L'année 1957 est une année marathon pour notre pianiste. Après avoir enregistré plusieurs albums pour Dizzy Gillespie (Dizzy Atmosphere, Live at Newport, Birk's works), Charlie Persip (Double or Nothing), Lee Morgan (volume 3), Art Blakey and His Jazz Messengers (Theory of Art), Johnny Griffin (A Blowin' Session), Clark Terry (Serenade to A Bus Seat), Paul Quinichette et Charlie Rouse (The Chase is On), Gigi Gryce et Donald Byrd (Modern Jazz Perspective), Ernie Henry (Seven Standards and A Blues, Last Chorus), le voici à enregistrer pour Sonny Rollins qu'il avait côtoyé l'année précédente. L'on se souviendra de Wynton Kelly (1931-1971) comme l'un des pianistes les plus prolifiques de ces années-là et surtout comme l'un des meilleurs accompagnateurs (à mon avis, plus célèbres que Sonny Clark et Bobby Timmons réunis)...
La configuration présente est celle du quartette tout acoustique, décidément très en vogue, jusqu'à la révolution coltranienne. La tendance est très hardbop bien sûr, personne ne s'en étonnera, et si Blue Note était alors le label par excellence pour ce style, disons qu'ici, on en a tous les ingrédients: swing, compositions originales, thématique très identifiable, entre jazz traditionnel et jazz moderne. Rollins (sax ténor), Kelly (piano), Paul Chambers (contrebasse) et enfin Philly Joe Jones (batterie).
La session n'est en rien historique, elle est simplement le témoignage d'une grande époque, certes révolue, d'un jazz où l'on ne se prenait pas la tête, et où la maîtrise technique allait de soi. Les compositions au nombre de six ont l'avantage d'être homogènes, entre ballades et morceaux péchus. Tune Up, Asiatic Raes (que l'on trouvait déjà dans quelques albums, que ce soit de John Gilmore ou de Clifford Jordan), Wonderful, Wonderful!, The Surrey with A Fringe on Top (maintes fois enregistrée par le colosse), Blues for Philly Joe, et enfin Namely You.
La configuration présente est celle du quartette tout acoustique, décidément très en vogue, jusqu'à la révolution coltranienne. La tendance est très hardbop bien sûr, personne ne s'en étonnera, et si Blue Note était alors le label par excellence pour ce style, disons qu'ici, on en a tous les ingrédients: swing, compositions originales, thématique très identifiable, entre jazz traditionnel et jazz moderne. Rollins (sax ténor), Kelly (piano), Paul Chambers (contrebasse) et enfin Philly Joe Jones (batterie).
La session n'est en rien historique, elle est simplement le témoignage d'une grande époque, certes révolue, d'un jazz où l'on ne se prenait pas la tête, et où la maîtrise technique allait de soi. Les compositions au nombre de six ont l'avantage d'être homogènes, entre ballades et morceaux péchus. Tune Up, Asiatic Raes (que l'on trouvait déjà dans quelques albums, que ce soit de John Gilmore ou de Clifford Jordan), Wonderful, Wonderful!, The Surrey with A Fringe on Top (maintes fois enregistrée par le colosse), Blues for Philly Joe, et enfin Namely You.
ABBEY LINCOLN "That's him" Ladies and gentlemen, watch out ! Attention, avec cette galette (la deuxième dans la carrière de la chanteuse), Abbey Lincoln (1930-2010) nous offre une oeuvre rare, et essentielle. Oui, nous sommes bien en présence d'une session historique. En 1957, année durant laquelle Wynton Kelly a aligné une série impressionnante d'enregistrements, le producteur de Riverside convoque la crème des musiciens de New-York de l'époque: Sonny Rollins, Max Roach, Kenny Dorham, Paul Chambers et Wynton Kelly. Pour un enregistrement qui sera un écrin, un disque inspiré de bout en bout. En effet, "That's Him" est exemplaire à plus d'un titre. Répertoire de qualité, intervenants au sommet de leur inspiration (Sonny Rollins frais et émoulu, d'une autorité naturelle qui laisse pantois...) et une chanteuse en état de grâce. Elle venait d'épouser le batteur Max Roach et tous deux allaient s'engager dans les droits civiques pour la communauté noire. Dès le premier thème, comme par magie ou enchantement, nos musiciens sont touchés par la grâce. Ils prennent le temps de raconter. Mais l'urgence est là aussi. Le sax à la fois ferme et velouté de Sonny Rollins introduit Strong Man. Wynton Kelly n'a jamais été aussi économe et majestueux. Quant à Abbey Lincoln, elle n'a peut-être jamais été aussi sensuelle que dans cet album. Kenny Dorham ne s'y trompe pas. Sa trompette est lumineuse (il lui arrive d'utiliser la sourdine que Miles ne manquera pas d'utiliser à son tour). Faut dire que l'ensemble sonne parfaitement bien. Jamais on ne sent le remplissage ou le disque de commande, mais une culture énormissime (musique classique, blues, jazz, Duke Ellington). Quand les musiciens entament leur solo, c'est en délaissant leur ego. Ils sont là pour servir la Musique (écouter Paul Chambers à l'archet sur "My Man", la douceur et la tendresse, cette légèreté sur "When A Woman Loves a Man", ah, Max Roach, homme heureux, tu comprenais bien ce que disait ta belle. Plus belle déclaration d'amour, y a pas...) Abbey Lincoln signe donc ici ce qui est certainement l'un de ses disques les plus aboutis, d'un charme fou. Un chef-d'œuvre, une borne dans le jazz vocal. Pardon d'être aussi dithyrambique, mais quand vous l'aurez écouté, vous comprendrez. Vous comprendrez que c'est un disque aussi important que Ella in Berlin, Lady in Satin ou encore Sassy Swings The Tivoli. Enfin, pour revenir à Wynton Kelly, on mesurera tout son talent dans la qualité de son accompagnement (comment ne pas songer à Erroll Garner? écouter son toucher sur "Happiness is Called Joe"). Cet homme a vraiment réinventé le piano jazz. A noter une surprise de taille : en lisant les notes de pochette, l'on apprend que sur "Don't Explain" (un thème qui était si cher à Billie Holiday, mais bon, quand on sait l'amour d'Abbey pour Lady Day l'on ne s'étonnera pas d'un tel emprunt, et finalement d'un tel monument), Wynton Kelly délaisse le piano et prend la contrebasse. Paul Chambers était absent ce jour-là. Etonnant, non ? |
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