mercredi 20 novembre 2024

Phil MOGG - MOGGS MOTEL " Moggs Motel " (2024), by Bruno



     Oh !? Mais que voilà une belle pochette bien pourrie, vraisemblablement élaborée par une IA dans laquelle on a jeté à la hâte et négligemment les mots clés suivants : voyage, hôtel, bagnoles américaines, vie nocturne et années 80. Un gruau de mots qui a donné une belle bouse, qu'on n'a même pas pris la peine d'essayer - un tant soit peu - d'améliorer, because si c'est l'IA qui pond ça, c'est que c'est forcément bien (pourtant, le concepteur a prouvé qu'il pouvait faire bien mieux, notamment pour UFO). Pour finir le tableau, il suffit de remarquer que derrière ça se loge un duo d'anciennes têtes connues du heavy-rock, qui ont largement passé l'âge de la retraite, et d'un troisième gars plus très frais (toutefois, presqu'un gamin en comparaison), pour se désintéresser définitivement de la galette. On n'oserait même pas y prêter une discrète esgourde. Surtout que cette année a son lot de disques de "poids lourds", poussés par une promo prématurée et encensés par la presse, qui se sont avérés plus ou moins décevants.

     Bref, sans l'article élogieux de monsieur Hugo Spanky (👉  lien ), ce premier album solo du septuagénaire n'aurait même pas fait l'objet d'une écoute sur le net. Et pourtant, si cet album est loin de révolutionner quoi que ce soit, il n'en demeure pas moins une bonne surprise. Aurait-il donc fallu que Phil Mogg, tout de même 76 ans au compteur, lâche son vieux vaisseau non identifié, maintes fois customisé, - et pas nécessairement  pour le mieux -, pour réaliser à nouveau un bon album ? C'est qu'il faudrait remonter jusqu'en 2006, avec "The Monkey Puzzle", pour avoir droit à un belle image de l'UFO. Certains remonteront plutôt à "Walk on Water", marquant le retour de Michael Schenker, quand pour d'autres, pour les plus radicaux, l'UFO n'est plus que l'ombre de lui-même depuis le milieu des années 80. 


   Mais qu'est-ce qui a pris ce vieux baroudeur au long cours ? Pourquoi prendre le risque de repartir (presque) à zéro ? Estime t-il que l'UFO ayant accumulé trop de déceptions, de coups durs, il devait être définitivement sabordé, et repartir avec un nouvel engin ? L'espace exploré avec cette nouvelle entité reste pourtant quasiment le même.

     Le vieux capitaine avait déjà annoncé en 2019, que ce serait le dernier vol de l'UFO. Une longue tournée d'adieux tristement entachée par le décès du vieux compagnon de route, Paul Raymond, terrassé par une crise cardiaque. L'année suivante, il apprend le décès prématuré de Paul "Tonka" Chapman, qui fut un autre compagnon de voyage (de 1979 à 1984).  Deux mois plus tard, c'est l'ancien lieutenant et ancien co-fondateur d'UFO, Pete Way, qui tire sa révérence. Et Mogg lui-même a senti le souffle fétide de la faucheuse lorsqu'il fait une crise cardiaque en août 2022. Il était probablement temps d'arrêter...

     Cependant, pour les artistes, la retraite n'est généralement qu'une étape passagère, un repos mérité avant de reprendre plus sereinement la route, plus tranquillement et sans le poids de la pression commerciale. Difficile de se contenter des choses simples de la vie, lorsqu'on a goûté à l'ivresse que procurent l'enthousiasme et l'ovation du public. Certains avanceront que c'est plutôt le besoin de renflouer des caisses rapidement vidées par un train de vie onéreux (ou par une piètre gestion des biens), qui force à reprendre du service - ce qui se révèle parfois être le cas. D'ailleurs, en aparté, d'après Michael Schenker - qui semble être une sacrée mauvaise langue, alors que son ego, lui, ne désenfle pas -, Phil Mogg l'avait quasiment supplié de remonter UFO avec lui. Le pauvre Mogg, au bord des larmes, lui aurait dit qu'il était ruiné et que ne sachant rien faire d'autre que de la musique, il était dans la panade (pour ne pas dire autre chose). Ce serait donc par générosité que Schenker aurait consenti à relancer l'UFO. A la même période, le petit Michael était au creux de la vague (et même sous la dite vague), ses albums n'ayant plus vraiment la faveur du public, et ses maigres productions récentes encore moins... Tout ça pour dire que les propos de Michael Schenker sont à prendre avec des pincettes. A ce titre, depuis quelques années, son frère Rudolf est le sujet de reproches acrimonieux. Comme quoi son frère, Rudolf, l'aurait copieusement copié jusqu'à reprendre sa guitare et le look de celle-ci. Rudolf, encore, serait un tyran pouvant s'avérer violent (ce qu'aucun membre actuel ou passé n'a jamais dit ou ressenti à son encontre). Scorpions l'aurait aussi spolié, ne mentionnant pas son implication dans la composition. Par contre, il tait les fois où son aîné s'est investi pour essayer de le sortir de ses addictions (las, après maintes infructueuses tentatives, il finit par lâcher l'affaire) et pour payer ses dettes (y-compris de studio)...

     Enfin, bref, ce nouveau projet est certainement le moyen de reprendre la route sans le poids considérable d'un vieil UFO plus aussi rutilant ; d'autant que les membres d'origine disponibles se font rares.

     Pour ce "périple inter-motels", Phil a convié le multi-instrumentiste Neil Carter, qui, après l'essai avec Wild Horses, avait déjà rejoint l'UFO en 1981 pour trois années consécutives. Il est appelé à la rescousse en 2019, en remplacement de Paul Raymond. Ainsi que le bassiste Tony Newton (également producteur de l'album), qui s'est déjà illustré au sein de Voodoo Six et de KK's Priest, que Phil a connu lorsqu'il ouvrait pour UFO avec Dirty Deeds. Pour tenter de rajeunir la moyenne d'âge, Newton a embarqué à sa suite deux anciens collaborateurs de Voodoo Six : le batteur Joe Lazarus et le guitariste Tommy Gentry.

     Alors, bien sûr, l'album ne fait pas dans l'extravagance, à l'exception du court interlude "Harry's Place", où Carter nous montre ses talents à la flûte traversière (dommage qu'il ne renouvelle pas l'expérience), œuvrant dans un solide heavy-rock - qu'on peut tout aussi bien nommer classic-rock ou hard-rock old school -, assez ramassé, porté par des guitares certes saturées, mais non pesantes et encore moins stridentes. Une douce saturation typique d'humbucker caressé par de la disto assez épaisse et veloutée. Ce qui se marie bien avec la voix de Mogg, forcément plus patinée et graisseuse qu'auparavant. Car si Mogg a toujours préservé sa voix en évitant de monter dans les notes aigües et en évitant les hurlements d'électrocutés, l'horloge du temps a posé un lourd voile sur ses cordes vocales. 

Ainsi, parfois, sa voix semble faiblir, au bord de l'essoufflement. Néanmoins, cette petite défaillance est utilisée avec élégance, pour un cachet quelque peu bluesy. Elle crée aussi un beau contraste lorsqu'elle est couplée ou secondée par la voie claire et puissante de la choriste "rock'n'roll", Zoe Delvin Love. Une pointe de féminité opportune - dans ce monde de brutes 😁 - et rafraichissante. Le meilleur exemple est l'euphorisant sans doute "Sunny Side of Heaven", où Zoe serait presque à armes égales avec Mogg ; ce qui fait un peu regretter que la damoiselle ne soit pas plus sollicitée.

    Tandis que Neil Carter - lui qui dut longtemps rester dans l'ombre de Paul Chapman et de Gary Moore -, se révèle être un soliste assez expressif. Certes, il évite soigneusement de tomber dans les plans véloces et autres dérapages du manche qui avaient permis à l'Irlandais balafré de briller, laissant pour cela la place au jeune Tommy Gentry - ce dernier apportant une touche de modernité, plus métôl. Carter, lui, se singularise en donnant à ses soli force et caractère avec peu de notes. Accommodant ses chorus de savoureux plans de double-stops massue et de bend en mode Carterpillar sans se départir d'un certain lyrisme. Ce n'est pas sans raison si ce filiforme blondinet (oui, aujourd'hui, se serait plutôt du blanc décati 😄) est resté pendant près de vingt ans un accompagnateur de marque que s'arrachaient les poids lourds du heavy-rock - son égale aisance aux claviers ne faisant que renforcer l'intérêt qu'on lui portait.

     Dans l'ensemble, et bien que les chansons soient écrites avec l'aide de Newton ou Carter - ou les deux -, le quintet navigue dans des espaces où les couleurs propres à l'UFO d'antan ressurgissent de part et d'autre. Et plus particulièrement celles de l'OVNI de l'après Schenker. La période ayant pour membres d'équipages donc Paul Chapman et, surtout, celle avec un certain Neil Carter. Neil qui monte une première fois à bord de l'engin et qui participe activement aux compositions - à partir de "Mechanix" -. Cependant, la tonalité est plus en phase avec les normes actuelles, en étant simplement plus musclée, "bodybuildée".

P.S. : Bien que généralement présenté comme l'album solo de mister Phil Mogg, il semblerait que cela soit plus l'album d'un collectif, tant Neil Carter et plus encore Tony Newton sont impliqués.


🎶🏨🚗
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mardi 19 novembre 2024

COLETTE RENARD La douce libertine - par Pat Slade



Pour les plus jeunes, elle est connue pour un titre, pour les plus anciens elle restera ”Irma la Douce




Chansons Française et Libertinage



Irma la Douce
Elle aurait eu cent ans le premier novembre dernier. Fille d’un menuisier et d’une couturière, très tôt la musique fait partie de son univers et elle fera ses études musicales en apprenant le violoncelle ; mais elle abandonnera suite à une intervention chirurgicale. Elle vivra de petits métiers et, poussée par un de ses employeurs,  elle participe à un radio crochet et le gagne. Pendant deux années elle va essayer de s'imposer à la radio et dans la chanson, mais sans succès et elle retournera dans la vie active comme sténodactylographe. Elle devient la secrétaire de Raymond Legrand qui fut le successeur de Ray Ventura et qui lui fera reprendre la chanson. En 1956 elle interprète le rôle d’Irma dans la comédie musicale ”Irma la Douce“ de Marguerite Monnot qu’elle jouera jusqu’en 1967. 

Colette Renard s'impose dans la chanson réaliste d’après-guerre, par sa voix particulière, mais aussi pour son audace unique pour l’époque, elle est une des seules artistes à avoir enregistré huit albums de chansons gaillardes, libertines et polissonnes. En 1963, l'artiste chante ”Les Nuits d'une Demoiselle“, un titre entièrement consacré aux plaisirs du coït, côté féminin. C'est lors d'un dîner avec l'écrivain et producteur Guy Breton que Colette Renard et son mari de l'époque, le compositeur Raymond Legrand, prennent le pari d'enregistrer ce morceau et une dizaine d'autres aux paroles plus que suggestives… "À la fin de la soirée, ils étaient tellement pressants que j'ai fini par céder. Je leur ai dit : 'Bon, je veux bien enregistrer, mais il faut que ça reste entre nous, c'est juste pour rigoler'", s'est-elle souvenue. Les morceaux auraient pu ne jamais être découverts par le grand public, oui, mais… Un jour, l'un d'eux est diffusé à la radio, à la grande surprise de Colette Renard, qui décide de tenter le tout pour le tout et de chanter en public toutes les "chansons libertines" qu'elle a enregistrées. Un courage qui a été payant ! Elle passera plusieurs fois à l’Olympia et à Bobino et elle partagera la scène avec Georges Brassens.

Même si elle reste connue pour ses enregistrements libertins, elle gravera dans la cire des chansons typiquement parigotes comme dans l’album ”Paris-Montmartre “ en 1969 qui rassemble un panel des grandes chansons parisiennes comme ”Un gamin de Paris“, ”La Complainte de  la Butte“, ”Padam Padam“ou ”Sous le ciel de Paris“. Le timbre de sa voix et sa diction la rendait reconnaissable dès le début d’une chanson. Elle était éclectique, la chanson, le cinéma, le théâtre, la télévision (Sa dernière apparition sera dans la série ”Plus belle la vie). Elle enregistrera son dernier album en 2002 : ”Ceux qui s’aiment“ suivi d’un récital au Théâtre Déjazet qui sera son adieu à la scène.  

Une importante discographie, un tombereau de 45 Tours dont le fameux ”Les nuits d'une demoiselle“ en 1963 qui reste sa chanson la plus connue, une chanson paillarde qui comprend sept couplets évoquant diverses pratiques sexuelles uniquement par des périphrases et des métaphores. Guy Breton le journaliste, écrivain et auteur des paroles aura l’audace et le tour de force de parler de l’onanisme et de l’orgasme féminin sans avoir recours ni à des mots argotiques ou grossiers, ni à des formulations vulgaires.

Hospitalisée, elle meurt d’un  cancer du cerveau en 2010 à l’âge de 85 ans.

Colette Renard reste dans la lignée des chanteuses à textes comme Cora Vaucaire, Lucienne Boyer ou Colette Deréal, mais ce sont des noms que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre. 




dimanche 17 novembre 2024

LE BEST-OF EN FEUTRE MOU ET PIPE AU BEC


LUNDI : "Lucas, allez nous chercher des sanwouiches et des bières fraîches !" Réplique récurrente du commissaire Maigret, version Jean Richard à la télé… Nema s’est plongée dans le roman « Maigret et le ministre » de Georges Simenon, enquête dans les hautes sphères, disparition suspecte d’un dossier compromettant, et toujours la finesse d’écriture du grand auteur.

MARDI : c’est vrai que la pochette de « Chroniques bluesymentales » est moche, mais ce qui intéresse Pat c’est le contenu, un complet revirement par rapport aux précédents enregistrements d’Hubert Félix Thiéfaine, une galette qui contient quelques uns de ses plus beaux titres.

MERCREDI : si Bruno nous avait simplement dit tiens le MC5 vient de sortir un nouvel album, on l’aurait pris pour un dingue, tous les membres sont morts ! Sauf que « Heavy Lifting » est un disque posthume, celui de Wayne Kramer, dont les compositions dégagent (encore) une belle énergie communicative.


JEUDI : Benjamin est revenu sur la carrière chaotique de Harry Nilsson, connu pour sa reprise de « Everybody’s talking » mais avant tout compositeur sensible qui a œuvré pour pas mal de monde. Hélas, le gars était aussi un pochetron de première, prématurément disparu.

VENDREDI : Luc a été voir Dire Straits en concert, ou plutôt écouter le tribute band Dire Straits Expérience, des musiciens réunis autour de Chris White, dont Terrence Reis qui a la lourde charge de tenir la guitare solo. Répertoire de toute beauté et musiciens en top, que demande le peuple ?

👉 On se retrouve mardi avec des chansons libertines de Colette Renard, des sonates et fandango pour clavecin de Padre Soler, un article de Bruno dont la rédac n’a pas encore eu la primeur mais qui pourrait concerné Phil Moog (des indiscrétions de couloirs, Sonia est une pipelette de premier choix) et à la rubrique cinoche, un classique, que dis-je, un pur chef d’oeuvre de John Ford (- encore un ? - bah désolé Sonia, pas d'ma faute si le gars a du talent !).

Bon dimanche. 

vendredi 15 novembre 2024

DIRE STRAITS EXPERIENCE - Zénith de Paris, 06/11/2024 - par Luc B.


C’est inédit, je n’avais jamais assisté à un concert de ce qu’on appelle un Tribute Band. Petit rappel des faits, un Tribute Band (ou cover band) est un groupe de musiciens généralement chevronnées, qui ne jouent que des reprises d’un groupe célèbre, de manière très officielle, souvent adoubé par le groupe original (ce serait idiot de refuser, vu les royalties). Les exemples pullulent, des faux Led Zep, Queen, The Doors, Beatles, Pink Flyod, Supertramp, U2, Springsteen, Joe Cocker... ou chez nous Cabrel, Renaud, Hallyday, Goldman...  

A ma connaissance, pas encore de cover-Rika Zaraï. Mais j'ai même croisé un faux-moi dans la rue lors d'une fête de la musique. Qui jouait mieux, ce con. Certains poussent le vice jusqu'à ressembler visuellement à leurs idoles, kitschissime, d'autres poussent la maniaquerie jusqu'à reprendre note par note un concert précis, de telle date, comme c'est le cas pour un des nombreux cover band de Genesis.

Je me souviens de David Gilmour saluant une des prestations de leur double, disant qu’ils jouaient presque mieux ! D’autres, qui à l’époque montaient sur scène complètement défoncés, disaient : si vous voulez savoir ce qu’on aurait été capable de faire, sobres, allez les écouter !  

Il y a énormément de tribute band de Dire Straits : Fire Straits, sTraits, Money For Nothing, DS:UK, Calling Mark, Brothers in Band, Dire Strats… Le cas de Dire Straits Experience est un peu différent, au sens où un membre du groupe a réellement participé à Dire Straits, Chris White, qui porte beau (le salaud) à presque 70 balais, saxophoniste à partir de 1986 et l’album « Brothers in arms ». Qui a réuni autour de lui six musiciens pour reprendre exclusivement le répertoire de Mark Knopfler, dont le chanteur - guitariste Terence Reis*, qui a la lourde tache d’être frontman. La configuration du groupe reprend celle de la tournée « Alchemy » : basse / batterie / piano / clavier / 2 guitares. Et White aux saxophones (soprano, alto, ténor) et flûte traversière.

Le concert était au Zénith de Paris, salle de 1500 places, le son frisait la perfection. Je me souviens d’y avoir entendu Mark Knopfler en solo en 1996, le son était juste dégueulasse… La première partie était assurée par Gaëlle Buswel, [=> photo à droite] bon blues rock, en configuration deux guitares acoustiques.

Le groupe entame avec « Telegraph road », fallait oser, titre fleuve de 14 minutes, suivi de « Solid rock » puis « Tunnel of love » (et hop, un bon quart d’heure en plus !) dans des arrangements très proches de « Alchemy ». J’avoue qu’au départ ça fait bizarre. On entend, mais on ne voit pas du Dire Straits. Et on ne peut s’empêcher de comparer, de chercher la p’tite bête, est-ce qu’il va faire ci, faire ça, comment il va négocier tel passage de chorus… Mais une fois qu’on s’est mis en tête que, non, ce ne sont pas les vrais, on ne se concentre que sur la musique.

Qui est très bonne, d’abord parce que les musiciens sont très bons, mais surtout parce que les morceaux sont excellents ! Et de se rendre compte que le père Knopfler a pondu des dizaines de titres sublimes, des chansons très écrites, construites, dont la durée et la complexité n’étaient pas la norme dans les années 80, celles de l’atroce avènement de MTV. 

Évidemment, une large place est faite aux chansons avec saxophone (c'est Shuffle qui aurait été content !), « Your latest trick » (grosse ovation), « On every street », « Two young lovers », « Goin’ home ». On n’est pas dans le strict exercice de copie, le second guitariste ne se contente pas de la rythmique, il prend sa part de chorus, et le sax intervient dans des titres qui n’en comportaient pas à l’origine. Donc de nouveaux arrangements, et donc des titres encore plus longs ! En particulier de très belles versions de « Roméo and Juliet » (avec évidemment la National Steel) et de « Private investigation », je n’ai pas peur d’affirmer que parfois la copie est meilleure que l’original !

Intéressante aussi la reprise de deux chansons des débuts, « Wild west end » et « Lady writer » jouées à quatre, la configuration d’origine de Dire Straits, où on retrouve vraiment le son des deux premiers albums. On aurait aimé en entendre plus, des « Down To The Waterline » ou « Once upon a time » sont absentes de la setlist. Ca pourrait être une bonne idée de jouer exclusivement les deux premiers LP !

C’est aussi à quatre musiciens que commence « Sultans of swing », avant que les claviers ne rentrent au troisième couplet, et là encore, réaménagement de la partie centrale, plus étirée, avec un dialogue sax / guitare, puis guitare / orgue, avant le long crescendo du chorus de guitare. Ce serait ma seule critique, jouer le sax à l'unisson sur ce solo iconique de guitare, qui du coup, se retrouve un peu noyée dans le mix.

De même, un « So far away » qui débute en mode calypso, au xylophone, avant que les guitares ne surgissent dans une version plus rock que l’original. En rappel, on a droit à une version abrasive de « Money for nothing » puis l’instrumental « Goin’ home » (BO du film Local Hero). Une des manies agaçante de Knopfler, c’était des fins de chansons qui n’en finissaient pas, point d'orgue à rallonge, genre la piste doit être longue pour poser un 747. Un défaut heureusement pas reproduit.

Quand on n’a pas vu Dire Straits à la grande époque (c'est mon cas), avant que les concerts ne deviennent des barnum en stades (raison pour laquelle Knopfler avait jeté l’éponge) cette expérience de tribute permet tout simplement de se faire plaisir, avec des musiciens de haut niveau qui s’amusent visiblement beaucoup. C'est un peu plus cher qu'un best-of, mais au moins, y'a de vrais gars qui jouent !  

*  Terence Reis racontait qu’à l’origine, il avait été contacté pour remplacer Mark Knopfler (en tournée solo) pour un concert caritatif, en 2011, il ne devait que chanter. Puis finalement on lui demandé aussi de faire la guitare. La formation d’anciens membres du groupe, réunie par le clavier Alan Clarke, a perduré, avant de se transformer en Dire Straits Experience sur l'impulsion de Chris White

Pour Bruno, extrait d’une interview de Terence Reis, à propos de son matos : « Une vieille Gibson Chet Atkins nylon, une Ovation Adamas des années 80 et une National bien sûr. Au milieu du concert, nous jouons à quatre et j’ai une Strat Integrity que j’ai assemblée avec des pièces détachées Musikraft. J’ai deux Strats, la Candy Apple Red et la Sunburst, et une Tele Integrity. Elles reprennent les specs des Schecter de Mark. Elles sont très différentes des Fender. Le luthier Ivan Leschner m’a fait un clone de la Pensa Suhr MK-1. Et selon les tournées, je prends ma Gibson Les Paul R8 VOS’58. Sinon, j’ai toujours ma Steinberger GLT2T de 1984-1985 ».