mardi 17 juin 2014

ERIC FRASIAK "Mon Béranger" (2014)

Autant vous prévenir d'entrée ceci ne sera pas une chronique objective, mais un cri d'amour à François Béranger, et à Eric Frasiak pour cet album hommage. J'en vois d'ici certains tiquer, genre, ça sert à quoi un album de reprises ? Et bien deja à se faire plaisir et à perpétuer la mémoire des poètes disparus, et à amener des nouveaux auditeurs à les découvrir. On peut dire aussi qu'en ces temps où un parti aux relents nauséabonds fait la une électorale dans notre pays, l'oeuvre de Béranger n'a pas pris une ride... Ensuite vu la misère culturelle qui règne sur les ondes (des noms ? j'aime pas balancer, mais c'est pour la bonne cause : Guetta, Sexion d'Assaut, Maé, Grégoire, Obispo, les pouffes siliconées du r'n'bi... Je lance ici un appel, l'appel du 17 Juin : Qu'on les pende, eux et les programmateurs corrompus qui les diffusent!) ; ça fait pas de mal de relever le niveau, même si le "grand public" ne sera pas touché, anesthésiè qu'il est par les conneries de TF1, NRJ et compagnie.
Pardon pour ces digressions mais ça fait du bien ! Fils spirituel de Béranger, Frasiak l'est certainement, je vous ai deja parlé dans ces colonnes de son avant dernier album (chroniques) alors il est tout naturel qu'il lui rende hommage, comme l'a fait aussi un autre troubadour, breton lui, Olivier Trévidy, en 2007; il y a eu aussi un album hommage "Tous ces mots terribles" auquel ont participé notamment Thiéfaine, Sanséverino, Jeanne Cherhal, Jamait et la Rué Kétanou. A noter aussi que Béranger s'était aussi plié au jeu de l'album de reprises avec son dernier album en 2003, en y chantant 19 chansons de Félix Leclerc. Frasiak qualifie Béranger de son "maitre à chanter", celui qui lui a donné envie de monter sur les planches, et je partage son admiration pour François, même si - heureusement pour vos tympans je ne me suis jamais lancé dans la chanson - de tous les grands de la chanson française, François est celui qui me touche le plus, par son coté troubadour anar au grand coeur, par sa sensibilité, son regard lucide et désenchanté où l'espoir et l'amour ne sont jamais loin.  Décédé en 2003 dans l'indifférence des médias qu'il n'a jamais sucé pour avoir leurs faveurs, Béranger aimait Brel, Brassens et Ferré mais aussi Woody Guthrie (qu'il a adapté), Pete Seeger, Tom Waits, Lou Reed, Neil Young ou Léonard Cohen, et pour moi il appartient pleinement à cette grande lignée.

Ceci étant dit et bien dit , il est temps d'en venir à l'album qui nous préoccupe et qui commence très fort avec  "Tranche de vie", un roman de la vie ordinaire condensé en une chanson, d'une force évocatrice étonnante qui fait défiler toute une époque sous nos yeux en 4 minutes. La voix de Frasiak, moins bourrue et plus claire que celle de Béranger s'adapte très bien et nous propose une relecture fort agréable. Puis "Département 26" , est encore un grand moment, beau à pleurer sur l'amour la solitude et l'espoir -ouai je sais sous mon cuir de rocker se cache un cœur d'artichaut (breton bien sur) et Béranger me colle souvent le frisson..Je ne vais pas tout vous raconter car il y a 17 titres en tout,  du" Monument aux oiseaux" à "Natacha" en passant par "Une ville" , "Tous ces mots terribles", les irrésistiblement entrainant "Rachel" ou "Chanson à danser",  "Manifeste"  ou "Paris lumière". Sur ces derniers , on relèvera le coté rock , les guitares bien électriques, qui nous rappellent que Béranger a écrit quelques unes des plus belles pages du rock made in France, particulièrement pendant sa collaboration avec le guitariste Jean Pierre Alarcen (de 1974 à 1978), entre prog à la Gong/ Dashiel Hedayat et rock à classer à coté du Higelin  époque "BBH75" . Parlons justement des musiques, parfois rock énervé parfois folk , avec une belle variété d'instruments, -accordéon, harmonica, orgue, violons, violoncelle, sax, clarinette, mandoline, dobro, moog, cajon, contrebasse, vibraphone, guitalélé (comme son nom l'indique le rejeton des amours d'une guitare et d'un ukulélé)-et des arrangements aux petits oignons, sobres et modernes à la fois.
Voila qui apporte un agréable coup de frais à ces titres, Frasiak apporte sa patte sans trahir l'essence, accompagné d'une fine équipe  dont Jean Pierre Fara, Didier Begon, Philippe Dandrimont guitares-Benoit Dangien, claviers-Steve Normandin accordéon-Marie Anne Brucherri , violons-Olivier Baldissera, batterie-Philippe Gonnand, Sylvain Collet, basse- Renato Falaschi, orgue...
Vous l'aurez compris, j'accorde les 5 étoiles sans retenue. J'aurai toutefois une requête pour Eric : à quand un Volume 2 avec "la gigue de la reine", "Mamadou m'a dit", "Magouille blues ", "le blues parlé du syndicat"...
Ah oui, j'oubliais, je vous ai dit qu'il y avait 17 titres, en fait y'en a 18, le dernier étant un titre signé Frasiak, sobrement intitulé "Mon Béranger", une reprise puisqu'il figurait sur l'album "Parlons nous" (2009), ici en version acoustique guitare/voix, un très bel hommage qui me file la chair de poule, mais plutôt que d'en parler je vous laisse le découvrir ci dessous (en version 2009) .



ROCKIN-JL


 album (digipack, avec les paroles) disponible sur son site (frasiak.com) et bientôt distribué chez les bons disquaires, enfin ceux qui restent...

1 commentaire:

  1. Magouille Blues, je l'utilise en classe. Ça doit ronfler le soir dans certaines familles....

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