âge venant, Springsteen qui se souvient de la musique de ses jeunes années, nous présente des albums où la pop music tient une plus large place. En vain. Les jeunes ne s’y intéressent pas, et les vieux voient d’un mauvais œil ce polissage du E Street Band.

Sur scène, c’est tout autre chose. Sur scène, le Boss est dans son élément, et le spectacle doit être total, sans faiblesse. On peut même dire que plus il avance en âge, plus il se donne sans compter. Il pourrait aisément mettre la pédale douce, on lui pardonnerait. Mais non. Le public paie, alors lui, doit faire son boulot. Et mieux, il doit surprendre encore. Il a donc été établi que le public choisirait chaque soir une bonne partie de la set list, en brandissant des morceaux de carton, où sont inscrits les titres de leur choix. Springsteen fait la récolte, et dispose ensuite d’une quinzaine de titres, qu’il annoncera au dernier moment à ses musiciens. C’est assez stupéfiant de le voir lancer les titres à la dernière seconde, et d’entendre le groupe réagir au quart de tour.





OUT IN THE STREETS : "Gimme an elevator, I'm fucking 60" !

Tous ces éléments, la musique, les surprises, la sueur, la proximité, se retrouvent dans ce DVD enregistré à Hyde Park (Londres) le 28 juin 2009. C’est ça commence fort avec la reprise de « London Calling » des Clash, enchainée avec l’hymne « Badlands ». Les anciens titres (« She’s The One ») côtoient les récents (« Outlaw Pete ») avec bonheur, les prêches humanistes (« Working On A dream ») précèdent des chorus intenses (« Seeds »)… Fidèle a son habitude, Springsteen surprend en réadaptant ses morceaux, comme le « Johnny 99 » qui déboule en rock’n’roll pur jus, offrant un long chorus à Steve Van Zandt, puis un « Youngstown » qui lui met à l’honneur Nils Lofgren. « No Surrender » est chantée en duo avec Brian Fallon de The Gaslight Anthem. Moment de joie avec « Waitin’ On A Sunny Day », moment intense avec « Racing In The Street », Springsteen et le E Street Band jouent sur tous les registres, offrent un spectacle total et engagé.

Pour capter la prestation, un nombre impressionnant de caméras, grues, mais le show reste très sobre. Ici pas de pyrotechnie, d’effets spéciaux, de décor… Juste une scène, des musiciens et un public. Côté son, c’est impeccable, la voix ou la batterie n’écrasent pas les autres instruments, les trois guitares s’entremêlent, se complètent, le public est bien présent aussi.

Le E Street Band est soudé, cohérent, le plaisir d’être là est palpable, on joue, on s’amuse, on se donne, on en donne. « Rosie » est de sortie ce soir, comme « Glory Days », et l’incontournable « Born To Run ». Et les derniers indécis se rendront compte de la qualité des compositions, des mélodies, et bien sûr, de l’intensité de la performance. Ce DVD est certainement ce que Springsteen a sorti de meilleur depuis longtemps, et il n’est pas certain qu’une telle tournée se reproduise de si tôt.

« Is There Anybody Alive Up There ? » Yes Boss, y’a du monde, t’inquiètes pas, on est là, on en prend plein la tronche et ce n’est que du bonheur.



BRUCE SPRINGSTEEN & E STREET BAND "London Calling Live In Hyde Park"
DVD double
concert : 172 minutes
Bonus : "The River" enregistré à Glastonbury, 2009 , "Wrecking Ball" enregistré au giant Stadium, 2009
version blu-ray en 1 disque.

2 commentaires:

  1. J'ai emmené mon fils ya 3 ans voir le Boss. Il trainait un peu les grôles... Au bout de la 2ème chanson, il était scotché !!!
    "C'est dingue le contact qu'il a avec son public, ce type"
    ... dixit le djeunz éberlué...
    Hééééééééééé oui, le Boss sur scène à 60 piges mérite bien son surnom.
    Pour les fans, à voir absolument son DVD "VH1 Storrytellers" : un grand moment intimiste, plein d'humour et qui montre bien la complicité de l'artiste avec son auditoire.

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  2. Merci Pete, c'est vrai que ce style de concert réunit aujourd'hui trois générations de spectateurs. Les miens sont encore un peu jeunes, mais j'ai hâte de les emmener un jour...

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