mardi 25 novembre 2025

SHAUN of the DEAD (2004) de Edgar Wright par Pat Slade



Le renouveau du film de zombie où horreur et humour font bon ménage.



The Z-DAY




Le genre du film de zombie évolue avec le temps. Du premier ”White Zombiede Victor Halperin en 1932, il passera par les mains de George A. Romero qui réalisera le mythe fondateur avec ”La Nuit des Morts-Vivants“ en 1968. Ce dernier me donnera le déclic pour les bouffeurs de cerveau avec ”Zombie“ en 1978. Et puis le genre zombie s'élargit (Pas le  zombie lui-même qui restera à l'état d'un légume bouffeur de viande fraiche tout le long de ses apparitions à l’écran). Aux litres d’hémoglobine l’humour va prendre une place importante pour que le sujet se renouvelle un peu. Le zombie peut faire rire et c’est une chose que Romero n’aurait jamais pu imaginer, la comédie horrifique va faire son apparition. Des films comme ”Scary Movie“, ”Le Bal des Vampires“, ”Bad Taste“, ”Braindead“ ou ”Frankestein Junior“ pour ne citer que ceux-là redéfiniront complètement un genre qui s’engluait dans un style de film qui t’empêchait de passer une nuit sereine. Les zombies vont traverser l’atlantique pour venir en Angleterre et ce ne sera pas pour y boire une Guinness dans un pub.

Shaun of the Dead“ est le premier film de la trilogie d’Edgar Wright qui comprendra ”Hot Fuzz“ et ”Le Dernier Pub avant la fin du monde“, trois films aux genres diamétralement opposés. Une trilogie appelé ”Blood and Ice Cream Trilogy“ Pourquoi Ice Cream ? Parce que les personnages, à un moment ou à un autre du film, achètent des glaces Cornetto avec la présence de sang. Les trois films de la trilogie rendent chacun hommage à un genre cinématographique différent avec une couleur principale mise en avant. Couleur rouge sang pour ”Shaun of the Dead“ couleur bleue de la police pour ”Hot Fuzz“ et la couleur verte des extraterrestres pour ”Le Dernier Pub avant la fin du monde“.
 
Shaun of the Dead“ raconte l’histoire de Shaun (Simon Pegg), un vendeur dans un magasin d’électroménager, méprisé par ses collègues, qui ne s'entend pas avec son beau-père Philip et est largué par sa petite amie Liz après avoir promis de s'améliorer, mais sans parvenir à organiser un rendez-vous d'anniversaire convenable. Il mène une vie banale qui tourne autour des jeux vidéos et la fréquentation de son pub favori, le Winchester. Son seul ami est Ed (Nick Frost) avec qui il vit. Ed c’est l’image du fainéant dans toute sa splendeur, un parasite chômeur à l’humour gras et flatulent. Un apocalypse zombie va s’abattre sur Londres,  Shaun et Ed ne s'en rendent compte que lorsqu'ils rencontrent deux zombies dans leur jardin, ils vont leur lancer à la figure toute les objets les plus improbables jusqu’à des disques vinyles (Sacrilège !!!).

Ils s’enfuiront pour que Shaun puisse mettre sa mère à l’abri et son ex-petite amie Liz avec ses colocataires. Ils décident de rejoindre le Winchester après avoir embouti deux voitures, ils continuent à pied pour pouvoir atteindre le pub. Ils croisent un autre groupe mené par Yvonne l'amie de Shaun, chaque membre de son groupe ressemblant comme deux gouttes d’eau à celui de Shaun. L’extérieur du pub est envahi de zombies, ils devront les imiter pour pouvoir y pénétrer. Toutes les actions dans le pub seront drôles et dramatiques, notamment les gaffes de Ed qui jouera avec une machine à sous bruyante et qui attirera les zombies.

Il y a une scène particulièrement hilarante et surtout la plus célèbre de ”Shaun of the Dead“ ; celle de ”Don't Stop Me Now“ de Queen qui retentit dans un jukebox du pub tandis que Shaun, Ed et Liz frappent le patron du pub zombifié avec des queues de billard au rythme effréné de la chanson. La bagarre dans le pub avait été chorégraphiée sur la chanson avant même qu'elle ne soit autorisée à être utilisée dans le film, Simon Pegg écrira à Brian May pour le supplier de l'utiliser. Après beaucoup de sang et de viande fraiche, le Z-Day passera comme le Covid-19 (Bientôt le Frankenstein sur vos écrans !)

Shaun of the Dead contient de nombreuses références aux films de Romero. Il y aura aussi beaucoup de caméos dont deux membres du groupe Coldplay. Pour le choix des figurants zombies, Simon Wright a révélé qu’ils ont passé une semaine enfermés sur le plateau. Ils devaient rester devant le Winchester, le pub où nos héros se réfugient, à frapper aux fenêtres et à ne rien faire d'autre. Il y avait plus de 150 figurants zombies jusqu'à ce que des enfants du quartier voient le maquillage zombie et souhaitent participer, ce qui a conduit à l'ajout de cinquante enfants zombies supplémentaires. George A. Romero a vu le film pour la première fois après que Wright l'a appelé pour lui demander ce qu'il en pensait ; il l'a regardé dans un cinéma de Floride tout seul et les a appelés pour donner son approbation. Il a été tellement impressionné par le travail de Pegg et Wright qu'il leur a demandé de faire des caméos dans son film de 2005Land of the DeadPegg et Wright ont tous deux insisté pour être des zombies.

Simon Pegg et Nick Frost rencontreront, quelques années plus tard, ”Paul“ l’extra terrestre à la voix de Phil Manœuvre. ”Shaun of the Dead“ un film où tu t’éclates la rate sans te prendre la tête. Un autre film de zombie avec un très bon humour ”Bienvenue à Zombieland“ avec un Woody Harrelson en maniaque des Twinkies. Des films plus grandguignolesques que sanguinolents.



lundi 24 novembre 2025

VAPORE de Marco Lodoli (2013) - par Nema M.


Sonia regarde des publicités pour des maisons ossature bois. Elle interpelle Nema qui travaille sur un plan de viaduc :

- Des ponts, des ponts, toujours des ponts, tu n’en as pas marre ? pourquoi tu ne fais pas des maisons en bois ?

- Mais… Je suis ingénieure structure béton Sonia, spécialisée dans les ouvrages de génie civil, je ne suis pas du tout dans le domaine de la construction de maison individuelle.

- C’est nul, reprend Sonia. Une maison, c’est toute une histoire, l’histoire de ses habitants, c’est comme un être vivant…

- Ah, oui, je comprends, comme la maison de Maria Salviati qui ne pourra changer de propriétaire que si l’agent immobilier comprend ce qu’elle a vécu…


Vendre une maison. Vendre une vieille maison, une maison de famille, là où on a vécu son enfance avec ses parents, là où on a vécu avec son conjoint et son fils, abandonner « celle qui a tout vu et entendu » dirait Sonia, entre les murs de laquelle on s’est réfugié, senti en sécurité ou effrayé. Voilà ce que Maria Salviati et son agent immobilier Gabriele doivent faire : vendre la maison Salviati. Voilà. C’est l’histoire de la vente d’une maison. Ou bien une histoire de famille. C’est une histoire qui démarre avec un petit goût de bonbon suranné, genre bonbon à la violette, doux et délicat. Mais comme avec certains bonbons d’aujourd’hui, on aura droit à de drôles de piquants et même au goût amer, celui de l’incompréhension et de la violence…  

 

Le titre de ce roman semble un peu bizarre : pourquoi ce drôle de nom de Vapore ? Vapeur en français. Marco Lodoli a choisi de donner ce surnom au personnage d’Augusto, le mari de Maria Salviati. Mais patience. Il faut d’abord entrer dans l’histoire avant de rencontrer cet homme, quasi éthéré, décalé et joyeux, mais pas seulement…


Musée bateaux Lac Nemi

Maria Salvati est une ancienne professeure de sciences et de biologie. Elle a 72 ans, vit à Rome et se sent vieillir, en proie à des doutes sur sa mémoire qu’elle tente d’entretenir à tout prix avec force mots croisés. Un beau matin d’avril, un jeune homme sonne à son domicile. Elle ne veut pas avoir peur comme toutes les personnes âgées, elle ouvre donc la porte et Gabriele se présente : il est agent immobilier et travaille pour « Le Temps des demeures ». Il vient au titre du mandat de vente donné à cette agence. Maria s’en souvient vaguement. Cela fait si longtemps que la maison est mise en vente ! Le garçon est jeune, vêtu d’un costume sombre impeccable avec une chemise bleu ciel et une cravate. Il lui demande gentiment de venir avec lui à la maison. Sa voiture est en bas. Maria accepte, prend son sac et ses clés, et ils partent en voiture pour la maison qui est située près du lac Nemi à 40 kilomètres de Rome. Gabriele fait attention à conduire doucement dans les virages, car Maria a toujours mal supporté ces courbes et lacets qui permettent à la route de gagner le plateau. Une fois la maison ouverte, Gabriele et Maria s’assoient et attendent les éventuels visiteurs. Ils sont au soleil. Une couverture sur les genoux. Gabriele demande à Maria de raconter son histoire dans cette maison pour la comprendre.

 

Alors Maria replonge dans ses souvenirs. Elle se souvient de sa rencontre avec Augusto, « l’homme qui était une catastrophe qu’elle serrerait contre elle jusqu’à ce que la mort les sépare ». Elle est alors jeune et sérieuse. Fille de professeur d’université, elle étudie sagement quand par hasard lors d’une fête pour enfants elle voit cet homme clown qui jongle, qui fait apparaître un oiseau, qui sème le bazar dans la réunion d’enfants. C’est le coup de foudre. Il lui dit qu’elle est celle qu’il attendait, elle fond littéralement dans ses bras et part à l’aventure avec lui sur une moto déglinguée, jusqu’en Espagne. 


Et elle revient enceinte de Pietro. Colère et scandale chez les Salviati. Tant pis. Maria retrouve quand même suffisamment de bon sens pour terminer ses études et devenir professeure. Ses parents lui laissent la jouissance de la maison de campagne. Augusto va et vient, intermittent du spectacle, clown lunaire, père rêveur et conteur d’histoires. De temps en temps Augusto part car il a besoin de partir. Mais à chaque fois il revient. Et quand il part, il jure de revenir. Maria assume la charge de Pietro seule, assure le quotidien, s’accommode de ces frasques.

 

Gabriele et Maria retournent plusieurs fois à la maison. Il y a de potentiels acheteurs qui viennent, mais ce n’est pas ceci ou ce n’est pas cela. Toujours quelque chose qui ne convient pas. Maria se demande si la maison est vendable. Gabriele lui explique que c’est normal. Il connait son métier. Il faut de la patience pour qu’il trouve ceux qui auront le bon profil pour cette maison. En attendant, il aime toujours entendre Maria se raconter.

 

Pietro grandit. Ce sont les années 70. Il a une passion pour les infortunés, les pauvres. Il s’engage avec d’autres camarades dans des réflexions puis des actions militantes de gauche et des actions musclées contre de jeunes fascistes. Même si Augusto partage le sujet de l’injustice sociale, il n’est pas du tout dans l’action mais dans la magie, la fantaisie, le rejet de la réalité. Maria voit son fils s’éloigner de son père. Il y aura quand même un bel été où ils vont au lac Nemi faire de la barque et se baigner, jusqu’au musée des bateaux. Un moment rare de complicité avec la nature. Mais la violence refera surface jusqu’à son paroxysme…


Finalement une famille trouve la maison parfaite. Gabriele est content. Maria lui dévoile la fin de son histoire avec Augusto.  

 

Très beau roman qui jongle entre le rêve, la poésie et la dureté des années de plomb en Italie, pendant lesquelles la violence et le terrorisme se sont déchaînés. Le tout raconté dans le cadre calme et serein de cette vieille villa entourée de champs et baignée dans la lumière et les odeurs du printemps. Le style de Marco Lodoli est très agréable. Ce Romain né en 1956, a été journaliste et professeur avant d’être écrivain. Parmi ses thèmes de prédilection : les voyages et la mort.

Merci à la traductrice Louise Boudonnat très fidèle au texte italien.

 

Bonne lecture !

 

P.O.L #formatpoche

190 Pages 



dimanche 23 novembre 2025

BANDE SON POUR UN BEST-OF


MARDI : le deuxième album solo de Paul McCartney, post-Beatles donc, enregistré en famille et milieu des moutons, « Ram » trustera la tête des classements britanniques, mais fut fraîchement accueilli par la critique. C’est aujourd’hui un classique.

MERCREDI : avalanche de réactions au sujet de l’article de Bruno sur Whiskey Myers, représentant du courant southern rock, qu’on aime particulièrement ici, leur dernier « Whomp Whack Thunder » alterne les climats, indéniablement une très bonne cuvée.


JEUDI : les albums de légendes épisode 2 : le fantôme de Toscanini, le maestro italien légendaire, a réclamé à Claude sa chronique  !! Interprète génial, le meilleur de tous les temps ? Caractériel colérique (il a inspiré de Funès), et pourtant humaniste et farouchement antifasciste… Le Toon a mené une enquête : pourquoi ses symphonies de Brahms survoltées captées avec le Philharmonia de Londres nouveau-né (en prime biographie de Walter Legge son géniteur) ont attendu 50 ans leurs disques ? Le Toon conjecture que…

VENDREDI : on a vu un documentaire, une vraie œuvre de cinéma, qui nous replonge dans l’indépendance du Congo. Pour « Soundtrack to a coup d’état » le réalisateur belge Johan Grimonprez compile avec virtuosité quantité d’archives ornées des hymnes bebop et contestataires.

👉 La semaine prochaine, on commence dès lundi, aux aurores, pour un roman de Marco Lodoli lu par Nema, puis les zombies rigolos d’Edgar Wright, du sudiste toujours avec Lynyrd Skynyrd, au cinéma le dernier opus de la trilogie égyptienne de Tarik Saleh. Il en manque un ? Non, c’est juste que Bruno a raté son train, mais il sera là...

Bon dimanche.  

vendredi 21 novembre 2025

SOUNDTRACK TO A COUP D’ETAT de Johan Grimonprez (2025) par Luc B.


Ca commence par l'élégant Max Roach qui se lance dans un solo de batterie, la classe intégrale. Plus tard rejoint par la chanteuse Abbey Lincoln. Leurs interventions donneront la pulsation de ce long documentaire (2h30), au montage rythmé par les hymnes bebop. On retrouvera le duo (sur scène et à la ville, comme on dit) avec une cinquantaine de militants, faisant irruption dans l'hémicycle de l’ONU pour protester contre l’assassinat de Patrice Lumumba. Invectives, empoignades, baston générale, images surréalistes.

Ce formidable SOUNDTRACK TO A COUP D’ETAT, couronné à Sundance, raconte d’abord rapidement la décolonisation, la création à l’ONU du groupe des pays non-alignés, puis se focalise sur le Congo, et les rêves d’indépendance initiés par Lumumba, futur premier ministre. Le Congo est une colonie belge, au sol riche de minerais, notamment dans la province du Katanga, au sud, dont on extrait l’uranium destiné aux bombes atomiques américaines.

L’Union Minière du haut Katanga, qui pratiquement privatisé la zone, le gouvernement belge et son bon roi Baudoin, ainsi que les Américains, n’ont aucune envie de voir le Congo devenir indépendant. D’autant que le soviétique Nikita Khrouchtchev fait les yeux doux aux indépendantistes. Le film raconte comment Patrice Lumumba et Joseph Kasa-Vubu (futur président de la République du Congo) vont obtenir l’indépendance, et comment le camp adverse va tenter de faire capoter le projet. Et comment les Américains vont amadouer les foules africaines en envoyant sur place leurs stars noires : les jazzmen.

Mises à part quelques interventions de l’écrivain In Koli Jean Bofane qui lit des extraits de textes, SOUNDTRACK TO A COUP D’ETAT est entièrement constitué d’images d’archive, la plupart issues de sessions à l’ONU. Le réalisateur belge Johan Grimonprez convoque énormément d’intervenants. Politiques, diplomates, activistes (Malcom X entre autres), agents de la CIA, barbouzes et mercenaires de tout poils, et bien sûr les musiciens, notamment Dizzy Gillespie ou Louis Armstrong, dont l’avion était truffé de mecs de la CIA à son insu ! On voit une archive géniale de Gillespie en concert, annoncant : "Et maintenant, il est temps de présenter les musiciens"... et il engage son bassiste à aller serrer la main du batteur, le pianiste saluer le saxophoniste... Une large place du narratif est laissée à la militante et féministe Andrée Blouin qui aurait mérité un film pour elle seule.

Il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver parmi les protagonistes, le tempo est frénétique. Mais la réalisation, souvent ludique, essaie à chaque fois de nous éclairer. Notamment par des inserts en grosses lettres colorées qui couvrent tout l’écran (on pense aux pochettes Blue Note) portraits et fonctions des intervenants, qui donnent une narration très vivante. Ce ne sont pas des archives mises bout à bout, elles sont véritablement mises en scène. Le travail sur le montage est hallucinant, qui n’échappe pas, parfois, à la facilité, lorsque Khrouchtchev tambourine son pupitre à l’ONU sur fond de chorus de batterie de Max Roach ou Art Blakey.

On peut faire dire beaucoup de choses à des images grâce au montage. Michael Moore ne s’en est pas privé, en son temps. Le télescopage d’images peut faire sourire parfois, le ton est incisif, satirique bien souvent. Génial moment du discours de Patrice Lumumba devant le roi des Belges, qui attend respects et compliments, mais se retrouve sous une salve de reproches. On le voit se pencher vers un conseiller, quand un sous-titre lui fait dire « Il était vraiment censé dire ça ? ». Est-ce réellement ce qu’il s’est dit, où la réplique a-t-elle été collée au bon endroit ?

Ou lorsque Eisenhower promet, à la tribune de l’ONU, tout son soutien à la nouvelle république du Congo, et le plan d'après, la CIA fomente l’assassinat de Lumumba. L’agent interviewé expliquant obéir aux ordres directs du président américain. Et pendant ce temps-là, Nina Simone hurle son blues... Le spectateur est d'abord enthousiaste devant ces rêves de liberté, le souffle de la narration est contagieux, mais rapidement on va siffler la fin de la récré. Allez zou, on vous a laissés rigoler, mais maintenant l'Homme Blanc reprend le manche. 

Le film montre, jusqu’à l’écœurement, la collusion entre politiques et industriels, le cynisme absolu des Belges, qui même l’indépendance actée persistent à vouloir régir le pays, placer leurs hommes aux bons postes. Et penseront illico à éliminer Patrice Lumumba, le nouveau héros tiers-mondiste. C’est là qu’entrent en scène les barbouzes et un certain colonel Mobutu. Et on ne rigole plus du tout.

Pendant toute cette période, les musiciens noirs américains s’interrogent sur le rôle qu’on leur donne. Propager la bonne parole occidentale, alors qu’ils sont eux-mêmes confrontés au racisme et à la ségrégation aux Etats Unis. Un grand monsieur comme Duke Ellington avait déjà servi de caution. Les Etats Unis l’avait envoyé aux quatre coins de la planète pour contrer le succès des Chœurs de l’Armée Rouge, qui consolidaient l’influence soviétique partout où ils se produisaient.

Il ne faut pas être effrayé par la durée du film. Si les 10 premières minutes donnent l'impression de partir dans tous les sens, ce qui illustre aussi l'effervescence et le chaos qui régnait à cette époque, on est vite happé par l’Histoire en marche, les évènements, les personnages hauts en couleur, et par cette mise en scène énergique qui soutient l’ensemble. 

Il faut imaginer Grimonprez comme un leader de Big Band, qui maintient le tempo et le swing de sa rythmique, et fait entendre chaque soliste.


couleur et N&B  -  2h30  - format 1:1.85