La
vie et l’oeuvre de Jésus filmées par un cinéaste athée, homo et marxiste, nous v’là
bien ! Film dédicacé au Pape Jean le vingt-troisième, celui de Vatican II, et consacré meilleur film religieux par les milieux chrétiens, comme quoi les miracles existent.
Au départ
ce n’était pas gagné, Pier Paolo Pasolini venait d’être condamné pour blasphème
après son court métrage LA RICOTTA (1963) issu d’un film à sketches auquel
participaient aussi Rossellini et Godard. Et pourtant, au fil des ans, L’ÉVANGILE
SELON SAINT MATTHIEU est devenu ce classique du cinéma qui doit autant au Néo-réalisme italien (Rossellini précédemment cité) qu’à la Nouvelle Vague française (JLG précédemment cité itou).
Comme
l'écrit Matthieu (chap. 18 verset 11-13) : « Nobody fucks with the
Jesus ». A moins que ce soit John Turturro dans THE BIG LEBOWSKI, je
confonds toujours.
Le début du film est magnifique, quasiment pas de dialogue, tout passe par les visages et les
regards. Comme ceux de Marie et son compagnon Joseph. Tristesse, incompréhension, jugement moral. Elle est enceinte, il ne comprend pas comment, déboussolé il préfère fuir le foyer. Après
sa rencontre avec l’archange Gabriel, joué par Rossana Di Rocco (une fille donc)
Joseph revient vers Marie, et il suffit à Pasolini de filmer les mêmes visages, cette fois teintés d'un léger sourire, pour montrer l'apaisement. La suite on la connait, la crèche, les Rois mages, baptême dans le Jourdain…
Car Pasolini va strictement adapter le texte de Matthieu pour raconter la vie de cet homme, Jésus, qui nait, vit, meurt. Mais en s'autorisant de bousculer la vision classique des adaptations bibliques par sa mise en scène. Ainsi, s'il utilise fort à propos « La passion » de JS Bach à plusieurs reprises, la scène de la crèche sera illustrée avec « Motherless
child » d'Odetta, un coup de génie, qu'il renouvèlera à la fin avec un gospel-blues de Blind Willie Johnson, lors de la scène de la résurrection.
Donc
Pasolini n’hésite pas à croiser les influences, les références, il ne se situe
pas dans la reconstitution historique, à l’opposé des grandes fresques bibliques hollywoodiennes comme LA BIBLE de John Huston (Rossana Di
Rocco y jouait aussi !) LE ROI DES ROIS de Nicholas Ray, BEN HUR et autres DIX COMMANDEMENTS. Pasolini
vient du Néo-réalisme, ce cinéma qui filmait la réalité de l’après-guerre, les ruines,
les banlieues sordides, la misère, les petites gens, mais en les élevant au
statut de héros. Pasolini cherchait le sens du sacré dans ce qu’il filmait, ce
sacré niché en chacun de nous. Les visages qu'il filme souvent en gros plan ne sont pas des icones sulpiciennes, mais de vrai gens, superbement éclairés, joli travail sur la texture du noir et blanc.
Son film est d’ailleurs interprété par des non-professionnels
(héritage du Néo-réalisme), bien que Pasolini ait d'abord sollicité quelques amis de la contre-culture, il souhait Jack Kerouac dans le premier rôle ! C'est Enrique Irazoqui qui hérite du rôle de Jésus, un militant communiste espagnol de 19 ans. Il y a une recherche de
vérité dans ce film, un dépouillement qui rappelle aussi
Bresson.
On sent l’influence de la Nouvelle Vague, où l’on aimait
rameuter des copains, collègues, artistes pour faire la
figuration. C'est le cas ici, et c'est même la mère de Pasolini qui joue Marie âgée. Beaucoup de plans caméra épaule, recours au zoom, avec ce souci de s’acquitter
des règles classiques du cinéma (Pasolini était, au départ, davantage écrivain, poète, il n'avait pas de bagages techniques en cinéma). L’influence de Godard se ressent notamment dans l’utilisation
du montage, peu orthodoxe, ces coupes, ces ellipses, comme dans la rencontre entre Jésus et le lépreux. Champ : « Guéris moi » / contre champ : « Soit guéri du mal qui te ronge » / champ : le gars est guéri. La
scène a duré trois secondes !
Il y a aussi cette longue séquence des
commandants de Jésus, un agencement de plans cut sans transition, le jour, la
nuit, sous le soleil, l’orage, vêtements non raccords. Pasolini reprendra l’idée avec les différents
messages de Jésus à ses apôtres, avant son arrestation, séquence un peu
longuette et sentencieuse, où chaque réplique est exclusivement tirée de l’Evangile, comme tous les dialogues du film
(post-synchronisés). Alors que jusque là le film était très rythmé, en ellipse, en mouvement, Pasolini agence ce bloc central compact qui brise la continuité. Et dans le genre je fais ce que je veux, le procès devant Ponce Pilate enfonce le clou (sic) puisqu’à
aucun moment on ne voit Jésus à l’image, tout est filmé de loin, comme le point de vue des badauds qui se pressent devant un accident, les seuls gros plans sont ceux sur Judas.
Cette liberté de ton frise par moment l'amateurisme alors que Pasolini était entouré de techniciens solides, comme Tonino Delli Colli son directeur photo attitré, qui travaillera aussi pour Sergio Leone. On sourit des erreurs de raccord, prises de vue ratées, axes hasardeux, trucages
enfantins, comme la scène du massacre des Innocents, qui déboule tout en brutalité, mais perd de sa force dramatique lorsque les soldats balancent des bébés qui ne sont visiblement
que des ballots de chiffon. Les Monty Python de LA VIE DE BRIAN aurait adoré. Pasolini garde ces approximations au montage, dans l’optique de ne pas
tricher.
De même, puisqu'il n’a pas pu tourner sur place en Palestine, le réalisateur s’est replié au sud de l’Italie, notamment dans la ville troglodytique
de Matera, qui a vu passer pas mal de tournages, de BEN HUR (version 2016 avec
Morgan Freeman en dreadlocks !), WONDER WOMAN à JAMES BOND. Alors
forcément, l’architecture italienne du XVI ème siècle a peu à voir avec la
Judée de l’an zéro ! De même, on voit quelques soldats casqués comme
sortis d'IVANHOE. Pasolini se fiche pas mal de l’exactitude
historique, il travaille par analogie, suggestion, et ça fonctionne très bien.
Le film est traversé de moments magnifiques, car d'une simplicité extrême : la multiplication des
pains, la marche sur l’eau, Jésus dans le désert et sa confrontation avec Satan,
le suicide de Judas réglé en trois plans très courts. La résurrection de Jésus est rapidement expédiée, pourtant un chapitre fondateur, mais Pasolini ne s’intéresse pas au messie des chrétiens ressuscité, mais
à l’homme de chair.
Plus tôt, il y a ce plan de Jésus petit garçon qui court vers son père Joseph, se jette dans ses bras. Pour l'auteur, Jésus est le fils du charpentier plus que le fils de Dieu. La résurrection est à la fois minimaliste (boum, la pierre qui celle la sépulture tombe d'un coup !) et lyrique, avec ce vent qui se
lève dans les hautes herbes, comme une présence vivante mais invisible, puis tremblement de terre juste suggéré par l’opérateur qui secoue sa
caméra ! Ce moment rappelle Terrence Malick, cinéaste
du mystique (dont on attend THE WAY OF THE WIND, sur la vie de… Jésus !).
On
pouvait s’attendre de la part de Pier Palo Pasolini à une relecture marxiste de
la vie du Christ, je ne pense pas que ce soit le cas, bien qu’on verrait bien le
personnage de Jésus un couteau entre les dents plus qu’un crucifix à la main.
Un Jésus vindicatif, menaçant, qui assène ses vérités, colérique, le regard dur, accentué par le mono sourcil du comédien. On est très loin des Jésus béats souvent représentés, ou du hippie de JESUS CHRIST SUPERSTAR.
L’ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU donne quasiment dans le cinéma expérimental, au rendu presque documentaire, traversé de fulgurances visuelles, à la fois humble et ambitieux.
Voilà un article qui fait coup double, me permettant de nous souhaiter un joyeux Noël et... de très bonnes Pâques !
(*) Thys Yool : cette année… traduit du Eald Englisc spræc (ancien
anglais
😊)
- Rigolo Claude ces vielles chansons du Moyen-Âge… C'est du folk
populaire anglais ?
- Oui mais pas que, il y aussi des poèmes chantés de Gautier de
Coincy , un français né en 1127…
- Pour le jour de Noël et ces musiques, on se fait une chronique
courte…
- Ahhh oui… Tiens un petit cadeau pour tes soirées avec
Ferdinand, ton fiancé…
- Mais qui t'a dit que j'avais un fiancé ? On ne peut rien
cacher…
- Ben Nema, mais à par nous deux et Maggy Toon, le secret est bien
gardé, ne t'inquiète pas !!
- Tu parles… Et les lecteurs…
Sonia ouvre son paquet cadeau.
- Oh des grosses chaussettes en mohair et alpaga éponge, taille
48 pour lui et 40 pour moi, pas bête il faut être à l'aise…
Partie 1 : Procès du Merchandising de Noël (lecture nihiliste
facultative)
Ah Noël🎄 ! Ahhh Noël 😡! Je m'interroge. Que
donnerai comme infos un micro-trottoir ou un sondage organisé par Luc sur
la signification de cette fête.? Quels seraient les pourcentages entre
réponse 1 "Réveillon, indigestion, cadeaux dans tous les sens, sapins
euthanasiés dans l'enfance, gosses hystériques, parents aussi et
alcoolisés, conflits avec une belle-doche qui a dépensé plus que papi,
etc., etc."
et
réponse 2
"fête de la naissance du petit Jésus, alias le Messie, prophète
ressuscité à Pâquesous le nom Christ" suivant la tradition chrétienne.
Jeu offert par le Deblocnot
Merci à l'anglais George Boole d'avoir imaginer dans son algèbre
logique un concept nommé polygone des liaisons permettant de calculer le
nombre de cadeaux à prévoir a minima dans une famille nombreuse.
SoitXl'ensemble des adultes qui se font des cadeaux entre eux. Chaque couple
de parents ou de grands-parents offrent des cadeaux aux enfants
dénombrésY.
SoitAl'ensemble de cadeaux pour adultes etBcelui pour les enfants.
X,Y, A, B∈ {ℕ} Entiers naturels, les enfant n'étant pas des demi portions ne sont
pas considérés comme des éléments fractionnaires ∈ Q.
Postulat 1
: Chacun desXne reçoit qu'un seul cadeau de la part d'unX(+ un dessin desYqui rejoindra les autres…🗑)
Postulat 2
: chacun desYreçoit un cadeau des parents ou grands-parents soit d'un couple de
l'ensembleX.
Exemple personnel
: avec ma chère Maggy, nous avons trois enfants tous en couple et
parents de nos cinq petits-enfants…
doncA= (X -1)X=> (8 – 1) x 8 =56 cadeaux adultes
Et : B = (X/2) x Y=> (8/2) x 5 = 4 x 5 =20 cadeaux enfants
Prévoir si il n'y a pas de désobéissance à cette règle pour humilier un
beau-parent n'étant pas en odeur de sainteté* : 56 + 20 =
76 CADEAUX !!!!
(*)
Un jour de Noël c'est triste.
Postulat 3
: Hypothétiquement, Maggy et moi devenons centenaires vers
2050-2055 avec des enfants septuagénaires et les actuels petits-enfants
ayant donné naissance à un bébé avec un compagnon ou une compagne (a
priori adulte donc passé de
Y àX),
un seul gosse pour débuter. Après, Maggy et moi reposerons auprès du
Christ Roi ! Basta 😊.
Au pied du sapin il y aura
351 CADEAUX.
Voilà la cause de la 6ème extinction de masse.
- T'es sûr Claude ? c'est un truc de dingue tes calculs… un
semi-remorque de jeux, de bricoles horribles et de gâteries
discount…
- Et bien Sonia, utilise le théorème de Gödel, dit de l'incomplétude,
pour vérifier…
- Hihi, chuis pas balaise en math, il y aura bien 351 merguez dans le
congélo de M'sieur Pat depuis 30 ans, hihihi, le problème est
résolu…
- Avec Maggy, nous recevrons 34 Merguez
🤪.
Partie 2 : musiques guillerettes pour le jour de Noël et pour changer
de Petit papa Noël
Le recensement de Bethléem (Pieter Brueghel l'Ancien en
1566)
Après avoir vitupéré sur une fête devenue mercantile, je propose cette
année de vous dispenser d'écouter l'incontournable
oratorio
ou
cantate, en général
baroque, par respect de la laïcité dans le Deblocnot qui, rappelons le, est séparé
de l'État et des Églises de toutes confessions…
Palestrina
est furieux car reporté pour 2026 et remplacé par une anthologie de
chansons populaires du Moyen-Âge interprétées avec enthousiasme par un
ensemble de musiciens spécialistes du folk sacré de l'époque.
La pochette du disque représente le
recensement de Bethleem
du peintre Pieter Brueghel l'Ancien de 1566. Plutôt qu'en
Terre Sainte aride, le peintre situe la scène hivernale dans un village
inspiré de l'architecture flamande et de la vie quotidienne de l'époque.
Maisons à pignons à gradins, costumes d'époque, neige et lac gelés (pas très
courant en Israël). Marie enceinte occupe le centre de la scène,
voyageant sur un âne. Le bœuf situé derrière l'âne est sans
doute celui de la crèche à venir, imagerie populaire oblige…
Il y a quarante ans, pendant que notre premier né vagissait à 120 dB
de 20H à 22H, nous avions acheté un puzzle de ce tableau (environ 1m x 1,5m
et 4000 pièces) pour calmer nos nerfs en attendant le retour au calme du
bambin… Le résultat était très laid à cause des découpes 😊.
Cliquez sur l'image réduite du tableau pour le visualiser en grand. La
profusion des personnages et l'imaginaire spatio-temporel du peintre
laissent sans voix. Pour en savoir plus
(Clic ).
Gautier de Coincy (1127-)
Petit rappel, la fête de Noël dite de la Nativité apparait en occident au
IVème siècle. Pourquoi au solstice d'hiver en concurrence avec
divers rites païens ? Les jours commencent à allonger, on associe une
présence solaire accrue à l'arrivée de la lumière divine apportée par la
naissance de Jésus… Si le Père Noël apparaît au XIXème
siècle, l'échange de présents trouve ses racines dans l'antiquité… Et tout
cela en musique.
Ah voyons la crèche encore appréciée même des athées et mécréants par son
côté féérique. Le mot crèche est issu du mot krippia qui en
langue francique (premier millénaire) désignait la mangeoire citée dans
l'Évangile de Saint-Luc, le premier berceau de
Jésus. Ce sont les jésuites qui inventent les petites crèches miniatures. Ils
s'inspirent d'une initiative de, Saint-François d'Assise qui en
1223 organisa une crèche vivante à
Greccio, en Italie. Soyons objectifs,
les jésuites amusent le petit peuple au XVIème siècle en réaction
contre la Réforme, les protestants plus austères n'aimant guère
l'iconographie et autres représentations des personnages bibliques.
Entre 1295-1299, on peignit une fresque dans la basilique de Greccio
pour commémorer ce Noël théâtral. Je la trouve surpeuplée, et académique (Clic), et préfère illustrer le billet par le tableau d'Agnolo Gaddi
(1350-1396) plus contemporain des musiques écoutées. (Voir à
côté de la vidéo.)
~~~~~~~~~~~~~
Pour ce jour festif, pas d'orchestre symphonique ni de chœur ni etc. La
photo de l'ensemble Martin Best présente fort bien le style musical de l'album : luth, mandoline, flûte à
bec, violons et violes, tambour et voix. Troubadours et ménestrels jouaient
d'instruments peu normalisés, chantaient des poèmes souvent transmis par
oral de génération en génération. Les partitions, très rares, recouraient à
un solfège très rudimentaires (voir chronique
Carmina Burana).
Martin Best Ensemble
Martin Best a organisé cette anthologie titré Thys Yool en six parties reflétant
six facettes de l'histoire de la Nativité… Je les traduit :
1 – Chantons notre joie en ce jour…
2 - Hiver et Wassail (breuvage de bienvenue)
3 – Un enfant est né
4 – Marie, reine du royaume céleste
5 – Fils de Marie, bonne volonté sur terre
6 - Renaissance
Le titre de chaque morceau, son origine historique et géographique sont
indiqués dans le tableau, ainsi que l'auteur du texte ou du poète qui les a
réunis. On pense à
Bartok parcourant les campagnes et les villages de Hongrie dans le même but avec
un phonographe 8 siècles plus tard…
Tous les textes sont chantés en anglais moderne. Martin Best a assuré la conception, les adaptations linguistiques et les arrangements
instrumentaux.
Martin Best
Martin Best
(né en 1942) a suivi une formation de chanteur, luthiste, guitariste
et compositeur. Il a une passion pour les musiques anciennes, du Moyen-Âge à
la Renaissance. Plutôt qu'aux musiques sacrées telles le plain-chant des
monastères, il a redonné vie aux musiques plus profanes des troubadours et
des ménestrels. Il est spécialiste de l'influence de cet art populaire dans
les œuvres de Shakespeare.
Il a créé des ensembles nommés
Martin Best Consort et Martin Best Medieval Ensemble, nous écouterons celui-ci aujourd'hui. En concert, les musiciens jouent en
costumes d'époque pour recréer de manière divertissante l'ambiance dans les
cours de la noblesse… Ainsi pour cet album sont réunis :
(pour les instruments anciens et bizarres, un lien renvoie vers un site
web)
Martin Best
: voix, luth et Psaltérion (de la famille des cithares)
Jeremy Barlow
: cornemuse, flûtes à bec ou traversières.
Donna Dream
: soprano.
Kristine Szulik
: alto.
Angus smith
: ténor.
Pour mes lecteurs passionnés, l'intégralité du livret avec les textes en
anglais est lisible sur le site Discogs qui l'a scanné…
(Clic)
Sinon le tableau sous la vidéo résume l'origine et fournit des titres
traduits au mieux 😊.
Écoute au casque ou avec des enceintes additionnelles plus que
conseillée.
Le son des PC, sauf exception, est vraiment une injure à la
musique…
INFO : Pour les vidéos ci-dessous, sous réserve d'une écoute directement sur la page web de la chronique… la lecture a lieu en continu sans publicité 😃 Cool.
Préambule 1 :
Martin Best
a puisé abondamment textes et partitions dans l'incunable
Piæ cantiones ecclesiasticæ cité dans le tableau. Il s'agit un
recueil de chants en latin médiéval publiés en 1532. Ces chants sont
des legs de la culture chrétienne suédoise et finnoise… On doit au suédois
Theodoricus Petri Rutha de Nyland et au finlandais
Petri Uusimaa la première publication en Allemagne vers
1560….
Préambule 2 :
Gautier de Coincy (1177-1236) fut moine bénédictin et
trouvère en langue d'oïl (Nord). On le considère comme premier grand poète
(5000 vers) mais aussi comme auteur de Miracles, genre théâtral teinté de
religiosité très en vogue pendant la guerre de cent ans
notamment…
Chantons notre joie en ce jour…
[1]
Personent Hodie
(Musique du 13ème siècle – Texte extrait de Piae Cantiones)
Hiver et Wassail (breuvage de bienvenue)
[2]
Judas et Venceslas
(13ème et 14ème siècle Pologne, extrait de
Piae Cantiones)
[3]
Hyer Matin
(Gautier de Coincy – Soissons)
[4]
Miri It Is
(Cambrigeshire - 1225)
[5]
Man Mei
Longe (Angleterre - 1250)
[6]
Thys Yool
(Winchester - 1396)
[7]
Tapster, Drynker
(Angleterre - 1450)
[8]
Ja Pour Hyver (Gautier
de Coincy – Soissons)
Un enfant est né
[9]
Gabriel, roi du Ciel
(Angleterre – 13ème siècle)
[10]
Chanson des bénédictines de Chester
(1425)
[11]
Je vous salue Marie pleine de grâce
(Cambridge – 15ème siècle)
[12]
Alors que j'étais allongé la nuit de Yooli
(Angleterre – 1300-1350)
[13]
Edi Be Thu
(Angleterre – 1250-1300)
[14]
Accouchement de la Vierge
(Richard de Ledrede - Angleterre - 1320)
Marie, reine du royaume céleste
[15]
O VirgoSplendens
(Montserrat – 14ème siècle)
[16]
Loor De Santa Maria
(galaïco-portugais - 14ème siècle)
[17]
Polorum Regina
(Montserrat – 14ème siècle)
[18]
Mariam Matrem
(Montserrat – 14ème siècle)
Fils de Marie, bonne volonté sur terre
[19]
Je prie pour vous tous
(Angleterre – 1350-1400)
[20]
Il n'y a pas de rose
(Cambrige – 1400-1450)
[21]
Caligo Terrae Scinditur
(Angleterre – 14ème siècle)
Bon.... c'est Noël à ce qu'il paraît... le temps où tout le monde s'entasse dans des embouteillages monstres et des boutiques surchauffées et surchargées pour essayer des babioles qui risquent de finir dans un coin, à prendre la poussière. Ou, faute de mieux, dans un vide grenier. Un temps normalement décrété comme instant de paix, de trêve, alors que les gens "civilisés", stressés par le compte à rebours, finissent - ou commencent - leur journée en s'engueulant copieusement entre eux. Un temps qui excuse, encourage même, les excès alimentaires. Boissons comprises, entraînant parfois, bien malheureusement, quelques froissages de carrosserie et ecchymoses... c'est gai... Temps où volailles et bétail tremblent d'effroi, sentant leurs derniers instants arriver. Tandis qu'au loin, dans la forêt, les tronçonneuses rugissent, débitant avidement de jeunes sapins qui n'auront jamais l'occasion de s'élever aussi haut que leurs vénérables pères. Qui, au lieu de fournir abris et ombrage à la faune, finiront sans terre et sans eau, ridiculisés sous un tas de bibelots et de bricoles clinquants, avant de finir à la poubelle, ou au mieux au feu.
Des temps festifs immémoriaux puisque même en dehors de la vieille Europe, on fêtait alors le solstice d'hiver. Le jour du nouvel an, on s'en foutait royalement mais le solstice - d'hiver comme d'été -, c'était du sérieux. On s'investissait et on mettait les grands moyens, du moins ceux qu'on avait à disposition. Il paraîtrait même que certains à leur entourage...
Temps aussi de regroupements familiaux, avec, quelques fois, les vapeurs d'alcool aidant, de monumentales prises de bec pouvant aller jusqu'au pugilat. Le tout, sous le scintillement des guirlandes électriques et le regard des enfants terrorisés par ces adultes braillards et gloutons, parlant, entre deux postillons XXL, plus fort que jamais. Oui, depuis des décennies, on insiste, avec moult publicités lobotomisantes, pour dire que c'est aussi, et surtout, le temps des enfants. Des enfants qui, pendant que les parents et leurs potos se mettent "torchon, chiffon, carpette", sont placés devant la télévision pour regarder des émissions spécialement élaborées pour l'occasion. Soit avec un bombardement en règle de publicités pour éveiller l'irrésistible envie de posséder l'indispensable dernier truc pour se sentir exister, pour ne pas être un paria.
Une télévision parfois regardée en famille. L'occasion de montrer à sa progéniture la richesse des films de Sam Raimi, Lucio Fulcio, Carpenter, George Romero, Del Toro, Tobe Hooper, Wes Craven, Àlex Del Iglesia. Sinon, évidemment..., y'a bien aussi les trucs de Disney. L'incontournable industrie Disney et ses films vus et revus par plusieurs générations. Notamment Bambi. Joli conte de la forêt, foncièrement anti-chasse. Bambi, un peu oublié de nos jours, mais qui revient pour le bonheur de tous pour une suite sans grande prétention, mais toute mignonne, pleine de bons sentiments qui devraient ravir parents et progéniture.
Depuis, Bambi a bien grandi. Il a pris du poil de la bête - c'est le cas de le dire -, et des cornes (des bois) maousses costauds. Bambi a rencontré une belle petite aux yeux de biche. En fait, c'est une biche. Carrément. Tous deux vivent d'amour et d'eau fraîche et ont un petit faon. Une tête de mule qui ne prête pas suffisamment attention aux préceptes de ses parents. Ce n'est pourtant pas faute à papa et maman cerfs d'amener le rejeton à la lisière de la forêt pour lui montrer les réels dangers et horreurs qui hantent l'au-delà des bois. Qu'il voit de ses yeux noirs et ingénus les monstres imberbes, crachants, puants, bruyants, expulsant d'impressionnants pets de fumée noire pendant qu'ils dévorent la terre. D'effroyables et insatiables démons sans âme et sans cœur, qui ne semblent animés que par le désir de destruction aveugle et insensée. L'enfer est là, et il se rapproche.
Ce qui devait arriver arriva. Ce n'est pas le jeune benêt qui prend cher mais la daronne qui, gambadant tranquillement, la tête ailleurs, se fait méchamment percuter par un camion. Non mais, ça fait pourtant du bruit ces engins. D'autant plus dans la forêt, en empruntant un semblant de piste aucunement carrossée. C'est à croire que la biche avait ingurgité des baies hallucinogènes. Quoi qu'il en soit, le mal est fait. Bambi arrive et reste figé devant le corps inerte de son aimée. Absorbé par la tristesse, il n'entend pas le bipède bizarre, sans visage et sans cou, arriver derrière lui pour lui asséner un violent coup de pelle qui l'amène directos au pays des rêves. On se demande bien qu'elle pourrait être la logique qui entraîne un bonhomme dans une combinaison à assommer un cerf d'un coup de pelle. S'il est chasseur ou amateur de gibier bien cuisiné, pourquoi n'emporte-t'il pas son butin ? Sinon, pourquoi ne le fait-il pas simplement fuir ? Par crainte de témoins gênants ? Possible, mais il est bien probable que le shérif du coin ne pige que dalle aux raires et brames du cerf. Ainsi, pendant que Bambi roupille, le cosmonaute des chantiers vide des fûts dans la rivière, qui se teinte alors d'un inquiétant vert fluo.
Lorsqu'il reprend ses esprits, Bambi, visiblement, aveugle et anosmie, étanche sa soif dans la rivière polluée. Déjà lourdement traumatisé par la perte de ses parents tués par des chasseurs, il est attisé par la haine et l'impétueux et brûlant désir de vengeance. Boosté (stéroïdé ?) par les déchets chimiques qu'il a avalé, il se transforme en Toxic Avenger carnassier, bien décidé à faire le ménage. À nettoyer la forêt des irrespectueux et envahissants intrus, responsables de tous ses maux.
Jusqu'à présent, la séquence était une animation monochrome ; les seules touches de couleur étant le sang et le liquide vert fluo. Désormais, ça se poursuit en séquence filmée. On y découvre un Bambi bodybuildé avec la gueule du buste du cerf ricanant d'Evil Dead, avec en sus une rangée de canines ridiculisant celle du tyrannosaure. Oui, parce que dorénavant, tant qu'à faire, Bambi est devenu carnivore. Et il a la dalle. Son mets préféré ? Le bipède cause de ses malheurs depuis l'enfance. Les animaux de la forêt semblent à l'abri de son vorace appétit. Enfin vorace, on ne sait pas trop. On découvre surtout un beau charnier où se mélangent fémurs, boîtes crâniennes, cages thoraciques et autres os 100 % origine humaine.
Pour revenir brièvement à la faune, pas sûr non plus qu'elle ne soit pas affectée pas le même mal - ou délivrance ? - que Bambi. En effet, un post-adolescent attardé et flemmard fait la rencontre d'un gentil petit lapin, qu'il droppe, tel un Wilkinson des grands jours, pour passer ses nerfs et évacuer sa peur. L'attendrissant revient tranquillement - serait-ce Pan-Pan ? -... accompagné de congénères... "Euh...hmm.. j'm'excuse..", lance apeuré le jeune homme larmoyant, sentant qu'il y a un truc louche... reculant dangereusement vers...
Et comme tout bon film familial qui se respecte, une histoire de famille s'immisce dans l'histoire de Bambi. Et même, cela permet d'inclure la charmante Roxanne McKee - qui a aussi des yeux de biche. Seule rôle qui aurait ici la capacité, éventuelle, de grossir un audimat pas gagné d'avance 😉. Il y a bien aussi l'actrice accessoirement chanteuse Samira Mighty, mais sa présence à l'écran est assez limitée. Une famille qui devait se retrouver pour un dîner et un beau gigot de dinde (Thanksgiving ?). Une famille relativement divisée, avec notamment un père souvent absent, délaissant épouse (ex-épouse) et enfant. Trop accaparé par son travail à l'entreprise de retraitement de déchets toxiques. Ha ! Ha ! Ça se recoupe ! 😂 D'autant qu'il semblerait que la grand-mère (la mère du papa délaissant sa famille pour bosser "H 24" à l'entreprise aux procédés litigieux) semble connaître Bambi et sa mutation. De plus, il est probable qu'un des hommes de main de la compagnie polluante soit le chasseur qui ait flingué, il y a des années, maman Bambi... ho, ho, ho... On n'en dévoilera pas plus... même si y'a pas vraiment de surprises 😁
S'ensuit une ribambelle de belles balades et de trépidants rallyes nocturnes en forêt, de joyeuses rencontres, de pleurs, de chaleureuses retrouvailles, d'hémoglobine, de rebondissements, de suspense haletant. Dan Allen, habitué du genre - en fait, il ne déroge pas de son credo -, déjà responsable de méfaits tel que l'infâme "Winnie The Pooh" (en killer fatigué du bulbe), joue avec les clichés en multipliant les références à Alien, Jurassic Park, Grizzly et The Monster (et Dog Soldiers ?), ainsi qu'aux comics de Swamp Thing. Un beau film familial, pas finaud pour un sou, vaguement écolo mais vachement rigolard. Joyeux Noël 🎄 !!