La vie réserve bien des surprises... Voilà un groupe sorti de nulle part, inconnu des médias (ou du moins des nôtres), qui déboule avec un bel album qui transpire le heavy-rock bluesy et velu, ravissant les cages à miel, excitant suffisamment les synapses pour les rendre accros.
D'autant qu'en l'absence de diffusion et avec une pochette de disque rebutante - à l'allure de musique synthétique, simpliste et infantilisante -, il est vite fait de se détourner de l'affreuse présentation, et de passer à côté. A côté de ce premier long-player, qui devrait normalement ravir aussi bien les amateurs de heavy-rock 70's louchant vers les Aerosmith, Starz, Moxy, que ceux du sleaze tel que développé par les affreux jojos de Zodiac Mindwarp and Love Reaction ou les vétérans de Little Caesar, ou encore du Rock-fort des regrettés Silvertide, voire même du Rock Aussie du genre élevé à coup de pintes ou de schooners de Coopers ou de Victoria Bitter. Du style des The Lazys, Kings of the Sun, Electric Mary, (Airburne ?). Et puis... les nostalgiques inconsolables de The Four Horsemen (nan, pas les thrash-truc-mainstream-métalleux, ceux qui avaient pondu des skeuds de heavy-kick-ass-rock'n'roll : "Nobody Said It Was Easy" [👉 lien] et "Gettin' Pretty Good... At Barely Gettin' By... " 👉 lien ).
Si ce premier essai "longue-durée" sonne aussi mature, c'est que les gaillards jouant dessus ne sont pas nés de la dernière pluie. Ils ont même déjà pas mal roulé leur bosse dans divers groupes avant de se réunir pour faire prendre cette mayonnaise de heavy-rock'n'roll. Deux des membres, le guitariste Felipe Rodrigo et le bassiste Fede Delfino, ont débuté leur carrière en Uruguay, leur pays d'origine, avant de partir tenter leur chance en Californie. A l'origine, The Mercury Riots était un trio, avec juste Delfino au chant, jusqu'à ce que Justin Walker (attention aux homonymes) soit embauché.
Rien de nouveau sous le soleil ? Absolument ! Mais à vouloir systématiquement faire dans le novateur, l'inexploré, on finit généralement aussi par faire dans l'indigeste, l'inaudible. Même si dans tout cela, il y aura toujours une forte part de subjectivité.
Pas cérébral pour un sou, c'est du minéral 🤘🏼😛 Mais dur sans être brutal, résolu, déterminé sans être agressif (sauf pour ceux qui ont tardivement biberonné du Mireille Mathieu et du Julio I.), gouailleur sans être braillard, nerveux sans être impulsif, rugueux sans être vraiment abrasif ; ça sent le cuir tanné, l'huile de vidange, les lampes d'amplis à bout de souffle. Bref, The Mercury Riots navigue dans des eaux où se mêlent glam-rock de la rue (Slade), heavy-rock Aussie (The Angels, KOTS), et B.C.R. (British's Classic-rock) de l'ordre des Thunder (des quatre premiers) et Black Star Riders. Enfin, The Mercury Riots lustre les chromes d'un authentique heavy-rock, pur et dur, sans se compromettre dans les deux écueils qui ont trop souvent pénalisé le genre. Soit une pénible et stérile surenchère dans une (apparente) débauche d'énergie et la compromission faite au label et/ou management. Certains y trouveront l'influence d'AC/DC, notamment sur "Make It" et "99 Degrees" (pour les plus évidents, où visiblement, Felipe a pioché sur divers licks des frères Young), ou d'Aerosmith, ou du moins de Joe Perry sur le second et funky riff de "Be Yours" et celui de "Scream It Out" (même si la teneur générale de ce dernier s'apparente nettement plus au hair-metal californien des 80's). En ce qui concerne l'affiliation avec les kangourous écossais, elle est parfois appuyée par la batterie de Jonny Udell en droite ligne de l'aspect puissant, métronomique et inébranlable de Phill Rudd.
Ici, point de ballades. Le quatuor n'a qu'une hâte, celle de faire vibrer la scène (ou les enceintes) et d'y mettre le feu. Plus concrètement, botter des postérieurs pour procurer allégresse, ferveur, et (h)ardeur. Et "Sweet Melody" ? Non, même pas. Son premier mouvement est trompeur, avec la troupe qui, plutôt que de prolonger l'ambiance tristounette d'âme en peine, préfère marteler le rythme de cette little love song, comme un ferronnier son métal ardent.
Ainsi, l'album se réserve tout entier à la gloire d'un heavy-rock viril et vigoureux, enrichi de réminiscences bluesy et ne dédaignant pas d'inclure un aspect relativement mélodique et chantant. Ce qu'on pourrait tout aussi bien attribuer à une facette glam - entre Slade et le meilleur du Sunset Strip d'antan. "Take Me When You Go" évoque même Buckcherry, avec un chant qui force la comparaison avec des intonations évoquant irrémédiablement celles de Josh Todd. En dépit d'une sensation de gros son, d'une certaine puissance, ici, point de grosses guitares à la saturation démentielle. Si Felipe semble ne pas dédaigner de s'armer d'un booster ou d'une overdrive transparente, exceptionnellement d'une fuzz ("Take Me When You Go"), cela sonne plus souvent comme une SG ou une Telecaster branchée en direct (dans une tête Peavey ou Marshall). Sur scène, il s'affiche avec une belle Telecaster blanche et élimée (reliquée ?) avec deux double Wide Range et un manche érable.
Si absolument rien n'est à occulter, l'éclat de certaines pépites pourrait bien ternir celui des autres. Ainsi, "Light It Up" se démarque, avec son atmosphère orageuse, temporisée par de calmes espaces "désertiques", où Justin se questionne, tel un ermite confronté au doute" avant de reprendre du poil de la bête et de monter sur scène, se décidant à enflammer son public. Walker y est particulièrement mordant, un brin hargneux. L'ode libidineuse aux filles de Los Angeles en toute légèreté, "L.A. Girls", pleine d'enthousiasme, de passion et de vigueur, donne des ailes et du carburant. On se demande parfois où Justin va chercher son inspiration... "Elle est si typique. Sans originalité" (??) "Elle a un nez de cocaïne. Elle est au premier rang. Elle pense que personne ne sait qu'elle perd la tête" (??). Le bougre, passablement excité, finit sa chanson en aboyant comme un roquet (et l'auditeur... emporté par l'enthousiasme, ne manquera lui-aussi, de ch... de gueuler 😲). Et "Nobody Knows", avec son romantisme fataliste d'acier sur un mid-tempo un chouia oriental, dont l'écrasante ombre du dirigeable va en faire crier plus d'un.
Pour revenir aux "chouettes" paroles, le festif "Save Me a Drink" fait preuve d'une poésie trop rare pour ne pas être souligné : "Garde moi un verre de la bouteille ! Garde moi un verre avant qu'il ne disparaisse ! Créer des problèmes avec mes potes, des nuits qui n'en finissent pas. Puis on recommence. J'irai boire mardi ; ça ne nous dérange pas, c'est le week-end tous les soirs. Yes !" Puissant !! 😁 Mais c'est du rock'n'roll, et l'heure n'est pas à l'introspection ou à l'enseignement, mais au bon temps, à la fête, à la convivialité.
Certes, dans le genre, The Mercury Riots est loin d'être le seul, d'autant qu'il semble y avoir un certain revival en la matière (voir les Bad Touch, Dirty Honey), toutefois, à l'heure actuelle, il se pourrait bien que ce soit le plus authentique. D'autant que derrière, dans le lot, comme toujours à chaque "nouveau courant" ou (désormais) revival, grouille une multitudes d'opportunistes.
Seulement trente cinq minutes et des poussières au compteur, c'est la tendance actuelle. Et ce n'est pas plus mal. Au contraire, cela permet de se recentrer sur l'essentiel et le meilleur. Cependant... le problème avec ce disque... c'est qu'on a tendance à monter progressivement le son. Ce qui fait qu'arrivé avant la fin du disque, on risque fort d'avoir les voisins courroucés tambourinant à la porte. (et en plus, ils ne sont même pas en rythme)
On retrouve derrière la console un certain Mike Fraser. Celui-là même qui a contribué à donner un son concis, rauque, puissant sans être assourdissant ni strident, à quelques disques, et non des moindres - aux Thunder, AC/DC, Trust, Jackyl et Satriani. Avec cet album, le Canadien ne déroge pas à la règle, et offre encore une fois un excellent boulot qui devrait caresser dans le sens du poil les esgourdes des gourmets de bon heavy-rock.
La formation tournant régulièrement au Royaume-Uni depuis 2021, dès la fin des confinements imposés, elle y remporte en 2022 un "Rising Stars Award" discerné par le HRH Awards (Hard Rock Hell Awards).
🎶✨
Même Denis Protat n'en parle pas... Écoutable dans le genre, plus mélodique que la moyenne. Sur les vidéos, le chanteur fait furieusement penser à Gary Rossington en fin de carrière.
RépondreSupprimerGary Rossington ?? Mouais... un peu, effectivement. Avec quelques kilos en moins
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