mercredi 30 novembre 2011

Albert Collins "Collins Mix" - 1993 - (by Bruno)

L'Œuvre testamentaire du Grand Albert

     Albert Collins, est né le 3 octobre 1932 (le même jour que Stevie Ray Vaughan 3.10.1954) à Leona, Texas, et décédé le 24 novembre 1993, au Nevada.
Albert Collins était un personnage à part entière. Non seulement par son attitude et son paraître, mais aussi par sa musique. Bien qu'il ait toujours clamé haut et fort l'influence de ses maîtres, Albert fait encore partie, presque vingt ans après son décès, des musiciens exceptionnels nantis d'une personnalité forte, dont on reconnait immédiatement la patte dès les premières notes. A cet effet, Gary Moore à qui un journaliste demandait s'il n'était pas trop difficile, pour un guitariste comme lui, de jouer avec un guitariste de Blues à la technique limitée, répondit sèchement à peu près dans ces termes : "La technique n'a strictement rien à voir ! Toute la technique du monde ne m'aiderait pas à atteindre le feeling que peut dégager un artiste tel que Collins. On peut acquérir de la technique, jouer très vite, mais ce n'est pas ce qui permet d'acquérir le feeling. (.../...) Comment peut-on penser de telles choses ?"


     Voilà, Albert Collins, par son travail, sa persévérance, sa foi, sa sincérité, et un énorme feeling, a su gagner l'admiration non seulement de ses pairs, mais également de toute une intelligenstia Rock. Car il fallait le voir jouer sur scène, comme un diable sorti de sa boîte, l'air mutin, tirer des sons claquant et percutant de sa Telecaster, et séduire la foule par sa vigueur et son authenticité.

Pourtant, pour lui aussi, la route fut longue et pénible.
Résidant au Texas, il y découvrit ceux qui lui permettront de forger son style ; à savoir Clarence "Gatemouth" Brown, T.Bone Walker, Guitar Slim, B.B. King, Bob Wills, John Lee Hooker, un certain Jimmie Lunceford, et son cousin Lightnin' Hopkins. Ce dernier lui apprit les premiers rudiments de la guitare, avec en prime un accordage en open tuning.
     C'est après avoir vu Gatemouth jouer sur une Fender Esquire qu'il adoptera ce modèle, auquel il rajouta un Humbucker en position manche (L'Esquire est une Telecaster avec un seul micro, simple mais puissant, placé en position chevalet). A cette époque, très peu de bluesmen utilisaient ces modèles généralement assimilés à la Country. Durant les années 50, Albert partit aux quatre coins de l'état du Texas, écumant tous les clubs et boîtes, parfois mal-famés et mal fréquentés, qui acceptèrent de donner la chance à ce trio, The Rhythm Rockers. Ce serait durant cette période difficile, lors d'un retour sur Houston de nuit, que le givre ou la buée sur le pare-brise lui aurait donné l'idée d'un concept adapté aux sonorités qu'il déploie sur ses compositions, alors instrumentales. Freeze, Frosty, Frosbite, autant d'adjectifs qui reviendront dans ses compositions et pour baptiser ses futurs albums ; plus un surnom : the Iceman. En homme avisé, ou visionnaire, Albert créa un concept comme une publicité facile à retenir, avec une légende qui donna du grain à moudre aux journalistes.

     Premier enregistrement en 58, sur Kangaroo, avec l'instrumental rythm'n'Blues "The Freeze", et premier petit succès local. En 62, dans le même genre, le classique "Frosty".
Mais le succès tarde à venir. La communauté afro-américaine commençe à tourner le dos au Blues, reflet d'un passé douloureux, pour aller vers un Rhythm'n'blues et surtout une Soul pleine d'espérance, et surtout plus légère et insouciante. Tandis que la grande majorité des Blancs ne connaissent que la version "pâle" du Blues, notamment à travers l'émergence du British-Blues et quelques allumés californiens. Heureusement, certains de ces visages-pâles n'étaient pas des ingrats et voulurent renvoyer l'ascenseur. Pour Collins, ce fut Bob Hite de Canned Heat qui le produit en 67 (l'album "Love can be found Everywhere" pour le label Imperial). Puis le Fillmore qui lui ouvrit grand ses portes. Pourtant, malgré les critiques qui lui firent bonne presse, les ventes restèrent modestes. Il faut dire qu'à l'époque, dans cette Amérique puritaine, rares étaient les musiciens de Blues à récolter comme il se devait les fruits de leur labeur. Même Hendrix dut s'expatrier un temps en Angleterre, avant de revenir en vainqueur. Collins récupéré un temps par des jeunots a eu du mal à s'intégrer à la mentalité hippie.

 Pendant de longues années il continua bon gré mal gré sa carrière en écumant les clubs et les festivals de Blues. Dans un sens, cela lui permit d'affirmer son style bien particulier.
Enfin, un bienfaiteur, un passionné, désolé de voir tant d'artistes qui ne pouvaient enregistrer leur musique, décida de créer son propre label. Il s'agit bien entendu de Bruce Iglauer, qui fonda Alligator en 1971. Jusqu'alors limité au Chicago-blues, Iglauer, une fois la position de son label relativement stabilisée, voulut étendre son périmètre de « sauvetage ». Il débuta en signant Collins. Ainsi en 1978, le manifeste "Ice Pickin'" vit le jour. Un de ces grands albums de Blues que toute discothèque un tant soit peu sérieuse se doit d'avoir. Le premier grand album du Grand Albert. Son Blues est à la fois terriblement Funky tout en ayant une sonorité penchant plutôt vers le rock, avec des cuivres qui apportent une touche Soul. C'est immense. Il a quelque fois été dit/écrit qu'Albert avait contribué à faire un pont entre le Blues et le Rock, en amenant un public donc plutôt Rock à s'intéresser au Blues. C'est à dire qu'il fallait voir ce diable là se mouvoir sur scène, une énergie salvatrice et bienfaitrice irradiant de sa sympathique personne, et une bonne humeur communicative.
     Après des années de doutes, Collins était enfin récompensé. L'album fut nominé aux Grammies Awards, et reçut la distinction de meilleur album Blues de l'année au festival de Montreux. C'était le début d'une période dorée. Les disques qui suivirent furent tous auréolés de succès (et souvent parmis les meilleures ventes du label Alligator). Collins et ses Icebreakers parcoururent le monde, et leur popularité leur permit désormais de jouer en Europe et au Japon (avec la concrétisation d'un enregistrement live, « Live in Japan », aux petits oignons). En 1985, enfin, il gagna un Grammy Award, pour l'album "Showdown". Disque fait en collaboration d'égal à égal, avec Robert Cray (avec qui il joua dès 71) et Johnny Copeland (qu'il aurait connu enfant). Néanmoins, l'aura de Collins est telle qu'il leur rafle la vedette.
Sa popularité enfle, aidée par des concerts toujours denses, où jamais Collins ne fait défaut.
Car Collins, au delà de compositions intemporelles d 'une classe magistrale, c'est un Son et une Voix. Un son de Telecaster (d' Esquire à ses débuts) immédiatement reconnaissable, dû en partie à son utilisation du capodastre (idée empruntée à Gatemouth Brown), qu'il déplace suivant ses besoins, lui permettant de jouer en accord ouvert (ré-mineur) à l'aide de paluches qui percutent et frappent plus les cordes qu'il ne les pincent. Le diapason étant raccourci par le capodastre, les notes perdent en sustain, au profit d'un son plus sec et claquant. Le style est nerveux et cinglant, avec une puissance sous-jacente. Un sustain travaillé aux doigts, en triturant avec force et vivacité ses cordes (bend, vibrato). D'où un jeu inimitable donnant une impression de puissance naturelle (pas d'autre effet qu'un peu de réverbe de l'ampli) et de vitalité, qui font penser à un diable coquin sorti de sa boîte. Collins avait fait remplacer le micro manche par un Humbucker pour avoir plus de puissance, et réduire les fréquences parasites. La voix n'est pas en reste. S'il n'est pas à proprement parler un de ces fameux blues-shouters (il a d'ailleurs longtemps hésité à chanter), si son registre est certes un peu limité, la force, la conviction et la sincérité qu'il met dans son chant profond, grave, légèrement éraillé et chaleureux, permettent de séduire aisément l'auditeur le plus pointilleux.

     A l'aube des années 90, quelques désaccords s'immiscent entre Iglauer et Collins, ce dernier désapprouvant le mixage de certains disques. Le torchon brûle et en 1991, Collins signe avec l'antenne Blues de Virgin, Point-Blank. Toutefois, n'oubliant pas tout ce que lui a apporté Iglauer, il lui propose de l'accompagner dans l'espoir que Virgin lui offre une distribution qui a toujours fait défaut au label. Bruce, par fierté, mais également par crainte qu'Alligator perde son indépendance, refuse toute rencontre.

     Un premier disque est rapidement enregistré et édité : "Iceman". Les retombées, en terme de ventes, sont mitigées, du moins en dessous des attentes du nouveau label. Les fans de la première heure bouderont plus ou moins le disque, jugeant parfois la production trop policée, FM (aujourd'hui, en comparaison avec d'autres productions, ces propos prêtent à rire). On leur a volé « leur » Albert Collins. Toutefois, à leur décharge, il faut bien admettre que la Telecaster est un peu moins percutante. Cependant la distribution, plus « professionnelle » et plus large, permet de faire découvrir un immense talent à un public plus vaste.

     Point-Blank/Virgin a bien compris le problème. Depuis son dernier album studio, Cold Snap (réalisation assez moyenne, elle avait reçu un accueil mitigé), l'Iceman était absent du marché du disque depuis cinq ans. Sans compter que sa distribution hors des frontières américaines, avait été pratiquement inexistante.
     Point-Blank décide de frapper un grand coup. Soucieux de donner de l'envergure à la carrière de cette légende du Blues (il avait le soutien d'un ponte du label, fan de Blues, John Wooler), il propose à Albert de réenregistrer une partie de ses meilleurs titres, compositions personnelles et reprises compris (d'où le sous-titre « The Best Of »).
En fait, on peut légitimement subodorer que, comme il était dans l'impossibilité de réaliser concrètement un Best-Of parce que les bandes originales appartiennent au label Alligator, Point-Blank/Virgin a contourné le problème avec la solution de tout simplement réenregistrer des « succès » ayant émaillé la carrière du maître. Du moins celle d'Alligator. A savoir que nombre d'enregistrements précédents ont souvent servi de matière ou encore ont été réenregistrés, réarrangés pour le label de Chicago (comme pour Don't Loose Your Cool, Frosty, Frosbite).
Néanmoins, Collins Mix n'est pas vraiment un Best Of. Plutôt un résumé, car malgré une discographique restreinte en comparaison de sa longue carrière, il faudrait bien trois CD pour pouvoir produire un Best Of digne de ce nom. Collins a rarement enregistré des titres moyens. Pas vraiment une relecture, non plus, même si parfois les cuivres peuvent être légèrement plus présents, tout comme l'orgue. Pour parfaire le projet, on lui adjoint Jim Gaines (déjà présent sur le 1er album de la maison) à la production, alors très en vogue dans le secteur du Blues et du Blues-rock. 
      Le résultat, pour l'époque, est énorme. La définition de l'enregistrement est irréprochable et nous offre ainsi une restitution presque totale (autant que faire se peut) toute la puissance percutante et la tessiture de la Telecaster modifiée et de la voix de Collins. Justice est rendue à ce maître.
Sans omettre l'orchestration qui n'est jamais couverte par le maître de cérémonie. Que ce soit la basse, la batterie, l'orgue ou les cuivres, tout est parfaitement discernable et aligné.


     On retrouve quelques invités de marque (très courus dans le Blues en ce début des 90's, depuis le succès de « The Healer », l'album qui relança au-delà de toute espérance la carrière de John Lee Hooker) comme BB King (précédente collaboration sur « Blues Summit »") qui croise le fer sur l'instrumental enlevé, la vieille scie « Frosty », Kim Wilson à l'harmonica sur le blues paresseux « Tired Man », Gary Moore pour un superbe solo sur le troublant « If Trouble was Money » (Moore adorait Collins et l'avait invité à l'accompagner sur sa reprise de « The Blues is Alright » sur «Afters Hours », et sur « Too Tired » sur «Still Got the Blues »). L'irlandais paraît totalement hypnotisé, tirant des notes tendues et nerveuses comme s'il était prêt à broyer le manche de sa LesPauL sous la pression de sa main en alerte. On le sent se contenir pour ne pas exploser dans un déluge de notes libératoires (ce qui aurait immanquablement gâché la pièce). On retrouve également l'ancien lieutenant de John Mayall, Coco Montoya, pour la plupart des titres en guitare rythmique, et les Memphis Horns. Doit-on aussi préciser que l'excellent et fidèle Johnny B. Gayden, officie à la basse ? Sans oublier à l'orgue Hammond B3, (Collins l'aimait tant qu'il aurait voulu en jouer), Ernest Williamson, sidemen de choix (BB King, Larry Garner, Deborah Coleman, Arthur Adams, Luther & Bernard Allison).
Huit titres sur onze sont de sa plume, et un de sa femme, Gwen. Les deux dernières chansons sont de nouvelles compositions, et non des moindres, car elles ne font point grise mine à côté de ces grands classiques.
     Un indispensable d'Albert Collins, même si l'on a déjà les dix versions originales. Je n'aime pourtant pas les « Best Of », mais je changerai
volontiers d'avis s'ils étaient tous de cette teneur.
     
Sa fidèle Telecaster customisée est désormais bien seule.

     La stratégie a été payante. Cet album fera un carton, hélas, Albert ne pourra pas récolter les fruits d'une plus large reconnaissance tardive (qui aurait pu le hisser à la hauteur d'un Buddy Guy ou d'un John Lee Hooker - tous deux en pleine ascension médiatique), car c'est aussi malheureusement une œuvre testament. Collins est atteint d'un cancer du foie qui a raison de lui en à peine trois mois. Il décède le 24 novembre 1993, alors en pleine consécration.
La perte est de taille, car Albert Collins est indéniablement un monument du Blues irremplaçable.

     Ce Collins Mix demeure une très bonne entrée en matière pour le néophyte qui souhaite s'initier au blues particulier d'Albert Collins.
Sinon, il y a encore le Deluxe Edition, véritable compilation de la carrière Alligator, profitant d'une très bonne remasterisation (pourquoi ne fait-il pas de même pour les cinq disques studio ?).





mardi 29 novembre 2011

ANA POPOVIC "Unconditional" (2011) par Rockinovic-jl


Une fois n'est pas coutume, je vais commencer par parler …de la pochette. Un vrai plaidoyer pour le retour aux 33 tours et la fin de la dématérialisation de la musique…Ana y pose nue cachée par son instrument,  la belle serbe  explique que cela illustre la symbiose entre elle et sa guitare, sans artifices inutiles, "it's just me and my guitar"; on regrettera juste qu'elle ne s'adonne pas plutôt à l'harmonica ou au triangle…

Quoi Claude? que je te l'échange contre un poster d'Hillary Hahn? Ah non! pas question!

Bon revenons sérieux ou Elodie va encore se gausser, c'est vrai qu'entre Hillary Hahn, Julia Fischer, Joss Stone, Nina Attal  et Ana, on ne chronique pas les plus moches le Claude et moi…..Mais cela n'influe en rien sur notre jugement artistique et notre impartialité, tiens la  prochaine fois je vous parlerai de Susan Boyle....


Née en 1976 à Belgrade, Anna tombe très jeune dans la collec de disque de blues de son papa, guitariste, et apprend rapidement la guitare à son tour. Elle monte son premier groupe à 19 ans , Hush, qui ouvrira notamment  pour une légende de Chicago, Junior Wells; puis déménage aux Pays Bas; c'est là bas et sur la scène allemande que sa notoriété va croître et en faire  une guitare hero au féminin, dans un style blues rock musclé, j'allais dire "velu et burné" comme dirait notre ami Bruno, mais ces qualificatifs  ne collent pas vraiment à notre amie…
Unconditionnal est son 5ème  albums studio (+ 2 live) et a été enregistré aux Piety Street Recordings Studios de la Nouvelle Orléans, par volonté pour Ana de s'imprégner des vibrations et du passé musical de Niou Orlinsse.
Au sujet du titre de ce album, écoutons Ana:
"On me demande souvent ce que je ressens sur scène, c'est magique, juste moi et ma guitare, les notes, les sons, le groove .Je laisse le groupe me porter et je me nourris de leur energie. Je n'aime pas penser quand je joue, je me laisse envahir du "feeling".
"Inconditionnelle", c'est commme cela que je ressens ma musique, c'est à moi, c'est sacré et sans frontières. On me demande souvent ce qu'est le blues: le blues est inconditionnel, peut-être le style de musique le plus conservateur, si vous l’altérez trop ce n'est plus du blues. Et aussi vulnérable qu'il soit il résiste à l'épreuve du temps; qu'est ce que le blues? Est ce un feeling? Pour moi c'est la beauté des fondamentaux et un instrument".


Alors que je m'attendais à une entame musclée, on démarre pépère avec un beau blues tout en touché, slide , piano, "fearless blues" , suivi d'un titre plus blues rock " Count in me" avec Jason Ricci et son harmonica en invités. "Unconditional", "Reset rewind", "Business as usual" sont des blues rock mid tempo bien maitrisés avant le bien nommé "slideshow" où Ana duette en slide avec son second invité , le guitariste louisianais  Sonny Landreth, ça chauffe dur!
La "face B" sera plus enlevé avec "your love ain't real" (mais si Ana!) avec chœurs et solos à volonté, "work song" , un standard de Nina Simone (écrit par Nat Adderley, le frangin de Cannonball) , ça dépote grave , et un énorme solo final qui nous laisse sur le cul. Ana est passé à la vitesse supérieure, les blues rock torrides s'enchainent "summer rain", puis le "Voodoo woman " de Koko Taylor, un pur Chicago blues mis à la sauce texane, "one room country shack" , un blues sombre signé Mercy Dee Walton immortalisé par Buddy Guy sur laquelle Ana fait pleurer sa 6 cordes; et on termine avec "Soulful dress", qui fut un hit Rhythm & Blues de Sugar Pie Desanto (écrit par Maurice Mc Alister et Terry Vail).

Inconditionnel, pas de conditions pour moi non plus, pourtant je suis assez difficile en matière de blues rock, domaine où on en a soupé des apprentis "guitar-heros" et des clones plus ou moins réussis de feu Stevie Ray Vaughan...mais Ana a quelque chose en plus, un charme indéfinissable, dû peut-être à une pointe d'accent et un jeu un peu plus "soul" que la plupart de ses collègues masculins (Joe Bonamassa, Kenny Wayne Sheperd, Chris Duarte..).




"Unconditional" live à Dortmund en Avril 2011; puis dans la seconde vidéo un grand moment, Ana jammant avec Buddy Guy sur "One room country shack" (Californie, Septembre 011):




lundi 28 novembre 2011

BLUE ÖYSTER CULT - "Fire Of Unknown Origin" - (1981) par Philou



Brulant....

1981 restera une année noire dans l'histoire du BLUE ÖYSTER CULT .
Au mois d'août, Albert Bouchard est au comble de l’exaspération, tellement frustré qu’il est prêt  à exploser à la moindre contrariété. En plein désaccord avec les autres membres du Cult , le batteur quitte le groupe pour aller travailler sur un projet solo qui verra finalement le jour quelques années plus tard sur l'album de ses anciens compagnons, "Imaginos".
Rick Downey sera embauché dans l'urgence pour finir l'imposante tournée débutée avec Foghat.
Pourtant tout avez bien commencé, en juin, le B.O.C. avait sorti son 8ème album, le fantastique "Fire Of Unknown Origin". Produit par Martin Birch (Deep Purple, Iron Maiden, Black Sabbath, Rainbow, Whitesnake, etc...) ce sera le dernier enregistrement avec la formation d'origine.


Le 1er titre "Fire Of Unknown Origin" co-écrit avec Patti Smith (datant des séances d'"Agents Of Fortune"), débute l'album et c'est la basse ronflante de Joe Bouchard qui rythme le morceau, les nappes de claviers obsédantes d'Allen Lanier se posant avec classe sur la voix d'Eric Bloom.

"Burnin' For You" est le 2ème plus grand succès du B.Ö.C (après "Don't Fear The Reaper"). Sorti en single, il permet au groupe de renouer avec le succès et fera une jolie carrière dans les charts US .... une intro fantastique avec un Donald "Buck Dharma" impérial au chant, un refrain hyper accrocheur, un solo de guitare brillant, un tube quoi !
Sur l'oppressant "Veteran Of The Psychic Wars", le Cult nous dévoile son coté progressif, le morceau repose sur une batterie marteau pilon et des synthés futuristes sur lequel se pose le chant torturé et angoissé d'Eric Bloom. On retrouvera d'ailleurs ce titre sur la BO du film d'animation Heavy Metal.
"Sole Survivor" permet de faire une petite pause avant le très puissant "Heavy Metal : The Black And Silver", un retour au Hard Rock pur et dur des seventies, avec les riffs assassins de guitare de Donald "Buck Dharma" Roeser, le chant agressif d'Eric Bloom et la batterie d'Albert Bouchard qui dévastent tout sur leur passage.
De petites touches de claviers annoncent calmement le morceau suivant "Vengeance (The Pact)", mais l'intensité monte petit à petit, pour finir dans un déluge de guitares virevoltantes et de chœurs qui s'envolent.
"After Dark" est énergique à souhait mais les synthés datés années 80 plombent un peu le morceau, heureusement Buck Dharma nous sort un énorme solo qui sauve de justesse le morceau.


Buck Dharma


Éteignez la lumière en écoutant "Joan Crawford", après une majestueuse introduction au piano classique, la voix spectrale d'Eric Bloom ressuscite le fantôme de la star Hollywoodienne, en nous contant le calvaire de Christina (la fille adoptive de Joan Crawford) martyrisée depuis sa tendre enfance par l'actrice.... effrayant.
L'album se termine en beauté et calmement avec "Don't Turn Your Back", un véritable joyau avec Buck Dharma au chant. Joe Bouchard toute basse en avant, dirige tranquillement la manœuvre avant que le "Buck" vienne nous asséner le coup de grâce avec un solo de guitare magistral. Sur ce sublime morceau, le Cult groove comme jamais un groupe de Hard-Rock n'a groové auparavant.
Tout au long de l'album, les arrangements subtils, les effets sonores astucieux, les paroles de qualités, sans oublier les riffs et mélodies qui atteignent ici un niveau de perfection impressionnant, contribuent à mettre en avant les splendeurs nacrées de l'Huitre Bleue.


 





dimanche 27 novembre 2011

WYNTON KELLY, PART III , par Freddiejazz

SONNY ROLLINS "Newk's Time"



L'année 1957 est une année marathon pour notre pianiste. Après avoir enregistré plusieurs albums pour Dizzy Gillespie (Dizzy Atmosphere, Live at Newport, Birk's works), Charlie Persip (Double or Nothing), Lee Morgan (volume 3), Art Blakey and His Jazz Messengers (Theory of Art), Johnny Griffin (A Blowin' Session), Clark Terry (Serenade to A Bus Seat), Paul Quinichette et Charlie Rouse (The Chase is On), Gigi Gryce et Donald Byrd (Modern Jazz Perspective), Ernie Henry (Seven Standards and A Blues, Last Chorus), le voici à enregistrer pour Sonny Rollins qu'il avait côtoyé l'année précédente. L'on se souviendra de Wynton Kelly (1931-1971) comme l'un des pianistes les plus prolifiques de ces années-là et surtout comme l'un des meilleurs accompagnateurs (à mon avis, plus célèbres que Sonny Clark et Bobby Timmons réunis)...
La configuration présente est celle du quartette tout acoustique, décidément très en vogue, jusqu'à la révolution coltranienne. La tendance est très hardbop bien sûr, personne ne s'en étonnera, et si Blue Note était alors le label par excellence pour ce style, disons qu'ici, on en a tous les ingrédients: swing, compositions originales, thématique très identifiable, entre jazz traditionnel et jazz moderne. Rollins (sax ténor), Kelly (piano), Paul Chambers (contrebasse) et enfin Philly Joe Jones (batterie).
La session n'est en rien historique, elle est simplement le témoignage d'une grande époque, certes révolue, d'un jazz où l'on ne se prenait pas la tête, et où la maîtrise technique allait de soi. Les compositions au nombre de six ont l'avantage d'être homogènes, entre ballades et morceaux péchus. Tune Up, Asiatic Raes (que l'on trouvait déjà dans quelques albums, que ce soit de John Gilmore ou de Clifford Jordan), Wonderful, Wonderful!, The Surrey with A Fringe on Top (maintes fois enregistrée par le colosse), Blues for Philly Joe, et enfin Namely You.







ABBEY LINCOLN  "That's him" 

Ladies and gentlemen, watch out ! Attention, avec cette galette (la deuxième dans la carrière de la chanteuse), Abbey Lincoln (1930-2010) nous offre une oeuvre rare, et essentielle. Oui, nous sommes bien en présence d'une session historique. En 1957, année durant laquelle Wynton Kelly a aligné une série impressionnante d'enregistrements, le producteur de Riverside convoque la crème des musiciens de New-York de l'époque: Sonny Rollins, Max Roach, Kenny Dorham, Paul Chambers et Wynton Kelly. Pour un enregistrement qui sera un écrin, un disque inspiré de bout en bout. En effet, "That's Him" est exemplaire à plus d'un titre. Répertoire de qualité, intervenants au sommet de leur inspiration (Sonny Rollins frais et émoulu, d'une autorité naturelle qui laisse pantois...) et une chanteuse en état de grâce. Elle venait d'épouser le batteur Max Roach et tous deux allaient s'engager dans les droits civiques pour la communauté noire.

Dès le premier thème, comme par magie ou enchantement, nos musiciens sont touchés par la grâce. Ils prennent le temps de raconter. Mais l'urgence est là aussi. Le sax à la fois ferme et velouté de Sonny Rollins introduit Strong Man. Wynton Kelly n'a jamais été aussi économe et majestueux. Quant à Abbey Lincoln, elle n'a peut-être jamais été aussi sensuelle que dans cet album. Kenny Dorham ne s'y trompe pas. Sa trompette est lumineuse (il lui arrive d'utiliser la sourdine que Miles ne manquera pas d'utiliser à son tour). Faut dire que l'ensemble sonne parfaitement bien. Jamais on ne sent le remplissage ou le disque de commande, mais une culture énormissime (musique classique, blues, jazz, Duke Ellington). Quand les musiciens entament leur solo, c'est en délaissant leur ego. Ils sont là pour servir la Musique (écouter Paul Chambers à l'archet sur "My Man", la douceur et la tendresse, cette légèreté sur "When A Woman Loves a Man", ah, Max Roach, homme heureux, tu comprenais bien ce que disait ta belle. Plus belle déclaration d'amour, y a pas...)

Abbey Lincoln signe donc ici ce qui est certainement l'un de ses disques les plus aboutis, d'un charme fou. Un chef-d'œuvre, une borne dans le jazz vocal. Pardon d'être aussi dithyrambique, mais quand vous l'aurez écouté, vous comprendrez. Vous comprendrez que c'est un disque aussi important que Ella in Berlin, Lady in Satin ou encore Sassy Swings The Tivoli. Enfin, pour revenir à Wynton Kelly, on mesurera tout son talent dans la qualité de son accompagnement (comment ne pas songer à Erroll Garner? écouter son toucher sur "Happiness is Called Joe"). Cet homme a vraiment réinventé le piano jazz. A noter une surprise de taille : en lisant les notes de pochette, l'on apprend que sur "Don't Explain" (un thème qui était si cher à Billie Holiday, mais bon, quand on sait l'amour d'Abbey pour Lady Day l'on ne s'étonnera pas d'un tel emprunt, et finalement d'un tel monument), Wynton Kelly délaisse le piano et prend la contrebasse. Paul Chambers était absent ce jour-là. Etonnant, non ?





samedi 26 novembre 2011

TIMOTHEE DE FOMBELLE et FRANCOIS PLACE "Tobie Lolness, la vie suspendue" (2006) par Elodie

 Il y a une bonne dizaine d’années de ça, une amie m’a parlé d’un roman de littérature jeunesse qu’elle avait beaucoup aimé. C’était l’histoire d’un jeune orphelin de onze ans, qui apprend subitement qu’il est né de parents sorciers et qui part dans un collège anglais version sorcier. Là aidé de ses amis, il va devoir combattre un sorcier si puissant et méchant que personne n’ose prononcer son nom. Mouais, pas plus emballée que ça, j’achète le premier des 3 tomes alors parus, en me disant que ça fera une parfaite lecture de vacances. Et comme la moitié de la planète, je suis fascinée par l’imagination de l’auteur et je me régale avec les aventures magiques du jeune sorcier dont je guette avec autant d’impatience que des hordes de préadolescents la parution de chaque nouvel opus.

Il y a quelques semaines de ça, une autre personne me parle d’un roman de littérature jeunesse qu’elle avait beaucoup aimé. C’était l’histoire d’un jeune garçon de 13 ans qui vit dans un monde différent du nôtre, mais un monde qu’on peut parfaitement imaginer. Il va connaître des aventures extraordinaires afin d’empêcher un méchant s’emparer du pouvoir et de détruire l’harmonie de ce monde et d’aider ses parents dont la vie est menacée. Là encore j’hésite mais je me laisse convaincre, et à nouveau, ça ne loupe pas, je tombe sous le charme. Sauf que le monde de Tobie Lolness n’est pas celui de la magie et de la sorcellerie, mais celui des arbres, ou plutôt de l’Arbre, celui qui constitue l’univers tout entier de Tobie et de son peuple minuscule. Le jeune héros mesure en effet moins de 2 mm et dans son monde, tout est à l’avenant : les branches sont des avenues où sont construites les maisons, les sillons de l’écorce sont des chemins, les larves de la nourriture, les gouttes de pluie des douches et les insectes des animaux parfois dangereux.

Et puis cette fois-ci il s’agit d’un roman français, qui même s’il a connu un succès certain et a été traduit en 26 langues (ça me fait toujours marrer, ce genre de commentaires, j’aimerais bien savoir quelles sont les 26 langues en question !), n’a tout de même pas tourné au phénomène éditorialo-marketingo-financiero-générationnel. Mais Timothée Fombelle, auteur de théâtre né en 1973 a reçu une vingtaine de prix français et internationaux pour ce premier roman, et notamment la plupart des prix français consacrés à la littérature jeunesse. Et le cinéma s’y intéresse aussi, les droits cinématographiques ayant été acquis par Amber Entertainment.

Mais cela aurait pu car Tobie Lolness est un parfait héros de roman d’aventures, aussi courageux que malin. Le livre s’ouvre directement sur la fuite de ce jeune garçon de 13 ans traqué et considéré comme un traître. On apprend au fil de l’histoire constituée d’aller-retour entre le présent et le passé que le père de Tobie est un grand savant, aussi inventif que sage, qui refuse de donner le secret de sa plus grande invention, particulièrement convoitée par un énorme (à tous les sens du terme) magnat de la construction. Celui-ci contraint alors la famille de Tobie à l’exil vers les basses branches, région aussi lointaine que peu accueillante, où Tobie va néanmoins être heureux et se lier d’amitié avec la jeune Elisha. Mais ses aventures vont également le conduire à retourner dans les cimes, pour tenter de sauver ses parents emprisonnés et préserver l’invention de son père du méchant Joe Mitch Arbor, et même à quitter l’arbre et à découvrir d’autres territoires et d’autres peuples. Le premier volet s’achève sur le retour de Tobie dans l’arbre, où il va devoir cette fois sauver Elisha.

Fable « verte » en pleine tendance bobo, Tobie Lolness pourrait n’être qu’un gentil manuel de tolérance et d’écologie. Un zeste de poésie en plus (pas difficile avec un tel univers !), et le tour est joué, on a de quoi plaire à tout le monde, surtout aux parents qui se sentent rassurés de pouvoir offrir à leurs enfants un livre sans violence et sans ordinateur, sans même un vampire, un mage noir ou un monstre.
Oui, c’est vrai, le livre est plein de bons sentiments, mais il n’est pas que cela. Loin de prendre les enfants (ou les parents) pour des idiots prêts à gober n’importe quelle histoire politiquement correcte et dans l’air du temps, Timothée de Fombelle fait montre d’une très jolie plume. Un roman d’aventures jeunesse bien écrit, ça ne court pas les rues ! Un rythme soutenu, de l’humour maîtrisé juste comme il faut, des personnages attachants (Tobie, mais aussi son père savant génial et fantasque, Elisha jeune fille dotée d’une sacrée personnalité, et tous les amis ou ennemis de Tobie, touchants ou monstrueux, mais toujours bien campés), une imagination débordante, ce sont les autres atouts de ce roman jeunesse que je vous conseille de piquer (ou d’offrir) aux pré-ado autour de vous !

TOBIE LOLNESS – T1 LA VIE SUSPENDUE (2006), Gallimard Jeunesse, 311 pages

vendredi 25 novembre 2011

COFFRET WARNER : FILMS DE GANGSTERS - collectif, par Luc B.




Je ne sais pas vous, mais moi, je trouve que ça sent le sapin. Non, je vous rassure, Kirk Douglas va bien, presque mieux que son fils d’ailleurs… J'veux dire, ça sent le sapin et les guirlandes. On se gratte le crâne : que vais-je commander au gros barbu ? Que vais-je offrir à tonton Robert qui s'invite tous les ans ? Ben si vous aimez le cinéma, les films de gangsters en particulier, ceux qui ont fait la gloire du genre dans les années trente, ce coffret sorti il y a quelques temps (2005)  devrait répondre à vos attentes…


Le Film Noir, nous l’avons déjà évoqué sur le Déblocnot (Foxy, Freddiejazz, Rockin' ou moi, on est assez fan !), et notamment dans l'intro d'ASSURANCE SUR LA MORT (voir le lien à la fin de cet article). Historiquement, le Film de Gangsters précède le Film Noir, et en est devenu un sous-genre. Flash-back rapide : la crise de 1929, la misère, le chômage, la prohibition, Roosevelt et le New Deal, montée de la violence sociale, les voyous qui défraient la chronique (Bonnie and Clyde, Dillinger…) et deviennent de véritables héros populaires. Hollywood s’empare du phénomène et propose au public une série de films réalistes et violents. Les moyens alloués ne sont pas énormes, donc on va à l'essentiel, on frise parfois la série B. Mais à l’approche de 1940, on apprécie moins ses nouveaux héros qui se fichent de la morale, à l'heure où on parle de repartir en guerre sauver la démocratie. Les voyous seront supplantés par des flics, des détectives privés, des journalistes, dans des productions plus désabusées, cyniques et sombres. Il est aussi intéressant de noter que ces productions sont contemporaines des faits relatés. On ne cherche pas à créer le mythe, mais à rendre compte d'une réalité. Au contraire des Michael Mann (L'ENNEMI PUBLIC avec Johnny Depp) Ethan et Joel Coen (MILLER'S CROSSING) ou même JF Richet (MESRINE avec Vincent Cassel), les véritables figures du gangstérisme étaient toujours en activité, les Capone, Nitti, Dillinger étaient bien souvent leur propres spectateurs. Dillinger s'est d'ailleurs fait coffrer dans une salle de cinéma, alors qu'il regardait L'ENNEMI PUBLIC N°1, une version de 1934 avec Clark Gable !

Je ne vais pas passer en revue les six films de ce coffret, qui font la part belle à l’acteur James Cagney, qui a défini les codes du genre. LES ANGES AUX FIGURES SALES (1938), réalisé par Michael Curtiz, avec Humphrey Bogart, James Cagney, Pat O’Brien, et LA FORET PÉTRIFIÉE (1936) de Archie Mayo, avec Leslie Howard, Bette Davis et Humphrey Bogart sont deux productions intéressantes, mais mineures comparées aux quatre autres métrages proposés. LA FORET PÉTRIFIÉE s'inspire d'une pièce de théâtre, et garde l'idée du huit-clos (prise d'otage) dans un restau paumé en plein désert. Bogart y trouve son premier grand rôle de salaud, il y est particulièrement féroce, bestial et odieux. Ces deux films valent le coup, mais ne restent pas dans les annales, au contraire des suivants.


LE PETIT CÉSAR (1931) précède de peu SCARFACE de Howard Hawks, et peut donc être considéré comme le premier film de gangsters moderne. Le film est tiré du roman à succès éponyme de William R. Burnett. Le bouquin comme le film sont donc contemporains du personnage dont ils s'inspirent ouvertement : Al Capone. C’est quasiment un manifeste du film de gangster, ascension et chute d’un caïd trop confiant et assoiffé de pouvoir. Mervyn LeRoy est à la réalisation, et Edward G. Robinson interprète Rico. Rico aime la célébrité sans doute plus que l’argent. Il envie le succès des autres, auxquels il rêve de ressembler. Il nourrit un complexe d'infériorité, veut s'émanciper, rejette son ami Tony, rêve d’être calife à la place du calife… C'est toute la psychologie du gangsters qui prend forme dans ce film (et le livre, hautement recommandé aussi) qui servira de modèle aux suivants. Edward G. Robinson crée un personnage malfaisant, une boule de nerf (on pense à Joe Pesci chez Scorsese), qui lâché par tous, continuera à y croire… « is this the end of Rico ? » s’interroge-t-il dans un dernier soupir, le corps criblé de balles… Une mise en scène sans doute trop classique, ne permet pas selon moi au film d’accéder au titre de chef d’oeuvre, mais sa place dans l’histoire est de première importance.

L’ENNEMI PUBLIC (1931) est à mon sens encore plus fort, c’est sans doute le modèle absolu du film de gangsters. Réalisé par William Wellman, il propose à James Cagney un de ses rôles les plus mémorables. La toile de fond politique et sociale est très présente,  on suit le personnage de Tom Powers depuis son enfance, avec son copain, leur premier job, leur ascension dans la pègre. La mise en scène de Wellman est d’une modernité incroyable, plans magnifiquement composés, mouvements d’appareil, angles de prise de vue ingénieux. Le rythme ne faiblit pas. Et à l’écran, se déchaine James Cagney, irascible, grotesque, violent, un débit de parole sur multiplié, le regard fou, la tignasse en bataille, un jeu très moderne pour l’époque. On croise aussi Jean Harlow, un peu nunuche, mais qui donne une scène d’anthologie assise sur les genoux de Gagney. Des scènes de légendes, ce film en regorge, l’assassinat du cheval (sic !), lorsque Cagney écrase un demi-pamplemousse au visage de sa partenaire (une impro de tournage visiblement !), le règlement de compte hors champ où seul le crépitement des balles et les hurlements rendent compte de la violence du carnage, le hold-up dans l'entrepôt de fourrures, et cette image terrifiante de Cagney ligoté comme une momie sur un brancard… L’ENNEMI PUBLIC  est un chef d’œuvre de nerf, de maîtrise, d’interprétation. Inoubliable.   

LES FANTASTIQUES ANNÉES 20 (1938) est un autre classique indémodable, avec James Cagney et Humphrey Bogart. Une réalisation de Raoul Walsh qui revient aussi sur l’arrière fond social (une approche assez documentaire, des images d’archives)  avec le retour en Amérique des soldats de 14-18, qui ne retrouvent pas leur boulot. Eddie Bartlett accepte donc de faire le taxi, puis le coursier pour la Pègre, et découvre les bienfaits de la prohibition. Si le scénario ne propose rien de neuf concernant la construction du récit, on y trouve un double intérêt. L’aspect documentaire, et les tiraillements d'un héros avec sa conscience et ses sentiments. Côté mise en scène, c'est simple :  pieds au plancher. Eddie retrouve ses deux copains vétérans, deux figures opposées (qui pourraient être les deux faces d’un même homme : lui-même), Llyod devenu avocat, et George (Bogart) trafiquant. Eddie est tiraillé aussi entre deux superbes personnages de femmes, notamment Panama la tenancière, l’amie fidèle, amoureuse platonique et dévouée, qui nous rappelle Marlène Dietrich dans LA SOIF DU MAL. Le personnage de Eddie navigue en eau trouble, Cagney donne une interprétation plus sensible, moins bestiale, il est éblouissant dans les dernières scènes, fatigué, lessivé, Bogart est évidemment odieux, d’un cynisme total. L’action proprement dite ne démarre pas tout de suite, mais quand ça commence à castagner, y’a des dégâts ! La dernière scène, sous la neige, a des airs de tragédies antiques. Film tendre, nostalgique, haletant, et très ancré dans une réalité sociale. Un must, une fois de plus.

L'ENFER EST A LUI (1949).  L'époque n'est plus aux films de gangsters, mais Raoul Walsh fait renaître le genre, et offre à James Cagney son rôle le plus mythique. Il y joue Cody Jarret, psychopathe irascible à la tête d'un gang, et dévoué corps et âme à sa mère. Il peut flinguer un pote et ensuite pleurnicher dans les jupons de sa maman pour cause de migraine. Cody préfère purger une petite peine de prison pour faire diversion, et la police lui colle un mouchard dans sa cellule. C'est le début d'une longue traque pour la police qui cherche à coincer Cody et sa bande. Hold-up, poursuite, trahisons, fusillades, ça flingue à tout va. Une leçon de mise en scène, sans cesse sous tension, un scénario aux multiples rebondissements. James Cagney est étourdissant, son personnage dégage une violence inouïe notamment dans la célèbre scène du réfectoire de la prison, où comme devenu fou, il casse la gueule à tous les matons (les figurants n'avaient pas été prévenus, la scène fut tournée en une seule prise...). On se souvient évidemment de l'épilogue apocalyptique dans l’usine pétrochimique en flamme, Cagney hurlant « Made it Ma, top of the world ! » comme un dernier bras d’honneur avant de tirer sa révérence. Les personnages de Cagney ne finissaient pas beaucoup de film en vie... Virginia Mayo (qui n'aurait pas du fricoter en l'absence de son boss de mec...) et Edmond O’Brien (le flic infiltré) complètent une distribution impeccable. L’ENFER EST A LUI est devenu avec le temps le mètre étalon du genre, dont la violence et le cynisme laissent pantois.


Vraiment que du bon dans ce coffret, dont deux chefs d'oeuvre, l'occasion de découvrir un Bogart pas encore star, et le prodigieux talent de James Cagney. Les films (au format d'origine 1:37, et VOST) sont complétés par des bonus intéressants qui reviennent sur l'époque, les protagonistes, les tournages. On est frappé par la sécheresse et la violence de ces réalisations, à l'image de ce carton pré-générique de L'ENNEMI PUBLIC qui indique lors de sa sortie en 1931 que "les faits relatés sont réels et reflètent la violence urbaine", et lors de sa reprise dans les années 50, que "les personnages montrés sont des voyous, la production décline toute responsabilité sur l'influence qu'ils pourraient avoir sur le jeune public"... A ceux qui se pâment devant les élucubrations d'Al Pacino dans le SCARFACE de Brian de Palma (loin de moi l'idée de dénigrer le talent de Pacino...), qu'ils jettent un œil sur ce qui se faisait dans le genre 50 ans plus tôt. Ils constateront que Tony Montana n'a rien a envier aux Cody, Rico ou Tom, qu'il n'en est qu'une photocopie couleur, et que De Palma doit tout à ses ainés, mais ça, on le sait depuis longtemps ! Il manque évidement le SCARFACE d'Howard Hawks, (non produit par la Warner, d'où son absence) mais qui doit figurer lui aussi au panthéon du genre. Un coffret, six films, 27569 cartouches tirées, à peu près 350 cadavres... quand je disais que ça sentait le sapin...   

Un extrait célèbre de L'enfer est à lui (White Heat en VO) : Cagney, en taule, demande aux codétenus s'ils ont des nouvelles de l'extérieur, et de sa mère. La réponse lui arrive aux oreilles... Voyez comme Raoul Walsh privilégie le plan large, les hurlements de Cagney résonnant d'autant plus, face à la masse des détenus gentiment assis, qui, l'orage passé recommencent à bouffer.  (en contre champ, la réaction de Edmond O'Brien)



Si vous aimez ceci, alors vous aimerez... cela. Les Films Noirs post-1940, et on en a déjà causé :

jeudi 24 novembre 2011

THE BRANDOS - "Honor Among Thieves" - (1987) par Philou



Sans concession, aucune.... Mais sans grand succès.

Il y a des groupes qui inspirent le respect... Dave Kincaid et son groupe font partie de cette catégorie. Sans vraiment savoir pourquoi, les BRANDOS m'ont toujours attiré, c'est  certainement leur sincérité et leur honnêteté, leur façon assez confondante de sortir des albums de rock comme on en fait plus qui me plait tant.
Leurs chansons sont directes et simples, électriques sans peser des tonnes, émouvantes mais pas larmoyantes, excitantes mais pas racoleuses. 
Le groupe formé à New York par Ernie Mendillo et Dave Kincaid en 1985 se forge rapidement une solide réputation suite aux tournées incessantes dans les club locaux.

De G à D : Larry Masson (drums) Ed Rupprecht (Guitars, Harmonica) Dave Kincaid (vocal, guitars) & Ernie Mendillo (bass, vocal)
En aout 1987, ils sortent enfin leur 1er album "Honor Among Thieves" qui reçoit un accueil très favorable de la part des critiques et du public.  Ce disque sans être un authentique chef d’œuvre est particulièrement attachant : tendu et clair, mélodique et accrocheur.
Les BRANDOS jouent avec leurs tripes, sans esbroufe sur ce solide album et ils nous rappellent qu'ils sont, avec Mister John Mellencamp, les dignes héritiers du style déposé par le Maitre John Fogerty, il y a maintenant plus de 40 ans.
Sur ce disque, tout y est : la rage, l’incandescence, la passion, l’authenticité.
David   Kincaid "l'irlandais" est un très grand front-man doté d’une voix exceptionnelle : rageuse et puissante, mélancolique et chaleureuse.
En vacances dans le comté d'Adams (Pennsylvanie), le chanteur/guitariste des BRANDOS  a visité le champ de bataille de "Gettysburg" et a découvert que son ancêtre, James McCormack Kincaid du 63ème régiment de Pennsylvanie, avait perdu la vie pendant les combats. L'album débute avec ce titre puissant, un véritable hymne, que Dave a écrit en de promenant au milieu de ce champs hanté.  Après nous avoir enregistré "Gettisburg", Ernie Mendillo, le bassiste, a décrit cette chanson comme étant la rencontre entre Creedence et les Who, ce qui à mon avis est une bonne description. Cela reflète deux des grandes influences du groupe et ce titre est, en quelque sorte, leur marque de fabrique.


Le reste de l'album alimenté avec précision par l'écriture de Dave, est rempli de chansons émotionnelles qui provoquent à la fois la  mélancolique et l'introspection comme "A Matter Of Survival"  ou "Hard Luck Story". On y trouve aussi d'autres hymnes, puissants et évocateurs comme "Nothing To Fear", une vraie merveille d'intensité ou "Strychnine" un vrai brulot rock'n'roll très toxique.
A noter également la présence d'une bonne reprise de "Walking On Water" de qui vous savez et d'une splendide ballade acoustique qui clôt l'album "Come Home".  



Je le dis depuis des lustres, mais il y est urgent que Dave Kincaid et les siens occupent enfin la place qu’ils méritent. Honteusement ignorés des médias, je doute pourtant qu'un jour la gloire les rattrape. Ceux qui connaissent le parcours du groupe le savent et seront entièrement d'accord avec moi : les BRANDOS sont la plus grande injustice du rock !!!








mercredi 23 novembre 2011

PRIDE & GLORY - 1994 - (by Bruno)



     Zachary Phillip Wielandt (né le 14 janvier 1967 à Bayonne), est l'homme qui insuffla une seconde jeunesse au père Ozzy, et par là accéda au statut envié de musicien reconnu, et de guitar-hero. (Même si ce dernier attribut est souvent galvaudé, car donné au moindre neuneu faisant des pirouettes - parfois bancales - sur son manche, perdant souvent l'aspect musical), Zakk Wylde, lui, est un vrai musicien, passionné et travailleur. Un bûcheur n'hésitant pas à explorer d'autres branches musicales, comme la musique classique, pour parfaire son éducation.
   

 Il s'en fallut de peu qu'il végète quelques années de plus, voire à jamais, si la providence n'était pas venue frapper à sa porte. A son insu, un ami de Zakk, ayant foi en ses capacités, avait envoyé une de ses démos à la famille Osbourne qui recherchait alors un remplacement à Jack E. Lee. Ce fut Sharon (épouse et manager d'Ozzy) qui l'appela et lui envoya son billet d'avion pour une audition ; sans la réception de ces derniers, Zakk croirait encore à une mauvaise blague, et n'aurait pas bougé de son antre. Grâce à sa connaissance sur le bout des doigts des titres de Black Sabbath et d'Ozzy, soli y compris, couplée à une énergie débordante et une petite ressemblance avec Randy Rhoads, il passa l'audition haut-la-main, et tout s'enchaîna très vite. En mai 1987, à tout juste vingt ans, Zakk débuta une collaboration fructueuse qui dura presque 20 ans, (les breaks du père Osbourne compris, soit cures et show de télé-réalité). Il est le facteur qui relança la carrière d'Ozzy. A ce titre, Zakk fut surnommé le Magicien d'Oz. A ce jour, « No More Tears », le second disque studio d'Ozzy auquel il participa, demeure l'album du "prince des ténèbres" le plus vendu au monde (quadruple album de platine aux USA). Malgré tout, une ombre noire se faufila dans son nouveau monde de strass. Ozzy ne peut pas blairer une once de Country. Ainsi, malgré différents essais infructueux, Zakk ne pouvait jamais s'exprimer dans un idiome qui lui était cher : le Southern-rock, notamment celui de Lynyrd-Skynyrd qu'il porte aux nues (il a souvent vanté le travail de Gary Rossington) (1). Zakk ira même jusqu'à jouer au banjo « Loosin' Your Mind » à Ozzy qui lui arracha l'instrument des mains, lui priant sèchement d' »
arrêter ces conneries ».

     Lors de la tournée où White-Lion (2) fait la première partie, Zakk sympathise avec la section rythmique : James Lorenzo à la basse, et Greg D'angelo à la batterie. Dès 89, tout trois s'associent à l'occasion pour donner quelques concerts, interprétant diverses reprises dans des clubs sous le patronyme de Lynyrd Skinhead. Parfois même après le concert d'Ozzy. Juste pour le fun. Il existerait un disque, Wylde's Thing, sorti en 93, certainement un pirate.

   Lorsque Ozzy a besoin de faire un break (presque une semi-retraite), c'est l'opportunité pour Zakk et ses compères de former officiellement un groupe et d'enregistrer un disque, avec Brian Tichy (Gilby Clarke, Billy Idol, Slash, Sass Jordan, Stevie Salas, Foreigner) qui s'installe derrière les fûts.
 
     Exultant de pouvoir enfin s'exprimer sans barrières d'aucune sorte, Zakk se lâche. Ivre de liberté, il déborde d'énergie créative (près d'une heure trente où rien n'est à jeter - hormis un titre sur le CD bonus ?). 

     Bien que Wylde se réfère aux Lynyrd Skynyrd, Allman Bros, Albert Lee, Alvin Lee (et Queen !?), son Southern-rock est très largement plombé. C'est du raide ! Une charge d'Attila en furie ! Certains titres, comme « Toe'n the line' » (ouch ! Celui-ci est un brasier vivant) ou « Horse called war », annonce déjà la brutalité à venir de « Black Label Society ». En fait, en se basant sur une trame donc de Southern-rock, Zakk apporte une touche très personnelle, largement plus offensive, sauvage et agressive. Jamais le Southern-rock n'avait atteint un tel paroxysme dans la violence et la sauvagerie. Et, même si occasionnellement un banjo ou un piano viennent se greffer, apportant ainsi une touche plus « roots », cela reste une approche nettement Heavy-rock / Hard-rock. Car Zakk joue fort, à l'aide de sa LesPaul (gonflée aux micros actifs EMG - pour garder en définition même en mode « Grosse saturation ») soutenue par des Marshall JCM800, qu'il fait rugir. Sa gratte, parfois à la limite de la rupture, tel un démon sorti de l'Enfer, semble vouloir tout dévorer sur son passage. Le son est énorme. Même Rickie Medlocke (3) au zénith de sa carrière, semble, en comparaison, bien sage et timoré. Un pied dans une « relative tradition » des 70's, et un autre dans une modernité 90's, notamment par l'approche du son. En effet, Zakk idolâtre, du moins à cette époque, autant Hendrix et Jimmy Page, que Van-Halen et Randy Rhoads (en passant, évidemment, par Tony Iommi). Au point d'avoir leur photo collée sur la façade de son ampli. Il n'oscille pas entre ses multiples références, il les a assimilées, alliées ; un brassage d'où émerge ainsi sa propre personnalité.
 

   Loosin' Your Mind
, Shine On, Harvester of Pain, The Chosen One et Troubled Wine, n'ont en fait qu'une dose homéopathique de Southern-Rock, ou alors il est broyé par une attaque si virulente, qu'il faut être attentif – ou archéologue, ou inspecteur de police scientifique - pour en déceler des traces. Au point où il y a plus de chance que ces titres séduisent l'amateur de Stoner, de Rock Brutal de haute qualité, que le fin gourmet de Southern-rock travaillé.
Zakk semble s'amuser à jouer des intros acoustiques pour balancer la purée dès la mesure suivante ; histoire de donner encore plus l'impression d'agression sonore.
Machine Gun Man serait le seul titre qui pourrait vraiment s'apparenter au genre, sans risquer d'être traité d'hérétique... (je blague).
Zakk sait également se montrer sous un autre visage que celui du guerrier barbare sanguinaire, avec des chansons plus nuancées (dont la plupart anticipent « Book Of Shadows »).
« Lovin' Woman » est à mi-chemin entre une ballade Sudiste et un folk à la Led Zep. Sur « Sweet Jesus » et « Fadin' Away » (quel solo à la guitare acoustique !), deux ballades sombres et mélancoliques, assez intimistes, jouées (fort bien) au piano et saupoudrées de violons (avec l'aide de l'orchestre philharmonique de Seattle et de Paul Buckmaster - ce dernier est connu pour son travail pour Elton John -), et où Zakk dévoile une sensibilité à fleur de peau inattendue. Tout comme pour « Found a friend », véritable ballade heavy charnue mais poignante, avec arpèges de Wah-Wah et Chorus ponctués de soli déchirants.
Il y a de la beauté dans ces trois chansons ; une beauté de coucher de soleil automnal au large d'un golfe, d'une soirée au coin du feu dans une large forêt de chênes, de hêtres et de châtaigniers, qui incite à l'introspection, au calme et à la sérénité. S'il n'y avait cette voix si particulière, on aurait bien du mal à croire que ces compositions assez délicates et les assauts de vikings pris du spasme de furie, soient du même auteur. Cette voix rauque et légèrement étouffée, dans la lignée de celle de Jim Dandy de Black Oak Arkansas, en plus bourrue, sombre et voilée, et moins rocailleuse, ou de Dick Montana en moins jovial.

   Plus nettement country par contre, « Cry me a River », sans aucun rapport avec Julie London et « Hate your Guts », genre « chanson à boire », dans le style de Dick Montana des Beat Farmers.

     Zakk Wylde, sous ses airs de joueur en dilettante, est un véritable technicien, maîtrisant tous les plans du Classic-rock des 70's, en passant par le Rock sudiste (qui incorpore aussi des éléments country) et le Heavy-Metal des 80's. En solo, les bends gargantuesques côtoient des cavalcades de notes effrénées, et des harmoniques sifflées récurrentes qui seront sa marque de fabrique. De temps à autre, il enclenche une pédale de Chorus (Stereo-chorus de Boss), pour épaissir ses riffs, ou encore une disto complémentaire (Boss SuperOverdrive), pour les plus lourds. En grand fan de guitaristes des 70's, la Rotovibe (qui imite l'effet Leslie) fait aussi partie de son arsenal, ainsi qu'une Wah-Wah Cry-Baby (il possède maintenant un modèle signature). Il y a même quelques passages à la slide (
du genre épais).
   Musicien accompli, il n'hésite pas à jouer du banjo, de la mandoline ou de la guitare folk (Gibson « Dove in Flight »), ainsi que du piano et de l'harmonica.  
Si l'on considère Pride & Glory comme un groupe de Southern-Rock, alors des groupes comme Hogjaw (lien) ou Catawonpus, considérés actuellement comme les poids lourds du genre (pas toujours appréciés d'ailleurs), font en comparaison pâle figure. Seul Rebel Pride (qui revendique ouvertement l'influence de Zakk) s'approche de la puissance de feu de Pride & Glory. Cependant, au niveau de la qualité d'écriture, il n'a pas son talent, ni même celui des deux sus-cités.


     Un disque à part, parfois considéré comme la meilleure réalisation, albums d'Ozzy inclus, de cet iconoclaste du Heavy-rock. A considérer plus comme son premier effort solo qu'une réalisation de groupe car toutes les compositions sont intégralement de Zachary.

     En 1999, Spitfire Records réédite l'album sous forme d'un double CD offrant, outre une très bonne remasterisation, cinq titres en bonus, dont trois reprises. « The Wizzard » du Sab' avec harmonica déjanté, « In my time of dyin' » de Led Zep (la plus réussie – à sa manière, il restitue l'essence de ce titre somptueux), et « Come Together » des Beatles (dans une version inattendue, et molle, avec un piano en remplacement de la guitare), et deux chutes de studio, dont un pur Country (The Hammer a The Nail) où le banjo est roi, et une ballade évoquant autant les Allman que les Eagles et Neil Young (Torn & Tattered).

Un titre des sessions de 1994, bien que joué en concert par le groupe, est resté absent des bonus. Il s'agit de la première version de Mother Mary, retravaillé pour Sonic Brew (le 1er disque de Black Label Society).

     Malheureusement, la carrière de Pride & Glory s'arrête rapidement. James LoMenzo quitte le groupe pendant la tournée japonaise (remplacé par son « vieil ami, John De Servio). Pride & Glory s'éteint sur les planches le 10 décembre 1994, à Los Angeles. Zakk, qui doit encore un album à Geffen Records, doit réaliser le second pratiquement seul : le splendide  "Book Of Shadows" (lien), l'unique disque édité sous son seul patronyme (d'artiste).
Ensuite, c'est l'aventure Black Label Society, où, malheureusement, toutes traces de Country ou Southern-Rock ont disparu.

CD 1
  1. "Losin' Your Mind" - 5:28
  2. "Horse Called War" - 5:00
  3. "Shine On" - 6:44
  4. "Lovin' Woman" - 3:46
  5. "Harvester of Pain" - 5:06
  6. "The Chosen One" - 6:49
  7. "Sweet Jesus" - 3:48
  8. "Troubled Wine" - 5:39
  9. "Machine Gun Man" - 4:56
  10. "Cry Me A River" - 4:37
  11. "Toe'n The Line" - 5:19
  12. "Fadin' Away" - 4:56
  13. "Hate Your Guts" - 4:36

CD 2 - Bonus

  1. "The Wizard" - 4:44 (Black Sabbath)
  2. "Torn and Tattered" - 5:45
  3. "In My Time of Dyin'" - 7:30 (Led Zeppelin)
  4. "Found A Friend" - 6:03 - pas un bonus : parachuté sur le 2sd certainement pour parvenir à une certaine qualité d'enregistrement.
  5. "The Hammer & The Nail" - 2:38
  6. "Come Together" - 3:55 (Lennon / McCartney)



(1) Zakk a été un moment pressenti pour incorporer Lynyrd Skynyrd ; cependant la puissance de feu du jeune Wylde, qui ne changea pas d'un iota son niveau de saturation, ne put se fondre dans la musique de la bande de Jacksonville.

(2) Ricky Medlocke se fit connaître en tant que chanteur, guitariste, leader et bête de scène de Blackfoot. Un combo de Southern-Rock plongé jusqu'aux cuisses dans un Heavy-rock-bluesy velu, exacerbé en live. De 1975 à 1982 (par la suite il se fourvoya dans une mélasse FM) il représentait la facette la plus dure du genre. Medlocke a rejoint en 1997 un de ses premiers groupes (où il officiait alors à la batterie - voir disque "Skynyrd's First... and Last"), Lynyrd Skynyrd. Beaucoup le tiennent responsable de la quasi perte de la couleur Country-rock de Lynyrd au profit de compositions nettement plus Hard-Rock.
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(3) Groupe de Hard-rock américain assez mélodique où évoluait Mike Tramp au chant (toujours en activité en solo) et Vitto Bratta (qui a été un moment désigné comme le successeur de Van-Halen.
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(4) La fameuse Les Paul "Confédérée" de Wylde, appelée ainsi à cause du design abordant le drapeau de guerre des confédérés de la guerre de sécession (le Dixie Flag). Échappée de justesse  à la mise à feu (!) d'Ozzy Osbournes (les traces de brûlures) qui n'aimait pas vraiment la décoration, elle a depuis été décoré de plusieurs capsules de bières par son propriétaire (en partie pour cacher les cicatrices de la dame).

Du lourd,

du moins lourd,

du champêtre.