mardi 9 décembre 2025

CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL : ”Live in Europe“ (1973) par Pat Slade



Creedence Clearwater Revival, un nom, un son, une époque. Une carrière relativement courte mais qui suffira à les faire entrer dans la légende du rock.



CCR Groupe Légendaire et Live Mythique




Creedence est un mélange de blues rock, de country rock et de rock sudiste. Ca sent les grandes étendues sauvages de la côte ouest des États-Unis. Dans l’histoire du rock, il sera l’un des rares groupes à n’avoir jamais changé de personnel. Tout commencera avec les frères Tom et John Fogerty qui formeront en 1959 le groupe Blue Velvets pour prendre ensuite le nom de Gollwogs pour finir en 1967 par Creedence Clearwater Revival. Il restera le groupe qui aura une discographie plus riche en compilations (15) qu’en albums studio (7) et en albums live (5).

Live in Europe“ sera leur premier album en live. Il sera publié en 1973 contre l'avis de John Fogerty, ce dernier choisira de ne plus jouer les morceaux de CCR pendant plus de 20 ans. Beaucoup de gens ont toujours trouvé CCR ennuyeux voire... chiant 😕 ! Enregistré en septembre 1971, ”Live In Europe“ capte des prestations variées d'un groupe en cours d'implosion. Tom Fogerty, guitariste et frère de John a foutu le camp, ne supportant plus la mégalomanie croissante de son frère, et condamne le groupe à évoluer en formation trio pour ses shows européens. Bien que Stu Cook à la basse et Doug Clifford à la batterie assurent leurs parties sans broncher. Le divorce entre les membres du CCR est consommé. Et en dépit d'une setlist ponctuée de hits majeurs du CCR "Born On The Bayou", "Travelin' Band", "Fortunate Son" et autre ”Proud Mary“, l'ambiance délétère entre les trois hommes est particulièrement palpable. Ainsi les titres s'enchaînent sans grande conviction et la guitare rythmique de Tom manque cruellement à l'ensemble au moment des solos, expédiés manu militari par un John Fogerty résigné.

Un album qui a donc mauvaise presse pour tout un tas de motifs. On est en septembre 71Tom Fogerty a déjà plié les gaules et, un an plus tard, le groupe annoncera officiellement sa séparation, après avoir enregistré le désastreux ”Mardi Gras“ en 1972. Le visuel est moche, le son plutôt pourri. Les faces durent douze minutes chacune, en vinyl, tu as à peine le temps de poser ton cul sur le canapé qu'il faut quasiment te relever pour retourner le disque. En plus, le truc a été enregistré en Europe... Bref, un album qu'on préfère oublier. C'est pourtant un passage en revue de pas mal des meilleurs titres du groupe, même si on peut déplorer certains oublis, "Who'll Stop the Rain", au hasard. Mais Creedence a décidé d'emballer l'affaire vite fait, on ne va pas s'éterniser, et l'accent est donc mis sur ce bon vieux rock and roll du bayou expédié en morceaux de trois minutes maxi.

C'est par ailleurs un festival John Fogerty. John Fogerty au chant, John Fogerty à la gratte qui tue, John Fogerty à l'harmonica. Les compos ? Essentiellement du John Fogerty. Les deux autres font le boulot sans broncher.

Pour finir, le dernier aspect et non des moindres ! Ce live serait un faux. D'après de nombreux fans, cet album serait en fait des bandes de répétitions en vue d'une tournée avec lesquelles le label Fantasy aurait mixé du faux public plus tard. D'ailleurs dans la plupart des morceaux, on entend le public au début et à la fin des morceaux, rarement pendant. C'est peut-être pour cela que John était opposé à la sortie de ce double-album. Mais le label a passé outre. 

Le groupe réduit à un trio, on sent tout de même l'absence de guitare rythmique dans des titres comme "Lodi", "Proud Mary" ou encore "Commotion" qui sonnent un peu maigrichons malgré toute l'énergie déployée par un John Fogerty un peu fatigué ! Ça s'entend surtout dans "Fortunate Son" où il peine visiblement.  Les 3 rescapés nous offrent une sorte de "Best Of live" d'un large panorama de leur carrière avec en point d'orgue une convaincante lecture de "Keep on Chooglin'", seul titre où John fait briller son talent d'improvisateur à la guitare solo.
Le son est un peu pâteux sur les premiers pressages en particulier en vinyle et lors des premières rééditions en CD dans les années 80. Cependant la remasterisation de 1999 a tout de même amélioré les choses ce qui permet a posteriori d'assurer une sortie honorable au Creedence malgré la suspicion qui régnait autour de la sortie de cet album en 1973.


lundi 8 décembre 2025

A. & B. MARCELLO – Concertos pour hautbois – Sonates pour flutes (2014/1977) – par Claude Toon


- Heuuuu Claude… Tu réponds à une commande amicale de Bruno… Les frangins Marcello, époque baroque… Mais notre camarade rédacteur n'avait pas précisé s'il avait apprécié Alessandro ou Benedetto… hihi…. Du coup un double billet…

- Et oui Sonia… Bruno a dû écouter un morceau sur FM Hard-Barock ou Heavy-Barock ou encore Hell-Barock… Je blague.

- Rigolo, le connaissant il devrait s'en amuser… Cela dit, tu ne vas pas forcément proposer ce qu'il a entendu…

- Ô tu sais ma belle, pour Alessandro, le disque écouté est presque une intégrale… Pour son frère, il y a peu de gravures, avec Maggy et Nema, on a adoré ces sonates pour flûte et continuo dans une version haut de gamme…

- Tu ne nous écris pas un roman Claude… D'ailleurs j'ai commencé les recherches d'infos, elles sont maigres… 


Je dédie ce billet à mon ami Bruno qui m'en a soufflé l'idée… 😉

Alessandro
 
Benedetto
 

Benedetto à gauche et Alessandro à droite. Je ne sais pas si les deux frères avaient des relations fusionnelles et fraternelles ou s'étripaient à propos d'héritages potentiels… Je les ai isolés. Avec les perruques, on pensera à une gémellité possible… Sur les portraits de l'époque, mes héros des billets baroque ont tous la même tête poudrée. En fait, l'hygiène capillaire très négligée en ces temps-là favorisait la prolifération des poux d'où une tonsure et le port d'une perruque, et… Pardon Sonia ? On s'en fiche complètement ! Tu as raison. 😊 Tu as des billes sinon ? Ah Cool…

Commençons par l'aîné : Alessandro Marcello (Venise, février 1673 – Venise, juin 1747). Les deux frères sont contemporains de Vivaldi, Bach ou Haendel. Contrairement à Vivaldi, ils sont issus de la noblesse et la composition se révèlera plutôt une passion qu'un métier à part entière. Comme son rang l'impose, doté d'une riche instruction, il s'adonnera aussi à la peinture et à la poésie. Et comme si cela ne suffisait pas : il pratique la philosophie, les mathématiques, la mécanique et collectionne les instruments de musique…

Ajoutons des fonctions auprès du gouvernement vénitien, le conseil des quarante, ayant entre autres la responsabilité de la gestion des canaux. Son train de vie fastueux lui permet d'organiser des concerts. Ses compositions instrumentales devaient y être jouées. Mais on lui doit aussi quelques cantates, ce qui montre une connaissance solide de l'écriture solfégique.





Giorgio Sasso

Le  catalogue connu d'Alessandro Marcello  comporte des concertos pour cordes et un ou deux hautbois dont un cahier de six titré "la cetra" de bonne facture ; divers autres concertos et quinze sonates. En tout et pour tout une trentaine d'œuvres dans le style italien de Vivaldi, en moins inventif certes, ce qui n'a aucune importance quand on écoute avec plaisir sa musique poétique et ensoleillée…

Nous écouterons son célèbre concerto pour hautbois (transcrit pour clavecin par Bach – BWV 974) et les six de la "Cetra"

L'orchestre baroque de Venise a gravé en 1997 une anthologie sur un CD isolé de quatre concertos variés, un aria en duo contre-ténor vs soprano extrait de La Lontananza et la petite cantate Irene sdegnata. J'ai réuni les deux dans une playlist…

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Place au benjamin Benedetto Marcello (juillet 1686 à Venise, et Brescia en juillet 1739). Une vie plus courte que celle de son grand frère mais non moins active. Son curriculum vitae n'a rien à envier à celui d'Alessandro : compositeur, poète, écrivain, juriste, magistrat et professeur d'italien. Le Conservatoire de Venise porte son nom.

Enfant et adolescent, il travaille le violon sans grand succès semble-t-il… Son intérêt pour la musique et sa formation commencent vers la vingtaine en autodidacte. Pour l'anecdote, ce zèle tardif trouverait son origine dans une humiliation. La princesse de Brunswick invitée chez Alessandro lors d'une soirée musicale et mondaine s'enquiert des talents de Benedetto. Rouge pivoine, celui-ci aurait répondu "ben heuuu votre Altesse, j'ai juste apporté les partitions". Nous ignorons la réaction de son altesse… Vexé,  Benedetto ce jette à corps perdu dans un travail acharné commencé sans passion chez Les clercs réguliers de Somasca. Un ordre à vocation éducative.

Son professeur fut un compositeur adulé à l'époque, insatiable de création d'opéras, Francesco Gasparini avec qui il perfectionne sa maîtrise du violon et apprend le clavecin. 


René Clemencic

Il analyse les partitions des grands noms italiens du passé comme Palestrina, Gesualdo, Monteverdi, Frescobaldi et Carissimi. Un peu de modernité ne gâtant rien, il se penche sur les portées de contemporains : Lulli, Marc-Antoine Charpentier, Purcell, Corelli. Avocat et fonctionnaire peu motivé, il s'épanouira dans la composition et dans tous les genres.

Son catalogue n'est pas mince : 300 cantates ! des oratorios, 7 symphonies, des concertos, de la musique pour clavier, des sonates… vraiment tous les genres. Sa production la plus célèbre reste sans nul doute l'Estro-poetico armonica, un cycle composé entre 1724 et 1726 de 50 psaumes (dont ceux de David – comme l'allemand Schütz au siècle d'avant) mis en musique, dans des combinaisons vocales et instrumentales des plus variées. Le compositeur anglais Charles Avison (Clic) les traduira en anglais. Le chef illustre Michel Corboz en a enregistré une anthologie de huit ; Cantus Cölln et Konrad Junghänel également, de manière plus informée… Il existe divers autres programmes en CD…

Fondé en 1876, le Conservatoire d'État de musique Venise porte le nom de Benedetto Marcello. Bien que moins écoutée de nos jours, Verdi et Goethe aimaient sa musique…

Quand le prénom est omis avant Marcello sur une jaquette de disque, on considère que Benedetto est sous-entendu par défaut.

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PROGRAMME MUSICAL POUR ALESSANDRO

Vidéo 1  - Le concerto in D Minor pour hautbois, Cordes et Continuo est l'œuvre la plus connue et la plus jouée d'Alessandro Marcello. Le voici interprété par Andrea Mion (hautbois) et le Gruppo Instrumentale di Roma dirigé par le jeune chef et violoniste Giorgio Sasso. L'album aborde également les 6 Concertos "La cetra"

Giorgio Sasso est violoniste et diplômé avec les félicitations du jury du Conservatoire Sainte-Cécile de Rome (1987). Il cumule d'autres diplômes prestigieux. Après un début de carrière classique, il s'oriente vers la musique baroque vers 1992 et se perfectionne en côtoyant Christophe Coin, Christophe Rousset, Rinaldo Alessandrini, Fabio Biondi, la soprano Véronique Gens pour ne citer que des personnalités connues des lecteurs de grand talents connus des lecteurs.

Le célèbre hautboïste Heinz Holliger fut un grand promoteur et interprète des Concertos "La cetra"à l'époque de la transition du vinyle vers le CD… (Archiv Produktion - 1981). Le concerto pour hautbois, le hit du compositeur, a été ainsi enregistré par le virtuose et le légendaire ensemble I Musici.

Vidéo 2  – À suivre, une playlist de deux cantates : (1) “La lontananzaRoberto Balconi (Contralto) & (2) “Irene sdegnata”, Sylva Pozzer (soprano), direction Andrea Marcon.

 

Concerto in D Minor pour hautbois, Cordes et Continuo

0:00:00 I. Andante e spiccato

0:03:22 II. Adagio

0:07:05 III. Presto

 

 

Concerto No. 1 in D Major, SF 936 “La Cetra”:

0:11:12 I. Allegro assai

0:13:23 II. Larghetto

0:16:14 III. Vivace

 

Concerto No. 2 in E Major, SF 938 “La Cetra”:

0:19:49 I. Allegro assai

0:21:23 II. Moderato

0:24:33 III. Spiritoso ma non presto

 

Concerto No. 3 in B Minor, SF 937 “La Cetra”:

0:27:23 I. Andante larghetto

0:33:42 II. Adagio

0:35:12 III. Presto

Concerto No. 4 in E Minor, SF 939 “La Cetra”:

0:39:16 I. Moderato

0:41:38 II. Largo appoggiato

0:44:49 III. Allegro

 

Concerto No. 5 in B-flat Major, SF 944 “La Cetra”:

0:46:56 I. Moderato

0:49:50 II. Larghetto staccato

0:51:32 III. Presto ma non molto

 

Concerto No. 6 in G Major, SF 941 “La Cetra”:

0:53:54 I. Allegro

0:56:25 II. Larghetto

0:59:48 III. Vivace

 

Écoute au casque ou avec des enceintes additionnelles plus que conseillée.

Le son des PC, sauf exception, est vraiment une injure à la musique…


INFO : Pour les vidéos ci-dessous, sous réserve d'une écoute directement sur la page web de la chronique… la lecture a lieu en continu sans publicité 😃 Cool. 



PROGRAMME MUSICAL POUR BENEDETTO

Vidéo 3  – Le premier enregistrement consacré aux sonates pour flûte est un vrai bonheur de légèreté et de luminosité. Il date de 1977 et rassemble quelques musiciens autour du flûtiste, claveciniste, clavicordiste, etc. autrichien René Clemencic (1928-2022) qui fut également fondateur d'un ensemble baroque éponyme : le Clemencic Consort.

Sont présents pour le continuo : Walter Stiftner (basson), Vilmos Stadler (seconde flute), Christiane Jaccottet (clavecin),  András Kecskés (luth), Peter Widensky (orgue positif), Alexandra Bachtiar (violoncelle), René Clemencic joue de la flûte à bec.

Sonate No. 1 F Major      

1       Adagio        

2       Allegro

3       Largo

4       Allegro

 

Sonate No. 8 D Minor     

5       Adagio

6       Allegro

7       Largo

8       Presto

Sonate No. 3 G Minor       

9       Adagio

10     Allegro

11     Adagio

12     A Tempo Giusto (Presto)

 

Sonate No. 6 C Major       

13     Adagio

14     Allegro

15     Adagio

16     A Tempo Giusto (Presto)

Sonate No. 2 D Minor     

17     Adagio

18     Allegro

19     Largo

20     Allegro

 

Sonate No. 4 E Minor      

21     Adagio

22     Allegro

23     Adagio

24     Allegro

 

Vidéo 4  – Extrait de l'Estro-poetico armonica, le 50ème psaume dans son intégralité et dirigé par René Jacobs pour DHM en 2011.


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Quelques idées de disques  :


© Rédigé sans recourt à l'I.A.! Une chronique 100% Bio 😀
Sources : Wikipédia en italien, site Web.


dimanche 7 décembre 2025

LA PASSION SELON LE BEST-OF

 


MARDI : avec masque et tuba, Pat a plongé dans l’abyssale discographie post-mortem de Jimi Hendrix, sorti en 1980 « Nine to the universe » est un montage à partir d’improvisations d’obédience bluesy, où le Vaudou child assène des solos époustouflants.

MERCREDI : there’s nothing but the blues ! Le credo de Bruno cette semaine avec l’écoute du dernier Eric Gales « A tribute to LJK », derrière ces initiales se cache le frère du guitariste, et derrière la console le producteur Joe Bonamassa, du blues et du meilleur.


JEUDI : dans sa série disque légendaire (troisième du nom), Claude  présente la première gravure de la « Passion selon St Matthieu » de Bach en stéréo en 1958. Les deux Chœurs, l'orchestre et les solistes peuvent enfin dialoguer dans un espace ouvert et suivant un effectif allégé par le maestro Karl Richter,  sans rival dans ce style trait-d'union entre l'oratorio monophonique empâté et les recherches encore ésotériques des baroqueux…

VENDREDI : Luc a bien sûr été voir Jodie Foster dans le film de Rebecca Zlotowski « Vie Privée » une comédie policière où il est question de vrai-faux suicide, de psychanalyse, rondement menée et finement interprétée, on y passe un bon moment.

👉 La semaine prochaine, on commence les hostilités dès lundi, avec les frères Marcello et des concertos pour hautbois, deux autres frangins, les Fogerty de Creedence Clearwater Revival pour un live controversé, le top départ d’un nouveau feuilleton dédié au folk-rock, donc avec Bob Dylan en bonne place, et au cinoche la ressortie d’un chef d’oeuvre signé Orson Welles. On a zyeuté le brouillon de Bruno et décelé le nom d’une chanteuse qui aimait Bécassine et les pandas… on a sûrement mal lu !