jeudi 17 octobre 2024

BOB DYLAN : Et le rock se mit à penser, par Benjamin


« Quelque part sur le chemin, je savais qu’il y’aurait des filles, des visions, tout quoi : Quelque part sur le chemin, on me tendrait la perle rare » KerouacSur la route.

Et la route défilait devant ses yeux, somptueuse allégorie d’une vie passant toujours trop vite. Bob Dylan avait beau être un poète, il ne faisait pas partie de ces clochards célestes errant sans but aux quatre coins de l’Amérique. Le jeune homme voulait la gloire, son parcours fut tracé pour écrire la légende de son ascension. Après avoir brusquement quitté sa famille, il lui fallut être adoubé par un père spirituel. C’est ainsi que ce troubadour passa quelques jours dans l’hôpital où Woodie Guthrie termina ses jours, période qui fut pour lui une épiphanie douce-amère. Il fut d’abord heureux de côtoyer un de ses maîtres, l’homme qui lui montra comment rendre sa prose plus populaire que celle de Baudelaire ou même Kerouac ne le furent jamais. La mélodie est à la poésie ce que la guêpière est aux belles formes féminines, elle en décuple l’attrait et le pouvoir de séduction. Comme le tissus le plus fin est parfois le plus gracieux, Guthrie se contenta toujours des accords les plus simples pour illuminer ses mots sulfureux. Il y avait alors urgence, les ventres des sans grades criaient famine et leurs dos pliaient sous le poids d’un capitalisme carnassier. Les chansons de Guthrie furent comme des cris sur les barricades, des pavés envoyés contre les barreaux de la prison capitaliste. 

Il fit avec sa musique le même travail de porte-voix des petites gens que Steinbeck avec sa plume. Comme le personnage de « En un combat douteux » cet homme ne voulut rien pour lui, ce qui le mena à finir ses jours dans l’isolement de cette triste chambre d’hôpital. Les plus grands altruistes finissent souvent mal, il n’est jamais bon de se soucier du bien-être de ses semblables avant d’avoir assuré le sien. Dylan ne se souciait alors que peu des grands idéaux politiques. Ce qu’il aimait dans le folk, ce fut surtout la profondeur des mots et la beauté rustique des mélodies. Ainsi fut il conduit à New York, ex-capitale du jazz abritant le temple du folk. Crasseux et malingre, le grand Bob dut lutter pour sa survie avant de pouvoir défendre son art. Dans les rues de ce bastion, il eut d’abord mauvaise réputation. Les gens bien n’aiment pas que l’on suive un autre chemin qu’eux et, entre les sommets vertigineux des immeubles, le troubadour fut traité de freaks (monstre) par des passants vindicatifs. La masse n’aime pas les hommes libres, elle lui rappelle trop sa propre servitude.

Les femmes en revanche ne s’y trompèrent pas, elles que le romantisme de ce poète voyageur firent tomber comme des mouches. Vint finalement le jour où le grand Bob descendit dans cette sombre cave où s’écrivit les légendes d’hier et se forgeait celles de demain. La salle ressemblait à ces vieux celliers dont nombre d’enfants redoutaient l’obscurité, les tables et sièges de bois semblaient posées là depuis des temps immémoriaux. Sa raideur accentuant encore l’immaturité de son visage enfantin, Dylan semblait alors plus taillé pour les kermesses de village que pour ces salles emplies de traditionalistes exigeants. D’abord rejeté par le propriétaire du Gaslight, qui ne lui trouvait aucun charisme, Bob devint progressivement la mascotte de cette salle. Digne fils de son père spirituel, il se contenta d’abord de réciter les classiques de cette musique vénérée comme un dogme. 

Assis au milieu de cette petite assemblée, Johnny Cash fut fortement impressionné par ce qu’il entendit. Rescapé des premières heures du rock’n’roll, l’homme en noir s’était bâti une légende faite d’excès et de rédemption religieuse. La voix de Dylan n’était ni vraiment juste ni vraiment belle, ce fut une litanie nasillarde que personne ne parvint jamais à reproduire. Cette voix avait une allure unique et noble, celle des grandes statues portant leur rouille comme de somptueuses rides. Obtenir un tel charisme ne s’invente pas, il faut avoir été malmené par la vie et formé par les mélodies de la grande musique. 

Ce chant se faisait l’écho de ceux de Howlin Wolf, Leadbelly et de tous les hommes morts et vivants dont le larynx incarnait la grandeur d’une vie bien remplie. De retour chez lui, Cash prit son téléphone pour livrer au patron de Columbia une de ses déclarations péremptoires dont il avait le secret : « Il y a un petit gars qui joue au Gaslight, tu devrais le signer avant que quelqu’un d’autre ne le fasse ». L’intéressé n’eut le temps de lui répondre mais, lorsque Dylan débarqua dans ses studios avec son allure d’enfant perdu, John Hammond n’hésita pas longtemps pour lui faire signer un contrat. 

Dans la pure tradition passéiste du folk, le premier disque du jeune Dylan fut un disque de reprises à l’échec commercial retentissant, au point que Hammond dû peser de tout son poids pour empêcher les cadres de Columbia de le congédier. Columbia lui devait bien ça, lui dont les productions permirent à la firme d’écrire certaines des plus belles pages de la musique populaire. Les journalistes fustigèrent donc l’aberration Hammond, inconscient que dans ce modeste esprit germait une véritable révolution musicale. Dylan ne cacha jamais que la musique fut d’abord pour lui un moyen de diffuser sa prose, conscient qu’il était que les électrophones avaient alors bien plus d’audience que les livres ou les journaux. Alors il écrivit des mots à graver dans le marbre de l’histoire, juste sous ceux de Rimbaud et Dylan Thomas. Pour donner une couleur à cette beauté révolutionnaire, il y eut d’abord l’influence d’une muse, Suze Rotolo. Sensible aux illusions gauchistes de son temps, elle parvint à donner aux mélodies de son amant poète une légère couleur rouge. 

Pourtant, seul le pamphlet antimilitariste « Master of war » pourrait vraiment émoustiller les esprits obtus et étroits des militants de l’internationale communiste. Pour le reste, la révolte des enfants de Marx servit surtout de carburant à une voix portant les angoisses et les espoirs d’une génération secouée par les tumultes d’une époque troublée. Il y eut d’abord le menaçant antagonisme américano russe, tension palpable menaçant de déclencher une pluie cataclysmique. Aussi iconique soit-il, « Hard rain » n’est pas le plus grand titre de l’album « The freewheling Bob Dylan ». Comme le temps le démontrera, les mots de Dylan ne sont jamais aussi frappants que lorsqu’ils s’attardent sur d’intemporelles interrogations existentielles.

« How many road must a man walk down / Before you call him a man / How many seas must a white down sail / Before she sleeps in the sand / Yes and how many time must the cannonball fly / Before they are forever banned / The answer my friend is blowin in the wind / The answer is blowin in the wind »

Combien de routes un homme doit il parcourir avant qu’on ne le considère comme un homme ? Dylan n’aura bientôt plus à se poser cette question, le succès de « The freewhelin Bob Dylan » le faisant passer du statut de troubadour méprisé à celui de guide d’une génération. Il dut néanmoins subir la vindicte des ayatollahs du folk, qui se pressèrent à chacune de ses prestations pour le traiter de traître. Son crime fut alors d’avoir refusé de se cantonner au répertoire ancestrale, ses paroles eurent pour certains la gravité blasphématoire de souillures infligées à un texte sacré. Il se trouve que ces souillures firent le tour de l’Amérique, blessant ainsi mortellement le passéisme folk au profit d’une poésie surréaliste. Comme Dylan le chantait lui-même, les temps étaient en train de changer, il ne faisait alors que faire de son œuvre le témoin de ce changement. Chez lui, les tourments culturels et politiques de son époque côtoyaient les turpitudes de sa jeune vie, le poussant ainsi à changer de muse en même temps qu’il changeait d’inspiration. Si la reconnaissance n’est pas une vertu naturelle chez l’homme, elle l’est encore moins chez l’homme ambitieux. Suze Rotolo le comprit cruellement lorsque, alors qu’elle vit Bob Dylan et Joan Baez sur scène, elle remarqua dans leurs yeux cette étincelle qu’elle avait déjà perdue. 

Les idéaux libertaires de Suze permirent à Bob de conquérir l’Amérique, la popularité de Baez lui permit de découvrir le génie anglais. Les journaux saluèrent l’avènement du roi et de la reine du folk. S’émerveillèrent devant les harmonies vocales de ce noble couple, l’important fut pourtant ailleurs. Entre deux prestations, le Zim côtoyait les Beatles et assistait aux concerts des Stones et autres Kinks, la fée électricité prenant ainsi une place de plus en plus importante dans son cœur. De retour en Amérique, il se mit à la guitare électrique, se rendant ainsi compte qu’il lui faudrait trouver un soliste moins limité que lui. L’idée d’une folk électrique lui trotta dans la tête lorsque, alors qu’il travaillait dans les studios de Columbia, la providence prit la forme d’une douce mélodie venue des studios voisins. Mêlant les harmonies vocales des Beatles et la vigueur d’un folk boosté par l’énergie du rock’n’roll, les Byrds gravaient leur fameuse reprise de « Mr tambourine man ». Bousculé par l’avancée conquérante de sa descendance, le grand Bob en grava sa propre version qui ouvrit ainsi l’album « Bring it all back home »

Portant assez mal son nom, ce disque mariait plus la profondeur d’un Leadbeally et l’énergie d’un Chuck Berry, que la douceur des Beatles et l’utopisme de ses jeunes années. La poésie était bien sûre toujours là, mais elle se fit plus légère, hédoniste et un peu nihiliste. Comme pour éloigner une foule devenue étouffante, l’homme criait sur un riff digne de « Back in the USA » « Don’t follow the leader ». Cette foule, il s’apprêtait à lui faire face une nouvelle fois, l’énergie électrique de « Bring it all back home » lui valant les foudres de cette scène folk qui le découvrit. Loin de s’effrayer des premiers cris de colère des ayatollahs du folk, Dylan embaucha celui dont les riffs lui permirent de greffer un cerveau au rock’n’roll, l’inoubliable Mike Bloomfield. Pour l’accompagner, le claviériste Al Kooper para ses mélodies blues folk d’un voile lumineux et légèrement planant. Kooper joua alors le jeu de sa vie sur « Like a rolling stones », fresque mémorable qu’il dora de ses sifflements nostalgiques. A l’image de la jeune femme en perdition de cette chanson, les personnages de « Highway 61 revisited » semblent souvent perdus dans un environnement qu’ils ne comprennent pas. Comme pour prendre sa revanche sur le coup de force d’Al Kooper, Mike Bloomfield retrouve l’intensité émotionnelle des grands maîtres du blues sur « Ballade of a thin man ». Ce « thin man » est le symbole de toutes ces forces d’inerties contenues dans une foule médiocre, le nom de tous ces puritanismes belliqueux pourrissant les cultures et les esprits.


« Because something is happening and you don’t know what it is. Do you ? Mister Jones. »

A la même époque, le Zim affirma d’un ton péremptoire « celui qui n’est pas occupé à naître l’est à mourir ». Peu après la sortie de « Highway 61 », Dylan trouva son groupe en rencontrant The Band, brillante assemblée de mercenaires servant jusque-là un obscur chanteur de rockabilly. Devenue historique, la tournée qui suivit vit Dylan affronter les quolibets de ses premiers admirateurs. La musique, elle, fut superbe, le Band montrant une brillante capacité à marier la profondeur du blues et l’énergie du rock. Traité de Judas et menacé de mort, le Bob n’en continua pas moins de suivre sa muse électrique. C’est que le swing du Band lui inspirait des refrains vengeurs, sa classe mélodique illuminait ses mélodies épiques.

« Well they stone you when you try to be so good / They’ll stone you like they said they would /They’ll stone you when you’re tryin to go home / And they stone you when you’re there all alone / But I would not feel so all alone / Everybody must get stoned »

Oui tout le monde pourrait être lapidé, si tout le monde osait ainsi aller au bout de ses idées. Mais la masse n’ose pas, n’osera jamais, elle se contente de lancer ses pierres sur ceux qui osent aller à l’encontre de ses idées étriquées. Le monde ne se résume heureusement pas à elle et, s’il parvient à garder l’œil alerte et le cœur ouvert, le poète peut trouver ici-bas quelques oasis de beauté et d’amour.

« Sad eyes lady of the lowlands / Where the sad eyes prophets says no man comes / My warehouse, my arabian drums / Shoul I put them by your gates, or sad eyes lady should I wait »

Celle que Dylan nommait sad eyes lady, c’est cette femme que nombre d’hommes cherche sans jamais la trouver, celle avec laquelle la communion des âmes sublime celle des corps. Devenu une pop star, Dylan avait bien besoin de cette douceur pour supporter la pression que lui infligeait une foule dévote. Plongée dans une irrésistible fuite en avant, il écrivait alors ses textes entre deux excès narcotiques et alcooliques, ce rythme infernal le rendant de plus en plus impulsif et agressif. La pression s’accumula, le poussant sans cesse au bord du précipice, jusqu’au jour du drame. Sa moto roulait alors à vive allure sur une route paraissant déserte, la tranquillité des décors endormant quelque peu la vigilance du chauffeur. De cet accident, personne ne connut vraiment les détails, au point que nombreux furent ceux qui le considérèrent comme une simple manœuvre pour échapper à ses admirateurs. Réfugié dans une maison située au milieu des bois de Woodstock, Dylan fut pareil au héros du meilleur des mondes, un esprit libre s’isolant pour ne pas être contaminé par l’hystérie de son temps.

Profitant de la tranquillité d’une vie de famille paisible, l’auteur de « The time they are changin » ne brisa son isolement que pour jouer quelques titres en compagnie du Band. Immortalisés sur une cassette devenue le graal des fans, des copies de ces fameuses « Basement tapes » s’échangèrent sous le manteau bien avant leur sortie officielle. Charmé par la tranquillité de sa retraite bucolique, Dylan redécouvrit le charme des mélodies acoustiques, mais la folk était trop liée à sa popularité honnie pour qu’il ne la défende de nouveau. Sous l’influence d’un Johnny Cash dont il devint l’ami, il s’inspira des mythes et de la monotonie entraînante de la country. Ainsi naquirent « John Whesley Hardin » et « Nashville Skyline », deux disques dont la joyeuse simplicité irrita les oreilles hypnotisées par le rêve psychédélique. Après avoir été menacé pour avoir complexifié la folk, le grand Bob était désormais critiqué parce qu’il osait jouer la musique d’un temps passé et d’un peuple méprisé. La country est la musique de l’Amérique profonde, population que nombre de journalistes regardent avec un certain dégoût. Comme ce fut le cas pour son virage électrique, ce renouveau courageux sera ensuite repris par la crème de la scène rock moderne, offrant ainsi au Zim une belle revanche sur ses détracteurs. 

Le rock psychédélique faisait alors ses premières victimes, pauvres fous aux cerveaux grillés par les substances qu’ils ingéraient, triste naïf tué par un poison que l’on disait inoffensif. Quelques semaines plus tard, le chaos d’Altamont poussa toute une scène à descendre de son nuage. Ainsi naquirent des disques tels que « Sweatheart of the rodéo », « Workinman’s dead » ou le « Burger » de Hot Tuna, humbles retours à la terre de musiciens désillusionnés. Cette période permit également à Dylan de graver des classiques tels que « All along the wachtower » et « Lay lady lay » dans le marbre de sa légende. Malgré une reprise inoubliable de Hendrix, la superstar de la poésie musicale semblait être parvenue à modérer les ardeurs de ses fans les plus fervents. Nombre d’observateurs annoncèrent alors la fin de l’âge d’or de cet artiste indomptable. 

Après le classieux « New morning », l’ex-guide d’une génération porta encore un coup au fanatisme dont il était l’objet en produisant le catastrophique « Self portrait ». Pochette hideuse contenant un assemblage hétéroclite de titres sans intérêt, l’album méritait bien la critique péremptoire qu’il reçut dans le magazine Rolling Stone : « C’est quoi cette merde ! ». « Self portrait » fut à Bob Dylan ce que « Quiet night » était à Miles Davis, la débâcle marquant la fin d’une période artistique. S’ensuivit une période de relative discrétion où, après avoir joué un titre anecdotique avec Leon Russel, il tenta d’initier sa carrière d’acteur sur le film « Pat Garrett et Billy the kid » de Sam Peckinpah. Si son rôle de desperado boudeur ne restera pas dans les anales du cinéma, l’univers de Peckinpah lui inspira la superbe mélodie de « Knockin’ on heaven’s door »

Vint ensuite la grande réunion avec The Band, que Bob immortalisa sur « Before the flood ». Après ses deux monumentaux premiers albums, The Band s’était élevé sur des sommets comparables à ceux du chanteur qu’il accompagnait. Déjà lumineux sur « Blonde on blonde », le folk rock rustique du Band prit toute son ampleur dans ces salles emplies d’auditeurs fascinés. Voyant souvent les live comme un moyen de faire patienter les fans entre deux albums studios, la critique refusa de considérer ces performances comme le signe d’un renouveau Dylanien.

« L’homme est un élève la souffrance est son maître, et nul n’a appris qui n’a réellement souffert » Musset

Plonger dans des abîmes de souffrance en espérant en sortir, tel est le seul moyen de se renouveler véritablement. En cette année 1975, Dylan était en quelque sorte le nouvel enfant du siècle, « Blood on the track » présenta ses confessions. Sa « Sad eyes lady of the lowland » lui échappait peu à peu, les prémices d’une rupture inéluctable le plongeant dans un torrent de colère et d’angoisse. Comment une chose qu’il chérissait tant put elle en arriver là ? Par quel mécanisme démoniaque un amour aussi transcendant finit-il dans la fange de la haine ? Ces questions, l’auteur des textes de « Blood on the tracks » se les posa sans jamais pouvoir y répondre. Porté par la furie de l’incompréhension, il éleva l’injure au rang d’art majeur sur « Idiot wind ». Puis vinrent ces textes où, tel un Dostoïevski du folk, il fouilla la psyché de ses personnages pour mieux en déceler la noirceur. Comme son auteur l’avoua plus tard, « Blood on the track » est un amas de souffrance, il sublime la peine comme seuls les grands auteurs surent le faire avant lui. Vivre la fin d’une grande histoire d’amour, c’est se prendre l’absurdité de la vie en pleine face. Une seule solution se présente alors à l’homme amoureux de la vie, combattre ses idées noires par une envie de vivre décuplée. 

Heureux de le voir ainsi changer le charbon de ses peines en or, la critique cria enfin au renouveau Dylanien. Redevenu un mystère fascinant, Bob Dylan parcourut les routes où il forma un groupe composé d’inconnus rencontrés lors d’improvisations impromptues. Parmi eux se trouva Scarlette Riviera, une violoniste qui devint l’élément indispensable à la folk bohème dans laquelle Dylan se réfugiait. Naquit ainsi « Desire », formidable acte de résilience d’un homme oubliant sa peine dans des mélodies qui sont autant d’hymnes à la liberté.

Quelques jours plus tôt, alors qu’il se promenait sur la plage de Sainte Marie de la Mer, notre troubadour fut attiré par les mélodies mystiques jouées par une bande de gens du voyage. Ravis de rencontrer un musicien, ceux-ci ne tardèrent pas à lui prêter une guitare pour qu’il leur présente ses dons. Comme portés par la chaleur de ces hommes et la beauté de ce paysage, les mots et les notes vinrent au poète avec une facilité troublante.

« Your breath is sweet, your eyes are like two jewels in the sky /Your back is straight, your hair is smooth on the pillow where you lie /But I don’t sense affection, no gratitude or love / Your loyalty is not to me but to the stars above / One more cup of coffee for the road / One more cup of coffee ‘fore I go / To the valley below »

A l’image de cette ode au voyage, « Desire » est un disque de libération spirituelle, le cri de joie de celui que la route guérit. La route apporte une ivresse addictive, c’est une sirène faisant croire au voyageur que le moyen d’arriver quelque part est en réalité le but. Le voyage n’est sans doute jamais aussi beau que lorsque l’on ignore vers quoi l’on marche, quand on ne l’a pas oublié. Faisant la tournée des petits clubs pour retrouver la magie de ses débuts, Bob Dylan invita Joan Baez, Roger McGuin et même Allen Ginsberg à partager un bout de son fabuleux voyage. Il sortit de ce périple légendaire lessivé, sa maison de disque ayant la mauvaise idée d’immortaliser la vacillante queue de cette magnifique comète nommée « Rollin thunder revue ». Rejouant le sketch du dramatique déclin Dylanien, la critique se plut à relater le désastre artistique et financier de la pièce Renaldo et Clara. Emportée par son élan, elle accueillit l’album « Street legal » avec la même froideur, tant il fut visible que l’ex-guide s’y adaptait à sa triomphante descendance. Il y eut pourtant son chant, le plus beau de sa vie, il fallait bien ça pour répondre à la ferveur gospel rock d’un groupe presque Springsteenien. 

C’est que l’un des plus grands rêves de ce poète fut de s’approprier le charisme sulfureux d’Elvis. Les enfants du King, des Stones à Aerosmith, conquéraient le monde et faisaient hurler de désir les femmes du monde entier. Même les hommes les plus brillants cachent en eux de tels désirs de puissance virile, la nature a ses lois que nul ne peut ignorer. Pourtant, même porté par le groupe d’Elvis et affublé de son blanc uniforme, l’apprenti rocker Dylan restait ce poète au charisme plus cérébral que sensuel. « Live at budokan » eut beau développer un lyrisme spectaculaire digne du King à Las Vegas, son chanteur garda l’allure d’un poète coincé dans un costume de rocker. A défaut de remuer les corps, Bob voulut désormais remuer les âmes. Initié par son ami Johnny Cash, celui qui revendiqua ses racines juives quelques jours plus tôt devint le fervent porte drapeau du christianisme Born again

Une fois de plus, la chronique hurla au blasphème, traitant de nouveau Dylan de traître pour avoir osé défendre un culte réactionnaire. Il n’est pourtant pas farfelu de penser que, après des années de fanatisme libertaire, la plus grande provocation se situait bel et bien dans la défense d’un certain ordre moral. Puis il y eut la musique, gospel rock d’une grâce comparable à celle de Don Nixx. D’abord porté par le mojo nonchalant de Mark Knopfer, ce gospel électrique atteignit le sommet de sa grâce sur l’album « Shot of love ». Véritable chant du cygne, le titre « Every grain of sand » fut la dernière merveille avant une longue traversée du désert artistique. Soucieuse d’épuiser le filon Dylan jusqu’au bout, Columbia invita des artistes tels que Mick Taylor ou les Heartbreakers à masquer le manque d’inspiration de leur tête d’affiche. Mais la fièvre créatrice semblait bien perdue, Dylan rattrapant un peu la décadence de sa créativité lors d’une tournée historique en compagnie de Tom Petty. Refusant de devenir une caricature de lui-même, le vieux barde fouina dans le grenier de la tradition, dont il sortit deux albums de reprises de standards de chansons folk. Ayant ainsi renoué le contact avec ses racines, l’auteur de « The time they are changin » leur donna un second souffle grâce au producteur de U2. Moderne sans aseptiser la subtile poésie du Bob, l’album « Oh mercy » contient son lot de fresques enivrantes. Conscient de s’être longtemps perdu, Dylan demandait la pitié de son public dans un disque annonçant son dernier âge d’or. Vinrent ensuite « Time out of mind » et son blues épique « Love sick » , « Tempest » et sa fresque sur le Titanic, pour finir par « Rough and rowdy day ». Sur ce dernier, l’homme chantait une ode au mystère qu’il était devenu.

« Today and tomorrow , and yesterday to / The flower are dying like all things do / Follow me close , I’m going to Balian Piale / I love my mind if you don’t come with me / I fuss with my hair , and I find blood feuds / I contain multitude »

Cette multitude devint une œuvre, un puzzle plus complet que toutes les biographies, un labyrinthe poétique dont les mystères insolubles fascinent les générations. 

mercredi 16 octobre 2024

The DETROIT COBRAS " Baby " (2004 - 2005), by Bruno



     The Detroit Cobras n'évoquera certainement pas grand chose aujourd'hui, pourtant, Jack White, qui les prit sous son aile au sein de sa société Third Man Records, considère que la formation a été le facteur déclencheur d'un revival du "rock garage". Celui-là même qui permit à son White Stripes d'exister, de se lancer. Mais si ce duo gagna une notoriété internationale - dont l'importance cache encore aujourd'hui la suite de la riche carrière du musicien de Detroit -, The Detroit Cobras, en dépit d'une solide fan base et d'une presse généralement encline à l'encenser, resta à jamais confidentiel. Même les prestations d'outre-Atlantique - généralement dans des salles modestes - ne parvinrent pas à extirper la formation d'un relatif anonymat.
 La réédition des deux premiers albums, "Mink, Rat or Rabbit" et "Life, Love and Leaving", par Third Man Records, n'y changea rien. 

     Ainsi, pour ce groupe originaire de... Detroit (of course), le parcours fut chaotique et parfois douloureux. Seule la foi permit aux acteurs de continuer la route. Une route jonchée de chausse-trappes, de douleurs et de larmes.

     Le groupe a pris forme en 1994, sous l'égide de la chanteuse, Rachel Nagy et de la guitariste, Maribel "Mary" Ramirez. Les premiers appelés sont Steve Shaw à la guitare, le bassiste Jeff Meier et le batteur Vic Hill. Mais dès les premiers soubresauts, les postes ont été de véritables chaises tournantes. Seule Rachel Nagy, inébranlable, pilier central du groupe et de son caractère, resta sur le pont jusqu'aux derniers jours ; solidement soutenue par la fidèle copine Mary. 


   Il faudra quatre années d'existence à la troupe, avec ce qu'il faut de galères, d'incertitude, d'épuisement, de déception, mais aussi de joies et d'espoir en des jours meilleurs, avant qu'un label daigne enfin lui accorder son attention. U
n petit label indépendant (à l'étonnant logo), Sympathy for the Record Industry, le signe et lui offre l'opportunité de réaliser un premier album : "Mink, Rat or Rabbit". Le groupe est alors assez stable, seul le poste de batteur est des plus fragiles. 

     Le credo des Reptiliens de la Motor City, c'est le rhythm'n'blues et le Rock des années cinquante et soixante. Avec une nette préférence pour les chansons obscures, ou au succès des plus discrets. Rien au-delà de cette période. Même pas un petit truc rock'n'roll d'un des illustres acteurs issus de la scène de Detroit - et de ses proches horizons -. Rien des Bob Seger, Amboy Dukes, Grand Funk Railroad, Brownsville Station ou autre Frijid Pink. Ce qui fait ainsi l'impasse sur toute forme de grosses guitares et de basses adipeuses. Au contraire, l'orchestration est crue, tranchante et abrasive. Et si la formation pioche à l'envie dans les archives de la Motown, elle ne s'embarrasse jamais d'arrangements cuivrés. Et elle n'a aucun scrupule à éplucher les oripeaux funks, pour ne garder que l'os - pour une saveur franchement plus rock (pub-rock), jusqu'à s'approcher d'une fibre au goût évident d'un garage-rock (qui aurait pu figurer sur la compilation Nuggets) frisant parfois avec le punk. Du Rhythm'n'blues punky ? 

     Sur le disque suivant, "Life, Love and Leaving", sorti trois années plus tard, en 2001, Rachel et Mary, avec une nouvelle équipe, ont un peu arrondi les angles, tout en ayant clairement gagné en intensité et maitrise. Les années à tourner ont forcément forgé les damoiselles. Il y a quelques discrètes touches de piano et d'orgue (souvent écrasées par les grattes et la batterie) qui accentuent cette sensation d'un relatif peaufinage. C'est le bassiste qui s'atèle aux claviers. Un certain Eddie Hawrsh qui n'est autre qu'Eddie Harsch, celui des Black Crowes, qui va s'installer un temps dans la ville industrielle (où il jouera avec d'autres groupes). Moins corrosif donc que le précédent, il n'en est pas moins captivant et addictif. Au contraire. S'il y avait un parallèle à faire, ce serait probablement avec les Flamin' Groovies, si ce n'est que l'approche est moins rock'n'roll que celle de ces derniers. Voire avec les regrettés Inmates - ceux des premiers albums -, même si en comparaison ces gentils rockers pourraient paraître timorés. Avec le Dr Feelgood ? La sensualité en plus et les odeurs âcres de sueur et de binouzes en moins 😄. 


   Le vieux label anglais indépendant Rough Trade s'entiche du groupe et publie les deux premiers albums sur le vieux continent. Diffusion qu'il fait rapidement suivre d'un Ep un poil plus rock'n'roll, "Seven Easy Pieces". Toujours avec Eddie Harsch. Cet Ep a la particularité d'avoir la seule chanson du groupe où Rachel partage le chant avec quelqu'un d'autre. Ce qui d'ailleurs n'est pas une franche réussite - heureusement que Rachel reprend le micro...

     En 2004, c'est avec une formation encore révisée que Rachel & Mary entrent en studio. L'album qui en sort, "Baby", dix ans après les balbutiements, est probablement ce qu'elles ont fait de mieux. De l'avis même d'une majorité, bien que certains reprocheront à cet album de faire des concessions, de pencher volontairement vers des sonorités plus mainstream. Il est vrai que la production (autoproduction aidée par le vétéran Greg Cartwright - - qui va devenir aussi un membre du groupe) est plus propre. Toutefois, il s'inscrit dans une continuité, le second album étant déjà moins rustique que le premier. Et le dernier, "Tied & Trues", plus ancré dans la Soul.

     Pour la première fois, la formation grave une composition personnelle : "Hot Dog (Watch Me Eat)". Une pièce enlevée, pleine de sels, résonnant comme un pur classique d'un garage-rock millésimé 60's, qui aurait fait forcément un carton en ce temps là. Pour la première fois aussi, le disque dépasse allégrement les trente minutes, mais grâce à l'intégration d'une nouvelle version de "Cha Cha Twist" qui ouvrait déjà le premier essai. Chanson repêchée pour clôturer l'album et surtout parce qu'elle a été récupérée pour la bande son de la publicité d'une célèbre marque de boisson gazeuse américaine corrosive. Seule chanson du groupe qui aura bénéficié d'un clip... du moins jusqu'en 2020, année où le quintet de Detroit réapparaît pour un second et dernier clip. Celui de la chanson "Stay Dowm", composé par leur nouveau batteur Kenny Tudrick. Multi-instrumentiste, auteur, compositeur, interprète et producteur, œuvrant auparavant au sein de la formation Bulldog (très portée sur un style proche du Neil Young des 70's), avec Eddie Harsch aux claviers.

     Il est vrai que l'insertion de quelques morceaux au tempérament plus modéré peut donner la vague impression d'un album plus posé, moins abrupt. Le velours ténébreux de "Weak Spot" (de Ruby Johnson), la complainte soul de "It's Raining" (d'Irma Thomas), voire le twist moite et morose de "Now You're Gone" (de Bobbie Smith and te Dream Girls, obscur groupe de filles de Detroit qui eut un relatif succès au début des années 60) et le gentil "Baby Help Me" (de Percy Sledge) pourraient décevoir tous ceux regrettant amèrement l'engagement fruste  du premier. Ce qui ne représente pourtant qu'une mince minorité coincée au milieu de rhythm'n'blues enlevés à la sauce "garage rock". La version américaine, diffusée plus tard, en 2005, par Bloodshot records, a la bonne idée de reprendre l'intégralité du Ep précédent, pour une œuvre plus conséquente avec au total vingt petites pépites. Et ça passe sans forcer.


   Le groupe a le vent en poupe, cependant, le seul fait qu'il se cantonne à reprendre d' "antiques" chansons est un frein l'empêchant de prendre de la vitesse. Un reproche qui lui revient fréquemment à la face, certains accusant le groupe d'opportunisme, voire de forme d'escroquerie en se contentant de reprises. Pourtant, sans en faire des caisses, leurs relectures, plus crues, plus près de l'os, les préservent de la simple et pâle copie. D'autant que la formation joue également un intéressant rôle de défricheur. Elle a cette honnêteté et ce respect - rare dans le milieu -de déclarer sans détour ses sources, les auteurs des chansons, quand tant d'autres n'auraient aucun complexe à se les attribuer (les procès sont encore courants). Et puis il y a la voix féline (de chatte de gouttière), habitée et expressive de Rachel Nagy (qui peut parfois évoquer celle de Chrissie Hynde), véritable incarnation du rock'n'roll et du rhythm'n'blues faits femme ; avec ce qu'il faut de morgue et d'autorité, avec un soupçon d'innocence juvénile perçant à travers quelques rares fêlures. Effectivement, si la troupe avait fait l'effort d'au moins deux ou trois morceaux personnels par disque, il en aurait peut-être été tout autrement.  

     Après un dernier effort en 2007, avec "Tied & True", c'est le mutisme discographique à l'exception d'une compilation (sortie par un label espagnol) regroupant des enregistrements réalisés de 1994 à 1997, par la formation d'origine, et jamais édités jusqu'alors. Des versions brutes, corrosives, limites hasardeuses et aux soli gavés de pains. La voix de Rachel y est parfois faillible quand elle n'est pas piétinée par les guitares rêches et brailleuses. On y retrouve aussi des pièces, alors dans une version brute, présentes sur les trois premiers disques. Néanmoins, la formation continue de se produire, traversant encore à l'occasion l'océan, mais sans faire de vagues.


     Rachel Nagy, qui a voué sa vie au Rhythm'n'blues et au Rock'n'roll, est décédée en janvier 2022, à l'âge de 48 ans. Son entourage restant pudique, se garde de toute indiscrétion sur la cause du décès. Le groupe devait reprendre sérieusement du service, avec des dates européennes déjà bouclées, et même réaliser un inespéré nouvel album. Plus de dix ans après le dernier, "Tied and True". Reste cette flopée de disques, gorgés de vieux morceaux de soul, de blues, de rhythm'n'blues et de "garage-rock", auxquels le groupe tentaient de donner une seconde chance, une seconde vie, avec une aisance et une classe rare. Hélas, souvent en vain. 




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mardi 15 octobre 2024

LES CHŒURS DE L’ARMÉE SOVIÉTIQUE N°2 (1961) par Pat Slade



Il y a neuf ans, j’avais écrit une chronique sur leur album en concert à Paris, je me devais de parler de cet opus n°2 avec les morceaux plus célèbres.


LA SALADE RUSSE



S.Prokofiev - D.Chostakovitch
Un chanteur français a chanté ”Si les ricains n’étais pas là…“, mais sans vouloir créer une polémique politico-historique, je pense que si les russes n’avaient pas été là, la guerre aurait duré beaucoup plus longtemps, enfin bref ! Passons à autre chose. Il y a soixante trois ans, les chœurs de l’armée Soviétique passaient par le Palais des Sports de Paris, ce qui donnera un disque live (clic). J’étais môme quand en farfouillant dans les disques de ma grand-mère je suis tombé dessus et je suis sur que ces chœurs imposants et monumentaux ont été le déclencheur pour mon goût pour la musique classique en général et les vocaux en particulier. Le son de la musique slave qui pourrait rappeler Prokofiev ou Chostakovitch vont enrichir ma soif de connaissance musicale.    

Boris Alexandrov
Pour rappel, le Chœur de l’armée soviétique qui aura surtout la dénomination du Chœur de l’armée rouge fut crée en 1928. Leur but était de soutenir le moral  des troupes, ce chœur d’hommes devait exalter l’esprit révolutionnaire d’octobre. Au tout début ils étaient treize en comptant le chef et créateur Alexandre Alexandrov, ils atteindront avec le temps 400 membres. Alexandre Alexandrov aura le redoutable privilège de composer l’hymne nationale. Avant 1944, c’était ”l’International jusqu’à la composition de celui qui est toujours le même actuellement, même si les paroles ont depuis changés. A la mort de son père, Boris Alexandrov reprendra le flambeau et choisira avec le plus grand soin les membres de ses chœurs, des héros de la seconde guerre mondiale et qui étaient issus du conservatoire de Moscou. Donc en 1960, ils vont pendant trois mois jouer à guichets fermés au Palais des Sports de Paris. Depuis leur répertoire s’est élargi avec des morceaux plus modernes. Alors revenons au source avec une musique plus traditionnel avec ”Les Chœurs de l’Armée Soviétique N°2“.

Kalinka“ : le hit, le titre le plus connu et qui prend plusieurs sens, celui d’une baie mais aussi un diminutif affectueux. Il est impossible de traduire toutes les nuances de cette chanson d'amour poétique à cause des expressions typiques russes utilisées et des double-sens.  Interprétée avec des successions de passages au rythme crescendo entre chaque intervention du soliste dans les couplets. Elle sera reprise par Ivan Rebroff qui n’a de russe que le nom, il était allemand et s’appelait Hans Rolf Rippert. ”Souliko“  : une chanson traditionnelle géorgienne évoquant un homme en quête de la tombe de sa bien-aimée, Souliko. Une chanson très nostalgique qui était la préférée de Staline, cela n’empêche pas que c’est un très beau morceau.   
 ”Soirs de Moscou“ : une chanson populaire qui connaitra un succès mondial. Elle sera reprise en France par Francis Lemarque sous le titre ”Le Temps du Muguet“, Danielle Darrieux en fera une version plus jazzy. ”Verste“ : tout ce que je peux dire c’est que le titre correspond à une ancienne unité de mesure  de longueur Russe, un pendant du kilomètre. Un  baryton, les chœurs et des balalaïka qui te mettent les poils au garde à vous. Tout les autres titres sont des chansons à la gloire du pays, de ces soldats qui furent héroïque pendant la guerre, du régime et de son passé. Des morceaux comme ”Tchapaiev A Franchi L'Oural“. Tchapaiev était un héros de la révolution et commandant de l’armée rouge. ”Valse Des Jours Anciens“, De la Volga au Don“ un chant cosaque reste un de mes préférés par son orchestration et la puissance de son  chœur.


Un album pour ceux qui aiment les grandes voix que ce soit les différents solistes ou les chœurs à l’unisson le tout accompagné d’une musique typiquement Russe. Que ce soit le concert à Paris comme l’album N°2 ils sont faciles à trouver que ce soit en brocante ou sur eBay pour quelques euros. Je ne comprends pas la langue de Tchekhov et de Gorki donc je n’ai pas pu traduire toutes les paroles pour en comprendre le sens.        



dimanche 13 octobre 2024

LE BEST-OF VIRE LA BARRE À GAUCHE, TOUTE !



MARDI : le titre à lui seul est une chronique « Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes », Pat à revu ce très joli film de Jean Jacques Zilbermann, avec Josiane Balasko deux fois à l’honneur cette semaine, un portrait affectueux à peine teinté d’ironie.

MERCREDI : si c’est tatoué c’est pas à moué… (arf arf) Bruno est parti aux antipodes réécouter le troisième album de Rose Tattoo « Scarred for life », le combo aussie avait fait plier l’Europe par l’énergie de leur heavy rock mâtiné de boogie blues, avant de finir lessivé par les tournées et les excès.

 
JEUDI : Les frères Lucas et Arthur Jussen (jeunes pianistes virtuoses mais pas jumeaux en fait) interprètent une version poétique et volcanique, un peu jazzy voire mozartienne, du « Concerto pour deux pianos », un bijou de 1932 commandé par la comtesse de Polignac, une mécène pour le moins pittoresque… Claude se dépense sans compter pour nous sortir de la morosité ambiante 😊.

VENDREDI : une bonne poêlée de girolles, y’a qu’ça de vrai, à condition de vérifier que s’en sont bien… Point de départ de « Quand vient l’automne » le dernier film de François Ozon, qui se traîne un peu et hésite entre chronique du troisième âge et vague polar. Hélène Vincent et Josiane Balasko (bis) sauvent la mise (en scène).

👉 On se retrouve la semaine prochaine, avec (décidément, on ne quitte pas la faucille et le marteau) Les Choeurs de l’armée rouge, avec le grand Bob Dylan, avec un classique de Jean Renoir, et avec Bruno, qui à l’heure où ces lignes sont écrites... bla bla bla, comme d’hab il est à la bourre, tant qu’il n’y aura pas de retrait sur salaire, ça continuera, on va en causer à Barnier qui est bien parti pour essorer les porte-monnaies… 

Bon dimanche.