mercredi 25 août 2010

HOGJAW "Ironwood" (2010) par Bruno

 
Le chaînon manquant entre le Southern-Rock et un Classic-Rock tendance Heavy


     Assurément, les membres de Hogjaw paraissent peu fréquentables (du moins pour les non-américains ne faisant pas partie de la N.R.A.), avec leurs mines patibulaires et leur look 100 % campagnard. Au moins, on ne pourra pas leur reprocher leur manque de naturel : aucune étude de marketing. Ce qui intéressent ces gars-là, c'est pêcher, tirer au fusil, vider quelques bonnes bières, écouter et jouer de la bonne musique. Le reste, qu'importe... Et pourtant, ces gars là balancent un Heavy-Rock, tendance Southern, terrible, dans une optique bien lourde et grasse, sévèrement burné, pas toujours finaud (quoique, il y a des surprises) ; un des plus brutal du genre, après Rebel Train (qui eux, sont bien plus proche du Heavy-Metal).


     Hogjaw fait donc parti de cette vague de Southern-Rock où les racines country sans être omises, sont néanmoins bien plus en retrait, laissant plus de champs au Blues. Un Blues passé à la moulinette Heavy-Rock. Là où, auparavant, on retrouvait des entrelacs de guitares fines, élégantes, nous avons maintenant de bonnes grosses grattes tranchant dans le lard. Actuellement d'ailleurs, dans ce style, les Gibsons sont actuellement largement majoritaires. Certainement par souci de recherche d'un son plein et puissant ; pour être assuré de riffer lourd. Malgré son goût prononcé pour « le pêchu », Hogjaw ne manque pas de faire preuve de bon goût. Déjà, en évitant d'être bavard ou grandiloquent, mais également par l'intronisation occasionnelle d'une guitare lap-steel, d'un clavier, ou d'une choriste, pour enrichir à bon escient quelques compositions. Et puis, il y a ces breaks, ces changements de rythme, ou encore les envolées propres au Southern-Rock, qui épicent la sauce.

     Sous leur air bourru et renfrogné, se cachent de bons musiciens. Un DD Elvis qui fait gronder sa basse, un Kwall qui martèle ses fûts tel feu-Jackson Spires, et une paire de gratteux qui savent choruser, toujours avec pertinence. Avec un Jonboat Jones chantant comme s'il était le fils improbable de Ronnie Van Zant et James Hetfield (!?), avec un semblant d'ours fatigué, ayant du mal à se remettre d'une biture de la veille. Quoique limité, notamment sur les tempo rapide, son timbre passe très bien et se fond parfaitement avec le son général. De façon un peu surprenante, sa voix passe se marie avec bonheur sur les mid-tempo et les ballades ( « Blacktop », « County Line », « Walkin »).


     Même si l'affiliation avec la famille du Southern-Rock reste acquise (probablement pas pour tout le monde), ne serait-ce que rapport à des titres tels que "Blacktop", "The Hog", "This Whiskey" ou "County Line", et le terreau dans lequel Hogjaw puise une partie de son inspiration, l'approche de son spectre sonore le lie plus à un gros Classic-Rock, voire d'une forme de Hard-Blues. Donc, à déconseiller à ceux qui ne supportent pas Blackfoot ou Gov't Mule. Cependant, ces lascars se plaisent, de tant à autre, à brouiller les pistes en balançant un break purement Country-rock sur un titre bien lourd, ou au contraire, finir en apothéose électrique ce qui semblait être une ballade ou un rock-sudiste nonchalant.

     Pour faire un parallèle afin d'essayer de mieux situer ce groupe, on peut mentionner White Cowbell Oklahoma, Blackfoot, Pride & Glory (de Zakk Wylde), Blackberry Smoke, ZZ-Top (des deux 1er opus), Mountain, Catawonpus, une once de Point-Blank (76-77), une autre de Molly Hatchet (70's), et une infime pincée de Stoner.

     A noter deux curiosités, dispensables, « Two Guns », qui pourrait évoquer une sorte de « Raw Hide » Heavy-rock (BO d'une série TV où jouait un jeune Clint Eastwood), et « Hornswogglin », presque amorphe, enregistré live (sous un platane à l'heure de l'apéro ?).
49 mn 56 – 10 titres









HOGJAW

5 commentaires:

  1. Shuffle Master26/8/10 17:20

    En dépit des deux allusions cauteleuses (réservées aux happy few), je donne mon quitus à ce commentaire. Je ne connaissais pas le groupe, qui, au vu du clip, et pour rester dans la métaphore biologique, me semble être, non le chaînon manquant, mais le résultat d'une union contre nature. Tout le long du morceau, ils hésitent effectivement entre les deux genres, sans se décider à choisir.

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  2. Union contre nature ? Ha ! Ha ! Sacré Shuffle. Non, je ne pense pas. Justement, c'est en partie la force de mouvement musical qui a toujours su mélanger, fusionner les genres avec réussite. Le "jeune" groupe Rebel Pride incorpore bien une dose d'Heavy-Metal, alors que Hogjaw reste dans le Classic-Rock.
    Le titre présenté n'est néanmoins pas le plus représentatif, mais c'était le seul disponible de cet opus.

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  3. Please, can you translate "Happy Few" ?

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  4. Shuffle Master27/8/10 08:58

    Référence à la mention "To the happy few" qui figure à la fin de La Chartreuse de Parme de Stendhal. En gros, un petit nombre de personnes qui partagent les mêmes choses. Dans le cas, présent assez proche de "private joke".

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  5. Merci Shuffle. que veux-tu, j'ai quelques lacunes. Pour moi, Le Rouge et le Noir ça m'évoque plutôt Blue Öyester Cult...

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